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Mickaël Gelabale, l'Etoile de l'Ouest Episode 1 : les origines et l’arrivée en métropole

Au moment d’évoquer les plus beaux CV de l’histoire de l’Elan Chalon on pense très vite aux Tracy Murray, Blake Schilb… Sans parler des draftés Sefolosha, Lauvergne et autre Capela, qui ont complété le leur une fois partis de Bourgogne. Mais c’est sûrement le 10 octobre 2017 que Chalon a fait signer son joueur le plus prestigieux : Mickaël Gelabale.

On ne cite pas souvent Mickaël Gelabale, et pourtant, il a clairement son mot à dire : 145 matches NBA, 51 matches d’Euroleague, 63 d’Eurocup, 5 médailles avec l’équipe de France dont une en or à l’Euro 2013… Le parcours est riche. Un CV inversement proportionnel à l’ego du bonhomme, humble et toujours souriant. Mais aussi discret. Pour comprendre et mesurer la carrière d’un tel joueur, le JSL Sports a compilé des heures de témoignages et recueilli des photos d’époque. Aujourd’hui, nous vous proposons de revenir aux origines, là où tout a commencé pour Mickaël : en Guadeloupe. Puis de suivre "Mike" du côté de Cholet, ville de son arrivée en métropole.

Dimanche 22 mai 1983, Pointe-Noire. Marie-Josée Gelabale donne naissance à Mickaël - qui a trois jours sur la photo ci-dessous -, son quatrième et dernier enfant. Avec Jean-Michel Cayol, son mari, elle a déjà eu Carina (1976), Kelly (1979) et Jean-Yves (1981).

« C’est le petit chouchou de la famille, s’amuse Kelly, sa sœur aînée. C’est avec moi et son grand frère qu’il a commencé le basket, vers 6, 7 ans. Il nous suivait partout ».

Mickaël, en dernière année de maternelle, puis lors de la fête des pères (entre 5 et 7 ans).

Mickaël, ici entouré de ses parents et de son grand-père paternel, à l'occasion de sa première communion.

Ce ballon, il était pour moi, c’était hors de question que quelqu’un d’autre le gagne

« De 6 à 16 ans, j’ai joué tous les jours au basket », éclaire Mickaël, qui prend, à cette époque, sa licence à l'Etoile de l'Ouest (EDO). D’abord avec une balle de tennis, avec laquelle il dribble sans cesse. « Il ne quittait pas ses balles, confirme Kelly. Il faisait du bruit avec, on ne pouvait pas faire la sieste tranquille ! »

« Je dribblais mieux à l’époque, sourit-il. Je faisais pas mal de corde à sauter aussi pour améliorer ma détente et smasher. On a dû me dire ça à l’époque et j’ai tout fait pour. » Puis avec un vrai ballon de basket, gagné à un concours de lancers-francs alors que "Mimi" - son surnom dans la famille – a 8 ans. « Ce ballon, il était pour moi, c’était hors de question que quelqu’un d’autre le gagne », se marre-t-il.

A l’époque, le garçon n’a pas de terrain et de panier de basket à disposition. Pas d’internet et de YouTube non plus pour s’inspirer des stars NBA de l’époque, mais des posters qu’il met sur les « murs du salon, reprend-il. J’en avais un ou deux de Jordan, un de Sam Cassell aussi (meneur NBA des années 90, ndlr). Et puis Pippen aussi, qui était vraiment mon joueur préféré. » A part ces quelques photos grand format, Mickaël va voir les « Seniors 3 de la Guadeloupe. Arriver à leur niveau, c’était ça, mon objectif », commente-t-il. « On allait souvent voir les matches avec notre père », précise Kelly.

Il se fabrique lui-même un arceau avec une jante de vélo

Pour vivre sa passion du basket, il improvise. Il se fabrique lui-même un arceau avec une jante de vélo puis enchaîne les tirs. Le gamin imagine un adversaire en face de lui et joue, encore et encore. Bref, il construit ses fondamentaux tout seul.

Autre passe-temps pour Mickaël, la pêche aux écrevisses, pour sa propre dégustation, et celle des crabes de terre, qu’il revend.

Ce déménagement a changé ma vie

Et puis, la famille Gelabale déménage. Mickaël a 13 ans et mesure 1,72 m. « Ce déménagement a changé ma vie », sourit-il. A côté de leur nouvelle maison se trouve en effet un terrain de basket. Il y passera tout son temps. « A partir de 13 ans, je n’ai plus eu de devoirs à faire », rigole-t-il. De 14h à 22h l’été, pendant les vacances scolaires, voire « plus tard », se souvient le natif de Pointe-Noire.

« De 14 à 17h, j’étais tout seul puis des gars arrivaient. Je mangeais vite fait vers 17h et ensuite, on enchaînait les matches. Je jouais face à des mecs de 16, 17 ans, il fallait s’adapter. C’est comme ça que j’ai démarré meneur parce que j’étais juste plus jeune. Ce n’était même pas une question de taille. A la mène, j’ai gagné en lecture de jeu. »

Découverte de la « triple menace »...

Il développe aussi la « triple menace », que lui montre son cousin, Rodrigue Jurion : feinte de tir, feinte de passe puis drive. Surclassé, il se retrouve à jouer avec son frère, qui a deux ans de plus que lui. Et le cadet étant plus doué que l’aîné… Mickaël joue davantage que son frère, qu’il pousse vers une retraite anticipée ! « Il y avait une petite concurrence entre les deux, se souvient Kelly. Le plus grand était jaloux parce que Mickaël jouait vraiment bien ! Ils se disputaient à chaque fois sur le terrain. »

Pour autant, Mickaël, 15 ans, 1,91 m, n’est pas repéré plus que ça par les structures locales. Pas de CREPS en Guadeloupe ni de pôle espoirs en Martinique pour lui. Il arrive tout de même à faire son trou à l’Etoile de l’Ouest, son club de toujours, ce qui lui vaut d’être appelé avec la Guadeloupe pour jouer en Guyane. Là-bas, il ne jouera que 5 minutes.

Pourtant, le jeune homme sait qu’il a le niveau. La preuve ? Saint-Ange Vébobe, ancien international (72 sélections), fait appel à lui et l’intègre au GuyMarGua (Guyane/Martinique/Guadeloupe), un tournoi qui regroupe les meilleurs joueurs des DOM dans un même effectif face à des équipes de métropole. Avec lui, Ronny Turiaf et Noël Nijean, qui rentreront à l’INSEP cet été-là. « Je pense que j’étais le meilleur joueur du GuyMarGua », avance Mickaël.

Un déplacement à La Roche-sur-Yon va changer sa vie

A la rentrée 98, le pôle espoirs de Martinique et le CREPS de Guadeloupe tentent de l’enrôler. Mais le garçon est fier. Pas question de mettre les pieds dans des structures qui l’ont snobé par le passé. « Si Ronny et Noël était en France (sic), moi aussi, je pouvais le faire, reprend-il. Je ne savais pas sur quoi ça pouvait déboucher mais j’entendais qu’il y avait un meilleur niveau là-bas. Je voulais y aller pour ça. Et ça s’arrêtait là car je ne savais pas comment ça jouait ailleurs dans le monde ! » Résultat : Gelabale rempile à l’EDO. Et quand il croise les joueurs du CREPS ou du pôle espoirs sur les parquets, sa motivation est décuplée.

En fin de saison, bis repetita : le voilà en sélection de Guadeloupe. Avec une occasion en or, cette fois puisqu’un déplacement en métropole est organisé du côté de La Roche-sur-Yon. Au programme : des rencontres face aux cadets de Cholet. « A l’époque, il n’était pas dans la short list de Cholet, rembobine Thierry Saint-Clément, responsable de la délégation guadeloupéenne. Ils avaient des vues sur Victor Ladine (rentré au centre de formation de Cholet, puis carrière en Pro B, N1 et N2, ndlr) et sur Harold Trobo (passé par la Pro B, la N1, N2 et en championnat britannique). »

Avec la sélection de Guadeloupe, en 1998. A sa gauche, on devine Ronny Turiaf (le plus grand, ballon sous le bras).

Sauf que Mickaël va faire changer d’avis les observateurs sur ces quelques jours. Là où les autres jeunes joueurs subissent de plein fouet la pression, lui garde son sang-froid. Un vrai fil rouge dans sa carrière. « Il n’a pas démarré le premier match dans le cinq, se remémore Saint-Clément. Mais dès le deuxième, il y était. »

« Il était déjà très "facile" », note Jean-François Martin (sur la photo à côté de Mickaël), son futur coach à Cholet en cadets/espoirs et pros.

Son aisance, presque de la nonchalance, est trompeuse. Sans avoir l’air d’y toucher, Gelabale noircit la feuille de stats comme peu de joueurs peuvent le faire. « Il peut scorer, passer, prendre des rebonds, défendre… C’est un vrai couteau-suisse », reprend Martin. Il paraît alors inconcevable que CB passe à côté d’un tel profil. « Pour avancer dans nos observations sur Mickaël, nous avions mélangé nos cadets et la sélection de Guadeloupe en lever de rideau d’un match de Coupe d’Europe », précise le formateur choletais. « Ça s’était plutôt bien passé pour moi », sourit Mickaël.

« Je n’ai pas demandé leur avis à mes parents. Mon père disait même : "Je savais que Mickaël ne resterait pas en Guadeloupe". Je savais qu’ils ne me diraient pas non. »

Cholet le veut, c’est désormais certain. Pour acter l’arrivée du jeune homme en métropole, Jean-François Martin et Jacques Catel (directeur du centre de formation) vont rencontrer ses parents, en Guadeloupe.

Mieux : à la fête annuelle de leur ville, en août, Marie-Josée et Jean-Michel créent un bar pour aider Mickaël à faire ses premiers pas en métropole. « Ça a duré pendant 4, 5 jours, ajoute-t-il. J’ai raflé la mise et je suis parti. Cholet me proposait d’associer sport et études donc c’était la meilleure solution pour moi. Ils me voulaient, je n’ai pas réfléchi. »

Septembre 1999. Mickaël Gelabale a 16 ans.

« Je suis parti à l’aventure », commente-t-il. Une aventure qui l’amène à plus de 6 500 kilomètres de son Pointe-Noire natal. Le voilà donc en métropole, à Cholet, ville de 50 000 habitants, dans le Maine-et-Loire.

Où l’hiver est rude, forcément. Mais où la nostalgie n’est pas si présente. « Mon île me manque, ma famille aussi, raconte Mickaël. Il y a une cabine téléphonique dans le centre de formation, j’appelle au moins une fois par semaine là-bas. Ça n’a pas changé depuis. » Avant d’ajouter : « Quand je suis sur le terrain, à la Meilleraie, rien ne me manque. Tout passe après le basket. » « Il a eu des moments de blues, forcément, reprend Martin. Mais il avait du monde autour de lui. »

« Du monde », donc des coéquipiers et des encadrants qui comprennent assez vite la plus-value qu’il peut apporter sur et en dehors du parquet. « Mickaël a une facilité à se fondre dans un groupe, éclaire Martin. Il va apporter du plus dans toute organisation. Il a vraiment une mentalité qui colle bien au sport collectif. » En déplacement, à l’époque, pas de portables ou de casques, éléments indissociables du sportif de haut-niveau d’aujourd’hui. « On n’avait pas besoin de radio non plus. C’est Mickaël qui nous la faisait en chantant ! », rit Jacques Catel.

Mais c’est sur le terrain qu’il marque encore davantage les esprits. D’abord physiquement. Tous se souviennent de ce garçon « filiforme » (Jacques Catel), ce « grand machin maigre » (DeRon Hayes, coéquipier de Gelabale entre 2002 et 2004), le « pas très épais » (Jim Bilba, lui aussi coéquipier de Gelabale entre 2002 et 2004 ), un « physique atypique, tout frêle » (David Gautier, coéquipier de Gelabale entre 2000 et 2001), d’un jeune qui « mangeait, mangeait et qui ne prenait pas un kilo » (Gaël Benzeval, au centre de formation de Cholet entre 1999 et 2003). Mais pas que.

Je me suis dit : "Là, on a quelqu’un"

« Mon premier souvenir avec lui, c’est lors d’un essai que je fais au centre, début 2000. Je me dis : "C’est qui ce mec avec ces petites jambes ?!", sourit Jean-Michel Mipoka (au centre de 2000 à 2003, actuel joueur de Gravelines-Dunkerque). Je me retrouve à défendre sur lui et là, Guillaume Bonneau (passé par Cholet de 1997 à 2002) jette la balle en l’air. Je me dis : "C’est pas un shoot ça !" Je ne comprends pas ce qui se passe, j’avais 14 ans moi. Je me retourne et là, je vois Mickaël en l’air qui met un dunk… Je n’avais jamais vu ça de ma vie ! Je n’avais vu ça qu’à la télé, en NBA. Je me suis dit : "Là, on a quelqu’un". Le mec fait ça à 16 ans, en première année cadets. »

En espoirs, Mickaël côtoie les Claude Marquis, Vincent Mouillard et autre Stephen Brun. Brun, de 3 ans son aîné, le teste à son arrivée. Résultat : deux contres sur la tête ! « Je me souviens qu’on leur faisait faire un exercice physique très simple : lancer une balle le plus loin possible en étant assis sur une chaise, se souvient Jacques Catel. Il avait surpris tout le monde en envoyant le ballon plus loin que des garçons plus vieux et costauds que lui. » Cette année-là (1999-2000), Cholet est champion de France cadets et s’impose au Trophée du Futur.

En parallèle, Mickaël, qui devient "Mike" durant ces années-là – ou encore « I got ball » rigole Gaël Benzeval – poursuit ses études en CAP menuiserie.

« J’ai toujours ma caisse à outils de l’époque, révèle-t-il. C’est même moi qui l’ait faite ! J’ai fabriqué un miroir pour ma mère aussi, qu’elle a dans sa salle de bain. Cette caisse représente beaucoup pour moi. Je l’ai gardé pour me souvenir que, même si j’ai connu la réussite que j’ai connue, j’aurais très bien pu avoir un job comme "tout le monde". »

L’année suivante, Cholet et un Gelabale de plus en plus responsabilisé font encore plus fort : championnat de France cadets, Trophée du Futur et Coupe de France cadets. « Ce sont mes plus belles années, explique Mickaël. Tu es insouciant, tu n’as pas la pression de la gagne en permanence. Ta seule préoccupation, c’est de travailler et de travailler encore pour essayer de devenir pro. Et puis, j’étais encore athlétique à l’époque ! » « Il passait des 360 en match espoir, sourit Mipoka. J’ai vu des dunkers mais c’est le seul que j’ai vu faire ça à son âge. Quand il a intégré les pros, Claude Marquis l’avait appelé "le cabri". »

En parallèle des espoirs, il intègre justement l’entraînement des pros, alors coachés par Eric Girard. Signe même une sortie à 12 points en 5 minutes en amical en présaison. Mais ne verra pas le parquet de la saison en match. « J’étais jeune, je n’étais pas pressé, précise Mike. J’attendais mon heure. » Cette année-là (2000-01), il obtient son CAP malgré un rythme soutenu. « J’avais cours de 8h à 10h puis je devais aller à la Meilleraie (la salle de Cholet, ndlr) en bus pour l’entraînement des pros à 10h30. Puis, c’était cours à 14h et retour à l’entraînement à 17h. Les entraînements avec Eric, ça ne rigolait pas. Mais ça allait, les profs me laissaient récupérer », sourit-il.

Même s’il ne joue pas avec les pros, ce qu’il montre avec le centre de formation confirme ce qu’avait vu Jean-François Martin à La Roche-sur-Yon : Mickaël sait tout faire sur un terrain de basket. « Il y a des matches où tu avais l’impression qu’il n’était pas là, reprend Mipoka. Mais c’était trompeur. Le gars se faisait oublier mais, à la fin, tu prenais la feuille de stats et tu voyais ses 20 d’éval. Et s’il y avait un gros tir de loin à mettre pour tuer le match, il le mettait. Ce mec n’est jamais stressé. »

Des stats mais sans avoir l’impression de trop en faire, cette image qui colle à la peau de Mickaël à cet âge-là ne se décollera pas durant les années suivantes. « C’est un garçon performant, efficace, reprend Catel. Il se met toujours au service du collectif. » Pas du genre à tirer la couverture à lui, à « manger » la balle alors qu’il pourrait, une qualité rare pour un joueur même pas majeur. « Il jouait comme un ancien, confirme Jim Bilba. Il y avait beaucoup de simplicité dans son jeu, comme aujourd’hui d’ailleurs. C’est le genre de gars qui va apporter sa pierre à l’édifice, faire les petites choses précieuses à un moment donné… Au début, et vu qu’il n’était pas du genre à se mettre en avant, les gens ne se rendaient pas compte de sa valeur. »

Les débuts en pro

Lors de la saison 2002-03

En interne, on sait. D’ailleurs, dès sa troisième année au club (2001-02), alors qu’il est tout juste espoir, il est intégré à l’effectif professionnel par Savo Vucevic (coach de Cholet pour la saison 2001-02, à la tête de Bourg depuis 2016). « La transition entre espoir et pro se fait naturellement, reprend Mickaël. Cet été-là, je fais la préparation avec eux et je rentre dans le groupe pro logiquement. Je n’ai plus d’école à côté donc c’est plus facile. »

Lors de la phase retour, Cholet ne perd pas un match. « C’était off tous les lundis, sauf pour moi ! », reprend Gelabale. Même s’il ne joue pas beaucoup à cause d’une blessure (pied), d’une concurrence importante (Stanley, Dorsey…) et d’un contexte qui ne laisse pas de place aux jeunes (3e du championnat, ½ finaliste), Mickaël garde de bons souvenirs de cette saison. « On avait un super groupe. Et même si j’étais au bout du banc, j’avais une très bonne relation avec Savo. Il jouait le haut de tableau mais il prenait du temps pour moi, m’expliquait comment fonctionnait le basket professionnel. C’était énorme pour moi. » « Quand il rentrait en pro, nous, les gars du centre, on célébrait tout ce qu’il faisait, se marre Jean-Michel Mipoka. Et lui, il nous faisait des clins d’œil pendant le match. Je me disais : "Il est fou ce mec !" Ça me faisait rigoler mais après, j’ai réalisé. Quand j’ai commencé en pro, je ne voyais rien de ce qui se passait en dehors du terrain. Et lui, à 18 ans, il nous faisait des signes. »

La saison suivante, c’est Jean-François Martin qui prend la tête de l’équipe pro. Une fois de plus, c’est une blessure au pied qui ralentit Mickaël, pourtant bien parti (10 points en 17 minutes à Dijon en octobre 2002). Au final, Mike disputera 18 matches (7 dans le cinq de départ) et goûtera à la Coupe d’Europe (Coupe ULEB) alors qu’il a à peine 20 ans. Aux K’Zell Wesson, Tony Stanley et Aymeric Jeanneau, présent lors de la saison 2001-02, s’ajoutent les expérimentés Jim Bilba (34 ans) et DeRon Hayes (32 ans).

Je n’avais aucun doute sur le fait qu’il progresserait et qu'il irait encore plus haut - Jim Bilba

« C’est mon petit, se marre Bilba, ancien pilier des Bleus (170 sélections) et Guadeloupéen comme Mickaël. Il y avait beaucoup de jeunes dans cette équipe et moi, j’étais le grand-père ! Il posait beaucoup de questions sur le basket et la vie en dehors. » « On était ses chaperons, enchaîne Hayes. Ce qui m’avait frappé, c’était sa propension à ne jamais stresser. » « Quand le niveau montait, il répondait à chaque fois, reprend Bilba. Je n’avais aucun doute sur le fait qu’il progresserait et irait encore plus haut. »

A Cholet, au début de sa carrière professionnelle

2003-04 confirme les propos de Bilba. Débarrassé de ses pépins physiques et dans une équipe composée de nombreux anciens du centre de formation (Marquis, Mipoka, Ferchaud, Akpomedah), Mickaël prend son envol. Il joue tous les matches avec un temps de jeu important (30 minutes) et produit : 10,4 points à 52%, 4,6 rebonds pour 12,4 d’évaluation.

Kunter l’utilise à toutes les sauces : en arrière, à l’aile et même dans la raquette

« C’était un potentiel qui ne demandait qu’à éclater, rembobine Erman Kunter, à la tête de Cholet lors de cette saison. Il bossait beaucoup, écoutait tous les conseils qu’on lui donnait. Progressivement, il est devenu l’un de nos joueurs majeurs. » Kunter l’utilise à toutes les sauces : en arrière, à l’aile et même dans la raquette. La fameuse polyvalence de Gelabale, qui s’exporte donc maintenant dans le monde professionnel.

En défense, l’entraîneur le place sur les meneurs adverses. « C’était l’un des tout meilleurs défenseurs de l’époque », reprend Kunter.

A 21 ans, il est donc l’un des joueurs majeurs d’une équipe pas attendue à pareille fête (4e, 1/4 de finaliste en playoffs). Efficace des deux côtés du terrain, sobre, la « force tranquille » dixit David Gautier suscite des convoitises.

A l’époque, Cholet a déjà sorti Jim Bilba ou Antoine Rigaudeau de son centre de formation, créé en 1986. Mickaël Gelabale va ouvrir la voie à une nouvelle génération (De Colo, Beaubois, Séraphin, Causeur, Gobert) qui va casser les frontières encore davantage que la précédente.

En 2004, on ne parle pas encore de draft NBA pour Mickaël. Mais c’est le grand Real Madrid qui vient frapper à sa porte.

« Quand le Real te veut, il n’y a aucune question à se poser », tranche Jim Bilba.

Sur le banc du Real, un certain Bozidar Maljkovic, champion d’Europe avec Limoges en 1993. « Bozidar m’a appelé pour savoir ce que je pensais de Mickaël, reprend Bilba, au CSP entre 1992 et 1996. Il savait très bien ce que valait le basketteur, il avait envoyé des scouts pour ça. Et je lui ai confirmé que l’homme était à l’image du joueur : calme, réfléchi, solide mentalement. Il avait tout pour réussir dans un grand club. Même à 21 ans. »

Aller au Real à cet âge-là, je ne sais pas si on reverra ça », enchaîne Jean-Michel Mipoka. « Moi, je ne me rendais pas compte à l’époque, conclut Mickaël. Je ne savais pas ce que représentait le Real Madrid.

Insouciant, Mickaël grimpe encore d’un échelon. Lui, le gamin qui dribblait avec des balles de tennis quinze ans plus tôt, en Guadeloupe. Qui shootait sur des paniers fabriqués de toutes pièces. Qui aspirait à jouer en France, pour se mesurer à un autre niveau. Mickaël Gelabale a vu la France. S’y est imposé. Maintenant, les bases sont posées. L’ascension peut continuer.

Au Real Madrid et en Equipe de France, Mickaël Gelabale a accumulé les trophées.

Texte : Xavier Collin, Réalisation : Charline Vergne.

Crédits photos et vidéos : Famille Gelabale, Etienne Lizambard, Joël Philippon, Jean-François Martin, Xavier Collin, Cholet Basket et France 3.

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