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Hérédité 2018 – États-Unis. Réalisation : Ari Aster. Scénario : Ari Aster. Avec : Toni Collette, Alex Wolff, Gabriel Byrne, Milly Shapiro, Ann Dowd

Durant le premier semestre 2018, un nom s'est répandu comme une traînée de poudre parmi les amateurs d'horreur. Ari Aster.

Le réalisateur, âgé d'une trentaine d'années et seulement connu pour quelques courts-métrages a fait sensation avec Hérédité. Son tout premier long-métrage, devenu la surprise de 2018 et qui s'est imposé comme l'un des meilleurs films d'horreur de ces vingt dernières années.

You don't think I'm gonna take care of you ?

Les dernières semaines ont été dures chez les Graham. Annie vient de perdre sa mère. Une femme secrète, suspicieuse et qui a souffert de démence durant les dernières années de sa vie. À la maison, entre Annie, son mari, et leurs deux enfants, l'ambiance est lourde. Et lorsque d'étranges phénomènes se déroulent dans le foyer, les tensions entre les membres de la familles vont s'exacerber, jusqu'à prendre des proportions dramatiques.

Un frisson. Imperceptible, au départ, puis qui prend de l'ampleur alors qu'il se dirige vers le bas des reins, en suivant la colonne vertébrale. Une sensation provoquée par la puissance d'une scène, d'un dialogue, d'une interprétation. Pas un frisson de peur, mais d'intensité. Voilà ce que l'on ressent à plusieurs reprises, devant Hérédité.

Un drame familial

En regardant l'oeuvre d'Ari Aster, on fait fi des jump scares, des sursauts faciles et de l'horreur prémâchée que l'on nous sert jusqu'à la nausée dans de trop nombreux films du genre. Hérédité nous rappelle la force d'une ambiance. En choisissant de réaliser un mélange entre long-métrage d'épouvante et film familial, Ari Aster a créé une œuvre à l'atmosphère particulièrement forte, qui nous accroche, ne nous lâche plus et petit à petit, nous écrase.

I can't accept. And I can't forgive.

De malheur en malheur, la famille Graham va peu à peu plonger dans le surnaturel. Le film prend son temps, et met son mystère en place, d'abord par petites touches, intrigantes mais sans grand sens au premier abord. On suit en parallèle l'évolution des relations entre les membres de la famille. Le foyer dysfonctionnel se révèle lui aussi par fragments et il faudra bien suivre l'histoire pour en saisir toutes les subtilités. Cela donne lieu a des scènes particulièrement prenantes, notamment un dîner où les reproches fusent, entre deuil, rancoeur et culpabilité.

La réalisation colle parfaitement au déroulement lent de notre histoire. Le montage laisse leur place à des plans plutôt longs et le tout peut sembler un peu scolaire dans un premier temps. Mais tandis que l'horreur de notre histoire prend plus de place, la caméra se permet de plus en plus d'excentricités, se montrant audacieuse, mais toujours avec beaucoup de maîtrise. Il est d'ailleurs étonnant de constater qu'il s'agit du premier long-métrage d'Ari Aster tant celui-ci fait preuve de talent dans la mise en scène.

Un travail important est également à noter du côté de la bande son. En tout, le film compte plus d'1h20 de musique et cette dernière participe pleinement au succès du long-métrage, tant elle accompagne bien l'intrigue.

Des scènes fortes

Si lenteur il y a, il n'y aura pas de longueur à déplorer. Hérédité arrive à maintenir son rythme, déjà grâce à son mystère, mais surtout grâce à quelques scènes fortes. Celle du dîner, mentionnée plus haut, mais également plusieurs moments glaçants qui parsèmeront le film. L'oeuvre s'avère brutale, de façon surprenante. Quant aux éléments surnaturels, ils sont amenés de façon assez efficace pour maintenir la tension jusqu'au bout.

En soi, de ce point de vu là, Hérédité n'invente absolument rien. Mais c'est justement en cela que le travail d'Aster peut être salué : les principes qu'il utilise sont éculés (spiritisme, apparitions, visions...), mais ils marchent tout de même grâce au soin apporté à la mise en scène.

Un deuxième visionnage intéressant

Le tout nous amènera à la résolution d'un mystère qui laisse beaucoup de questions et qu'on ne dénoue que difficilement au premier visionnage. Revoir le film permet d'ailleurs de noter beaucoup de détails que l'on n'avait pas remarqué de prime abord, nous aidant à mieux saisir les tenants et les aboutissants de l'histoire.

Enfin, si Hérédité marche autant, c'est grâce à la qualité irréprochable de l'interprétation. Dans le rôle du père, Gabriel Byrne est bon, bien qu'en retrait. En Charlie, la jeune Milly Shapiro est marquante, même si elle est présente à l'écran. Alex Wolfe, qui interprète le grand frère est particulièrement convaincant. Mais surtout, c'est la performance de Toni Collette qui mérite le plus d'être saluée.

Toni Colette magistrale

L'actrice est incroyable dans le rôle d'Annie, une femme au bord du choc névrotique qui se débat comme elle peut avec ce qui lui arrive. Elle nous fait passer à travers toute une palette d'émotions parfois très fortes, comme lors d'un passage de près d'une minute où plusieurs scènes s'enchaînent, avec en fond sonore les cris déchirants, désespérés, de son personnage. Une détresse qui atteint le spectateur en plein cœur.

L'anecdote

Ari Aster s'est inspiré de sa propre vie pour écrire le scénario d'Hérédité. En effet, la famille du cinéaste a connu trois années durant lesquelles tant de malheurs se sont accumulés que le jeune homme s'est demandé si son foyer n'était pas maudit.

Hérédité est une œuvre forte. Un film d'horreur jouissant d'une puissance étonnante, qu'on voit trop rarement dans les sorties du genre. Le fait qu'en plus, il s'agisse d'un premier long-métrage rend sa qualité d'autant plus remarquable. Devant Hérédité, on sent un poids qui se cale dans notre estomac. Qui s'alourdit, au fur et à mesure de l'histoire et qui reste en place longtemps après la fin.

Un film impressionnant, qui mérite largement d'être salué.

4,5/5

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