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Justice/Science Qui croire ?

Régulièrement, nous voyons dans la presse que la Justice a accordé des indemnités à un malade pour un problème de santé survenu après un vaccin.

http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/06/22/vaccins-la-justice-europeenne-facilite-l-indemnisation-des-accidents_5149182_1651302.html
https://www.topsante.com/medecine/maladies-infectieuses/hepatites/vaccin-contre-l-hepatite-b-l-etat-indemnise-une-secretaire-medicale-623196

Pour beaucoup, cela implique que la Justice reconnaît que les vaccins ont provoqué cette maladie.

Or les publications scientifiques à ce sujet sont sans équivoque : que ce soit pour l’autisme, la sclérose en plaque, ou tout autre problème non répertorié sur les notices, à ce jour, malgré des études d’envergure, à l’exception de la narcolepsie pour le Pandemrix, aucun lien n’a pu être trouvé.

Les rares articles montrant un lien présentent tous de sérieux défauts. Voire sont utilisés hors contexte.

Voilà qui n’aide guère à clarifier les choses dans l’esprit des gens. La peur de ces effets secondaires, ajoutée aux “certitudes” des gens qui confondent corrélation et causalité, font que pour beaucoup, c’est la Justice qu’il faut croire. Et la Justice dit : il y a un lien entre le vaccin et la pathologie.

Pour autant, est ce vrai ?

Comparons le mode de fonctionnement de ces deux instances :

Pour la Science :

  • En labo, in vitro, ou sur l’animal, on s’assure qu’un groupe témoin et un groupe test vivent exactement dans les mêmes conditions, avec pour seule différence l’ajout d’une substance dont on veut étudier les effets.
  • Chez l’humain, on peut également faire des tests en double aveugle contre placebo, par exemple comme ici.
  • Pour un suivi d’effets secondaires, on compare des groupes humains de taille et composition les plus proches possibles (âge, conditions de vie, etc), dont un groupe est vacciné, et l’autre pas. Et cela doit être fait sur le plus grand nombre possible de personnes, pour être crédible.

Dans le cas de l’autisme, ces études ont porté sur des centaines de milliers de cas.

Pour les effets secondaires présumés du Gardasil également.

Pour la Justice :

C’est plus compliqué. Cela a été bien résumé dans cet article.

Nous allons vous en donner les principales étapes :

  • "La justice considère que la science ne peut pas prouver l’existence ou l’inexistence d’un lien de causalité entre la vaccination et la sclérose en plaques.

La communauté juridique considère qu’en l’état actuel des connaissances scientifiques, il apparaît que l’existence ou l’absence d’un lien de causalité entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaque n’a pas pu être prouvée avec certitude : il n’y a actuellement aucune preuve scientifique de la nocivité du vaccin, comme ont pu le rappeler les nombreux rapports de différentes autorités médicales. Néanmoins, cela ne signifie pas l’absence d’un risque, même si celui-ci est faible."

==> C’est déjà un premier problème : en science, on ne peut pas prouver que quelque chose n’existe pas !

On peut dire : nous avons fait tant et tant de recherches, étudier tant de millions, voire de milliards de cas, mais jamais dire avec certitude : “cela n’existe pas”. Cela a pu exister, cela pourra se produire plus tard, cela peut se produire sans être vu, etc.

La certitude absolue de l’absence, c’est absolument indémontrable.

Autant on peut dire : ceci existe, voici les preuves, autant dire “cela n’existe pas”... heuuuu ????

Ce problème fait l’objet de nombreuses publications et réflexions.

Or pour la Justice :

  • “ L’absence de certitude ne permet pas l’indemnisation

En s’appuyant sur les rapports des experts, ni le juge administratif ni le juge judiciaire n’étaient donc en mesure de reconnaître un lien de causalité scientifique entre la vaccination anti-hépatite B et la sclérose en plaque de façon certaine. L’indemnisation des demandeurs était donc impossible puisqu’en droit de la responsabilité, la preuve entre la cause (la vaccination) et le dommage (la sclérose en plaque) doit être apportée avec certitude pour que le plaignant puisse être indemnisé. La Cour de cassation a ainsi refusé de reconnaître la responsabilité des laboratoires jusqu’en 2008 au motif que le lien entre le défaut du vaccin et le déclenchement de la sclérose en plaque était insuffisamment prouvé. “

Donc comment faire quand aucune étude ne montre un lien entre la maladie et le vaccin, mais qu’aucune ne montre l’absence de lien ?

Imaginez les malades, dont la souffrance est réelle, et leur entourage, qui cherchent à obtenir réparation pour ce qu’ils pensent être des effets secondaires du vaccin, et qui s’entendent dire “oui, vous nous dites que c’est le vaccin, mais rien ne prouve que c’est bien lui, et rien ne prouve que le vaccin ne provoque pas cet effet secondaire”.

De quoi devenir fou.

Afin que ce doute sur l’existence ou non d’une preuve puisse bénéficier aux malades, la Justice a donc mis en place la reconnaissance d’un lien de causalité juridique, basé sur la simple présomption :

  • “Le fondement juridique du « lien de causalité » : la présomption

Le recours à la technique juridique de la présomption en matière de preuve ne constitue pas un élément nouveau en droit puisque son utilisation est prévue par l’article 1353 du Code Civil : « Les présomptions qui ne sont point établies par la loi, sont abandonnées aux lumières et à la prudence du magistrat, qui ne doit admettre que des présomptions graves, précises et concordantes […] » [...] Cette technique permet donc à la justice de passer par-dessus le doute scientifique pour instaurer un « lien de causalité juridique », qui ne repose pas sur la preuve certaine du lien de causalité, comme pourrait le prouver la science, mais uniquement sur des présomptions.”

Pour obtenir une indemnisation d’un préjudice attribué à un vaccin, il n’y a donc plus besoin d’apporter une preuve scientifique du lien entre la maladie et la vaccination.La Justice reconnaît une simple CORRELATION TEMPORELLE comme preuve !

Certes, cela permet d’indemniser des gens en souffrance, et donc de leur apporter une aide tout à fait bienvenue vu ce que la maladie peut compliquer la vie.

Cette dualité a déjà été plusieurs fois expliquée dans les médias.

Mais comme cela est souligné à la fois par la communauté scientifique et juridique, cela complique énormément la tâche de ceux qui doivent convaincre les gens de la nécessité de se faire vacciner.

Et cela fait la joie des détracteurs de la vaccination, qui se moquent bien des subtilités juridiques et scientifiques, et ne voient qu’une chose : il y a une “preuve”, à leurs yeux, de la responsabilité des vaccins dans ces maladies.