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Citad'elles : deux jours de rencontres contre les violences faites aux femmes Pièces de théâtre, tables rondes, expositions et ateliers ont salué l’ouverture du centre Citad’elles, les 22 et 23 novembre. Retour en images sur cet événement fort et engagé contre un fléau de société. (Photos : Christiane Blanchard et Chama Chereau)

219 000 : c’est le nombre de femmes victimes de violences physiques et/ou sexuelles en France. Elles sont 25 000 à l’échelle de la Métropole. Pour lutter contre ce fléau, la métropole nantaise s’est dotée d’un nouvel outil, le centre Citad’elles, un lieu d’accompagnement et de soutien pour les femmes victimes de violences et leurs enfants. Gratuit, sécurisé et ouvert 7j/7, le projet a été imaginé par quatre associations nantaises (SOlidarités femmeS Loire Atlantique, Oasis, Question Confiance et SOS Inceste & Violences Sexuelles) et porté par la Ville de Nantes. Les femmes peuvent y porter plainte et rencontrer des professionnels : infirmières, sages-femmes, juristes, avocats ou assistantes sociales.

Le centre Citad'elles a été conçu comme un cocon chaleureux et sécurisant.

Pour saluer l’ouverture du centre, deux jours de rencontres ont été organisés à l’espace Port Beaulieu ADELIS, les 22 et 23 novembre. Les Nantais ont pu découvrir des expositions sur les violences faites aux femmes, s’initier au self-defense, à l’art thérapie ou encore assister à des tables-rondes et des spectacles. L'objectif : échanger autour des violences faites aux femmes, mieux reconnaître les mécanismes de violence et d'emprise mais aussi imaginer des solutions pour aider les victimes à se reconstruire.

"Même si nous sommes fiers d’avoir co-construit un lieu innovant et efficace avec des partenaires engagés, nous ne pouvons pas nous réjouir de sa nécessité. Au contraire, la société que nous voulons bâtir est une société où un tel lieu serait inutile."

Johanna Rolland, Maire de Nantes.

Les participants ont pu échanger avec de nombreuses associations présentes au sein d'un forum associatif. Parmi elles, Resonantes, Paloma, Osez le féminisme, Question Confiance, SOlidarité FemmeS 44, le Mouvement du Nid, SOS Inceste & Violences Sexuelles...
"C’est une grande fierté et surtout un honneur d’avoir pu présenter notre pièce "Pas Comme ça" pour la première fois à Citad’elles. C’est une œuvre très personnelle que j’ai écrite en tant que victime de violences psychologiques. Elle explore le thème de la mémoire traumatique et montre le processus d’emprise que tisse peu à peu un homme violent sur sa victime. La pièce met en scène les cauchemars et les hallucinations d'une femme... Ce qui amène le spectateur à se sentir coincé avec elle. Même si les images sont puissantes, et les scènes parfois dures, le but n’est pas de choquer mais de sensibiliser !"
Mélissa Leray, dramaturge. ©Aabigail Cyanure

Invité très attendu du week-end, l’écrivain et historien Ivan Jablonka a fait part de son émotion à l'idée de retourner dans la ville de Laëtitia Perrais, la jeune Nantaise assassinée en 2011, à l’âge de 18 ans. Il avait relaté l'histoire de ce tragique féminicide dans son roman « Laëticia ». Pendant une heure, il a pu présenter « Des Hommes justes : du patriarcat aux nouvelles masculinités », son nouvel essai féministe qui donne des pistes pour créer des hommes égalitaires, en rupture avec le patriarcat.

"Le XXIe siècle s’ouvre sur trois utopies à réaliser : la sortie de l’hyper-mondialisation, la sauvegarde du climat et la justice de genre. Nous vivons dans une société patriarcale, un système qui favorise les comportements misogynes et violents, empoisonne la vie des femmes et donne aux hommes des modèles de masculinités toxiques, dans lesquels ils ne se reconnaissent pas. C’est pourquoi les hommes ont tout intérêt à embrasser la cause féministe."

Ivan Jablonka. Écrivain

Coeur battant de ces deux jours d'inauguration, la table ronde intitulée « Violences faites aux femmes : le temps de l’action est venu » a rassemblé Johanna Rolland, Maire de Nantes, la psychiatre Muriel Salmona, la gynécologue-obstétricienne Ghada Hatem et Diriatia N'Diaye, fondatrice et présidente de l'association Resonantes. Ensemble, elles ont souligné avec force la nécessité de lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants, "un fléau, oui, mais pas une fatalité". Une autre table ronde a réuni Aïcha Bassal, adjointe au maire de Nantes en charge de l'égalité, Marie-France Casalis, porte-parole du Collectif féministe contre le viol, Anne Bouillon, avocate au Barreau de Nantes et Nathalie Vabres, pédiatre coordinatrice à l'Unité d'accueil des enfants en danger. L'enjeu ? Connaître et reconnaître les violences sexistes, décoder les mécanismes qui se mettent en place, rappeler la loi et les mesures prévues pour les contrer !

"Les violences physiques et sexuelles laissent des séquelles graves et profondes dans la psyché de la victime. Ces troubles n’ont pas été compris, pendant trop longtemps, par les professionnels. Aujourd’hui, la victimologie a progressé, on comprend que ces violences sont comparables à un accident de voiture pour le cerveau humain. Le fait d’être victime d’abus sexuel ou de violence pendant l’enfance multiplie par 16 le risque de l’être tout au long de sa vie. Ces violences deviennent aussi le premier facteur de mal-être, de dépression et peuvent entraîner des comportements de dépendance..."
Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie.

François Hollande, ex président de la République, s'est rendu à ces deux jours de rencontres. Il a pu visiter Citad'elles, et découvrir l'application App'elles, imaginée par Dirariata N'Diaye, fondatrice et présidente de l'association Resonantes. L'application permet aux femmes et aux filles d'alerter et de contacter rapidement leurs amies, leurs proches ou les secours en cas d'agression.

L'application App'Elles est gratuite, privée et anonyme.
  • Citad'elles a ouvert ses portes le 25 novembre. Les femmes (majeures) victimes de violences peuvent s'y rendre 7 jours/7 et 24h/24 avec leurs enfants.
  • Adresse : 8 boulevard Vincent Gâche. 44 200 Nantes.
  • Téléphone : 02 40 41 51 51.
  • Site web : nantescitadelles.fr

Credits:

Patrick Garçon et Régis Routier