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Tour de France Les grandes figures lorraines et franc-comtoises

Thibaut Pinot en rêve

Thibaut Pinot est rapidement devenu un acteur majeur du Tour de France qu’il a découvert en 2012. Le Franc-Comtois, si proche de la victoire finale l’an dernier, est plus que jamais déterminé à revêtir le maillot jaune. Et si c’était pour cette année ?

Thibaut Pinot fait une entrée fracassante sur le Tour de France, le 8 juillet 2012. Benjamin de cette édition, du haut de ses 22 ans, l’enfant de Mélisey éclabousse de toute sa classe la 8e étape, qui conduit le peloton de Belfort à Porrentruy (Suisse).

« C’est la révélation du Tour »

Marc Madiot s’époumone pour le porter jusqu’à la ligne d’arrivée qu’il franchit en vainqueur. Un solo de première classe. « C’est la révélation du Tour », confiera Bernard Hinault, deux semaines plus tard sur les Champs-Elysées, où le Franc-Comtois se hisse à la 10e place du classement général et devient le plus jeune membre du top 10 final depuis 1947.

« Une histoire tourmentée avec le Tour »

Malheureusement, le Haut-Saônois a vécu une histoire tourmentée avec le Tour. Deux abandons sur la route (2017 et 2019) et deux fois non-partant (2013 et 2016) : voilà pour les bas. Mais en sept participations, il est aussi monté si haut. Après ses débuts prometteurs, Thibaut Pinot a prouvé qu’il était en mesure de puiser dans ses ressources pour changer la face d’un Tour mal embarqué, à l’image de sa victoire à l’Alpe d’Huez, à la veille de l’arrivée à Paris en 2015. Autre moment de grâce : son succès au sommet du Tourmalet, voici un an, qui laissait entrevoir le meilleur pour la fin. Sauf qu’une lésion musculaire a anéanti tous ses efforts, quelques jours plus tard, dans les Alpes.

Un épisode particulièrement douloureux. Qu’il a fallu soigner et surtout digérer. « J’ai eu une perte de motivation et de fraîcheur mentale. J’ai eu du mal à me remettre dedans après ma blessure. Le fait de retrouver du plaisir à l’entraînement, de l’envie, est le plus important », expliquait-il au moment du stage à Calpe (Espagne), en décembre. Un mois plus tard à Paris, à l’occasion de la présentation officielle de sa formation, il revenait encore sur le sujet : « Je n’ai pas envie de dire que c’est la faute à pas de chance. Mais j’ai un corps plutôt fragile par rapport à certains. C’est sûr qu’une blessure à la cuisse et une pneumonie (qui l’a privé de la fin du Giro en 2018, NDLR), ce sont deux choses différentes. L’an dernier, je n’avais jamais ressenti cette blessure (à la cuisse, NDLR) et je ne l’aurai peut-être plus jamais. On ne sait toujours pas d’où ça vient et c’est parti un peu comme c’est venu, c’est un peu bizarre. »

« Je sais rester les pieds sur terre et objectif »

Comme cette crise sanitaire qui a frappé la planète. Elle a semé la pagaille telle une bordure dans un peloton. Thibaut Pinot, qui a vu ses parents touchés par le Covid-19, a vécu le confinement dans sa ferme de Mélisey. Où l’amoureux de la nature a pris le temps de s’occuper de ses proches, de ses bêtes et de menus travaux en tous genres. Une autre façon de s’entretenir physiquement plutôt que s’escrimer sur un home-trainer connecté qu’il abhorre.

Redevenu cycliste professionnel à temps plein, Thibaut Pinot a travaillé d’arrache-pied pour réaliser le rêve qu’il poursuit. Avec l’opportunité de revêtir le maillot jaune, le 19 septembre, chez lui, à l’issue du contre-la-montre de La Planche des Belles Filles. « Je n’y pense pas trop car ça reste, certes, quelque chose de merveilleux mais qui a peu de chances de se produire », estime-t-il. « Je vais tout faire pour essayer, mais ça ne hante pas mes pensées. Je sais rester les pieds sur terre et objectif. J’ai tellement eu d’ennuis que je préfère ne pas m’enflammer. »

Gilbert Bauvin, le plus près

Il n’a manqué qu’une minute et vingt-cinq secondes à Gilbert Bauvin pour remporter le Tour de France 1956 au détriment de Roger Walkowiak. Le Lunévillois, 93 ans, se souvient.

Plus de soixante ans après, Gilbert Bauvin demeure intarissable sur le sujet : le Tour de France 1956 qui lui a échappé au profit de Roger Walkowiak. « J’ai eu de la chance », relativise le Lunévillois, 93 ans depuis le 4 août. « Je l’ai toujours dit : j’ai été content de finir deuxième car j’aurais pu être grièvement blessé. »

Assis dans un fauteuil de sa maison de Laxou, où il réside quand il ne pose pas une ligne dans son étang de Bayon, l’ancien coureur de l’équipe Saint-Raphaël-Geminiani se remémore cette chute qui lui a été fatale pour la victoire finale : « Luchon-Toulouse (13e étape, NDLR). Dans la descente du col de Latrape, un coureur tombe devant moi et je rentre dans un poteau en ciment. Je casse mon vélo en deux et je n’ai pas une égratignure ! Je m’en suis bien tiré. »

« Je courais pour gagner le Tour de France »

Les efforts de Jean Malléjac et Raphaël Géminiani, qui l’ont attendu pour le ramener, seront vains. « J’ai perdu 3’46’’ sur le peloton et je perds le Tour pour 1’25’’… » Le climat délétère au sein de l’équipe de France, où André Darrigade revendique aussi le rôle de leader, n’arrangera rien à l’affaire. « Contrairement à moi, il n’était pas grimpeur. Moi, je courais pour gagner le Tour de France et lui pour les étapes et prendre le maillot jaune. Il aurait voulu que je me sacrifie pour un maillot jaune qu’il allait perdre dès la première étape de montagne. »

Tour de France 1954, 13ème étape Luchon - Toulouse, avec la bise d’Yvette HORNER à gauche

En cette saison 1956, Gilbert Bauvin est déjà un coureur chevronné. Depuis 1950, il n’a manqué aucun Tour de France. Mieux : il s’est offert deux victoires d’étape deux ans plus tôt et a porté le maillot jaune à trois reprises (un jour en 1951 et deux en 1954) ! Septième du Tour d’Espagne, qui se disputait alors au printemps, il s’est aussi aligné au départ de classiques (Paris-Roubaix, Milan-San Remo) et du Dauphiné Libéré. « Voilà comment je préparais le Tour de France ! »

« Faire deuxième, c’est emmerdant. Mais Walko, c’était un bon copain »

Son ambition, finalement, sera assouvie par Roger Walkowiak. « Faire deuxième, c’est emmerdant. Mais Walko, c’était un bon copain », confie Gilbert Bauvin, au milieu des archives qui relate dix ans de carrière professionnelle. « On était dans la même équipe de marque, chez Géminiani. Je lui avais repris du temps dans le dernier contre-la-montre (Saint-Etienne - Lyon). Le lendemain matin, je lui ai dit : écoute Roger, si je peux te reprendre plus de temps, je le ferai, mais pas au point de te faire perdre le tour de France ; ni toi ni moi, d’ailleurs. De toute manière, c’était fini… »

« Ce ne sont que des bons souvenirs. »

Mais le Lorrain, qui s’offrira encore deux bouquets sur le Tour (une étape en 1957 et une autre en 1958) et une journée en jaune deux ans plus tard, n’en conserve aucune amertume. « Ce ne sont que des bons souvenirs. Et puis il faut savoir tourner la page. Je me répète, mais j’ai eu une chance énorme d’avoir réussi. Et aujourd’hui, à mon âge, je ne souffre pas, c’est le paradis », sourit le contemporain d’Anquetil, Bahamontes, Bobet ou encore Gaul.

Christophe Moreau : « Le Tour est un mélange de larmes »

Christophe Moreau, quels sont vos premiers souvenirs du Tour de France ?

« Il n’y avait pas de culture vélo dans ma famille et je n’ai pas de souvenirs d’enfance. Je jouais au foot et j’étais plus Platini ou Tigana… J’ai commencé le vélo à 16 ans et c’est à partir de 1987 que j’ai commencé à regarder le Tour. Les premières années étaient celles de Fignon, Lemond… »

En tant que coureur, cette épreuve fut-elle très vite l’objectif principal de chaque saison ?

« Mes qualités faisaient de moi un spécialiste de courses par étapes donc elles me faisaient rêver. D’abord le Tour de Franche-Comté en tant que jeune amateur, puis le Tour de France que je préparais avec le Midi Libre, le Dauphiné ou les Quatre Jours de Dunkerque. Il me faisait vibrer sur le vélo et, aujourd’hui, je vibre tout autant en tant que spectateur ou téléspectateur. Le Tour est magnifique. »

Vous avez disputé quinze Tours de France alors que vous aviez déjà 25 ans lors de votre première participation…

« Et à part lors de mon premier Tour en 1996, j’ai eu la chance de ne pas être obligé d’attendre le soir du championnat de France, six jours avant le départ, pour être sélectionné. J’ai toujours été incontournable, d’abord comme bon équipier puis comme leader visant le classement général. »

Quelle sont les premières images qui vous reviennent quand on l’évoque ?

« C’est d’abord Jean-René Godart qui m’annonce que je gagne le prologue à Dunkerque en 2001 et que je suis maillot jaune ! Et puis il y a eu, le lendemain, le bisou sur le podium protocolaire avec Emilie. Le Tour m’a apporté des résultats, de la notoriété et permis de rencontrer celle que j’aime toujours aujourd’hui et avec qui j’ai deux magnifiques filles. »

Il vous a apporté le meilleur mais aussi le pire avec l’affaire Festina en 1998…

« C’est d’ailleurs le troisième moment que je retiens. On était en dehors de la réalité et on s’est fait attraper. On n’imaginait pas ce qui allait se passer, la garde à vue, etc. On a été placé dans un tourbillon terrible. J’y pense tous les jours, comme aux paroles de Godart et au baiser avec Emilie. Il fallait que ça s’arrête et je pensais que cette période farfelue était finie. Mais la suite et les années Armstrong ne m’ont pas donné raison. Pour le reste, j’ai eu aussi des abandons, des chutes mais ma quatrième place à L’Alpe d’Huez ou la montée de l’Izoard avec Pantani prennent le dessus. Le Tour est un mélange de larmes, tantôt de joie, tantôt de tristesse. »

Vous avez aussi repoussé votre fin de carrière pour le Tour…

« Oui car je pensais arrêter en 2009 chez Agritubel lorsqu’Yvon Ledanois, directeur sportif à la Caisse d’Epargne, est venu me chercher. Il voulait un homme solide et d’expérience pour épauler Alejandro (Valverde). Ça m’a redonné un élan incroyable pour le Tour 2010. J’ai fini deuxième du maillot à pois et joué deux victoires d’étape à Saint-Jean de Maurienne et Pau où je lance le sprint pour Plaza alors que j’avais peut-être la force de jouer ma carte. Eusebio Unzue m’a même proposé de prolonger d’un an mais j’avais l’impression d’être au bout. Avec le recul, j’aurais dû refaire une année au sein de ce qui était plus qu’une équipe, c’était une famille. Manquer le podium du Tour 2000 (4e) et ne pas avoir accroché une belle étape de montagne peuvent être d’autres regrets. »

Jean-Patrick Nazon, un jour en jaune avant la victoire aux Champs-Elysées

Quand il prend le départ du Tour de France 2003, Jean-Patrick Nazon a 26 ans. L’hiver précédent, le Spinalien a quitté la Française des Jeux, l’équipe de ses débuts professionnels, pour Jean Delatour. La formation dirigée par Serge Barle a reçu une invitation des organisateurs pour la grande kermesse de juillet. Une offrande que le Vosgien ne va pas gâcher.

Le Lorrain se distingue dès la deuxième étape à Sedan, où l’Australien Baden Cooke le prive de la victoire d’étape. Pointant à six secondes du leader du classement général, Bradley McGee, un autre Aussie, Jean-Patrick Nazon va, le lendemain, tricoter son fameux paletot à la faveur du jeu des bonifications, entre Charleville-Mézières et Saint-Dizier. Dans le coup sur les trois sprints intermédiaires, le Vosgien, voit à l’arrivée, Baden Cooke, l’Estonien Jan Kirsipuu et l’Australien Robby McEwen, qui pouvaient encore le déloger en cas de victoire d’étape, impuissants et dominés par l’Italien Alessandro Petacchi. C’est donc lui qui monte sur le podium protocolaire pour revêtir le maillot jaune.

« C’est un moment énorme »

Dix-sept ans après, le souvenir est toujours aussi vivace. « C’est un moment énorme », confie le Lorrain qui a mis un terme à sa carrière de coureur en 2008. « C’est la valorisation de sacrifices consentis pendant de nombreuses années. » Le bonheur d’être en jaune ne durera qu’une journée, le temps d’un contre-la-montre par équipe, de Joinville à Saint-Dizier. 69 bornes avec les équipiers qui l’ont aidé à atteindre cet objectif. « C’était un bon retour des choses de pouvoir partager exclusivement la parade avec eux », glisse-t-il.

Et cette Grande Boucle se terminera en apothéose pour Jean Delatour et Jean-Patrick Nazon, qui s’offre la prestigieuse étape des Champs-Elysées à l’issue d’un sprint massif. La conclusion d’un été pas comme les autres pour le Spinalien.

Ils ont connu leur jour de gloire

Eux aussi ont marqué de leur empreinte l’histoire de la Grande Boucle

Dominique Arnould

5 juillet 1992 > 1re étape / Saint-Sébastien / 194,5 km

Sur la ligne d’arrivée, Cyrille Guimard, son directeur sportif chez Castorama, regrette les deux petites secondes qui ont privé du maillot jaune son coureur, 25e la veille du prologue, peut-être pour avoir célébré trop tôt sa victoire d’étape. Mais ça n’enlèvera jamais l’immense bonheur de Dominique Arnould (25 ans), ce 5 juillet 1992, à Saint-Sébastien. Malgré un peloton à ses trousses, le coureur du Val-d’Ajol (Vosges), qui avait lâché ses deux compagnons d’échappée à deux bornes de la ligne, résiste de manière impressionnante pour s’imposer d’un petit mètre devant le Belge Johan Museeuw.

René Bittinger

28 juin 1979 > Fleurance - Luchon / 225 km

René Bittinger au départ de Luchon le lendemain de sa victoire interviewé par Robert Chapatte et encouragé par Lino Ventura qui était un grand amateur de cyclisme

Licencié au CC Sarrebourg, René Bittinger frappe d’entrée. L’Alsacien du club mosellan (24 ans), qui évolue au sein de l’équipe belge Flandria du Portugais Joaquim Agostinho, domine la première étape pyrénéenne, au lendemain du prologue. Echappé en compagnie d’une vingtaine de coureurs dans le col de Menté, René Bittinger est toujours dans le quatuor de tête qui escalade le col du Portillon, à dix kilomètres de l’arrivée, aux côtés de Robert Alban (Fiat), de Jean-René Bernaudeau (Renault) et du Suédois Sven-Ake Nilsson (Miko-Mercier). Dans la descente vers Bagnères-de-Luchon, le Lorrain joue les acrobates pour aller s’imposer en solitaire.

Christophe Mengin

22 juillet 1997 > 16e étape / Morzine - Fribourg / 181 km

Christophe Mengin (28 ans) est encore présent dans le col de la Croix-de-Fer, alors que Richard Virenque s’emploie pour dérober le maillot jaune à l’Allemand Jan Ullrich. Ce jour-là, l’enfant de Cornimont (Vosges) n’a pas froid aux yeux. Sacré champion de France de cyclo-cross l’hiver précédent, le coureur de La Française des Jeux fait parler sa pointe de vitesse pour régler ses prestigieux compagnons d’échappée et offrir à Marc Madiot la première victoire de sa formation sur le Tour de France. Huit ans plus tard, il sera proche de rééditer l’exploit. Mais une chute fatale, à 300 mètres de la ligne, l’empêchera de lever les bras, chez lui, à Nancy. « Un événement dont on me parle plus que ma victoire à Fribourg », sourit le Lorrain.

Serge Parsani

18 juillet 1979 > 20e étape / Saint-Priest - Dijon / 239,6 km

A l’issue de cette étape disputée sous une chaleur accablante, Serge Parsani n’a pas franchi la ligne le premier. Et, pourtant, l’Italien, qui a vu le jour et grandi à Gorcy (Meurthe-et-Moselle) où ses parents avaient émigré, sera déclaré vainqueur de cette étape courue à travers les vignobles de Bourgogne. Le Néerlandais Gerrie Knetemann, maillot arc-en-ciel de champion du monde sur le dos, a devancé au sprint son compagnon d’échappée, mais il est pénalisé de dix secondes pour s’être accroché à la voiture de son directeur sportif quand il a voulu rejoindre l’enfant du Pays-Haut, qui avait lancé son offensive à une soixantaine de kilomètres de la ligne.

Maurice Quentin

18 juillet 1953 > 15e étape / Nîmes - Marseille / 173 km

Maurice Quentin flaire la bonne échappée. Le natif de Maizières-lès-Metz, membre de l’équipe d’Ile-de-France, figure dans le groupe de huit hommes qui trouve l’ouverture après 48 kilomètres. Dans le col de Gineste, le Mosellan colle aux roues de Jean Forestier (Nord-Est-Centre) et Vincent Vitetta (Sud-Est), à l’attaque. Ce dernier ne parvient finalement pas à suivre le rythme de l’échappée, tandis que le Néerlandais Gerrit Voorting revient sur l’avant de la course. Au stade Vélodrome, le Lorrain (33 ans) est le plus en jambes pour régler au sprint ses deux derniers compagnons d’échappée.

Frédéric Vichot

13 juillet 1984 > 15e étape / Domaine du Rouret - Grenoble / 241,5 km

Sa réputation de descendeur n’est pas feinte. Alors que la bataille pour le maillot jaune fait rage entre Vincent Bateau, alors leader, Bernard Hinault et Laurent Fignon, ses poursuivants au classement général, l’enfant de Valay (Haute-Saône) exploite au maximum ses qualités pour revenir, en compagnie de Phil Anderson, sur Michel Laurent. Le Franc-Comtois (25 ans) profite de la crevaison de l’Australien pour lever les bras dans la cité iséroise.

15 juillet 1985 > 16e étape / Aurillac - Toulouse / 247 km

Un an plus tard, toujours sous le maillot Sem dirigée par Jean de Gribaldy, Frédéric Vichot remet ça. Un morceau de bravoure. Avant que Bernard Hinault ne vienne calmer les ardeurs du peloton, le Haut-Saônois s’échappe pour une chevauchée de plus de 200 kilomètres en solitaire. Il comptera jusqu’à vingt-trois minutes d’avance sur le peloton qu’il précèdera de plus de trois minutes dans la Ville rose, avec une heure d’avance sur l’horaire prévu. « J’ai vraiment savouré chaque instant, dès que j'ai compris que c'était dans la poche. Sur les 10-15 derniers kilomètres, je n'ai pas eu besoin de tout donner. J'ai eu le temps de discuter avec mon directeur sportif, quelques sponsors qui se sont portés à ma hauteur. C'était formidable », expliquera-t-il plus tard.

Joël Pelier

7 juillet 1989 > Rennes - Futuroscope / 259,7 km

Découvert quatre ans plus tôt sur les routes du Tour pour s’être fait sermonner par Bernard Hinault, venu le reprendre au début d’une grande étape alpestre, Joël Pelier, qui défend les couleurs de la formation espagnole BH, sort seul après 93 kilomètres. Personne ne le reverra. Alors que son avance culmine à plus de dix-sept minutes, le peloton emmené par l’équipe ADR puis celle de Panasonic met la machine en route afin de provoquer un sprint massif. En vain. Dans le vent, sous la pluie, le Bisontin (27 ans) résiste pour signer la plus belle victoire de sa carrière, reléguant le peloton à plus d’une minute et demie.

Alexis Vuillermoz

11 juillet 2015 > 8e étape / Rennes - Mûr-de-Bretagne / 181,5 km

Alexis Vuillermoz a 27 ans et trois années dans le peloton professionnel derrière lui quand il s’offre une victoire tonitruante à Mûr-de-Bretagne, arrivée inédite au sommet d’une pente de deux kilomètres comportant des passages à 15 %. Premier attaquant dans ce final atypique, le Jurassien voit le Britannique Adam Yates, l’Allemand Simon Geschke et le Maillot Jaune Chris Froome revenir sur lui. Mais le Franc-Comtois d’AG2R La Mondiale aura suffisamment de ressources pour contrer ce dernier et signer une victoire de prestige. « Je pensais qu’on allait me reprendre et à 50 mètres de l’arrivée, j’ai réalisé que ça l’avait fait », appréciera le natif de Saint-Claude, qui a plongé dans l’univers du vélo par le biais du VTT.

Et aussi…

Sprinters, grimpeurs, puncheurs, porteurs d’eau… Eux aussi ont été des acteurs du Tour de France sans toutefois y décrocher un premier rôle.

Ugo Anzile

Vainqueur du Tour de l’Ouest en 1952, Ugo Anzile découvre la Grande Boucle la saison suivante. Le Messin, né en Italie en 1931, y obtient le meilleur résultat de ses quatre participations, avec une 20e place au classement général. L’ex-coureur de l’équipe Peugeot s’est éteint à Metz voici dix ans.

Daniel Gisiger

Professionnel entre 1978 et 1989, Daniel Gisiger est un spécialiste du contre-la-montre. Le Suisse, qui a vu le jour à Baccarat en 1954, prendra le départ du Tour de France à deux reprises, en 1978 (75e) et 1982 (abandon, 17e étape). Il est, aujourd’hui, entraîneur national de l’équipe de Suisse sur piste.

Pascal Lance

Durant les neuf saisons de sa carrière professionnelle (1989-1997), Pascal Lance participe cinq fois au Tour de France (hors délai lors des deux derniers). Le Toulois se distingue notamment par une échappée en 1993, sur la route de Verdun, avant d’être repris dans la côte de Douaumont. Le Meurthe-et-Mosellan (56 ans) fréquente toujours la Grande Boucle : il est le pilote de Thierry Gouvenou, directeur technique de l’épreuve.

Damien Nazon

Damien Nazon, sept participations d’affilée au Tour de France à son compteur de 1997 à 2003, a vu cinq fois les Champs-Elysées. L’enfant de Florémont (46 ans) compte une demi-douzaine de Top 5, mais le succès a toujours fui le Vosgien, comme en 2003, à Strasbourg, où il échoue à la deuxième place. « Je casse ma roue à cent mètres de la ligne, en me mettant dans le dérailleur d’Erik Zabel », se souvient le coureur aux trente-trois victoires professionnelles.

Anthony Roux

S’il s’est glissé dans quelques échappées au cours de ses cinq Tours de France, Anthony Roux s’est surtout distingué par son dévouement au service de ses leaders, que ce soit Sandy Casar au début de sa carrière ou Thibaut Pinot ensuite. Le rouleur Meusien (33 ans) de la FDJ ne figure pas au générique cette année.

Matthieu Sprick

Coureur fiable, Matthieu Sprick a tenu le rôle d’équipier modèle pendant les six Tours de France auxquels il a pris part. Le destin du Sarregueminois aurait pu basculer lors de la 13e étape de l’édition 2012 : dans le dernier kilomètre menant au Cap d’Agde, c’est Bradley Wiggins, le Maillot Jaune en personne, qui a fondu sur lui pour emmener le sprint à son coéquipier Edvald Boasson-Hagen.

André Wilhelm

Avant de faire carrière dans le cyclo-cross (trois titres de champion de France et deux podiums mondiaux), André Wilhelm est passé par la route, avec un titre honorifique à la clé : lanterne rouge du Tour de France 1969. A cette époque, le Sarrebourgeois, 77 ans aujourd’hui, a assisté à l’émergence d’Eddy Merckx.

Alain Vigneron

Fidèle lieutenant de Bernard Hinault, Alain Vigneron compte sept Tours de France à son actif, entre 1980 et 1986. L’Alsacien, licencié au CC Sarrebourg, a accompagné « le Blaireau » dans trois de ses cinq victoires. Sa meilleure performance personnelle ? Un contre-la-montre Sarrebourg-Strasbourg, justement, en 1985, avec une cinquième place à l’arrivée. « Ç’a été noyé médiatiquement car Hinault avait pris le maillot jaune ce jour-là », se remémorera-t-il plus tard.

Jean de Gribaldy

Avant d’embrasser une brillante carrière de directeur sportif au cours de laquelle il dénichera quelques talents, à l’image de l’Irlandais Sean Kelly, du Néerlandais Steven Rooks ou encore du Portugais Joaquim Agostinho, le Bisontin Jean de Gribaldy a eu l’occasion de prendre le départ du Tour de France en 1947 (46e), 1948 (abandon, 16e étape) et 1952 (45e).

Patrick Perret

Au mitan des années 70, Patrick Perret effectue ses débuts sur la Grande Boucle. Il la disputera à huit reprises, dont la dernière fois en 1982. Equipier modèle, le Bisontin d’adoption (66 ans) garde un excellent souvenir : « Avoir porté le maillot blanc (meilleur jeune) », au cours de sa première participation, même si celle-ci s’était ponctuée par un abandon.

Arthur Vichot

Arthur Vichot a bouclé cinq des sept Tours de France qu’il a disputé depuis 2011. Le Doubiste aux deux titres de champion de France (2013 et 2016) les a principalement passé au service de Thibaut Pinot, candidat au maillot jaune, quand ils défendaient ensemble les couleurs de la FDJ.

Reportage : Maxime RODHAIN - Thierry SANDOZ

Photos : L'Est Républicain - Le Républicain Lorrain - Vosges Matin

Montage : Service SUPPORT ERV

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