Le groupe des bailleurs clés du Partenariat de Ouagadougou organise une visite de travail conjointe dans les pays du PO depuis 2015. Ces visites sont des opportunités pour soutenir les équipes techniques dans leurs efforts de mise en œuvre des plans et pour faire un plaidoyer auprès des autorités pour le respect des engagements pris. Cette année, les bailleurs du Partenariat ont visité le Niger, le Burkina-Faso et le Bénin. En se rendant dans chacun de ces trois pays, les bailleurs sont allés au contact des acteurs nationaux de la Santé de Reproduction et de la Planification Familiale (SR/PF) pour discuter des avancées, des succès, mais également des difficultés et des goulots d’étranglement rencontrés par les trois pays.
NIGER
Le Niger est l’un des pays du PO où les besoins en matière de contraception et de planification familiale sont les plus importants. C’est en effet le pays ayant le taux de fécondité le plus élevé au monde avec 7,6 enfants par femme. Les autorités nigériennes sont conscientes de la nécessité d’agir et se sont fixés l’ambitieux objectif d’atteindre un taux de prévalence contraceptive moderne (TPCM) de 50% d’ici 2020 pour les femmes mariées. Selon les données de TRACK 20, le TPCM du Niger est actuellement de 13% et sera à 15,3% en 2020, si la tendance actuelle est maintenue. C’est dans ce contexte que la délégation des bailleurs du PO a commencé sa visite au Niger le lundi 22 Mai 2017.
La matinée a été consacrée aux visites de terrain. Ils se sont divisés en trois groupes pour permettre une diversité dans les expériences. Les bailleurs du PO ont pu constater sur les différents sites ce qui est fait en matière d’offre et de création de la demande. Ils ont échangé avec les prestataires, les agents de santé et les bénéficiaires/utilisatrices de services. Ces échanges ont souvent été francs, honnêtes et informatifs.
L’après-midi a été réservé aux rencontres avec les autorités du Pays, notamment la Ministre de la Population, Mme Kaffa Jackou Rakiatou Christelle, le Président de l’Assemblée Nationale et avec la société civile.
Le deuxième jour, ils ont rencontré les parties prenantes pour discuter de la situation de la PF, des avancées, des obstacles et des perspectives pour atteindre les objectifs nationaux. Leur séjour a pris fin le 24 Mai avec une réunion de débriefing au Ministère de la Santé, où ils ont fait le point de la visite des bailleurs au Niger.
BURKINA FASO
Après le Niger, la caravane des bailleurs du PO a séjourné au Burkina Faso, deuxième étape d’une visite de trois pays. Le Burkina Faso a fait des grands progrès en matière de planification familiale ces dernières années. En 2016, il a surpassé l’objectif de 78 000 femmes additionnelles d’utilisatrices de méthodes de contraception moderne qu’il s’est fixé en 2016 en atteignant 98 000 femmes additionnelles, devenant ainsi le plus grand contributeur d’utilisatrices additionnelles du PO l’année dernière. Le taux de prévalence contraceptive est de 22,5% actuellement, l’un des plus élevés dans le Partenariat de Ouagadougou.
Pour leur première journée au Burkina, les caravaniers ont rencontré les Ambassadeurs des Etats-Unis, du Canada et de la France près le Burkina. Ils se sont ensuite rendu au domicile du Représentant de l’USAID, Mr Jim Parys qui a organisé une réception en leur honneur.
La deuxième journée a été consacrée aux visites de terrain et aux rencontres avec les PTFs et la Société Civile.
Après ces deux jours passés aux côtés des caravaniers, dans les visites de terrain, les rencontres avec la société civile, avec le Président de l’Assemblée Nationale, et les députés, Mme Anne Thiéba épouse de SEM le Premier Ministre a organisé le dimanche, à son domicile, une réception en leur honneur. C’était en présence de la Première Dame, Sika Bella Kaboré, et de l’Ambassadeur des Etats-Unis au Burkina, Mr. SEM Andrew Robert Young.
Le troisième jour, était celui de la rencontre avec toutes les parties prenantes pour la PF au Burkina Faso, une occasion pour les différents acteurs de présenter la situation de la PF. Une rencontre avec le Président du Burkina Faso, SEM Roch Kaboré a mis fin à leur séjour au Burkina Faso. Ce fut un moment de plaidoyer et de remerciements.
BENIN
Après le Niger et le Burkina Faso, les caravaniers se sont rendus à leur destination finale, le Bénin. Le taux de prévalence contraceptive en mai 2017 au Bénin est de 17%, ce qui signifie que le pays aura des difficultés à atteindre 20% en 2018. En 2016, le Bénin a enregistré 36 416 utilisatrices additionnelles au lieu des 45 485 prévues pour la phase d’accélération du Partenariat de Ouagadougou (PO) d’ici 2020. Le taux de besoins non satisfaits en PF reste élevé à 36.3%.
Pour leur première journée au Bénin, les caravaniers ont rencontré dans la matinée, les bailleurs présents dans le pays pour une séance de travail au Golden Tulip Hôtel. C’était l’occasion pour eux d’échanger sur les enjeux de la planification familiale au Benin.
Dans l’après-midi, ils se sont divisés en deux groupes pour la suite des rencontres. Le premier groupe s’est rendu au Ministère de Plan et du Développement où il a été reçu par le Ministre du Plan et du Développent, Mr Abdoulaye Bio Tchané et le deuxième à l’ambassade de la France où il a rencontré les Ambassadeurs de la France et des Pays-Bas.
La matinée du 1er juin, 2017 a été consacrée aux visites de terrain. Comme à Ouagadougou et Niamey, les caravaniers se sont divisés en trois groupes pour permettre une diversité des expériences. L’après-midi a été réservé aux rencontres avec la Ministre du Travail, de la Fonction Publique et des Affaires Sociales, Mme Adidjatou Mathys et avec la société civile.
Le dernier jour de la caravane des bailleurs était l’occasion de rencontrer toutes les parties prenantes en un seul lieu. Plusieurs présentations ont été faites dont l’état des lieux de la PF au Bénin fait par le Ministère de la Santé. Et pour clore leur séjour au Bénin, une séance de débriefing a eu lieu au Ministère de la santé avec le Ministre, Dr Alassane Seidou.
Quelques Citations notables
« Les femmes nigériennes sont très fortes, franchement ! Chaque fois que je visite le Niger, je suis très inspirée par elles. Et je pense que même s’il y a beaucoup de défis, qu’il y a un manque de ressources et un manque d’engagement collectif, c’est l’esprit de ces femmes et de leurs partenaires (maris), qui me motive à prioriser cette question de PF. »
Margot Fahnestock, Hewlett Foundation
« On voit une volonté politique du gouvernement à un haut niveau. Cependant, la plupart des soutiens viennent des ministères de la santé et de la population. Il faudrait donc faire plus d’efforts pour convaincre les représentants des autres secteurs de l’importance de la PF pour eux et pour le bien-être du pays afin d’avoir leur soutien. Par exemple, dans les secteurs tels que l’agriculture et la nutrition, il a des opportunités toujours non découvertes pour intégrer la communication à propos du bien-être familial.»
Mme Rachel Cintron, USAID West Africa
« Il y a beaucoup d’opportunités au niveau du Niger, énormément de projets et tous les bailleurs de la caravane ont un investissement ici. Ce sur quoi le Niger devrait continuer à travailler, c’est de mieux articuler ses initiatives autour du PANB. C’est seulement lorsque cela sera fait qu’on se rendra compte que même si les gens parlent de problème de ressources, ce n’est peut-être pas des problèmes de ressources pour le moment mais une meilleure articulation et utilisation des ressources déjà disponibles.»
Fatimata Sy, UCPO
«Dans le mouvement de la sous-région pour la PF, c’est le Burkina Faso qui est maintenant la locomotive. Il a dépassé les 8 autres pays de l’Afrique de l’Ouest francophone en terme des indicateurs de PF. Ce qu’on a vu pendant nos visites, nous montre pourquoi. Vous avez un engagement politique extraordinaire et nous vous encourageons de continuer à mettre la pression sur les décideurs, de continuer à investir dans la PF. C’est essentiel pour l’émergence économique du Burkina Faso.»
Perri Sutton, Bill & Melinda Gates Foundation
«Le Burkina Faso, à lui seul, porte 18% des 2 200 000 femmes additionnelles prévues par le PO d'ici 2020. Et, à qui on donne beaucoup, on demande beaucoup. Cette caravane permettra de célébrer les acquis mais surtout de voir les perspectives qui sont entrain de se dessiner dans le cadre du nouveau Plan National Budgétisé d’Accélération de PF, voir les Gap pour que ensemble nous mobilisons des ressources humaines, financières mais également, ressources en matière de communication pour lever les goulot d’étranglement et réaliser cet objectif de 18% et aller au delà.»
Edwige Adékambi Domingo, UNFPA Burkina Faso
« Nous allons nous engager pour que les produits soient disponibles. Nous pensons que nous pouvons et devons faire mieux. Les partenaires font beaucoup mais ils ne pourront pas continuer indéfiniment. Nous devons nous prendre en charge. Il faut contrôler notre population. Lorsque vous avez 3 personnes à votre charge, c’est mieux que 20.»
Dr Seidou Alassane, Ministre de la Santé du Bénin
«La caravane a été un grand succès, et pour moi, il y a deux choses qui expliquent ce succès. La première, et la plus importante, et de loin, le Partenariat de Ouagadougou est né de l’engagement des pays membres, des neufs pays membres. C’est eux qui ont décidé des enjeux et des questions qu’ils veulent adresser. Sans ça on manquerait le bateau. Deuxièmement, en se réunissant comme bailleurs, notre voix est plus forte, notre voix est plus crédible. Donc on réussit à susciter de l’intérêt par notre présence, en arrivant à Ouagadougou, en arrivant à Cotonou.»
Mathieu Rioux, Canada