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Département Accueil des Demandeurs d'Asile de la Croix-Rouge de Belgique Rapport annuel 2020

2020, une année pas comme les autres

Conflits, crises politiques, pauvreté, violences ou désastres climatiques poussent chaque année des millions d’individus à quitter leur pays. Enfants, femmes ou hommes, ils et elles subissent au cours de leur périlleux parcours les dangers des « routes » migratoires, et doivent du jour au lendemain envisager un nouvel avenir loin de chez eux. Celles et ceux qui demandent la protection de la Belgique sont accueilli·es au sein d’un large réseau de structures, individuelles ou collectives, géré par l’Agence Fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil). Mandaté par le Gouvernement fédéral, la Croix-Rouge de Belgique, à travers son département Accueil des Demandeurs d’Asile est une actrice clé du réseau d’accueil. Elle héberge et accompagne, dans le respect de ses principes, des milliers de personnes chaque année, durant leur procédure de demande de protection internationale analysée par les instances fédérales. En 2020, la Croix-Rouge n’a une nouvelle fois cessé de s’adapter et de rebondir pour garantir à toutes et tous un accueil digne.

Accueillir en temps de coronavirus

La Covid-19 a impacté la mission de la Croix-Rouge de Belgique en matière d’accueil des personnes en demande de protection internationale et ce à de multiples niveaux.

Tout mettre en œuvre pour assurer le respect des règles sanitaires

Le département Accueil des Demandeurs d’Asile de la Croix-Rouge compte 24 centres d’accueil hébergeant de 70 à 700 personnes. Faire comprendre et respecter les mesures sanitaires au sein de collectivités a représenté un défi de taille. Objectifs : protéger les équipes, les candidat·es réfugié·es, les volontaires et la société, tout en veillant à leur bien-être.

Grâce à une réactivité sans précédent de la part des équipes, chaque centre s’est adapté pour limiter la circulation du virus et ce, conformément aux instructions fédérales:

  • Communication des règles sanitaires en de multiples langues, pour une bonne compréhension de toutes et tous
  • Installation de points d’eau supplémentaires favorisant le lavage des mains
  • Désinfection régulière des lieux
  • Suivi médical rapproché de chaque personne pour prévenir toute contamination
  • Mise à disposition de chambres d’isolement en cas notamment de présomption de contamination
  • Amélioration de l’équipement informatique des lieux afin de permettre aux jeunes résident·es de poursuivre leur scolarité à distance
  • Distribution de repas en barquettes individuelles pour notamment éviter les files

Créer du lien autrement

Favoriser le vivre-ensemble et la rencontre entre les personnes accueillies dans les centres et la population locale est une priorité pour la Croix-Rouge. En raison de l’annulation de la plupart des événements, mais aussi de la suspension des missions de bénévolat, les équipes ont redoublé d’imagination pour parvenir à maintenir du lien, coûte que coûte.

Alors que certains centres initiaient des projets de correspondance entre enfants candidats réfugiés et issus de la population locale, d’autres proposaient à leurs résident·es d’écrire quelques mots aux personnes âgées vivant en maison de repos.

Afin de continuer à sensibiliser le public aux réalités de la migration, le centre d’Arlon, en collaboration avec la Maison Croix-Rouge, a eu une autre idée : convertir le concept de « souper du monde » en action « drive in ». Concrètement, des résident·es érythréen·nes du centre allaient cuisiner un repas traditionnel issu de leur pays d’origine à destination des plus démuni·es. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Les « cuistots solidaires » ont distribué leur préparation à une septantaine de bénéficiaires.

La difficulté de rester acteur de son quotidien

La procédure de demande de protection internationale – et donc le séjour en centre d’accueil – dure souvent au-delà d’une année. Pour la Croix-Rouge, il est essentiel que, durant cette période d’attente, les personnes aient la possibilité de rester en action. Formations professionnelles, apprentissage du français, contrats de travail ou missions de volontariat au sein d’associations locales sont autant de moyens pour les candidat·es réfugié·es de rester acteur·rices de leur quotidien, impliqué.es dans la société, malgré l’incertitude et l’attente.

La suspension de toutes ces activités rythmant le quotidien, mais aussi le confinement préventif à certains moments, ont été particulièrement difficiles et ont bien souvent laissé place à l’ennui.

De la solidarité à tous les étages

La crise sanitaire de la Covid-19 a par ailleurs permis à des mouvements de solidarité sans précédent d’émerger au sein de nos centres, tant de la part des résident·es, que des volontaires ou des collaborateur·rices.

Si de nombreux∙ses bénévoles ont fabriqué et offert des masques aux résident·es et aux équipes de nos centres, cette solidarité était réciproque. En effet, de Tournai à Hotton, les ateliers couture ont tourné à plein régime. Nombre de candidat·es réfugié·es ont retroussé leurs manches et fabriqué des milliers de masques à destination de leurs congénères mais aussi des riverain·es.

Au centre d’Yvoir Pierre Bleue, un trio composé de la directrice adjointe du centre, d’une résidente et d’un volontaire a, de son côté, confectionné 30 blouses pour le personnel soignant des hôpitaux des alentours, en plus des nombreux masques !

Le centre de Hotton a, quant à lui, distribué près de 400 masques dans les boites aux lettres des habitant∙es de de la région.

Mesures exceptionnelles pour situation exceptionnelle

Les centres de Jalhay, Manhay, Oignies, Sainte-Ode et Jette ont, chacun à leur tour, été placés en quarantaine – à savoir le confinement préventif des personnes au sein de l’espace du centre au-delà des normes nationales de circulation –, en raison de plusieurs cas avérés de Covid-19 détectés en leur sein.

Objectif : empêcher la propagation du virus dans et en dehors de ces structures. Ces situations ont été gérées avec la précieuse collaboration des autorités communales.

Lors du premier confinement, le département a aussi ouvert en un temps record le « Bâtiment H », soucieux de protéger les plus fragiles, parmi les personnes accueillies. Au cœur du site de Belgrade mais entièrement isolé du reste du monde, il rassemblait ainsi tous∙tes les candidat·es réfugié·es considéré∙es comme vulnérables médicalement avec une organisation adaptée.

Covid-19 : quel impact sur les demandes de protection internationale en 2020 ?

En 2020, 16 910 personnes ont introduit une demande de protection internationale auprès de la Belgique, contre 27 742 en 2019. Il faut remonter à l’année 2008 pour avoir un nombre de demandes aussi peu élevé. Le coronavirus a inévitablement représenté un sérieux obstacle aux migrations. En effet, alors qu’en janvier, le nombre de demandes était assez élevé, une très forte baisse a été observée entre mars et juillet.

Concrètement, la suspension temporaire de l’enregistrement des demandes de protection internationale ainsi que la restriction des possibilités de circulation ont été déterminantes.

Un accompagnement de qualité, coûte que coûte

Malgré la crise sanitaire, le département et les équipes de terrain ont mis tout en œuvre pour continuer à offrir un accompagnement de qualité aux demandeur·ses de protection internationale accueilli·es au sein des centres.

Pour la Croix-Rouge, accueillir des personnes qui demandent la protection internationale signifie leur proposer hébergement, nourriture, habillement, scolarisation, mais aussi leur garantir un accompagnement médical et social. Les priorités sont aussi d’assurer l’accès à la formation et d’encourager l’inclusion sociale de ces personnes.

Rassurer, informer, écouter

Ainsi, plus que jamais, en 2020, le rôle des collaborateur·rices des centres a été d’être à l’écoute des personnes accueillies, de les informer et de répondre à leurs multiples questions afin de leur garantir un sentiment de sécurité.

Un accueil spécifique pour les enfants, les femmes, et les personnes en souffrance mentale

Afin de répondre au mieux aux besoins des publics les plus vulnérables qu’elle accueille, la Croix-Rouge de Belgique dispose d’un centre spécialisé dans l’accompagnement des enfants de demandeur·ses de protection internationale. Ils y bénéficient d’un suivi adapté, notamment via des séances de travail au sein d’un espace de psychomotricité – ou «espace snoezelen», visant à réduire les tensions et à améliorer le bien-être des enfants, à travers des expériences sensorielles– et grâce à une ludothèque de choix. En 2020, d’autres centres d’accueil Croix-Rouge déploient également cette approche. Le Centre d’Accompagnement Rapproché pour Demandeurs d’Asile (CARDA) propose quant à lui un accompagnement spécialisé aux personnes en détresse psychologique. Enfin, le centre «Pierre Bleue» se consacre à l’accompagnement des femmes victimes de violences de genre. L’ensemble de ces structures ont poursuivi et adapté leurs missions en 2020.

Des centres audités, pour un accueil de qualité

Respecter les distances tout en maintenant un accueil rapproché. Prendre des repas en communauté en garantissant une sécurité alimentaire renforcée… Lorsque l’on doit jongler, au quotidien, avec la quantité de nouvelles normes en constant changement, il n’est pas évident d’en évaluer l’efficacité ou les faiblesses. L’audit est un outil qui se doit d’être exploité pour garantir performance, équilibre et justesse de nos actions.

C’est pourquoi chacun des centres d’accueil du réseau a fait l’objet d’un audit interne, entre octobre 2020 et janvier 2021. Au programme : « focus prévention Covid et maintien des standards d’accueil ».

Concrètement, une cinquantaine d’indicateurs liés au fonctionnement en période « covid » a été passée en revue, sur chaque lieu. Les succès ont été soulignés et des actions correctives ont été mises en place lorsque c’était nécessaire (apport de matériel, etc.). Les pratiques « de crise » ont aussi été capitalisées pour être disponibles sous forme de procédures récapitulatives et ressources pratiques.