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All the boys love Mandy Lane 2006 - États-Unis. Réalisation : Jonathan Levine. Scénario : Jacob Foreman. Avec : Amber Heard, Anson Mount, Whitney Able, Michael Welch

Certains cinéastes sont capables de beaucoup avec peu de moyens. Leurs long-métrages sont d'ailleurs acclamés quand on voit ce qu'ils ont pu faire avec des budgets souvent dérisoires. C'est le cas d'All the boys love Mandy Lane. Jonathan Levine disposait de 750 000 $ pour son film. Mais, ironiquement, ce qui manque le plus à son oeuvre, c'est quelque chose qui n'aurait pas coûté bien cher : un bon scénario.

Au lycée, tous les yeux se posent sur Mandy Lane. En plus d'être canon, la jeune femme est mature et agréable. Tous les mecs ne souhaitent qu'une chose : coucher avec elle. Et lorsqu'elle se fait inviter avec quatre autres personnes dans le ranch d'un ami pour le week-end, elle se rendra compte que certains sont capables d'aller très loin pour l'avoir.

Il n'y a rien de pire pour moi que de devoir écrire une critique sur un film que j'ai trouvé moyen. On trouve toujours quelque chose a dire sur un long-métrage qu'on a détesté, tout comme sur un film qu'on a adoré.

Mais quand il s'agit d'expliquer pourquoi un film est correct, sans plus, on a juste l'impression de se répéter. En effet, le cinéma d'horreur contient tellement de films de ce genre que j'ai parfois l'impression qu'il me suffirait de faire un copié-collé d'une ancienne critique pour écrire la nouvelle.

Mais comme je suis un type sympa, je me sacrifie pour la bonne cause et je vais t'expliquer, lecteur, pourquoi il n'est pas nécessaire que tu t'arrêtes sur All the boys love Mandy Lane.

Ce qui fait que ce film ne dépasse jamais le stade de regardable, c'est son scénario. All the boys love Mandy Lane est un slasher. Oui, même si l'arme utilisée par le tueur est principalement un fusil, c'en est un. C'est tourné comme un slasher, ça a l'histoire d'un slasher et ça a surtout les clichés d'un slasher.

Tout est stéréotypé dans le film de Jonathan Levine. À commencer par ses personnages. La bande de jeunes qui nous est présentée est insupportable. Obsédés par l'alcool, le sexe et la drogue, ces espèces de têtes à claques de fils à papa sont le plus gros point noir du film. On pourrait presque voir l'inscription « Je veux baiser ! » sur leur front. Le fait qu'ils soient interprétés par des acteurs bien plus vieux que l'âge des personnages n'aide pas, mais cela n'excuse pas tout.

Pendant la première demi-heure du film, on ne fait que les suivre durant leur soirée où chacun espère bien conclure avec une des filles présentes (qui sont, elles aussi, d'une stupidité à pleurer). En bref, on s'ennuie pendant un bon moment. Le seul qui intéresse vaguement est Garth, le contremaître du ranch, qui attire la compassion dans le sens où il se retrouve coincé avec cette bande d'imbéciles.

Le personnage de Mandy est, lui, quelque peu décevant. Évidemment, elle est la jeune fille sage et virginale, que l'on dit « plus mature ». Quand Garth lui demande pourquoi elle est si différente de ses amis, elle explique que c'est parce qu'elle a perdu ses parents quand elle était petite. C'est bien connu, le fait d'avoir tes deux parents vivants te transforme en obsédé sexuel alcoolique et drogué. Alors Mesdames, Messieurs qui me lisez, faites un geste pour vos enfants. Crevez.

Lorsque le tueur entre en jeu, l'intérêt s'éveille quelque peu. Le premier meurtre est plutôt bien orchestré. Malheureusement, l'identité de l'assassin n'est une surprise pour personne et la curiosité s'éteint presque aussitôt. Surtout que les meurtres suivants sont moins imaginatifs. Au final, on n'en retiendra que deux dans tout le film. La deuxième partie est légèrement plus rythmée que la première mais reste très ennuyeuse en nous offrant de nombreuses scènes inutiles.

Heureusement, le dernier tiers révèle une petite surprise. En effet, le scénariste a incorporé un twist final dans son histoire et il faut avouer qu'il est assez inattendu, au vu des éléments qu'on nous avait montrés jusque là. Globalement, il marche bien, mais on regrettera une mise en scène qui ne le met pas en valeur. Il redonne tout de même un second souffle au film. Malheureusement, les scènes qui suivent ne sont pas du même acabit et nous laissent sur notre faim. Certaines questions restent de plus sans réponse, ce qui n'est pas des plus agréable.

Pour ce qui est de la technique, il y a des hauts et des bas. Dans les hauts, on retiendra l'ambiance 70s qui se dégage du long-métrage. Que ce soit dans la façon de tourner ou dans le grain de l'image, tout nous rappelle les longs-métrages de cette époque, même le générique de fin et la trame sonore.

On appréciera aussi le fait que le film s'assume en tant que teen-movie. C'est pire que tout lorsqu'ils essaient de se faire passer pour des longs-métrages plus matures. Ici, dès le début on sait ce qu'il en est, ce qui permet d'éviter une déception par la suite. Enfin, certains plans sont bien pensés, voire imaginatifs. Du côté des bas, on regrettera une caméra trop tremblante par moments. Certains effets de montage, dans le pur style vidéoclip MTV sont également agaçants.

L'interprétation, de son côté, n'est pas trop mauvaise. Il faut dire que les personnages secondaires sont tellement peu développés qu'il n'est pas difficile de les interpréter correctement. Les acteurs font le boulot, c'est tout ce qu'on leur demande.

Pour ce qui est d'Amber Heard, c'est la même chose durant les deux premières parties du film. Il faut dire qu'on ne demande pas grand-chose à Mandy à part être jolie et sur ce point, l'actrice excelle. Son jeu s'affirmera toutefois lors de la finale, de façon plus forte et juste. On regrettera simplement que des ados censés avoir entre 16 et 18 ans soient interprétés par des acteurs qui ont tous au moins la vingtaine, situation trop récurrente au cinéma et à la télévision. Mais dans tous les cas, des acteurs plus "vrais" n'auraient pas suffi à rendre ce film plus intéressant.

L'anecdote

Le ranch utilisé pour le film abriterait la tombe de l'assassin d'Abraham Lincoln, selon une légende locale. Après s'être évadé, John Wilkes Booth aurait travaillé pour les propriétaires du ranch, bien que ceux-ci sachent qui il était. Ils l'auraient enterré dans une tombe anonyme, près d'un arbre qu'on aperçoit dans le film.

All the boys love Mandy Lane n'est qu'une oeuvre passable de plus à mettre dans le coin « Films à regarder peut-être un jour, si j'ai le temps, qu'il pleut et que tous mes potes sont en vacances aux antipodes ». Bien sûr, c'est un low budget, et il y a des productions profitant de financements colossaux qui sont bien moins réussis que le film de Jonathan Levine. Mais ça n'en fait pas pour autant un bon film.

1,5/5

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