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ROCADE DE BEAUNE : LA FIN D'UN SERPENT DE MER VIEUX DE 40 ANS

Enfin. Ce lundi 7 janvier 2019, le contournement Est de Beaune, communément appelé rocade, sera enfin accessible. A commencer à pied, à vélo ou à cheval, le temps d'une découverte de l'axe dès 16h30 en compagnie d'Alain Suguenot et des élus beaunois. Avant une rapide ouverture à la circulation comme nous vous le dévoilerons dans nos éditions de ce lundi 7 janvier.

Une route qui doit bouleverser la physionomie de la ville de Beaune en désengorgeant le boulevard circulaire. Permettant ainsi de laisser plus de place aux modes de déplacement doux via, notamment, l'instauration d'une voie cyclable et l'élargissement des trottoirs sur le boulevard circulaire.

L'HISTOIRE COMMENCE EN 1977

1977. Les travaux de la portion de la rocade comprise entre l’avenue du Général-de-Gaulle et la route de Seurre démarrent. Le coup d'envoi d'un projet dont la réflexion a été lancée dans les années 60.

Durant ces premières années, les travaux et les inaugurations s'enchaînent. Cette partie de la rocade sera mise en service progressivement au fil des petits chantiers...

Mais pour enfin obtenir ce contournement intégral par l'Est de Beaune, il va encore falloir être très patient...

1995 : construction du rond-point de l’autoroute

Nous sommes désormais au milieu des années 90. Ces dernières années, le chantier du contournement a encore avancé avec plusieurs opérations notables. En cette année 1995, un rond-point fait son apparition au sud de la portion de rocade déjà existante à hauteur de l'avenue Charles-de-Gaulle. En 1988, une précédente extension avait été construite au nord jusqu’à la rue Lucien-Perriaux. Des chantiers visibles en bleu sur le plan.

1996, le rond-point est terminé et s'intègre désormais au paysage beaunois.

2001 : le prolongement au sud

A la fin des années 90 et au début des années 2000, le contournement avance bien avec la création d'un prolongement au sud entre le rond-point de l'autoroute et les départementales 973 et 974 en provenance de Pommard et Meursault.

Un chantier qui s'achèvera en 2001, date de l'inauguration de cette portion qui sera nommée D1074. La circulation y sera effective dès 2002.

Reste alors à prolonger ce contournement au nord. Le début d'un long feuilleton riche en reports. Les premiers coups de de pelle ne seront donnés qu'en 2013...

2007 : un projet "en bonne voie"

Les années ont passé. Le dossier de la rocade tourne en rond mais est en passe d'être relancé selon les conclusions d'un rapport présenté en conseil municipal. Un sentiment positif qui fait suite à une enquête publique lancée les mois précédents.

Terminée le 15 novembre 2007, celle-ci est examinée par la préfecture. Elle concerne l'aménagement de la section nord du contournement Est qui a été ressortie des cartons. Cette portion va du rond-point Philippe-Le-Bon, construit en 1995, au futur rond-point qui doit être construit en bas du pont de l'autoroute. Un chantier qui consistera donc en la création d'une nouvelle portion de route de 2 km (en noir) et en un réaménagement d'anciennes sections (en rouge et en bleu).

Si le projet est perçu favorablement dans son ensemble, une association réclame un rond-point plutôt qu'un feu tricolore rue de l'Université, une prolongation des murs anti-bruit ainsi qu'un accès à la future zone artisanale. Leur proposition de rond-point n'a pas été retenue. En revanche, la Ville l'assure : la réglementation en matière d'acoustique sera respectée de même que l'accès à la ZA.

Après la phase de concertation, il est décidé de mettre cette section du contournement en chantier fin 2008.

Cascade de reports

Début 2009, le chantier a pris un peu de retard suite à "quelques contretemps". Mais le contournement finalisé est annoncé pour 2011 au plus tard. Le premier d'une longue série de reports.

Au fil des mois, Alain Suguenot, maire de Beaune, ne cesse d'évoquer la rocade lors des vœux de début d'année, à la rentrée en septembre ou lors des débats autour du budget. Avec, souvent, des échéances qui ne cessent de reculer.

Le gros chantier de l'année est sans aucun doute le contournement nord de Beaune. Il sera lancé cet hiver" (Alain Suguenot dans nos colonnes le 2 septembre 2010)

Déjà annoncé pour 2008 puis 2009, le projet reste au stade de discussion en 2010 puis 2011. En cause, quelques difficultés à l'époque entre les partenaires du projet que sont la Ville de Beaune mais surtout la Région et le Département.

Dans les colonnes du Bien public du 5 janvier 2011, on peut ainsi lire : "C’est le Département, en tant que maître d’œuvre du chantier, qui pilote le calendrier. Le hic, c’est qu’au conseil général, on refuse pour le moment de communiquer sur le dossier : « Il est encore beaucoup trop tôt pour s’exprimer sur le sujet. Des réunions vont avoir lieu, il sera temps de faire un point ensuite ». La cause du retard pris dans ce dossier a une origine politique : en effet, jusqu’à cet été, le conseil général affirmait que les travaux démarreraient quand la Région débloquerait les fonds qu’elle s’était engagée à verser. En réponse de quoi, la Région a affirmé qu’elle ne remettrait pas en cause sa participation au projet, à condition que le Département reste engagé dans le projet du Technopôle environnemental de Bretenière. Depuis, silence radio du conseil général."

Cette fois, c’est sûr. Les travaux devraient réellement commencer" (Alain Suguenot dans Le Bien public du 5 juin 2012)

Un an et demi plus tard, le maire de Beaune se montre vraiment très confiant. Et pourtant, l'optimisme n'était pas vraiment au rendez-vous en début de cette année 2012. A tel point qu'Alain Suguenot lui-même, avait employé le terme ''d'Arlésienne" au moment d'évoquer le projet de contournement lors de ses vœux...

Mais en ce mois de juin, les obstacles au lancement du chantier semblent franchis. Du côté du département, on explique les retards par de récentes réformes, des opérations préliminaires (acquisitions de terrains, négociations…) qui ont fortement ralenti l’avancée du dossier. « Mais aujourd’hui, les questions financières sont réglées. C’est une bonne chose. Les premiers coups de pelle vont pouvoir être donnés, c’est le plus important, même s’il nous reste encore quelques points à revoir », lance Jean-Pierre Rebourgeon, alors vice-président du conseil général de Côte-d’Or, en ce début du mois de juin.

Quelques points à revoir qui prendront eux aussi du temps. En 2012, la seule avancée consiste en des rehaussements des pylônes à hauteur de la route de Vignoles au Camp-Américain. Une phase de travaux obligatoire avant d'entamer le tracé du futur ­contournement nord de Beaune.

Enfin le lancement des travaux en 2013

Les Beaunois n'y croyaient plus mais 2013 sera la bonne. Fin mars, les élus de Beaune, du Département et de la Région sont tous rassemblés pour inaugurer la route de Verdun à Beaune. L'occasion surtout de lancer officiellement le contournement nord de la ville.

Un dernier tronçon de 3,7 km d'un coût total de 30 millions d'euros (15 millions d'euros financés par le Département, 8 millions par la Ville, 5 millions par la Région et un peu plus d'un million par l'Etat).

Fin septembre 2013, les engins de terrassement sont à pied d'oeuvre. On voit déjà se dessiner une portion du futur axe routier. Le chantier est localisé entre la route de Gigny et le nord de la ville (partie en jaune).

En cette année 2013, le second chantier lancé est celui du rond-point de la route de Chorey. Dans les deux cas, la circulation est perturbée dans les environs.

Finalement, cette portion entre la route de Dijon et la route de Chorey est finalisée en 2014. Mais l'axe restera longtemps interdit à la circulation par arrêté municipal pour éviter que les automobilistes se perdent dans les petites rues du quartier Saint-Nicolas.

Le chantier étant désormais lancé, il est temps de réfléchir sérieusement à la partie la plus complexe du contournement : celle d'un pont XXL.

La problématique de l'ouvrage d'art majeur

Document conseil départemental de Côte-d'Or

Début 2009, le lancement des travaux prenait déjà du retard que des questions se posaient concernant le gros morceau du chantier : la construction d'un pont enjambant la voie ferrée à proximité de la rue Esdouhard. Suivant l'avancée des travaux, la mise en place de ce pont, nécessitant l'interruption du trafic SNCF, étaient d'abord prévue pour août 2010 ou 2011. En 2013, il est annoncé comme étant le gros dossier de 2014. Mais le dossier est complexe. A tel point que les pelleteuses, camions et ouvriers vont quasiment disparaître courant 2014. Seuls des travaux préparatoires à la construction du pont se poursuivent pendant de long mois. Jusqu'à ce que l'installation du pont soit définitivement fixée en... 2017. Il faut alors que la route soit finalisée de chaque côté de l'ouvrage avant l'été 2017, date retenue pour l'installation du pont et l'ouverture de la rocade.

2015-2017 : les travaux s’accélèrent de part et d'autre du futur pont tandis que certaines portions sont déjà finalisées. La portion entre la route de Dijon et la route de Chorey sera finalement ouverte à la circulation le 12 septembre 2016. Puis, en avril 2017, une autre portion d’environ 500 mètres de long, entre la rue Lucien-Perriaux et la rue de l’Université, est ouverte à la circulation.

Quant au pont, les poutrelles et armatures sont posées au cours de la nuit du 12 au 13 juin 2017. Un sacré chantier quand on sait que chacune des 24 poutrelles métalliques pèse six tonnes ! Les travaux sur l'ouvrage d'art se poursuivront encore plusieurs semaines jusqu'au bétonnage du pont qui finalisera le chantier de ce colosse de 440 m³. Une étape majeure, chiffrée à 6 millions d'euros, est alors franchie. Mais, contrairement aux premières prévisions, il reste encore beaucoup de travail à réaliser. L'ouverture de la rocade devra attendre.

La partie la plus complexe de la rocade, avec la réalisation de l’ouvrage d’art sur la voie ferrée, en 2017.
Photos Franck Bassoleil

Pollution sonore : l'inquiétude des riverains de la rocade

Alors que les travaux de la rocade entrent dans leur dernière ligne droite, une question s'invitent de plus en plus fortement dans les débats : le bruit lié à la circulation sur le contournement de Beaune qui doit être emprunté quotidiennement par plusieurs milliers de véhicules.

En août 2017, dans nos colonnes, ce sont les riverains de l’impasse des Chignottes qui expriment leurs inquiétudes.

L'impasse des Chignottes est située en contrebas du contournement nord.

Les élus et les services techniques et de Beaune ont beau leur promettre qu’ils ne seront pas gênés par le bruit du trafic routier du futur contournement nord de la ville, ils ne peuvent s’empêcher d’avoir un doute. « On nous a assuré qu’un mur antibruit sera installé. Mais nous ne savons pas exactement où il sera mis et nous sommes obligés de croire qu’il sera efficace », témoignent ainsi Régine et Bernard Rateau, deux retraités qui, en 1977, s’étaient installés dans leur coquet petit pavillon.

À l’époque, cette impasse qui fait partie du quartier du Camp américain était située dans un espace très rural : « Devant nous, on ne voyait que les champs. Pendant très longtemps, il y avait des biches et des cerfs qui venaient se promener ». Certes, la ligne de chemin de fer est toute proche, mais tous deux s’en sont rapidement accommodés. Ils assurent aujourd’hui que cette nuisance sonore est très supportable. Au fil des années, une petite piscine et un potager sont venus agrémenter leur propriété. Alors forcément, ils s'inquiètent pour leur qualité de vie.

Mais cette question des nuisances sonores est prise très au sérieux dans la dernière phase du chantier. Fin août 2018, les fondations en vue de l’installation de panneaux de protection phonique et du coulage des glissières en béton, « dont une partie servira de base à ces panneaux » sont préparées.

Entre septembre et novembre 2018, le chantier se poursuit avec, notamment, la pose des différents panneaux de protection phonique. Ces derniers sont transparents ou en béton de couleur et recouverts de bois selon les situations. «Afin de prémunir les Beaunois le mieux possible contre les éventuelles nuisances sonores dues à la circulation routière, l’ouverture de la nouvelle section n’aura lieu qu’après la construction des protections phoniques », soulignent les services départementaux.

Ouverture le 7 janvier 2019

Le 3 décembre, le maire de Beaune Alain Suguenot a annoncé, en réunion publique, la date de la découverte par les Beaunois du contournement nord de la ville. Un rendez-vous qui met un point final à des décennies de gestation.

À pied, à cheval et en voiture

Les Beaunois sont ainsi conviés ce lundi 7 janvier, pour une déambulation inaugurale de cet axe, depuis le rond-point de la route de Chorey pour rejoindre le palais des Congrès. Les clubs locaux de triathlon, athlétisme, cyclisme et équitation sont invités, ainsi que des attelages à chevaux et des voitures de collection pour former un cortège haut en couleur.

Restera ensuite un dernier acte pour la rocade : l'inauguration officielle. Elle est annoncée dans quelques mois à la suite des aménagements paysagers prévus pour le printemps 2019. Mais d'ici là, les voitures et camions se seront déjà appropriés ces quelques kilomètres qui auront occupé la vie politique beaunoise depuis plus de 50 ans.

Place à la transformation de Beaune

En 2007, alors que le lancement de la rocade nord devait être imminent, une étude menée par le conseil départemental insistait sur l'importance du projet. A l'époque, chaque jour, 15 000 à 19 000 véhicules transitaient par Beaune, via la RD 974. La création de cette voie de contournement devait donc avoir un effet positif sur plusieurs domaines, comme la sécurité, la pollution, le temps de parcours ou encore les nuisances sonores.

Des impacts encore plus importants en ce début 2019 quand on sait que le nombre de véhicules circulant à Beaune est désormais estimé à 31 000 par jour. Et que le contournement devrait en dévier au moins 6 000, notamment les poids-lourds. De quoi faire respirer les habitants du centre-ville de Beaune et les riverains du boulevard circulaire. Sans oublier que l'axe doit permettre de fluidifier l'accès aux autoroutes A6 et A31 et d'améliorer l'accès aux zones d'activités.

Voies cyclables et plus de place pour les piétons

Le dossier du contournement désormais fermé, c'est au tour de l'aménagement du centre de Beaune d'être placé parmi les dossiers prioritaires. Avec déjà plusieurs pistes de réflexion : trottoirs plus large autour du faubourg Saint-Nicolas, le rétrécissement des boulevards et l'instauration d'une voie cyclable tout autour du boulevard. Autres annonces déjà effectuées par Alain Suguenot ces derniers mois : cinq cents places de parking supplémentaires au nord et au sud de la ville dans les six prochains mois, l'élargissement de trottoirs de la rue d’Alsace à la place Madeleine et deux contre-allées piétonnes pour faire le tour de la place Madeleine. Alain Suguenot qui concluait : « Le faubourg Madeleine deviendra une cour urbaine, comme la place Carnot. »

Textes et documentation : Arnaud Manceau, Florence Parrinello et Laure Labbe avec l'aide de la Ville de Beaune

Images : Ville de Beaune et LBP

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