L’ancienne fabrique de verre bombé est au fond d’une cour en plein coeur de Paris . A peine étions nous arrivés dans ce lieu désert et sombre que nous savions qu’il était fait pour nous . De longs établis de bois sous les deux grandes verrières semblent attendre que soient posés les lourds papiers d’aquarelle, les crayons, fusains ,les tubes de couleur et la grande palette pour la peinture à l’huile. Au centre de cet imposant volume , une pièce vitrée rouge foncé dans laquelle un cartonnier instable laisse apparaître des dorures aux graphismes usés , des dossiers ouverts au sol , les factures s’envolent sous nos pas , la suie grasse et légère imprime un noir velouté sur les murs, Des ferrailles, des outils , des caisses poussiéreuses, le monde suspendu de l’usine entre en résonance avec l’imaginaire de l’artiste.
Le mur du fond de l’atelier a gardé la trace des machines, il va du brun foncé au beige incertain, la couche de suie est tombée. Au centre la forge noircie a gardé sa soufflerie, deux bonbonnes d’air actionnées par une poignée au bout d’une chaîne attise la flamme des feux de bois. Sur de grands espaces en hauteur, sont rangés les chassis, les cadres, les cartons, les grandes toiles et un monticule d’ affiches déchiquetées ramenées de New-York traîne par terre, source inépuisable d’inspiration.