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Crimson peak 2015- États-Unis. Réalisation : Guillermo del Toro. Scénario : Guillermo del Toro, Matthew Robbins et Lucinda Coxon. Avec : Mia Wasikowska, Jessica Chastain, Tom Hiddleston, Charlie Hunnam, Jim Beaver.

En 1993, un réalisateur jusqu'alors inconnu a été révélé à l'international grâce à Cronos, un film revisitant de manière originale le mythe du vampire.

Le succès du mariage entre Guillermo del Toro et le fantastique ne faisait alors que commencer. Depuis, le cinéaste ne s'est que très peu éloigné du genre et nous a fourni quelques pépites, puisant régulièrement dans l'imagerie gothique ou encore l'ambiance onirique et sombre des contes. Crimson Peak, sorti en 2015, est directement issu de ces inspirations.

Ghosts are real. That much I know.

Edith croit dur comme fer aux fantômes depuis que le spectre de sa mère lui a rendu visite, alors qu'elle était enfant. Souhaitant se lancer comme écrivaine, la jeune femme délaisse les mondanités et ne s'intéresse pas aux hommes. Un caractère répréhensible selon nombre de ses contemporains, en ce début de XXè siècle aux États-Unis. Sa personnalité va plaire à un baronnet anglais, venu pour affaires accompagné de sa sœur, Lucille. Et Edith, peu à peu, tombera sous le charme, allant jusqu'à s'installer dans le manoir de la fratrie, en Angleterre. Un manoir où résident de bien sombres secrets.

Il n'y a pas à dire, Guillermo del Toro a un certain talent pour le conte macabre. Et il nous le prouve une fois de plus avec Crimson Peak. Digne héritier des grands films d'horreur gothiques, Crimson Peak jouit d'une ambiance merveilleuse et funèbre, toute en ombres mouvantes, décors somptueusement sombres et environnement à la fois superbe et hostile.

Le terrain minier dont exsude une substance teintant la neige d'un rouge sanglant, la demeure, immense et lugubre, dont le toit effondré par endroits crée un puits de lumière d'où tombe sans cesse des feuilles mortes, le sous-sol, cercueil de tous les secrets de la famille... Les lieux que l'on nous propose pour suivre notre histoire sont visuellement très réussis et servent à merveille l'atmosphère de l'oeuvre.

La photographie excelle en ce sens. Voir notre héroïne à la chevelure longue et ondulée, vétue de robes imposantes, errer dans les couloirs à la poursuite de fantômes rouges et noirs, tout cela contribue à alimenter l'esthétique gothique du film. De nombreux plans sont là pour nous rappeler l'ambition de l'oeuvre de se rapprocher des contes macabres. Cela nous est prouvé dès l'apparition du titre, d'ailleurs, sur la couverture d'un livre.

Les effets spéciaux, d'un style un peu particulier, plairont ou non, mais ils ne paraissent pas déplacés dans l'ensemble. On regrettera en revanche l'utilisation récurrente de jump scares faciles et qui, eux, semblent de trop. À cause d'eux, on perd un peu l'atmosphère de film d'épouvante à l'ancienne pour tomber dans le film de fantômes banal. C'est dommage. Mais même avec ça, niveau visuel et ambiance, il n'y a pas grand-chose à reprocher.

Niveau scénario, en revanche, c'est décevant. Si le rythme de l'oeuvre est maîtrisé, malgré une durée plutôt longue, c'est plus grâce à ses qualités techniques que pour son histoire. Car, dans le fond, Crimson Peak se révèle plutôt banal. Le mystère est rapidement éventé et on comprend sans peine ce que l'on tente de nous cacher. De plus, les pérégrinations d'Edith sont entrecoupées de scènes nous invitant à suivre l'enquête d'Alan, un de ses amis qui s'inquiète pour elle. Si ces passages sont importants pour l'histoire, ils ne sont pas très intéressants. Alan est un personnage lisse, sans grande saveur et pour lequel on ne ressent rien d'autre que de l'indifférence.

C'est d'ailleurs un élément récurrent dans Crimson Peak : la faiblesse des personnages masculins. Si certains sont appréciables, notamment le père d'Edith, campé par un Jim Beaver impeccable, ils n'en sont pas moins de simples faire-valoir pour nos deux héroïnes que sont Edith et Lucille. Même Tom Hiddleston, dans le rôle de Sir Thomas, pourtant le principal personnage masculin, n'est au final qu'un pantin oscillant entre les deux personnalités des femmes de notre histoire.

The horror was for love.

De là vient le seul bon point du scénario : l'opposition entre Edith et Lucille. Edith, blonde, fragile et naïve mais volontaire. Lucille, brune, froide, amère, intrigante et mauvaise. Toutes deux sont particulièrement bien interprétées et leurs échanges feront tout l'intérêt du scénario. Les paroles à double sens, chargées de menace sous des airs doux, fuseront entre les deux femmes et leur personnalité en fait deux personnages intéressants à suivre qui nous mèneront jusqu'au bout de l'histoire, dans une finale un peu excessive, mais acceptable.

L'anecdote

La demeure dans laquelle se déroule la plus grande partie de l'histoire a été entièrement construite pour l'occasion. Après le tournage, il a fallu la détruire complètement afin de faire de la place dans le studio.

À cause de son scénario trop basique, Crimson Peak ne parvient pas à se hisser parmi les grands films d'horreur de ces dernières années. C'est dommage, car une histoire un peu plus ambitieuse, servie par les qualités techniques dont fait preuve l'oeuvre, aurait vraiment pu marquer les esprits de façon durable. Crimson Peak n'en reste pas moins un film agréable à voir.

Pas innovant, certes, mais divertissant.

3/5

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