Les images ci-dessous illustrent les complications reliées au dégriffage des chats. Malgré leur capacité prononcée à masquer leur douleur, les chats dégriffés souffrent inévitablement de nombreuses complications. Voici ci-après certaines de mes trouvailles lors d’examen vétérinaire sur mes patients.
Protrusions osseuses
Un chat dégriffé ne possède plus sa dernière (troisième) phalange. En l'absence de griffe, le bout de la deuxième phalange devient le point de contact avec le sol, au lieu des coussinets digités. Ceci créé un stress mécanique qui peut mener à un épaississement de l’os du doigt (hyperostose). L’os devient alors visible sous la peau.
Kystes
Ces structures bulbaires apparaissent à l’endroit où serait normalement située la griffe du chat. Elles se nomment kystes. Des kystes sont des nodules remplis de fluide. Elles ont de nombreuses causes. Il est possible qu’un contact répétitif du site d’amputation avec le sol lors de la démarche du chat puisse causer une accumulation de fluide.
Démarche plantigrade
Le dégriffage implique la section d’un tendon qui joint le bout du doigt jusqu’au haut de l’avant-bras (proche du coude). Donc, le chat dégriffé n’est plus capable de recruter ses muscles (tendons) normalement. Ceci cause un collapse de ce circuit mécanique, qui réduit la dextérité des pattes et la force de préhension. Au lieu de marcher sur leurs doigts, les chats dégriffés doivent par conséquent transférer leur poids à la paume de leurs pattes. Ceci s'appelle une démarche plantigrade. Elle résulte d’un changement de biomécanique inévitable causé par le dégriffage.
Doigts enflés
Des doigts enflés expliquent partiellement la réticence des chats dégriffés à se laisser manipuler les doigts. Une palpation profonde des doigts dégriffés provoque souvent un réflexe de retrait de la patte. Les causes possibles d’enflure sont une infection, des fragments osseux résiduels, une repousse de la griffe, de l’ostéoarthrose, etc.
contracture tendineuse
Le dégriffage implique la section de tendons qui s’insèrent au bout des doigts. En temps normal, ces tendons sont responsables de la flexion des doigts. Le dégriffage laisse ces tendons libres, non attachés à des structures osseuses, pour éventuellement se cicatriser à des endroits inappropriés. Occasionnellement, les muscles rattachés aux tendons se contractent de façon permanente, ce qui résulte en des doigts recourbés, incapables d’extension.
Les taux de complications associés au dégriffage varient beaucoup, de moins de 1% jusqu’à 50%. Étant donné que des millions de chats sont dégriffés toutes les années au Canada et aux États-Unis, il est estimé que des millions des chats souffrent actuellement de complications post-chirurgicales.
Le dégriffage consiste en de multiples amputations qui causent de la douleur, aigüe et chronique, et empêchent l’expression de plusieurs comportements normaux du chat tout en restreignant sa liberté de mouvement.
Quand un tendon est sectionné, le muscle rattaché est forcément affaibli. Un tendon endommagé réduit la stabilité des articulations car celles-ci dépendent du bon fonctionnement des tendons. Le résultat est une compensation des muscles, tendons, et ligaments situés plus haut sur le membre (coudes, genoux, épaules, hanches, colonne vertébrale, etc.). Tout cela sous-optimise non seulement la dynamique biomécanique, mais anéantit également la motricité fine des pattes du chat. Des études ont démontré la présence de douleurs vertébrales plus importantes chez le chat dégriffé.
Tout animal dépend de la bienveillance et de la bienfaisance de leur propriétaire et de leur vétérinaire.