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La Dernière maison sur la gauche 1972 - États-Unis. Réalisation : Wes Craven. Scénario : Wes Craven. Avec : Sandra Cassel, David Hess, Cynthia Carr, Lucy Grantham.

« Nous nous préparions à filmer les pires choses auxquelles nous pouvions penser », déclarait Wes Craven lors d’une interview où on l’interrogeait sur La Dernière Maison sur la gauche.

Un pari réussi pour le réalisateur : banni plus de 30 ans en Angleterre et en Australie, La Dernière Maison sur la gauche est considéré comme un film culte repoussant les limites de la violence. Une réputation qui continue à faire connaître le film aujourd’hui (notamment à l’aide du remake sorti en 2009). Pourtant, 40 ans après sa première diffusion, La Dernière Maison sur la gauche n’a malheureusement plus autant d’impact.

La veille de ses 17 ans, Mari décide d’aller assister à un concert en ville avec son amie Phyllis. Alors qu’elles cherchent à acheter de la drogue, elles tombent sur un jeune homme qui leur en promet. Les filles se laissent avoir et sont rapidement retenues prisonnières par une bande de criminels, menés par le sadique Krug, qui les assassine après les avoir violées.

Alors qu’ils essaient de s’enfuir, les voyous tombent en panne et sont obligés de demander asile dans la maison toute proche. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils se trouvent chez les parents de Mari, qui vont rapidement découvrir ce qui est arrivé à leur fille. Et qui décident de se venger en faisant subir les pires atrocités aux criminels.

Le rape and revenge est l’un des sous-genres les plus décriés du cinéma d’horreur. Taxé de misogynie et de voyeurisme, il tient éloigné une majeure partie du public et de la critique. Pourtant, le rape and revenge a un message à faire passer, tout comme le vigilante movie dont il est le transfuge : la sauvagerie de l’homme n’a que peu de limites lorsque l’on s’attaque à lui ou a l'un des siens. Un message que La Dernière Maison sur la gauche a fait passer de manière diablement efficace à son époque.

Une réalisation inégale

Malheureusement, le film n’a plus autant d’impact aujourd’hui. Plusieurs éléments sont en cause. Premièrement, la réalisation de Craven, qui fait ses tout premiers pas au cinéma, laisse parfois franchement à désirer. Alors que pendant les scènes choc, le réalisateur fait montre du talent qui le fera connaître par la suite, il est bien moins en forme lors des scènes plus calme.

Certains plans sont très proches de l’amateurisme pur, tandis que certaines scènes montrant la rivière ou les arbres semblent n’être là que pour allonger la durée du film. On regrettera également un montage qui peut parfois laisser perplexe. Heureusement, la plupart des scènes choc sont, elles, réussies.

En ce qui concerne l’image, autant le dire tout de suite : c’est moche. La Dernière Maison sur la gauche est un vieux film, et ça saute aux yeux. Cela risque de rebuter un bon nombre de spectateurs qui aiment les photographies léchées et les belles images. Une atmosphère kitschissime entoure le long-métrage, alourdie par les décors et les couleurs qui semblent ternes et défraîchis.

Ceux qui n’aiment pas les vieux films risquent de passer leur chemin rapidement. Ceci dit, le côté crade de l’ensemble accompagne parfaitement notre histoire, et il serait dommage de passer à côté du film simplement à cause de ça.

Enfin, il faut bien dire que le côté choquant de La Dernière Maison sur la gauche est un peu émoussé aujourd’hui. Malgré de nombreuses scènes dures (le viol de Mari ou encore la fameuse scène de l’arrachage de bijoux de famille, pour ne citer qu’elles), on ne ressort pas de notre visionnement aussi traumatisé que les spectateurs de l’époque. La faute au cinéma actuel, qui tente chaque fois de pousser plus loin les limites du soutenable. Les spectateurs avertis en ressortiront certes secoués, mais pas trop gravement.

D’autant que Craven, pour contrebalancer l’aspect choquant de son film, a incorporé plusieurs scènes impliquant des policiers, censées être drôles, et qui ne servent absolument à rien. À l’époque, je suppose que ces passages permettaient aux spectateurs de « souffler » entre les scènes chocs. Aujourd’hui, les deux bouffons qui incarnent les forces de l’ordre semblent superflus et ne parviennent même pas à faire rire.

Cependant, La Dernière Maison sur la gauche a aussi plusieurs atouts. On notera déjà une performance d’acteurs honnête, étonnante pour ce genre de production. On retiendra notamment David Hess, qui interprète Krug et Cynthia Carr, dans le rôle de la mère, qui sont assez convaincants pour qu’on croie à leur personnage.

De plus, il faut reconnaître au film de Craven un côté irrévérencieux au possible qui ne déplaît pas. Le désir de vengeance qui anime les parents donne lieu à des scènes mémorables. Celle où la mère de famille séduit l'un des criminels pour ensuite se venger d'une manière disons spéciale est particulièrement réussie et on ne trouve pas tellement d'équivalents dans les salles obscures, même aujourd'hui. Même dans le remake, ce passage est moins extrême.

On notera également la scène où les gangsters « s’amusent » avec Phyllis et Mari, où l’humiliation des deux jeunes femmes atteint des sommets, et dont l’on ressort avec un certain malaise. Le film n'usurpe pas sa réputation de film extrême. Baignant dans le trash et la malsain, c'est clairement un long-métrage dérangeant.

L'anecdote

Au niveau des antagonistes, seule l'actrice interprétant Sadie n'a pas eu besoin d'improviser lors des dialogues, son rôle étant pré-écrit. Les trois hommes, en revanche, ont dû le faire durant la plupart de leurs scènes.

C’est vraiment dommage de constater que la plupart des gens ne verront pas La Dernière Maison sur la gauche parce que c’est un vieux film et que son esthétisme peut rebuter.

Car même s’il est moins efficace aujourd’hui, le long-métrage de Craven mérite son statut de film culte et a influencé de nombreux films récents. Un classique que tout amateur d’horreur se doit d’avoir vu.

2,5/5

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