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Notre Une est consacrée à l'exposition Je suis ton père, à retrouver du 16 avril au 24 juillet au Domaine du Département Pierresvives à Montpellier. Retrouvez cette expo et tous les contenus numériques proposés par le Département de l'Hérault en déroulant ci-desous. (Photo : © Hyperactive Studio, Stormtrooper, 2014, collection Maison d’Ailleurs)

|| Edito ||

Si l’on en juge par le nombre de commerces ouverts à ce jour, force est de reconnaître, pour ceux qui en douteraient encore, que la culture n’est pas une marchandise puisque l’ouverture des théâtres, cinémas et musées prévue début janvier a de nouveau été reportée.

On attendra donc, avec Vladimir et Estragon.

Dans ce contexte difficile, l’équipe de l’Art-vues a décidé de faire paraître ce numéro uniquement en ligne, pariant sur une reprise prochaine des activités qui constituent la matière première de notre magazine et sa raison d’être. Un pari sur la vitalité d’un secteur culturel qui, tel le phénix, saura se relever pour renaître de ces cendres.

C’est ce que nous souhaitons à l’ensemble des professions du spectacle, à tous ceux qui font la culture dans notre région et dont la contribution à notre qualité de vie est plus essentielle que jamais.

Luis Armengol, rédacteur en chef

|| Sommaire à dérouler ||

|| Sète : l’Île singulière au coeur de l’actualité culturelle cette année ||

Si la Ville de Sète n’a pas obtenu le 31 mars dernier le titre de Capitale de la culture, elle n’en reste pas moins l’un des lieux emblématiques de la vie culturelle dans toute la région. Dès le début du printemps son maire, François Commheins, annonçait la création d’un nouvel espace sur le port pour accueillir coûte que coûte les festivals d’été. Par ailleurs, les Sétois et les vacanciers pourront profiter tout au long de l’été et de l’automne des célébrations organisées à l’occasion du centenaire de la naissance de Georges Brassens ou encore des 20 ans du Musée des Arts Modestes, et d’une version adaptée du Festival ImageSingulières.

Sète : la ville prévoit un « plan B » pour maintenir ses festivals d’été

Grande habituée des festivals d’été, la ville de Sète ne pouvait se résoudre à passer un été sans concerts. Le 24 mars, François Commeinhes, maire de Sète, a donc dévoilé un « plan B » permettant la tenue des grands rendez-vous estivaux auxquels sont accoutumés les Sétois et les vacanciers. Les concerts et événements seront ainsi transférés du Théâtre de la Mer à l’un des quais du port de Sète.

Face à une saison estivale encore incertaine pour la culture, le maire de Sète a souhaité trouver une solution pour permettre aux festivals d’été de maintenir leur édition 2021, peu importe les jauges imposées par la crise sanitaire. Lors d’une conférence de presse, François Commeinhes a rappelé: « En raison des règles sanitaires, le Théâtre de la Mer ne pourra remplir qu’une partie de ses 1 600 places, ce qui rend incertain l’organisation des concerts. Nous ne pouvions nous résoudre à une saison blanche. »

Le quai du Maroc au coeur de la saison culturelle estivale

Pour permettre aux événements culturels de proposer leur rendez-vous, la Ville s’est associée au port de Sète, géré par la Région Occitanie. « Nous avons donc acté, avec l’accord et le soutien du port de Sète un plan B qui consiste à rapatrier les festivals à la gare maritime sur le quai du Maroc » a expliqué François Commeinhes.

Le quai du Maroc, situé en centre-ville, permettra donc de proposer un espace d’accueil modulable de 1600 places assises. Sur ce même quai, la ville amarrera également le bateau Le Roquerols, prévu pour accueillir les festivités liées au centenaire de la naissance de Georges Brassens.

Le centenaire de Brassens célébré… en chansons !

En 2021, la ville de Sète mettra en avant l’une de ses figures les plus célèbres : Georges Brassens. À l’occasion du centenaire de sa naissance à Sète, de nombreuses festivités ont été programmées autour d’un thème cher au poète : la liberté individuelle. Expositions, conférences, spectacles et concerts sont prévus.

C’est donc en juin que devrait débuter les festivités autour de cette figure incontournable de la chanson française. Pour l’occasion une multitude d’événements seront programmés jusqu’en octobre.

Les hommages débuteront dès l’été avec l’arrivée dans le port du bateau Le Roquerols qui accueillera à son bord une exposition et des événements divers. Les sept festivals qui rythment l’été sétois feront également la part belle à Georges Brassens et des invités de marque lui rendront hommage en chansons. On attend ainsi des personnalités telles que Cali, Carla Bruni, Demi Portion, Thomas Dutronc, Agnès Jaoui, Maxime Le Forestier, et Olivia Ruiz.

Enfin, en octobre un concert exceptionnel réunira sur scène Juliette, François Morel et Antoine Sahler et sera donné dans trois grandes salles de la région : les 22 et 23 octobre au Théâtre Molière de Sète, les 25 et 26 octobre au Théâtre Jean-Claude Carrière de Montpellier et les 27 et 28 octobre sur la Scène Nationale de Narbonne.

sete.fr

Les 20 ans du MIAM

Autre événement de l’année 2021, les 20 ans du MIAM, Musée International des Arts Modestes. Fondé en novembre 2000, le Musée International des Arts Modestes par les artistes Hervé Di Rosa et Bernard Belluc fêtera en 2021 ses 20 ans d’existence. Depuis, 43 expositions ont été proposées par le lieu rassemblant les oeuvres de 700 artistes français et internationaux de toutes générations, origines ou pratiques.

Les expositions du MIAM ont souvent été à l’avant-garde dans la divulgation de mouvements artistiques marginaux ou novateurs. 20 ans après sa création, le MIAM a gagné une réputation au plan international et continue de questionner les frontières de l’art contemporain.

Dans le cadre de ses 20 ans, le MIAM publiera prochainement Le Grand Livre du Miam. Un ouvrage qui revient sur l’histoire du MIAM, évoquant les expositions et les collections, et qui s’interroge aussi sur les fondements et les perspectives des Arts Modestes. Il s’agit aussi d’un livre d’artiste puisqu’il réunit trente créateurs qui ont accompagné l’aventure du MIAM. Pour cet ouvrage, tous ont créé une oeuvre originale.

Enfin, à l’occasion de ce vingtième anniversaire un tirage de tête exceptionnel d’une oeuvre créée spécialement par Hervé Di Rosa sera proposé. Il s’agit d’un tirage numérique, réalisé par les Ateliers Franck Bordas, sur toile, signé et numéroté à 30 exemplaires. Ce tirage représente la toute dernière Carte des territoires.

miam.org

Photo : © Office de tourisme de Sète

Le festival ImageSingulières s’étendra de juillet 2021 à avril 2022

Le mois de mai devait être l’occasion pour le festival ImageSingulières, organisé chaque année à Sète, de fêter sa 13ème édition. Cependant, face au contexte sanitaire, le festival a choisi de repenser son format. Au lieu de concentrer ses expositions sur un temps court (du 12 au 30 mai comme cela était prévu), l’événement joue les prolongations. Toutes les expositions seront ainsi maintenues et redéployées de juillet 2021 à avril 2022.

Face aux contraintes sanitaires, le festival ImageSingulières qui devait se tenir du 12 au 30 mai 2021 est annulé. Pour ne pas abandonner les artistes et la programmation prévue, Gilles Favier, directeur artistique, et Valérie Laquittant, directrice, ont décidé de reprogrammer les expositions prévues lors de cette 13ème édition dans un format inédit.

Les rendez-vous prévus seront donc redéployés de juillet 2021 à avril 2022 annonçant également une mutation pour le festival. En effet, dans un communiqué Gilles Favier et Valérie Laquittant annoncent également que la Maison de l’Image Documentaire, l’actuel espace à l’année du festival changera de nom et sera repensé : "En effet, avec un espace agrandit au rez-de-chaussée et avant le lancement de travaux de restructuration qui sont à l’étude auprès de François Commeinhes, Maire de Sète, nous pourrons dorénavant présenter deux expositions ainsi qu’une installation sur la façade et organiser des projections et des rencontres dans la cour. C’est donc au « Centre photographique documentaire – ImageSingulières » que démarrera la programmation du festival 2021″.

Des expositions de juillet 2021 à avril 2022

Concernant les expositions, toutes seront maintenues et présentées au public. Dès le 3 juillet 2021, le lieu sétois accueillera deux à trois expositions tous les deux mois. À chaque fois, les accrochages seront accompagnés de rencontres, de projections et d’autres actions, déjà menées tout au long de la saison culturelle.

Toute la programmation : imagesingulieres.com

Photo : © Images Singulières

|| Cahier Région Occitanie ||

Culture en ligne : restons connectés à l'art

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|| Découvrez les propositions culturelles et digitales du Département de l’Hérault ||

Pour permettre à tous de garder un lien avec la culture, le Département de l’Hérault enrichit régulièrement ses propositions en ligne. De la visite virtuelle d’une exposition, au visionnage d’une conférence en passant par des concerts diffusés en ligne ou à l’accès digitalisé des archives départementales : tout est fait pour permettre au public de continuer à profiter de toutes les cultures. Tour d’horizon des propositions du Département.

Des expositions virtuelles

Habituellement visibles à Pierresvives, domaine du Département à Montpellier, les expositions sont tout de même accessibles en ligne ! Cet hiver, les visiteurs connectés ont pu découvrir Je mange donc je suis, une exposition autour de l’alimentation. Sur son site le Département offre toujours la possibilité de découvrir tout le contenu digital proposé autour de cet événement. Profitez d'une visite exclusive, mais aussi d'une interview du commissaire scientifique de l’exposition, Christophe Lavelle.

À partir du 16 avril, c’est une nouvelle exposition qui s’installera à Pierresvives ! Je suis ton père vous offrira une plongée dans le monde de Star Wars et un nouveau regard sur ses personnages emblématiques. En effet, si le thème de l’exposition est bien celui de la saga aux millions de fans, l’exposition se penche plutôt sur la construction moderne des mythes à travers la pop culture. Onze oeuvres d’artistes contemporains internationaux offriront un regard original sur ce film désormais mythique.

En attendant la réouverture des lieux culturels, cette exposition sera accessible sur les sites internet du Département : herault.fr et pierresvives.herault.fr

Concerts et musique

Si vous êtes mélomane, alors n’hésitez pas à vous rendre sur le site internet du Département. Que vous pratiquiez la musique ou que vous appréciez seulement de l’écouter, vous y trouverez votre bonheur.

Professeurs de musique, musiciens amateurs, vous trouverez sur pratiquesmusicales.herault.fr tous les renseignements utiles à la pratique de la musique dans l’Hérault. Cet outil interactif permet de favoriser le partage d’informations et de projets entre écoles de musique, ensemble musicaux et vocaux amateurs. Sur le site, une carte permet d’identifier les structures référencées et leurs offres.

Les concerts vous manquent ? Alors, rendez-vous sur la page de 34 Tours ! Ce label musical créé par le Département, permet à des artistes émergents d’être accueillis en résidence. Sur hérault.fr, vous pourrez retrouver en vidéo des concerts aux styles te aux ambiances variées : rock, folk ou encore blues sont à découvrir. Parmi les artistes à écouter : Connie & Blyde, Olly Jenkins, Figurz, Bois vert, Denuit, Leanwolf.

Photo : © Bois Vert - Visual Light

Ateliers et conférences en ligne

Le Département a également pensé aux plus jeunes pour son contenu en ligne. Sur le site internet de Pierresvives, vous trouverez de nombreux tutos à réaliser avec les enfants. Une série de vidéos propose notamment de réaliser une ville miniature en recyclant les objets du quotidien. Autre proposition, celle organisée dans le cadre de l’exposition Je suis ton père : un atelier créatif intitulé Space Mask pour créer un masque inspiré d’une galerie imaginaire.

Autre proposition en vidéo, des conférences sur des thèmes variés. Vous pourrez par exemple retrouver le colloque organisé autour de l’alimentation « Apprendre à boire et à manger » ou encore des conférences avec Jeanne Galzy et Marc Atallah.

Photo : © Département de l'Hérault

Les archives départementales numérisées

Au cours du premier confinement, le Département de l’Hérault a souhaité permettre au public un accès facilité à ses archives. Il propose donc un accès à distance et sécurisé à plusieurs centaines de milliers d’archives, d’images, de documents sonores ou audiovisuels qui jusque-là n’étaient consultables qu’en salle de lecture aux Archives départementales de Pierresvives.

Pour y accéder, il suffit de créer un compte personnel, puis de faire une demande de consultation. Que vous soyez un amateur, un curieux d’Histoire, généalogiste ou chercheur : les archives sont désormais à portée de clic !

archives-pierresvives.herault.fr

Photo : © Département de l'Hérault

|| Entretien avec Cyril Guillotin ||

Directeur artistique et fondateur du festival Ma Vigne en Musique

Déjà cinq ans que le festival Ma Vigne en musique fait résonner la musique classique dans les domaines viticoles de la région narbonnaise au printemps. En 2021, et malgré la situation sanitaire, toute l’équipe de l’événement a souhaité proposer des concerts au public. Pour cette édition pas comme les autres, les mélomanes pourront apprécier les différents rendez-vous au cours d’un festival bien plus long que d’habitude ! En effet, cette année, le festival sera célébré d’avril à octobre avec un programme riche. Rencontre avec Cyril Guillotin, directeur artistique et fondateur du festival.

Malgré les incertitudes qui pèsent sur le secteur culturel, et notamment sur les festivals, vous avez choisi de maintenir coûte que coûte l’édition 2021. Comment avez-vous pris cette décision ? Vos partenaires ont-ils tous suivi ?

Vous savez, aujourd'hui, les dernières choses qui nous restent sont l'espoir et la conviction... Ça tombe bien, j'en ai à revendre ! Plus sérieusement, il était totalement inenvisageable de rester les bras ballants à attendre que l'horizon se dégage pour s'autoriser enfin à penser faire quelque chose. Alors, nous avons pris la décision de prévoir, programmer, organiser, quitte à décaler, reporter. Cette décision a été concertée, mûrement réfléchie, et prise en accord avec nos partenaires (les artistes en premier lieu) qui nous soutiennent sans réserve dans notre dynamique. Nous avons dû évidemment repenser intégralement le format du festival, pour être plus volubiles, malléables, adaptatifs et réactifs, une contrainte nouvelle à laquelle il semble qu'il faille dorénavant s'habituer.

Ma Vigne en Musique existe déjà depuis cinq ans comment a évolué ce rendez-vous ?

Si on m'avait dit en 2016 que ce petit festival naissant sur un week-end compterait, quatre ans plus tard, dans le cercle très fermé des festivals reconnus nationalement et même au-delà ; que je recevrais des dizaines de candidatures chaque trimestre d'artistes proposant leur candidature jusqu'à 3 éditions suivantes ; que nous serions partenaire de la radio France Musique et reconnu par le label qualité Sud de France comme « représentatif de l'excellence culturelle de notre région » ; que le pape de la musique Frédéric Lodéon nous serait fidèle sans discontinuer... Je vous aurais dit qu'il n'est pas gentil de se moquer !

En l'espace de quatre éditions, le festival est passé de deux concerts et une séance scolaire, à presque une vingtaine de concerts et trois séances scolaires, des artistes de classe mondiale à chaque édition, des découvertes de jeunes talents aussi, des actions dans le cadre de la politique de la ville, de très nombreux partenariats (dont certains inédits comme avec la CAF de l'Aude, et très prestigieux comme avec Oui.sncf en 2019 et 2020), générant plus de 100.000€ chaque année de retombées économiques et touristiques pour le territoire : c'est une très grande fierté !

Une famille s'est créée autour du festival, regroupant les artistes et les bénévoles, bien sûr, mais aussi les partenaires commerciaux, touristiques et économiques du territoire. Aujourd'hui, comme tout le monde, nous avons enduré en 2020 le cataclysme de la COVID-19 et de sa gestion culturelle consécutive : un certain modèle est mort, et nous avons décidé d'être de ceux qui en inventeraient un nouveau, pour renaître ! 2021 sera la première pierre de cette résurrection espérée.

« La solution de l'étalement est alors apparue comme la plus saine, pour pouvoir passer entre les gouttes le plus possible, et garantir un maximum de concerts à notre public. »

Cette année vous prévoyez un festival plus long, il s’étalera d’avril à octobre, pourquoi ?

Ce changement de format obéit à la nécessité de comprendre le contexte qui risque d'être le nôtre pendant quelques années, le nier serait une erreur : l'incertitude devra faire partie de notre quotidien. Dès lors, maintenir un évènement resserré sur une quinzaine de jours était tout simplement suicidaire en période d’avril. Une période où il est plus difficile de faire valoir la même pression touristique que pendant ou après l’été, pour espérer se prémunir contre des décisions brutales et imposées d'annulations ou de restrictions drastiques. La solution de l'étalement est alors apparue comme la plus saine, pour pouvoir passer entre les gouttes le plus possible, et garantir un maximum de concerts à notre public. Par ailleurs, le festival était arrivé à un niveau de maturité suffisant pour permettre cet étalement dans le temps et s'offrir à tous sans restriction de temps ou de saison. Ainsi, grâce à Ma Vigne en Musique, ses artistes et ses domaines viticoles, notre public pourra goûter au plaisir de notre région dès le printemps, y revenir pendant l'été, et déguster le délicieux "été indien" que nous possédons ici.

Quels seront les grands concerts à ne pas manquer lors de cette édition 2021 ?

Vous me demander de choisir ? À moi, le directeur artistique... autant demander à une mère sicilienne de choisir entre ses enfants pour vous dire lequel est le plus beau ! Il ne faut en manquer aucun ! Car tous seront d'une qualité exceptionnelle ! D’abord, il y a la magie d'avoir lors du premier week-end trois des fleurons des Vents français (Paul et François Meyer, Gilbert Audin) et Anne Queffelec, tout cela présenté par le magnifique Frédéric Lodéon. Nous avons la joie d'accueillir pour la première fois la jeune et divine violoniste Maïté Louis, le plaisir de s'offrir les détournements uniques de grands chef d'oeuvres par Quai N°5 ; l’émotion de splendides grands concerts avec l'Orchestre de chambre de Toulouse (la sublime flutiste Magali Mosnier et moi-même en solistes); la folie de monter un Carnaval des animaux de Saint-Saëns, adossé à la création mondiale d'une Parade des animaux bizarres de Benoit Menut, agrémenté d'un Concertino de Laurent Lefrançois interprété par Pierre Génisson et l'Orchestre de Toulouse !

Sans oublier les traditionnels concerts de jeunes talents que nous allons développer, grâce notamment à un nouveau partenariat à l'étude avec le Conservatoire de Narbonne. L'avantage de ce nouvel étalement de calendrier est qu'il sera dorénavant possible de se délecter de tout cela, progressivement, au fil des mois, sans crainte d'indigestion, et si d'aventure nous devions subir une annulation "sanitaire" contrainte et forcée de dernière minute, nous pourrons toujours proposer le concert plus tard dans la programmation. Alors, on vous attend nombreux pour ce festin auquel nous croyons corps et âme !

narbonne-classic-festival.fr

Photo : © Jean-Paul Bonincontro

|| L'actu des expos ||

Montpellier : « Je suis ton père » à Pierresvives

Je suis ton père est la nouvelle exposition proposée par le Département de l’Hérault à Pierresvives, à Montpellier. Présentée du 16 avril au 24 juillet, elle promet aux visiteurs une réflexion sur les mythes modernes en prenant pour exemple la célèbre saga Star Wars.

Préparez-vous à redécouvrir vos personnages favoris issus des films de la saga Star Wars ! Pour accueillir le printemps, le domaine départemental de Pierresvives propose une nouvelle exposition intitulée Je suis ton père. Si vous retrouverez Dark Vador ou encore les célèbres Stormtrooper lors de cette exposition, vous serez également invité à travers les oeuvres à porter un nouveau regard sur ces personnages.

Onze artistes contemporains présentés

En effet, avec Je suis ton père il ne s’agit pas de se replonger dans les célèbres films de George Lucas mais bien de comprendre comment certaines oeuvres de la pop culture ont pris la place des mythes et religions d’antan. Le public pourra découvrir les oeuvres de onze artistes contemporains qui, chacun à leur manière, offrent un regard original sur la saga Star Wars.

Photographies et sculptures sont les techniques privilégiées de la dizaine d’artistes exposés à Pierresvives. Statues antiques à tête de Dark Vador, goûter champêtre pour un Stormtrooper, casques en papier : les techniques utilisées par les artistes sont très différentes et chacun à sa manière utilise son art pour évoquer les problématiques de notre monde.

Du 16 avril au 24 juillet.

En attendant la réouverture des lieux culturels, l’exposition Je suis ton père sera accessible virtuellement sur herault.fr et pierresvives.herault.fr

Montpellier : Jimmy Richer à la galerie chantiersBoîteNoire

La galerie Boîte noire de Christian Laune, le plus ancien et pourtant toujours en alerte, enthousiaste, de plus en plus précis dans ses choix et ses fidélités lui aussi. En témoigne, jusqu’au mois de juillet, cette nouvelle expo de Jimmy Richer que l’on a pu voir au Musée Fabre, au Frac et dernièrement à la Panacée. Jimmy Richer fait montre à chaque fois d’une incroyable inventivité qui va de pair chez lui avec la générosité graphique. Sous les arcades de l’ancienne cave, il aligne le long des murs des peintures murales, assorties d’un tableau, ou de planètes satellites. Son univers qui touche aussi bien à l’Histoire naturelle qu’à la BD sollicite avant tout les mondes minéraux et végétaux, l’homme et l’animal sont plutôt suggérés par anthropomorphisme.

On se sent à l’intérieur d’un autre monde conçu et recréé par l’artiste ce qui fait immanquablement penser à une cosmogonie. Le lieu est chargé d’histoire et Jimmy Richer l’habite en ressuscitant un certain esprit de la fin du Moyen âge, du début de la Renaissance encore marqué par l’alchimie ou les sciences occultes, les planches soignées. On y découvre les choses comme on les épèle. Elles relèvent de l’hybridité, mêlent le savant au profane ou au populaire à l’instar d’un Rabelais. Les encres sont encadrées, formant des planches d’autant plus précieuses qu’uniques et totalement inventées. Jimmy Richer excelle autant dans la démesure que dans le méticuleux. En ce sens il rapproche les deux infinis autour de la taille humaine qui lui sert de repère. Il n’est jamais aussi à l’aise que dans le noir et blanc ou en usant de l’encre parce que sa vocation est avant tout de dessiner. Mais la couleur ne lui fait pas peur, qui émerge souvent de cette part d’ombre prêtée aux objets. C’est qu’il les fait naître du néant même si la main ou l’esprit qui la guide lui fait rencontrer telle référence savante, telle image du réel, qu’il ne pousse jamais jusqu’à la ressemblance servile. On a affaire à un art visionnaire et qui nous paraît si proche pourtant. Il faut absolument découvrir cette expo unique en son genre.

BTN

Jusqu'au 10 juillet.

leschantiersboitenoire.com

Photo : Le(s) génie(s) naturel(s), (Série de 10 dessins) 72 x 57 cm, 2021, Encre sur papier. © Jimmy Richer.

Toulouse : la photographie dans la littérature jeunesse s’expose à la médiathèque José Cabanis

Amoureux de la photographie et/ou de la littérature jeunesse : rendez-vous à la médiathèque José Cabanis de Toulouse pour une exposition originale ! Du 16 mars au 20 septembre, le lieu propose de découvrir, à travers l’exposition Clic Clac, une balade dans les inventions photographiques des ouvrages pour la jeunesse des XXe et XXIe siècles.

On pense souvent que la photographie n’est pas très présente dans la littérature jeunesse, et particulièrement dans les livres de fiction. Or, dès le XXe siècle, les clichés sont utilisés pour illustrer des livres narratifs. Les expérimentations inventives se sont même multipliées en France et ont ponctué l’histoire de l’édition jeunesse. Qu’il s’agisse d’abécédaires, d’imagiers, d’albums ou de contes, la photographie a investi tous les genres !

Une exposition comme une balade thématique

Pour vous plonger dans cet univers, la médiathèque a imaginé une exposition en forme de balade thématique. Les espaces se déploient en autant d’imaginaires de photolittérature dans lesquels le visiteur est invité à découvrir la richesse de ce genre pour saison la démarche d’un photographe et accéder à la compréhension d’un monde fait d’images.

Jusqu'au 20 septembre.

bibliotheque.toulouse.fr

Sauve : Makiko Furuichi à la galerie Vachet-Delmas

L’artiste japonaise Makiko Furuichi expose ses peintures à Sauve. Jusqu’au 8 mai prochain, le public est invité à découvrir l’univers de cette artiste qui dessine un univers tragi-comique sur ses toiles.

Née à Kanazawa au Japon, Makiko Furuichi réside désormais à Nantes, où elle travaille depuis 10 ans. Après des études aux Beaux-Arts de Kanazawa elle poursuit son cursus à l’école des Beaux- Arts de Nantes où elle obtient son D.N.S.E.P en 2011. Remarquée par les institutions, le Frac des Pays de la Loire lui consacre une exposition personnelle en 2018.

Pour sa première exposition personnelle à la galerie Vachet-Delmas, l’artiste a réalisé une trentaine de pièces inédites autour des thèmes de prédilections, visages grimaçants petites mains voleuses, chatouilleuses, fines et espiègles. Les sujets de Makiko sont issus d’un monde tragi-comique teinté d’un sentiment que les japonais connaissent sous le nom de niyarin l’esprit grotesque de quelque chose de moche et rigolo.

L’artiste réalisera un wall drawing pour inviter le spectateur à entrer dans la jungle de son imaginaire.

Jusqu’au 8 mai.

galerievachetdelmas.com

Photo : © Makiko Furuichi

« Pomme d’amour » à la galerie La Perle Noire à Agde

Dans cette période traversée par des inquiétudes, des virus, inspirante et stressante à la fois, la galerie La perle noire propose de travailler sur le thème du Paradis. Pas au sens de celui qui est opposé à l’Enfer et qui concernerait le monde des morts, mais au sens du jardin d’Eden, le jardin mythique et merveilleux de la Génèse, qui sera confié à Adam et Eve. Lieu de bonheur sans fin, de félicité sans partage où poussent des arbres aux fruits délicieux et où cohabitent en harmonie tous les animaux. D’où est venue l’expression profane de « paradis sur terre ». Juste avant que l’humanité ne fasse son apparition, avec Adam, Eve, la pomme et serpent, comment était-ce au Paradis ? Vingt-deux créatrices et créateurs ont investi l’espace : un arbre remarquable, fruit de la cueillette et de la collaboration d’artistes en résidence, des créatures primordiales, encore dans leur gangue d’argile, des oiseaux assortis de nids et d’œufs démesurés.

Exposition visible dès la réouverture de la galerie La Perle Noire.

facebook.com/Galerie-la-Perle-Noire

Gilles Barbier au musée Soulages à Rodez

La salle d’expo temporaire du Musée Soulages accueille jusqu’au 16 mai cinq installations du très prolifique Gilles Barbier - que l’on a pu voir naguère au Carré d’art, avec ses personnages souvent moulés sur son propre corps, et celui des autres, souvent pas épanoui ni glorieux. En l’occurrence, il s’agit selon lui de Machines de production avec en particulier un système de tourniquets géants où sont accrochées 96 gouaches noires, avec lesquels on peut d’ailleurs tourner. Parmi celles-ci, les thèmes de prédilection de l’artiste et qui permettent de se familiariser avec son univers quelque peu burlesque, grotesque et original : le labyrinthe corporel, l’addiction au psychotropes, le besoin de consommer à tout prix, la place de l’homme dans le cosmos, les bombes meurtrières, les possibles « écho » systèmes… Tout ceci baignant dans le langage, ce qui nous renvoie à la Tour de Babel d’après Bruegel métaphorisant l’avidité humaine pour le savoir infini, que l’on trouve également chez Rabelais, par exemple (et dans les copies de dictionnaire de Barbier) ou dans Bouvard et Pécuchet (de Flaubert). L’œuvre intitulée Le Terrier, gigantesque, est impressionnante, en référence sans doute à Kafka. Il s’agit de la reconstitution d’un arbre ou apparenté dans le tronc duquel est installé un véritable espace domestique à vivre. On nous annonce aussi un orgue à pets ou Le jeu de la vie, lequel revisite les pièces anciennes avec un recul de quelque années. L’artiste recourt beaucoup à la référence d’autant qu’il veut fustiger les prétendus héros, qu’il imagine grabataires ou à l’agonie. Il leur préfère les singes perplexes du fameux film de Kubrick, pas plus intrigués que ne l’est l’humanité des millions d’années plus tard devant sa propre destinée. Ce travail, inachevable par excellence, n’a sans doute pas grand-chose à voir avec l’œuvre du maître, sauf le recours au Noir et blanc. On peut par ailleurs admirer les oeuvres de l’illustre centenaire dans les salles permanentes mais cette expo prouve combien le Musée Soulages n’entend pas se limiter à l’expression d’un art daté ou uniquement tourné vers le passé. Nous y reviendrons.

BTN

Jusqu'au 26 septembre (sous réserve de réouverture à cette date).

musee-soulages-rodez.fr

Photo : ©Gilles Barbier / Musée Soulages

« Abstraction, figuration... rien que de la peinture » à la galerie Odile Oms à Céret

Bien plus bat sur l’hexagone, à Céret, la galerie Odile Oms, sous un intitulé : Abstraction, figuration… rien que de la peinture, expose deux peintres disparus, bien connus dans la région et à redécouvrir, Serge Bonacase et Laurent Riberat, et l’une des mascottes de L’Art-vues, bien vivant celui-là, dont l’œuvre s’impose petit à petit comme une référence majeure, Fabien Boitard. Le premier excellait dans la peinture gestuelle, fébrile et sensible. Le second dans une abstraction calme et souple, ouverte sur la nature et sur la géométrisation des formes. Le dernier part d’une figure mais qu’il malmène avec la volonté de la faire sienne et de transformer sa capacité de fascination. De ce point de vue il semble iconoclaste, satirique et expérimentateur. Les sujets sont souvent inattendus, dérangeants avec des motifs floutés, le monde est sens dessus dessous, les surimpressions créent un effet onirique. Tous les thèmes picturaux sont abordés et actuellement le portrait domine, avec un traitement nettement combatif. Ou offensif. C’est qu’on en a marre des belles images. Il faut triturer un peu notre conception de la beauté. Boitard s’y applique.

BTN

odileoms.com

Photo : © Fabien Boitard, L'étang

« Monstre ! Fais-moi peur ! » à Canet-en-Roussillon

Les monstres peuplent l’imaginaire des enfants depuis toujours et c’est ce que met en avant l’exposition Monstre ! Fais-moi peur ! proposée par la ville de Canet-en-Roussillon. L’événement réunit ainsi plusieurs artistes sur ce thème. D’innombrables histoires aux figures effrayantes qui viennent des légendes, des contes ou plus récemment de films et dessins animés destinés aux enfants comme Les Gremlins, Monstre & Cie, UglyDolls ou encore L’Etrange Noël de Mr Jack. La littérature jeunesse est elle aussi prolixe en ce domaine. La peur du monstre chez l’enfant joue un rôle primordial dans sa construction, elle est une émotion primaire indispensable. L’exposition rassemble ainsi le travail de sept artistes : Caroline Cavalier, Cécile Bouthéon, Claude Parent-Saura, Jano Aumeras, Léry, Dominik Chaudoir, Tiffany Vailier et le collectif l’Agit’Hé.

Une exposition à découvrir en ligne : cliquez ici.

Ute Mahler à la Maison de l'image documentaire à Sète

Initialement programmée dans le cadre de la douzième édition du rendez-vous de la photographie documentaire ImageSingulières, l’exposition de l’Allemande Ute Mahler est présentée jusqu'en mars à la MID. À cette occasion, le lieu propose de découvrir la série Zusammenleben (vivre ensemble), commencée il y a plus de 45 ans. Par cette série de photo, elle entendait rendre compte de la manière donc les gens vivent ensemble et montrer les non-dits de manière subtile. Ces photos en noir et blanc racontent la vue dans l’ancienne Allemagne de l’Est, avec douceur mais sans complaisance. Reconnue pour son style marqué, Ute Mahler fonde avec plusieurs collègues est-allemands l’agence OSTKREUZ après la chute du Mur, en 1990. En parallèle de ses projets personnels, elle enseigne la photographie depuis 2000 et réalise depuis 2009 des séries avec son époux, le photographe Werner Mahler.

Jusqu'au 30 mai (sous réserve de réouverture prochaine).

la-mid.fr

Photo : © Ute Mahler, OSTKREUZ

Antoine de Saint-Exupéry à l'Envol des Pionniers à Toulouse

L’Envol des Pionniers, berceau du premier avion toulousain, accueille Antoine de Saint-Exupéry un Petit Prince parmi les Hommes. Une exposition pensée à l’occasion du 120ème anniversaire du pilote et écrivain et qui nous replonge dans ses deux univers de prédilection. L’exposition retrace la vie du légendaire pilote. Autour d’une scénographie inédite alliant objets personnels, des installations sonores et visuelles, des livres écrits sur cette période par l’écrivain aviateur : l’exposition invite le public à découvrir le parcours de cet homme courageux et profondément humaniste.Comme un passage de relai entre Antoine de Saint Exupéry l’aviateur et Antoine de Saint Exupéry le créatif, l’exposition se clôture autour d’une série de sculptures en couleur réalisées par l’artiste Arnaud Nazare-Aga. Chaque objet représente un dessin extrait du Petit Prince. Colorées et pétillantes, une douzaine de sculptures invitent le visiteur à rêver et à regarder le monde avec des yeux d’enfants.

Jusqu’au 31 août (sous réserve de réouverture prochaine).

lenvol-des-pionniers.com

Photo : © Manuel Huynh

« Bouteilles » au musée de la Poterie Méditerranéenne à Saint-Quentin-la-Poterie

C’est une manifestation culturelle autour de la thématique de la bouteille qui est proposée cette année au Musée de la Poterie Méditerranéenne. La bouteille est une forme assez peu explorée par les potiers et pourtant, elle demeure un espace de liberté et d'expérimentation. Les huit artistes sélectionnés nous en offrent une stimulante démonstration, riche de multiples orientations. Si leur art se nourrit toujours d’influences extrême-orientales, comme en témoignent Pascal Geoffroy et ses cuissons en four anagama qui laissent libre cours à la magie du feu, ils réinterprètent aussi volontiers la tradition de la bouteille. Ainsi, les porcelaines au libre décor calligraphique de Karin Bablok sont un hommage aux anciennes fabriques de sa région. Hélène Morbu, quant à elle, donne un coup de jeune à la Dame-Jeanne dans son vêtement d’osier grâce à sa technique méticuleuse d’empreintes dans les plaques de terre.

Jusqu'au 12 septembre (sous réserve de réouverture à cette date).

musee-poterie-mediterranee.com

Photo : Karin Bablok © Axel Fidelak

|| Point sur les chantiers culturels en Occitanie ||

Alors que les sites culturels resteront fermés jusqu'en février, l'année 2021 devrait voir de nombreux lieux ouvrir ou réouvrir leurs portes après de grands travaux. Les chantiers culturels en Occitanie se sont multipliés et l'année qui s'annonce sera celle de leur révélation au public. Au premier rang des ouvertures attendues dès le premier trimestre, le musée Narbo Via à Narbonne, récemment labellisé Musée de France. Il ne sera pas le seul à proposer de nouveaux espaces d'exposition ou de culture dans la région. En déroulant ci-dessous, découvrez toute l'actualité de ces lieux culturels : de ceux qui ont récemment ouvert leurs portes à ceux qui se révèleront au public en 2021, en passant par les musées qui se sont récemment lancés dans les travaux. Bonne visite !

Montauban : le musée Ingres-Bourdelle

Après trois ans de travaux, le musée Ingres Bourdelle a rouvert ses portes au public en décembre 2019. Il a cependant dû les refermer rapidement en mars 2020 en raison du confinement. Situé au coeur de Montauban, le lieu a été entièrement rénové par l’agence d’architecture Bach Nguyen. Réorganisation des espaces, nouvelle muséographie, un nouvel espace d’accueil et une augmentation des surfaces accessibles au public de 700 m2, autant de changements qui en font désormais un musée modernisé.

Ces transformations ont également permis une meilleure mise en valeur des collections. Désormais, les 4500 dessins, 44 peintures et le violon qui composent le patrimoine du musée sont répartis dans les étages et le sous-sol du musée. Au rez-de-chaussée, le public peut profiter des espaces d’exposition temporaires ainsi que de la librairie et de la boutique du musée. Seul musée au monde consacré à l’oeuvre du maître Ingres, le lieu propose également la plus importante collection d’oeuvres de Bourdelle de la région. 70 sculptures et une centaine de pièces graphiques permettent de parcourir toute l’oeuvre de l’artiste.

museeingresbourdelle.com

Photo : © Musée Ingres-Bourdelle

Toulouse : le Castelet, centre de mémoire

Le 29 octobre 2020, Toulouse inaugurait un nouveau musée : le Castelet. Installé au coeur de la prison Saint-Michel, le Castelet se veut donc un lieu de mémoire chargé de laisser une trace de l’histoire de cette prison de sa construction à nos jours à travers un parcours d’évocation et d’interprétation. Construite au milieu du XIXème siècle par l’architecte Jean-jacquet Esquie, elle est un témoin monumental et remarquable des réalisations humanistes nées de la réforme de la pénalité.

Pour donner une nouvelle vie à la prise, cinq espaces ont été pensés pour rendre compte de la meilleure façon de la riche histoire des lieux. Lors de la visite, le public pourra ainsi découvrir les différents métiers liés à la prison, témoins de premier plan de l’évolution du lieu. Autre témoignage essentiel pour comprendre l’histoire de Saint-Michel : celui des anciens détenus qui devaient trouver des moyens d’expression pour raconter l’enfermement. Graffitis, posters, cartes postales et panneaux d’affichage sont autant de supports utilisés pour exprimer le quotidien en prison. Le Castelet présente également une salle dédiée à l’architecture des lieux ainsi qu’un espace pour découvrir le rôle joué par la prison sous l’Occupation. Enfin, une dernière salle est dédiée aux destins singuliers de ceux qui sont passés par la prison Saint-Michel.

Inauguré le 29 octobre 2020.

facebook.com/LeCasteletToulouse

Photo : © Le Castelet

Narbonne : le musée Narbo Via

Dédié à l’histoire romaine de Narbonne, le musée Narbo Via devrait ouvrir ses portes dans le courant du premier trimestre 2021. Piloté par la Région Occitanie, le bâtiment offrira au public une plongée dans trois temporalités, trois lieux et trois histoires : le musée Narbo Via, les galeries souterraines de l’Horreum et le site-musée archéologique d’Amphoralis.

Au coeur du musée, 1000 oeuvres et objets seront offerts à la découverte des visiteurs. Au-delà du parcours permanent de nombreuses autres activités seront proposées : expositions temporaires mais également des ateliers, projections de films, nocturnes festives, découvertes des coulisses et des réserves du musée, visite des chantiers de fouilles sur le territoire. Également pôle de recherches archéologiques, le musée dispose d’un atelier de restauration et d’une salle d’étude pour les collections ainsi que pour le mobilier archéologique.

Autre lieu à découvrir : l’Horreum. Il s’agit de galeries souterraines construites au Ie siècle avant notre ère et situées à 5 mètres au-dessous du sol moderne. Les galeries de l’Horreum ont traversé les siècles moyennant divers remaniements et leur réutilisation partielle comme caves particulières. Avec les vestiges archéologiques du Clos de la Lombarde, l’Horreum est l’un des seuls monuments romains visibles et visitables au centre de Narbonne.

Enfin, situé à quelques kilomètres de Narbonne, Amphoralis est un ancien atelier de production d’amphores gauloises. Un musée sur le site permet de découvrir la vie quotidienne et l’activité des potiers qui y travaillaient.

Réouverture prévue en 2021 (date en cours de décision).

narbovia.fr

Photo : © Arnaud Späni - Narbo Via

Sète : le Conservatoire à Rayonnement Intercommunal Manitas de Plata

Confié à l’architecte Rudy Riccioti, grand prix national de l’architecture, qui a notamment réalisé le Mucem de Marseille et le Mémorial de Rivesaltes, le chantier du Conservatoire de Sète est désormais terminé ! Installé à l’entrée de la ville, le lieu offre un bâtiment de 6273 m2 répartis en trois espaces distincts : le pôle administratif, le conservatoire et l’auditorium. Trois espaces accessibles depuis l’atrium, qui, comme dans la conception antique, est le lieu de toutes les entrées.

L’auditorium, installé dans la continuité de la façade Nord du bâtiment, sera dédié à l’écoute d’oeuvres musicales, de l’interprète soliste à la formation chorale ou orchestrale et de certaines musiques amplifiées, assistées ou non par ordinateur. La salle d’un volume de 4000 m3 devrait atteindre un temps de réverbération de 2 secondes après correction acoustique et devrait accueillir certains événements tels que les auditions théâtrales et des projections. De l’autre côté de l’auditorium se dresse le Conservatoire. La lumière y joue une place centrale d’abord grâce aux façades vitrées, mais également grâce à deux patios de forme carrée de 105m2 chacun. Outre les salles servant aux cours, le Conservatoire dispose également d’une salle d’exposition. Dès l’ouverture du lieu, elle accueillera un premier accrochage de photographies dédiées à Manitas de Plata qui donne son nom au Conservatoire.

Réouverture prévue en 2021 (date en cours de décision).

agglopole.fr

Photo : © DR

Béziers : la Scène de Bayssan

Créé en janvier 2017 à l’initiative du Conseil Départemental de l’Hérault, Hérault Culture met en oeuvre de nombreux projets culturels. La Scène de Bayssan, à Béziers, est le lieu de diffusion principal des spectacles accueillis dans le cadre d’Hérault Culture.

Pour développer encore l’offre culturelle, la Scène de Bayssan accueillera en 2021 de nouveaux espaces de diffusion. Le lieu s’agrandira grâce à l’aménagement de trois nouveaux lieux : le théâtre Michel Galabru, l’amphithéâtre Claude Nougaro et enfin un chapiteau restaurant. Trois nouveaux espaces qui soutiendront un nouveau contenu culturel construit autour de l’identité méditerranéenne. Ainsi, une programmation variée sera proposée pour donner à voir la diversité de l’art. Du spectacle vivant à la musique à la danse, en passant également par le patrimoine ou encore les arts plastiques, tous les domaines artistiques seront représentés.

Réouverture prévue en 2021 (date en cours de décision).

scene-de-bayssan.herault.fr

© Département de l'Hérault

Cahors : le musée Henri-Martin

Fermé depuis 2016 pour une grande rénovation, le musée Henri-Martin de Cahors devrait réouvrir ses portes au public cette année. Lors de son inauguration, le public pourra s’attendre à découvrir un musée complètement transformé et tourné vers la mise en valeur de ses pièces les plus reconnues. Dédiées pour une grande part au peintre et décorateur Henri-Martin, les salles du musée ont été entièrement repensées pour mettre en valeur ses oeuvres comme le souligne Rachel Amalric, directrice du musée : « Aujourd’hui on multiplie par dix les surfaces d’exposition par rapport à l’ancien musée. On va pouvoir mieux mettre en avant les collections Henri Martin, notamment les grands décors. »

Parmi celles-ci, La Fenaison, une toile de 4 mètres par 7 mètres. Pour exposer cette immense oeuvre, les architectes Laurent et Emmanuelle Beaudoin, ont dû repenser l’aile Nord du bâtiment pour permettre un rehaussement des plafonds et offrir un espace suffisamment grand. Parmi les autres salles remarquables du musée, celle consacrée à Léon Gambetta mais aussi un espace pour mettre en valeur la statue du dieu Rongo, l’un des éléments inévitables de la collection du musée. Enfin, le musée proposera également deux salles dédiées aux futures expositions temporaires.

Réouverture prévue en 2021 (date en cours de décision).

cahorsagglo.fr

Photo : © Musée Henri-Martin Cahors

Céret : le musée d'art moderne

Inauguré en 1993, le musée d’art moderne de Céret devrait, lui aussi, rouvrir ses portes au cours de cette nouvelle année. Conçu par l’architecte barcelonais Jaume Freixa, à qui l’on doit la Fondation Miró de Barcelone et la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, le bâtiment bénéficie d’une architecture sobre et articulée autour de deux patios. Si la lumière et les espaces permettaient déjà une belle mise en valeur de la collection mais ils n’offraient pas un espace clairement dédié aux expositions temporaires.

Grâce au projet d’agrandissement qui devrait être finalisé courant 2021, 600 m2 d’espace pour la présentation des expositions temporaires devraient être créés ainsi que 500 m2 de réserves, d’ateliers, un espace dédié à l’accueil des scolaires et un belvédère offrant une vue sur la ville. Cet agrandissement conduira également à la réorganisation des espaces de l’actuel musée et au redéploiement de la collection permanente, dans un parcours muséographique didactique mettant en relief la place de Céret dans l'histoire de l'art.

Réouverture prévue en 2021 (date en cours de décision).

musee-ceret-expo.com

Photo : © Agence Faloci

Toulouse : le musée des Augustins

Depuis juin 2019, le musée des Augustins, ou musée des Beaux-Arts de Toulouse, a fermé ses portes pour travaux. Des opérations d’aménagement et de réfection étaient devenues nécessaires pour une meilleure accessibilité aux collections et l’entretien du bâtiment classé Monument Historique. Premier but des travaux engagés, une meilleure accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. La création d’un ascenseur, et l’installation de rampes dans l’église et dans l’une des salles gothiques permettra à tous de découvrir le patrimoine et les collections.

Second objectif de cette année de chantier : la rénovation des verrières datant du XIXe siècle. Ces dernières couvrent les salons de peinture et le centre de documentation du musée. Construites d’après les plans de l’architecte Viollet-le-Duc, elles souffraient d’un manque d’étanchéité à l’eau comme à l’air. Leur restauration était donc devenue indispensable, tant pour la sécurité des personnes que celle des oeuvres et afin de garantir la pérennité du patrimoine. Par ailleurs, certains salons du musée étaient déjà fermés au public depuis 2017 et 2018. La fin des travaux permettra donc leur réouverture et révèlera aux visiteurs toute la splendeur des chefs-d’oeuvre exposés au Musée des Augustins.

Réouverture prévue en 2021 (date en cours de décision).

augustins.org

Photo : © Musée des Augustins DM

Agde : la Villa Laurens

Véritable joyau architectural du début du XXème siècle, la Villa Laurens à Agde est en rénovation depuis 2015. Le résultat du travail mené sur différentes parties de la villa devrait être dévoilé dans le courant de l’année 2021. Edifice étroitement lié à son propriétaire, l’agathois Emmanuel Laurens, la villa est la somme des goûts de ce grand voyageur. La décoration des différentes pièces met en avant son goût pour les avant-gardes artistiques tels que le peintre Eugène Dufour, le décorateur Léon Cauvy ou encore l’artiste Eugène Simas.

Laissé à l’abandon pendant de nombreuses années, la villa Laurens est acquise par la ville d’Agde en 1994 puis classée aux monuments historiques deux ans plus tard. En 2003, c'est l’agglomération Hérault Méditerranée qui entreprend des campagnes de restauration d’envergure. Déjà en juillet 2015, la restauration du salon de musique avait été dévoilée, marquant le début de l’important chantier qui a suivi. Echelonnée en quatre phases, les travaux qui s’achèveront en 2021 ont concerné l’ensemble de la villa : de l’aile nord, où étaient situées autrefois les écuries, jusqu’au bâtiment central et les petits appartements d’Emmanuel Laurens qui abritent l’une des plus belles pièces de la villa : la salle de bain. Une rénovation quasi totale qui a permis de remettre à jour la beauté et la singularité de cet édifice véritable témoin d’une époque.

Réouverture prévue en 2021 (date en cours de décision).

agglo-heraultmediterranee.net

Photo : © Bertrand Ducourau

L’Hôtel Richer de Belleval à Montpellier

Erigé au coeur du quartier de l’Ecusson dans le centre-ville de Montpellier, l’Hôtel Richer de Belleval a été acquis en 2017 par des investisseurs privés et est rénové depuis par l’Atelier d’Architecture Phillipe Prost. À terme, le bâtiment accueillera un hôtel cinq étoiles de 20 chambres, membre du groupe Relais & Châteaux, le nouveau restaurant gastronomique Jardin des sens des chefs étoilés Jacques et Laurent Pourcel, ainsi qu’une fondation d’art contemporain : la Fondation GGL Helenis.

Créée par la société GGL et sa filiale HELENIS, cette Fondation d’entreprise a pour objet d’encourager la création contemporaine et de valoriser le dialogue entre art et patrimoine en investissant l’hôtel particulier par des interventions artistiques monumentales et pérennes et en proposant régulièrement des expositions temporaires et des événements culturels, au cœur du centre historique montpelliérain. Dirigée par Numa Hambursin, ancien directeur artistique du Carré Saint-Anne de Montpellier, la fondation a fait appel à plusieurs artistes pour imaginer des oeuvres qui font corps avec l’architecture du bâtiment. Dans le hall, l’artiste américain Jim Dine a ainsi pensé une fresque-mosaïque éclatante de couleurs. Sous la voûte de l’escalier, la plasticienne Marlène Mocquet déploie son univers peuplé de créatures joyeuses en céramique. De son côté, Jan Fabre propose, au plafond de l’ancienne salle des mariages, l’histoire du bâtiment et de la ville avec une série de blasons en élytres de scarabées. Enfin, les salles voutées ouvertes sur la place de la Canourgue afficheront des décors peints redécouverts pendant les travaux et restaurés par l’Atelier de Ricou. Ils sont complétés par une fresque à l’encre de chine évoquant l’Alchimie d’Abdelkader Benchamma.

Ouverture prévue en 2021 (date en cours de décision).

fondationggl-helenis.com

La Fondation Bemberg à Toulouse

Depuis le 1er décembre 2020, la Fondation Bemberg abritée dans l’hôtel d’Assézat à Toulouse, a fermé ses portes pour de grands travaux de restauration d’une durée de 12 à 14 mois. Le musée prévoit ainsi d’accueillir à nouveaux les visiteurs à partir du mois de février 2022. Ces travaux concerneront à la fois l’accueil du public et la muséographie.

Ainsi, la Fondation Bemberg prévoit de renforcer l’accessibilité des handicapés, de revoir l’ensemble de son système de climatisation nécessaire à la préservation des oeuvres d’art, la sécurité et l’installation technique du bâtiment doivent elles aussi être revues pendant le chantier. Enfin, le lieu a également annoncé la modernisation de son parcours pour le rendre plus attractif.

Réouverture prévue en février 2022.

fondation-bemberg.fr

Le Centre d’art Le Lait à Albi

Actuellement installé à l’Hôtel Rochegude à Albi, le centre d’art Le Lait (Laboratoire Artistique International du Tarn) fermera bientôt ses portes pour les rouvrir dans un nouvel lieu à l’horizon 2023. Ce sont les locaux de l’ancienne école Camille Claudel (photo ci-contre) qui accueilleront, à terme, la grande partie des activités du centre d’art. Créé en 1982, le centre d’art Le Lait permet à la fois le soutien à la création et la transmission de l’art contemporain sur le territoire albigeois. Des missions qu’il déploie à travers des actions de médiation dans les milieux scolaires, pénitentiaires, hospitaliers.

Le Lait organise également de nombreuses expositions tout au long de l’année. Des activités multiples qui trouveront leur place dans les futurs locaux puisque des espaces spécifiques seront pensés pour accueillir diverses manifestations. Ils devraient notamment permettre l’organisation d’expositions et événements tels que des conférences, concerts, lectures ou encore des projections. Autant de propositions qui devraient faire du Lait un centre d’art dynamique et largement ouvert au public.

Ouverture prévue en 2023.

centredartlelait.com

Photo : © Centre d'art Le Lait

|| Dossier - Coup de projecteur sur la société sétoise Art & Patrimoine ||

|| Arts plastiques ||

par BTN

Bianca Bondi et Laurent Grasso au Parvis à Tarbes

Sous réserve de réouverture prochaine.

Ces deux expos, celle qui a eu lieu, et celle qui démarrera en mars, ont la particularité de s’appuyer sur des faits scientifiques : l’une en manipulant la matière chimique, l’autre en cherchant plutôt à faire parler l’invisible, les fréquences, les ondes et à leur donner en quelque sorte forme que je qualifierai de physique. Bianca Bondi occupe les lieux, par le truchement d’une œuvre que l’on peut dire immersive : sur le sol de l’espace d’exposition, l’artiste a disposé plusieurs cercles de pâte à sel dans lequel baigne de l’eau salée de Lourdes (ville religieuse, très proche, que l’on sait) et les ingrédients les plus hétéroclites qui peuvent à aller de simples végétaux ou minéraux à des éléments domestiques, à des solutions chimiques ou à du pigment, du cuivre, latex… L’ensemble forme comme un paysage singulier, fruit de l’alchimie des matériaux et de leur capacité de métamorphose sous l’effet de la dilution ou de l’érosion liée au sel. Cette réalisation s’est faite sur le mode empirique, les matériaux dictant la direction à prendre et à la capacité de l’artiste à les conjuguer, à la lumière du sel, dans sa dualité Protectrice/Corrosive. Certaines pièces sont suspendues. L’élaboration d’une telle œuvre, avec les surprises qu’elle crée, témoigne d’une volonté d’organiser une sorte de cérémonie chimique dont on nous offre le résultat, lui-même en perpétuelle transformation. La pâte à sel joue le rôle de cadre à l’intérieur duquel s’opère le travail de la matière, orchestré par l’artiste.

Laurent Grasso préfère s’exprimer par l’image, la sculpture, la peinture. L’image en mouvement aussi dans ses films, quand des sphères de son invention nous font pénétrer des lieux sacrés, inoccupés, dont il espère bien extraire scientifiquement le mystère (en captant leur ondes par ex). Nous sommes plongés dans un univers intemporel, hanté par la présence extra terrestre de ces sphères mobiles comme des drones. Les sculptures de Grasso s’inspirent souvent de machines fabriquées par des savants pour émettre des fréquences, dont on peut toujours se demander si elles ont ou pas un certain pouvoir sur le corps et l’esprit du visiteur. N’a-t-on pas dernièrement cherché à étudier le cerveau en activité des moines en lévitation ? Des sculptures murales sollicitent des animaux aux vertus magiques telle la chouette ou la raie, productrice de vibrations électriques. On sait aussi combien Laurent Grasso s’est plongé dans la peinture passée, renaissante, afin d’y introduire des signaux du présent, à l’instar de ses sphères justement. On a pu le voir également s’intéresser au néon pour sa transparence et sa capacité à exhiber la circulation des gaz. Il faut se souvenir de toutes ses données pour aborder toutes ces pièces auxquelles il nous confronte et qui sont rassemblées par une unité de pensée, dont on doit dire qu’elle s’avère fascinante dans sa partie filmique, intrigante dans ses composantes picturales et sculpturales. Elles ne sauraient laisser indifférent.

BTN

Jusqu'au 10 avril pour Laurent Grasso.

parvis.net

Photo : ©DR

Frédéric Léglise et invitées au Centre d'art contemporain ACMCDM à Perpignan

Sous réserve de réouverture prochaine.

Les japonais ont Nobuyushi ou encore Akari, nous avons Léglise, un artiste qui ne cache pas son attirance pour le corps au féminin, notamment juvénile et d’un exotisme asiatique». Ses Nus actuels nous offrent le plus souvent des jeunes femmes dans les postures alanguies que l’on prête en général à la peinture qui ne renie pas l’érotisme sous prétexte de morale ou de supposée provocation. L’artiste part de photos et cherche à restituer la réalité de manière fidèle sauf que s’y ajoute la matière, un autre type de sensualité, et l’image prend tout de suite une autre dimension, une autre épaisseur, un autre sens. Les modèles semblent jouer le jeu et s’abandonner à la recherche scrupuleuse de l’instant où l’expression faciale et corporelle produira autant qu’un clic un déclic. Peu nous importe le contexte réel : Léglise efface sur la toile, en quelque sorte, il dé-peint, tout ce qui détournerait la focalisation sur son modèle si bien que le fond semble neutre ou carrément abstrait. Ne demeurent, pour étoffer ou habiller les corps, que certains accessoires : les sous-vêtements ou chaussures, dont il accentue le caractère décoratif, ou autres objets que l’on croit pervers tels que la ligature, matière à fantasme s’il en est. Privées de supports, les créatures semblent flotter, l’ambiguïté entre la pose debout frontale et allongée sur un support, en contreplongée absolue étant explorée ici avec bonheur. La tonalité dominante est le rose, bien en harmonie avec le thème de la chair que je déclarerai fraîche, sans y attendre malice. Car Léglise choisit délibérément la vie, ses plaisirs charnels et pourquoi pas picturaux. Le corps est un motif inépuisable de surprise et de singularités. L’érotisme c’est l’approbation de la vie jusque dans la mort, a dit un écrivain. Léglise a pris si l’on peut dire conscience du problème, si je puis m’exprimer ainsi. Dans un contexte bougon et pessimiste, sa production tranche avec les stériles soubresauts d’un esprit critique qui aurait dans l’aventure égaré tout esprit. Il sait aussi cultiver la part la plus sombre de sa personnalité en pratiquant l’autoportrait sans concession, où il part en quête de ses propres monstruosités et où il recourt aux mots et aux images.

Pour cette expo, il a invité plusieurs artistes originaires de Chine, du Japon ou de la Corée, pour la plupart installé en France où elles firent leurs études. Ainsi ont-elles pu expérimenter le métissage des cultures. Elles sont huit, qui s’adonnent un peu à tous les styles : Chon Sujin peint son corps de manière très réaliste, sans concession, en recourant à des produits de maquillage, si prisés dans sa Corée natale où la chirurgie esthétique a de beaux jours devant elle. A l’inverse, Kanaria invente un univers flottant, à base de mythes, célébrant les merveilles animales ou florales dans des tons pâles, oniriques. Liu Mengpei demeure fidèle à une représentation énergique du paysage, apaisé ou tourmenté, dans un esprit expressionniste tandis que Lee Dahye semble évoluer dans une abstraction, minérale ou végétale, qui ne renie ni la couleur ni les jeux de transparence ou de lumière. Si chaque artiste développe un art singulier, on ne peut évidemment s’empêcher d’établir certains rapports avec l’œuvre du maître, qu’il s’agisse de la fascination pour le corps ou pour le choix de la palette colorée voire pour l’esprit vitaliste qui préside à cette exaltation délibérée des sens. Wang Jojo semble elle aussi pratiquer le portrait, quelque peu idéalisé, jusqu’au rêve ou au fantasme, alors que Inhee Ma traite du corps dans toute l’étendue de sa matérialité et des possibilités offertes par la peau notamment. Stella Sujin fait confiance à la légèreté de l’aquarelle et à la tradition de la céramique pour traiter de la vulnérabilité humaine, de la sexualité, ou du sort des animaux. Agako David-Kawauchi, passionnée par le thème de la petite fille, recourt au fusain et à la pierre noire sur toile pour concevoir une fresque quelque peu primitive sur la vie, l’amour, la mort, donnant sans doute un peu de gravité à cette sélection. Léglise a bien compris que le XXIème siècle serait sans doute asiatique… C’est ce qu’il nomme, avec humour, l’Asian connection…

BTN

Jusqu'au 28 mars.

acentmetresducentredumonde.com

Photo : © Frédéric Léglise

« La distance ardente » / « La vie dans l'espace » au MRAC à Sérignan

Sous réserve de réouverture prochaine.

Ces deux expos hivernales sont reliées d’une part par le dialogue, avec un continent pour la première, avec les œuvres du musée de l’autre. L’une parle de distance, sans doute à réduire, entre deux continents, l’autre d’espace, à travers une scénographie qui choisit, associe et classe en compartiments spécifiques.

La première sollicite surtout le Maroc, sans doute plus à la pointe que les autres, de par sa proximité, de son passé et son avancée culturelle de notre pays mais aussi l’Egypte et l’Afrique noire. Cinq thèmes, à l’instar d’une main de fatma, structurent l’espace : l’oralité augmentée, Economie et fabulation, Archivage d’histoires imaginaires, Fiction et mouvements non autorisés, Système de désobéissance enfin. A y regarder de plus près, on s’aperçoit que trois fils conducteurs traversent les œuvres de ces artistes : le corps, les migrations, la mixité possible malgré l’identité. Le corps des ouvriers pour Mustapha Akrim, celui des militaires pour Mohamed Aredjal, celui des anciens soldats de la mémoire coloniale pour Diadji Diop. Zainab Andalibe reproduit au fil de laiton le parcours des migrants, alors que Hassan Bourkia réserve tout un espace à sa représentation du camp de Rivesaltes, à quelques encablures de Sérignan. Fatiha Zemmouri célèbre les vertus du désert, miniaturisé, et ce qu’il nous apprend sur la condition humaine et esthétique quand Khalil Nemmaoui réfléchit sur la notion ancestrale de transhumance. Enfin, Mariam Abouzid Souala recourt à la grande peinture, très réaliste, afin de dédramatiser le supposé choc des civilisations, au nom d’un destin commun, tandis que Moataz Nasr se veut observateur des transformations du monde tout en conservant des références traditionnelles. De ce point de vue, Simohammed Fettaka se réapproprie les objets et symboles de la culture marocaine, Hicham Ayouch se lançant dans une quête de son passé marqué par une identité.

La deuxième enrichit notre perception du fond muséal par sa mise en perspective liée au thème spatial., d’une part, de la confrontation des œuvres face à un vis-à-vis inédit de l’autre. On peut dès lors parler de recréation, opérée par la commissaire, Jill Gasparina. L’expo consiste en une série de compartiments évolutifs : de la gravité zéro avec des œuvres en apesanteur (Nicolas Chardon, Marion Barush)… à l’Exoplanète (tapissée de mots muraux d’Huz et Bosshard, servant d’acrin à un monolithe de Didier Marcel ou au géant en alu peint de Sarah Tritz) en passant par le lab (le cabinet d’art graphique transformé en labo et ses Mac Callum, Flexner, Fontcuberta, Susplugas, Dietman, Holler etc.) ou la Cabine de l’astronaute et ses dizaines d’images souvenirs, (d’El Hanani à Pencréac’h, Di Rosa, Messagier…). A chaque visiteur de chercher le rapport au thème, qu’il s’agisse de la solitude du Rover sur Mars ((extraordinaire installation de Jessica Stockholder) ou du Souvenir de la bonne terre, (et la bonne vieille mer bleue, monochrome, signée des Gâchons, entourée de avec ses images du cru de Depardon ou Claire Tenu). Comment par ex peuvent cohabiter, lors d’une Sortie Extra véhiculaire (EVA), les œuvres antagonistes de Vera Molnar, évolutives et simples, les petits monochromes d’Aurelie Nemours et la figuration narrative, très habitée, de Fromanger. Ou un volume de Mosset voire un tableau de Spescha, très minimalistes et radicaux, à proximité d’un tableau pneumatique de Stampfli, relatives à l’architecture interne du vaisseau spatial. La Cabine de l’astronaute, un véritable cabinet d’amateurs, permet de jouxter de nombreuses pièces dont certaines avaient été peu montrées : on est un peu dans l’hétéroclite mais après tout il faut de tout pour faire un monde, a fortiori un microcosme. Ainsi Crumb et Topor voisinent-ils avec Messagier et même avec notre Frédéric Khodja, jusqu’à présent peu montré. Au bout du compte, on revisite ainsi bien des artistes ayant eu l’honneur d’occuper temporairement les lieux (Isabelle Cornaro, Tatiana Trouvé, Erro…) tels qu’ils sont aujourd’hui ou tels qu’ils étaient hier (Erik Dietman) et tels qu’ils demeureront pour longtemps (Bruno Peinado sur la façade) ou dans notre souvenir (Dado, Piet Moget). Il serait fastidieux de répertorier tous les artistes dés-inhumés et prêts pour ce voyage dans une seconde vie (de Carsten Holler et ses oiseaux manipulés, aux chats figurés par Séchas en passant par des figures internationales – Turell, Morellet, Fischli et Weiss – ou plus nationales voire régionales – Dezeuze , Di Rosa, Viallat - mais aussi la très prometteuse Mimosa Echard, ou la médicamenteuse Jeanne Susplugas (cf. article dans ce numéro). Un voyage donc dans l’espace mai aussi dans le temps passé, les œuvres conservées et retrouvant leur vie dans l’espace du lieu remodelé.

BTN

Jusqu’au 19 septembre pour Distance ardente et jusqu’au 13 juin pour La vie dans l'espace.

mrac.laregion.fr

Photo : ©DR

Gaëlle Choisne à Lattara Musée Henri Prades à Lattes

Sous réserve de réouverture prochaine.

Le musée archéologique de Lattes s’offre chaque année un temps de modernité et de créativité avec l’invitation d’artistes venus s’insérer ou se confronter au cœur des collections. Normande mais d’origine haïtienne Gaëlle Choise, s’avère tout à fait dans son élément en cette édition 2020 : elle incarne, par sa personne et par ses réalisations, cette notion d’hybridité qui caractérise une telle cohabitation, que l’on espère symbiotique, entre le passé lointain, ici antique, et une actualité qui elle-même ne peut se distinguer radicalement des origines, de l’histoire et d’une culture duelle. Non seulement Gaëlle Choisne a fait entrer un peu de la luxuriance exotique dans les objets sous vitrines, sagement alignés, mais elle a maculé toutes les parties vitrées de jaculations siliconées, reliques de mégots coloniaux et de pièces de monnaie qui sont comme des façons de oindre lesdits lieux, temporairement, d’une présence envoutante. Cette exposition, Défixion, se place en effet sous le signe de l’envoutement, pas de celui que l’on prête à des gourous réduisant leurs victimes en esclavage, plutôt une incitation à retrouver le respect de la nature et l’acceptation du métissage comme une donnée naturelle, imprescriptible.

Le parcours que nous offre l’artiste est ainsi empreint de maintes surprises : il suffit de lever la tête pour passer sous une espèce de végétation, ou encore de filet en caoutchouc, qui pourrait vite nous capturer/captiver en situation réelle (heureusement l’art favorise la donnée fictionnelle, ainsi que le suggère le titre par homophonie) ; de baisser les yeux vers le sol pour reconnaître des huitres géantes, reconstituées en bronze blanc, desquelles surgit une perle d’espoir, de celle dont les humains font leur parure, sans savoir qu’elles rejoindront un musée de type archéologique (l’huitre est, en sus de son caractère accueillant, sans doute un symbole féminin très ritualisé); ou encore des fruits exotiques en bronze devenus symboles de l’écologie dé-coloniale ; de regarder du côté d’une baie vitrée pour apercevoir une sculpture vaguement anthropomorphique, incarnant manifestement la fécondité mamellaire, laquelle désigne l’extérieur cad justement le site antique et le port qu’il recouvre à présent; de jeter un œil du côté des murs pour y repérer un quadrilatère en ciment posé verticalement au sol et sur lequel des photographies de ruines anciennes ont été imprimées, grâce à une étrange alchimie saline. Pourtant, ce sont les suspensions à force de chaines renvoyant sans doute à l’esclavage et la colonisation, voire la dictature, qui frappent l’attention. Ils entourent des éléments naturels tels des bois récupérés ou des coquillages reconvertis, des artefacts donc, souvent assortis d’un verrou à clé et font penser à des ex-votos censés nous ramener au droit chemin de l’équilibre et du respect des choses et des êtres, des cultures et des mélanges bénéfiques. Une sculpture tranchée, multipliant les clous, exhibe sa partie concave et sa partie convexe, le clou renvoyant au supplice ou à la coercition évoquée par le titre. Bien des objets jouxtent, dans les vitrines, les anciens : cette main aux ongles bleutées et qui signifie le don. En fait Gaëlle Choisne a multiplié les interventions, de grand, de moyenne mais surtout de modestes dimensions, et même les gestes minimaux (les jaculations) de telle sorte que l’hybridité ne soit point vain artifice mais que la symbiose demeure évidente entre les Collections et ses interventions objectales, qu’elle qualifie elle-même d’archéologie du futur. L’occasion de surcroît de découvrir une artiste que nous avions déjà repérée pour 100 artistes dans la ville et lors de la dernière biennale de Lyon. Terminons par cette bouteille de rhum, cassée et reconstituée comme on se constitue une identité nouvelle des débris du passé. Manière aussi de montrer que malgré les distances, spatiale et temporelle, les chemins du rhum peuvent faire escale à Rome et apparenté…

BTN

Jusqu’au 15 juin.

museearcheo.montpellier3m.fr

Photo : ©DR

Jean Hugo au musée Médard à Lunel

Sous réserve de réouverture prochaine.

Ce petit musée voué au livre et à la bibliophilie a choisi en cette période de Noël où nous avons bien besoin de réconfort, un enfant adopté non du pays mais adopté par sa ville d’adoption, aux portes de la Camargue qu’il aura tant aimé illustrer. Jean Hugo en effet, malgré ses farouches admirateurs et partisans, demeure trop méconnu du grand public alors que son œuvre est entièrement tournée vers l’optimisme, la foi en une vie spirituelle qui nous consolerait des travers d’ici-bas, vers une regard émerveillé, tel celui d’un enfant sur le richesses que contient celui-ci, pour peu que l’on se donne la peine de les regarder. Son œuvre, qu’elle s’exprime par la gouache, la tempera ou les divers multiples (gravure, sérigraphie, litho) frappe par son apparente naîveté. En fait, la simplicité cache et révèle ses surprises. Dans ses paysages, les maisons ont le caractère cubique des expériences de Braque et Picasso, la silhouette des arbres n’est pas si éloignée des motifs de Matisse, la forme des zones de verdure pourrait se révéler abstraite. Jean Hugo était plus moderne que l’on ne pourrait le croire. Exilé au Mas de Fourques comme pour fuir la vie parisienne, il n’en entretenait pas moins des relations avec des personnalités mondaines telles que le grand poète du début du XXème, Max Jacob, dont il a illustré Le cornet à dés ; de même qu’il a œuvré de concert avec Louise de Vilmorin pour un Alphabet des aveux, dont on réalisera après coup le caractère précurseur (notamment des expériences de L’Oulipo) ou le plus mondain des mondains Jean Cocteau. Le musée Médard a sérié un certain nombre de thèmes ( La paix verte, Complicités, Le goût du livre, Création et Foi…) permettant de se familiariser avec cette personnalité attachante qui, plusieurs décennies avant notre actuel confinement, traçait sept cercles autour de Lunel et en parcourait un par jour, y puisant tout ce qu’il faut au peintre pour se sentir habité, qu’il s’agisse des carrières de Junas ou des métiers de la vigne, a fortiori des chevaux blancs et de leurs gardians camarguais. En bon lecteur, et c’est une autre raison de retrouver Jean Hugo dans ce paradis bibliophilique, et en lecteur classique, Jean Hugo peuplait ses tableaux et dessins de créatures mythologiques, masculines ou féminines, centaures et licornes, nymphes et faunes. Le rêve, l’imagination était donc la suite naturelle de ses représentations enfantines de l’environnement. Même si Jean Hugo eût pu se prévaloir aussi de collaborations avec René Char ou de ses illustrations de Maurice Scève, de Racine, il serait dommage de passer sous silence sa complicité avec l’alésien et éditeur de livres d’artistes, Pierre-André Benoit, avec qui il a réalisé une cinquantaine d’ouvrages dont les Actes présumés de St Alban de Nant, dont on pourra découvrir les planches gravées et qui mériteraient à elles seules une étude approfondie. On pourra ainsi découvrir tous ses ouvrages bibliophiliques, et les Fables de la Fontaine réalisées par sa fille Marie Hugo, alors que son père était dans l’incapacité de mener à bien son projet. Bien d’autres découvertes encore de cet arrière petit-fils du grand Victor dont il a hérité la passion des livres, l’immense culture, la foi obstinée et la relation fusionnelle avec la nature. Un univers dans la main, titre de l’exposition. Plus modestement, Vincent Dezeuze, l’inébranlable animateur de la maison de la gravure à Castelnau, proposera ses nymphéas réalisé à partir de papier journal collé, à partir d’un herbier emprunté à l’institut botanique régional.

BTN

Jusqu’au 19 septembre.

museemedard.fr

Photo : ©DR

Jeanne Susplugas à l'hôtel Sabatier d'Espeyran à Montpellier

Sous réserve de réouverture prochaine.

Ce satellite du Musée Fabre, l’hôtel Sabatier d’Espeyran, est le temple du bon goût à l’ancienne avec ses pièces surchargées d’objets plus décoratifs que fonctionnels et de meubles comme l’on n’en fera sans doute jamais plus. Des céramiques, statues, éléments d’orfèvrerie, témoignent d’un art de vivre des 18 et 19ème siècles et que l’on appelait péjorativement bourgeois ou dit aristocratique. C’est pourtant de ce côté-là qu’il faut chercher ce qui demeure beau, l’art prolétarien n’ayant pas brillé par son sens de l’esthétique. Toujours est-il qu’à l’occasion des 800 ans de la création de notre prestigieuse faculté de médecine Jeanne Susplugas, d’origine montpelliéraine connue pour son exploration des ambigüités de la médecine, des dangers des addictions et des conditions d’une aliénation sournoise, a été invitée à se glisser dans les rares espaces laissés vacants par le pléthore d’objets. L’artiste a utilisé un peu tous les moyens qui lui sont habituels : l’installation et la confection d’objets en général, la photographie, la vidéo, le dessin essentiellement. Cela va des médicaments en céramique près des coupes de fruits (en référence à la nature morte) à une maison qui vole et déborde d’objets, soulignant l’aliénation à un modèle social ; d’un dessin au crayon d’arbre généalogique à une collection de flacons à étiquettes délivrant un message satirique ; d’une vidéo, dans une maisonnette en plastique, recélant des images d’un bain d’anxiolytiques dont l’héroïne a du mal à s’extraire, à un autoportrait photographique où la coiffure écartelée métamorphose le sujet… Le plus spectaculaire : la maison malade, comprenez une cabanette en plexi transparent, assez imposante et en contraste avec le caractère cossu des objets environnants, rivalisant de profusion et vomissant des boites en surnombre, chacune garante d’une histoire. Comme quoi la maison est bien le lieu de l’enfermement sur soi-même, des petits drames qui peuvent finir en tragédie, ou du moins en roman familial. Au sol, dans la dernière pièce, un bulldozer miniature écrase des gélules à taille normale. Chaque salon réserve ses surprises : une pilule en cristal, sectionnée en trois morceaux ; des portraits photographiques de tous âges et origines exhibant à pleine langue le comprimé calmant ; des ampoules plongées dans le liquide, une impression en accordéon, des dessins en référence au cerveau, des neurones concrets comme échappés de la boîte crânienne… Des photos, beaucoup de photos introduites discrètement là où on ne le attendait pas, confondues avec les choses, comme disait Pérec et accentuant leur prospérité repue. Jeanne Susplugas a manifestement joué la carte de la saturation, de la surdose, afin de mêler à ses interventions un contenu qui soit un peu son message. Nous sommes malades d’addictions de tous ordres qu’elles désignent les engouements, des passions futiles, des anxiétés nocives, des incapacités d’adaptation ou l’attachement excessif aux choses de ce monde – et peut-être même aux choses de l’art. L’enseigne au néon nous prévient dès l’entrée : l’artiste nous propose des « distorsions ». La visite à laquelle elle nous convie ne se veut pas apaisante. La réalité des intérieurs n’est pas toujours celle que présente un extérieur à la façade rassurante. L’intérieur est tout autre, déformé. Une paire de chaussures enveloppé de plastique nous prévient : laissez vos préjugez à l’entrée. La production de Jeanne Susplugas se veut un antidote, un avertissement, une révélation : ce sont de ces distorsions-là qu’elle nous entretient.

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Jusqu’au 31 mars.

museefabre.montpellier3m.fr

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« Ressentir tous les jours » et «Technique de résistance » à Mécènes du Sud à Montpellier

Cette exposition dépend étroitement d’un atelier de réflexion mené par un collectif lié au milieu de l’art à l’instigation de Rachèle Borghi, universitaire et ctiviste bien connue de la scène post-porno. Cette performance, Corps vif de l’expo, aura abouti à la conception d’un écosystème mettant en évidence les notions de soin et d’interdépendance, tout en révélant de multiples formes d’émotion ou d’être, que les œuvres sont censées révéler. On pourra s’en assurer grâce à un dispositif, à l’attention des visteurs, dès le rez-de-chaussée. Le concept qui préside à l’exposition proprement dite semble complexe mais le public sera confronté à des œuvres, et libre à lui, à partir d’elles, de poursuivre la réflexion et d’approuver les partis pris de Rachele Borghi, artiste elle-même, créatrice de collages d’archives en forme de cœur, invitée de la curatrice Veronica Valentini, comme on dit aujourd’hui. Passons aux œuvres : Le documentaire fort dérangeant, Yes we fuck, sur la sexualité des personnes en situation de handicap, physique ou mental, sera l’un des points forts de ce projet actualisé. On voit se concrétiser les intentions des organisatrices avec l’œuvre d’Anne-Laure Fanchette, et qui se déclare ouvertement Prescription. On sait (CACN) qu’elle récupère des herbes souvent dites mauvaises, en milieu urbain pour les emprisonner dans des maisons de résine, comme pour les protéger et en préserver la vivacité roborative. La société de consommation semble l’une de ses cibles. Il en va de même de ces arbres morts auxquels elle apporte les plus grands soins sans négliger de les orner de verreries décoratives. La séance de dissection féminine, peinte sur tissu par Laure Charles, nous rappelle combien les pratiques de la science virile sont ou ont pu être violentes et peu respectueuses des identités et intimités. Laure Charles les féminise en remplaçant les personnages de chirurgiens, ou de « pharmaciste » savant, stylisés à l’extrême. Hélena Vinent effectue des captures d’écran toujours orientée sur la manière dont le corps est dominé, fût ce à son insu, par des mécanismes de pouvoir insidieux qu’il s’agisse de celui imposé par la technologie scientifique ou plus simplement par des activités innocentes comme le simple fait de danser en rythme. Malentendante, elle montre la difficulté de s’adapter à la nos moyens techniques sans l’aide d’appareils prothétiques et futuristes. Lizette Nin choisit le principe de l’herbier comme pour préserver les ces plantes que nous savons si bien exploiter, et qui parfois se défendent si bien de notre rapacité. En l’occurrence, elle plonge dans sa culture dominicaine afin de revisiter l’esprit de ses ancêtres, malmenés, en accord inédit avec la nature et en conservant la force de résistance. Jacopo Miliani évoque le désert en vidéo, en s’inspirant en particulier de Pasolini et de l’australien d’Elliot. Il mêle des images du film Théorème, et de Priscilla folle du désert, à des corps isolés, et les conjugue à la sémantique des gestes ou des signes. Le chilien Raoul Hott invite à suivre des expériences à but thérapeutique, cherchant à revigorer notre force vitale, à ressusciter nos capacités d’émotion, à éprouver les surprises de l’intimité des couplesi. Julia Gorostidi, enfin a conçu, en 3D, une étrange osmose entre la peau et des corps étrangers inspirés du langage et de ses multiples signes de ponctuation, en l’occurrence celui de l’affiche, lesquels font en général respirer le texte. L’image est imprimée sur des drapeaux qui s’ouvrent aussi vers l’extérieur et invitent à sentir/ressentir, ainsi que le propose le titre. Comme souvent à Mécènes, c’est l’art de demain qui est en jeu, aussi est-on quelque peu dérouté. Il faudra pourtant faire un effort et s’y habituer car ces expériences collectives, cet emprunt permanent de l’art à des domaines qui lui semblent extérieurs (science, écologie, politique, ethnologie, linguistique, théorie de la sexualité, stages et même SF, BD… autres arts etc.) relèvent de ces tendances vers l’hybridité vers lesquelles l’homme de l’art se destine. Et sans doute l’humanité entière, tous sexes confondus. Quant à lé résistance, les œuvres de ces artistes ne l’expriment que trop. On a toujours raison de résister. Cela prouve que l’on est libre.

BTN

Jusqu’au 21 mars.

mecenesdusud.fr

Photo : ©DR

Collection Cranford à l'Hôtel des collections / MO.CO. à Montpellier

Sous réserve de réouverture prochaine.

Cette collection anglaise, dont on attendait beaucoup, tient ses promesses, d’autant qu’elle se veut pédagogique en mettant l’accent sur la première décennie du nouveau millénaire et présente les oeuvres chosies par les commissaires selon une perspective historico-chronologique qui ne manque ni de pertinence ni d’intérêt. Le fameux grand public, dont on s’inquiète tant, et qui se plaint de ne pas toujours tout saisir des enjeux de ce qu’on lui donne à percevoir, en aura en tout cas pour ses neurones. Les œuvres diverses présentées lors de cette sélection, que l’on peut qualifier de mise en abyme, (des choix dans d’autres choix) se trouvent en effet confrontées aux événements marquants, innovations technologiques, découvertes scientifiques majeures ou faits culturels des années 2000-2010. Les artistes britanniques (Glenn Brown…) mais surtout les allemands (Kai Althoff, Rosemarie Trockel… ) et les américains du nord (Wade Guyton, Edward Ruscha) ou du centre (Gabriel Orozko) se taillent la part du lion. On déplore la quasi-absence des français (même si Thomas Hirschorn et Thomas Cruzvillegas vivent à Paris) mais on commence à se faire une raison. Toujours est-il que la Collection Cranford, résumée donc à des achats effectués durant les années 2000, comporte un certain nombre de pièces absolument capitales, qu’il s’agisse de la maison en acier et à claire-voie de l’éternelle Louise Bourgeois, des papillons sur toile unie de Damien Hirst (et que dire de ses poissons et arêtes mises en cage de verre vers le milieu du parcours ?) ou de la Ronde de nuit, effectuée par un renard dans la National Galery, du belge Francis Alys. On ne compte plus les grands noms : de John Baldessari et sa façon tranchante de manier la scie sur impression numérique à Rebacca Warren et ses bronzes aux attributs féminins exacerbés, en passant par Sigmar Polke (les quatre toiles, suggestives et nocturnes, dans un esprit que l’on pourrait qualifier de romantisme), en passant par Gerhard Richter, présent avec une peinture abstraite, rouge, bien dans sa manière frémissante, au racloir et au scan. La mise en espace est soignée, non pléthorique ce qui permet de respirer entre deux chefs d’œuvre. Des rapprochements judicieux sont effectués (Les photos urbaines archivées par Walid Raad et les sculptures de rapes familières, à taille humaine dans le triptyque de Mona Hatoum, ou encore la scène de viol domestique caricaturée par Sarah Lucas confrontées aux œuvres intimistes, familiales, de Louise Bourgeois/Tracey Emin). Ce qui ne peut que frapper un français, c’est la primauté accordée à la peinture et au dessin, lesquels furent si mal vus durant la même décennie du côté de nos enseignements et élites, ceci expliqnant sans doute cela (l’absence de la France sur le plan international) : D’où ces grands peintres, incontournables, de la scène mondiale (dont nous aurions sans doute les équivalents en cherchant bien dans notre hexagone frileux) : je pense aux grands tableaux, acrylique et huile, d’Albert Oehlen, dont un noir et blanc ; aux références multiples (Mary Shelley, la vierge, un ange..) dans les tableautins de Karen Kilimnick ou à la série dévolue à la chauve-souris, dans les modestes Spartacus Chetwynd. Sans parler de ceux qui renouvellent le traitement du support : Christopher Wool à l’encre de chine ou à l’émail ; les multiples Kelley Walker, en hommage, bricolé et iconique, à la coccinelle (la voiture) ; l’œuvre au noir de Glenn Ligon, à partir d’un texte imprimé de James Baldwin. J’en passe et peut-être des meilleurs (Josh Smith à la recherche de sa signature…). Quant au dessins, bon nombre de planches de Raymond Petitbon, se glissent parmi ses confrères, avec texte en prime ; 12 portraits à la pointe sèche de Thomas Schütte, sans masques, nous rappellent le pas si lointain bon vieux temps, où nous plaignions pour des vétilles, tout en souriant à la vie. La photographie est admirablent représentée par une grande scène, de genre et d’intérieur de Jeff Wall, lumineuse et encaissée, l’un des fleurons de la collection qui s’ouvre par ailleurs sur une installation estivale, et éclatée, de Wolgang Tillmans. Autres belles pièces : la pause clownesque de l’infatigable performeuse Cindy Sherman en petite fille joueuse et, dans, une perpective assez différente, les briques de Damian Ortega se reposant et recomposant autour de diverses maisons suburbaines. Enfin, on affaire aux sculptures et installations : un masque argenté d’Hugo Rondinone, une scatologie stylisée et grotesque de Mike Kelley, les volumes polysémiques en papier mâché de Franz West, une petite merveille de souplesse facétieuse dans les terres cuites peintes de Ken Price, deux coupes débordant de riz et d’esthétique relationnelle selon Rikrit Tiravanija, le roi des orang-outan consuméristes selon Isa Genzken, la stèle colorée, hybride et polémique de Rachel Harrisson… On ne peut tout citer mais il faut souligner l’œuvre lumineuse d’un maître du genre, le danois Olafur Eliasson, qui nous accueille sur le parvis tandis qu’un double film de Phil Collins, performant et musical, nous attend à la sortie. Une leçon de discernement, de saine passion et d’éclectisme bien senti que l’on attend à présent des collectionneurs français. Une plongée dans nos souvenirs communs, et dans ceux particuliers des nouveaux mécènes du milieu de l’art en général. On en redemande.

BTN

Jusqu’au 30 mai.

moco.art

Photo : © Ora Genzken

Tarik Kiswanson à Carré d’art à Nîmes

Sous réserve de réouverture prochaine.

C’est à une exposition sobre, prospective et fascinante que nous convie l’artiste suédois, d’origine orientale, Tarik Kiswanson, dans les sept pièces qui composent l’espace temporaire Carré d’art. Dès la première, trois formes phalliques, paternelles, constituent des vestibules censés nous faire passer de l’extérieur vers un intérieur plus intime. Il s’agit de sculptures en miroir d’acier, aux multiples lanières méticuleusement polies par l’artiste, tournoyantes et sonores, et pouvant contenir des corps humains, notamment ceux de jeunes gens, sollicités lors de performances. La sortie de l’enfance est pleine de promesses, une période cruciale dans l’existence de chacun. Elles sont gigantesques pourtant et donc protectrices, proposant une vision fragmentaire de la réalité. Le titre de l’expo, Mirrorbody, semble dès lors justifié. La deuxième salle est vouée à la vidéo sur lesquelles nous découvrons les préadolescents confrontés aux dangers et vicissitudes de l’éducation qu’il s’agisse de l’apprentissage de l’oralité, de l’écriture calligraphique ou de la situation corporelle toujours non exempte de dégringolade. Le sentiment d’impuissance est renforcé par le recours au ralenti. La formation ne va pas sans risques… La troisième pièce est sans doute la plus fournie : des tableaux et un miroir d’acier aux murs, des pavés de résine translucide au sol, recueillant pieusement des objets, couverts ou bougie se consumant, et aussi une goutte du sang de l’artiste. Les tableaux sollicitent la technologie moderne puisqu’il s’agit de scanners de vêtements traditionnels d’un côté, le corps n’est jamais loin, de l’opacité du vide de l’autre, la question se faisant symbolique et civilisationnelle si l’on considère que l’opacité s’oppose à la lumière. Dans un recoin discret du musée, surélévée pour la circonstance, une forme oblongue couchée et miroitante, comme un nid ou un cocon, et quelques étagères de métal qui conservent leur part de mystère. On passe sur l’autre aile du musée pour une série de petits dessins au fusain, des silhouettes d’enfants un peu fantomatiques et tentant d’ouvrir une improbable fenêtre qui se confond avec la vitre protectrice. Ces simples images suffisent à occuper l’espace pourtant volumétrique. L’enfant veut sortir de son cocon, ce qui donne rétroactivement sa signification aux deux énigmes précédentes. L’avant dernière salle reprend les vêtements scannés, sur des supports beaucoup plus allongés et gigantesques, confrontés à une vision du monde en planisphère émondé et une très belle robe murale qui semble griffée, toujours en acier poli, réfléchissant la réalité de façon fragmentée. Enfin trois formes oblongues que l’on identifie à des nids géants, l’un sur le mur, un autre dans une encoignure, un dernier au-dessus d’un passage d’une pièce à l’autre, terminent cette exposition. La volonté semble à la fois de lévitation, de sublimation et de renaissance à partit de cette forme de cocon, concoctée dans un assemblage de matières, plus lourdes qu’elles n’y semblent. Elles sont blanches comme une page vierge à remplir de la suite à venir et forment au fond trois points ovales de suspension. Au bout du compte, une exposition qui pousse à la méditation et qu’il faut prendre le temps d’apprécier. Le temps en est d’ailleurs l’une des composantes thématiques mais aussi, on l’auta compris, l’apprentissage, ainsi que le prouvent toutes ces allusions à l’enfance. Les difficiles rapports entre l’occident et l’orient n’y sont pas oubliés, de même que la relation, réelle ou métaphorique, de la lumière et de l’opacité, de la tradition et de la modernité. N’oublions pas que l’artiste est lui-même l’incarnation d’une double culture. Enfin, tout ceci passe par le dénominateur du corps, et de ses reflets, ainsi que le prouve l’omni présence des miroirs plus ou moins déformants.

BTN

Jusqu’au 30 mai.

carreartmusee.com

Photo : © The Window, 2020, poudre de fusain sur papier, 42 x 29,7 cm. Courtesy de l’artiste

« Possédé(e)s » à la Panacée à Montpellier

Sous réserve de réouverture prochaine.

De l’avis de tous les spécialistes, Possédé(e)s est la meilleure expo ayant eu lieu dans la région ce denier semestre. La scénographie en est soignée, les effets de lumière sont bien adaptés au sujet, il n’y manque même pas le son insistant des dizaines de radios récupérées par les britanniques Iain Forsyth et Jane Pollard pour nous plonger dans l’ambiance. Censée illustrer les rapports de l’art contemporain à l’ésotérisme, en particulier par le truchement du corps, cette exposition n’est décidément pas comme les autres : on y vend son âme contre des objets, c’est le sens de l’installation bureautique de Nicolas Aguirre et de ce néon en forme de pièce assurant le passage dans le monde des morts ; des tables et chaises en métal piquées d’épis de blé de Nils Alix-Tabeling ; des mains surgissant du mur pour nous offrir des bougies symboles de brève vie, de Kelly Akashi. Nous évoluons dans l’étrange face aux papillons géants et vampires en verre soufflé de Jean-Marie Appriou, ; aux peaux de vaches flottantes telles des robes rituelles d’une quelconque Médée, de Nandipha Mntambo ; dans l’écosystème génétique et volontairement embrumé, aux couleurs surnaturelles, de notre Chloé Viton qui n’en finit pas de nous étonner… Le corps semble en transes et comme déchaîné : c’est évident dans la vidéo bacchanale de Pierre Huyghe (acteurs enfermés dans un musée), dans le fabuleux film de Pauline Curnier-Jardin sur la sexualité des vieilles femmes claustrées, dans les suspensions et effondrements en poudre de kaolin, renvoyant aux naufrages négriers, de Dominique White. Le corps est d’ailleurs omniprésent, qu’il s’agisse de son fantôme dans les peintures de Sedric Chisom, des photos ambiguës et travesties de l’ancêtre Pierre Molinier ou dans les poses agressives de la brésilienne Laura Learth Moreira, les danses convulsives de Joachim Koester. Tous les supports sont sollicités la plus impressionnante, et sans doute aussi la plus mystérieuse étant sans doute cette bâtisse en plomb et argenterie de Jean-Philippe Janisset qui hante l’espace de la pièce la plus vaste. Côté peinture, on relèvera des tableaux très métaphysiques de Lewis Hammond, la réinterprétation du Printemps de Botticelli à la lumière de l’évolution des identités sexuelles, selon Apolonia Sokol, déclinaison de « div » selon l’afghan Mahdi Hamed Hassanzada, sur fond de répression sexuelle – car il n’était pas question de dissocier la sexualité de l’ésotérisme, la magie, le chamanisme et consorts. La sculpture est représentée par les bustes humains sans visages d’Anna Hulacova. La photo par les mains épinglées, poudrées, tatouées de Myriam Mihindou. Le dessin, par les tarots imaginés par Jérémy Richer, toujours aussi inventif. Raphael Barontini expose des sortes de pavois hybrides en mêlant les techniques et cultures, comme si un art en phagocytait un autre. Et c’est bien l’impression que nous laisse cette exposition pas comme les autres : d’avoir visité un autre monde, non régi par la les règles de la science et de la logique usuelles et normatives. Et qui sait si, après les échecs de ce dernier, le premier, réinterprété, ne refera pas surface… Cette expo en aura été la préfiguration.

BTN

Jusqu’au 30 mai.

moco.art

Photo : © Luara Learth Moreira

« Reverse universe » au CRAC à Sète

Sous réserve de réouverture prochaine.

Depuis quelques temps, au Crac de Sète, on s’est habitués à voir deux expositions pour le prix, gratuit, on ne le rappelle jamais assez, d’une. Assez contrastées au demeurant mais pouvant sans doute se rejoindre. Un britannique, un italien. Mme de Stael en eût extrait ces deux visions de la culture, romantique et latine sauf qu’ici la première, celle du britannique Than Hussein Clark (et de son ami le poète James Loop pour la dimension sonore, et sa petite musique de nuit façon cut-up) nous plonge dans le port marocain de Tanger, si prisé des poètes, artistes et de la communauté homosexuelle en général. Ainsi le parcours qu’il nous propose s’apparente à un voyage en résumé dont nous seraient rapportés les moments clés. L’arrivée aérienne de la milliardaire américaine Barbara Hutton sur le sol marocain, aujourd’hui rattrapée par la camarde, les décors intimes privilégiés par le couple Bergé/St Laurent, des tableaux de Delacroix réinterprétés à la lumière de motifs décoratifs de nature florale. Si l’installation initiale est spectaculaire, les 365 horloges, toutes plus exubérantes les unes que les autres, récupérées dans la ville, ne le sont pas moins, dont l’heure rappelle l’année de l’indépendance. Au fil des salles et couloirs on croise Renaud Camus, l’auteur de Buena Vista park et de Tricks, ou le film Casablanca, et surtout Jean Genet, dont plusieurs photos du compagnon de voyage sont prises devant la tombe, accompagnées de bidons de lait contenant des images de poètes. Than Hussen Clark a également fait tisser sur des tapis de lin des dessins caricaturaux de courses de coca, à portée revendicative, ou transformé très habilement un piano à queue en dromadaire, histoire de nous rappeler que, pour être également un port méditerranéen, Tanger est tout de même une ville exotique. Une douche est là pour nous rappeler qu’elle est indispensable dans ces pays chauds, et pas seulement en raison de la chaleur. Une salle présente des fenêtres aux verres bleus, comme la mer que l’on ne saurait oublier et qui rapproche Sète et Tanger.

Avec Luigi Stefanini, tout en demeurant dans Sète dont il s’est inspiré, on est davantage dans la peinture, le dessin et l’écriture même si cette dernière relève davantage de l’universel que du spécifiquement méditerranéen. L’artiste italien s’est en effet offert le luxe de créer son codex personnel, baptisé de son propre nom, seraphinianus, dont on pourra voir diverses pages dans l’une des immenses salles de l’ancien entrepôt. L’inventivité, le mélange des espèces, l’humour y règnent en maître, le contraste s’avérant frappant entre l’alignement sage des dessins en couleurs ou des planches et leur contenu le plus souvent déroutant. On peut d’ailleurs y déceler l’un des enjeux de cette production à savoir qu’elle parodie la science dite sérieuse pour lui substituer un savoir empirique et singulier, à l’instar de notre île, tout en imaginaire et en onirisme, tourné vers le Lointain intérieur que vers les vérités universelles. L’écriture est graphique et conserve pieusement ses secrets. On est davantage dans le mystère, parfois même dans l’ésotérisme tandis que chez Hans Hussein Clark se veut davantage ouvert sur le monde réel, orienté dans ses choix et propositions, puisant manifestement dans l’Histoire et une culture de la marge. Stéfanini s’exprime d’une part par le biais du tableau, lequel renvoie d’un côté à un surréalisme non figuratif dans l’idée de privilégier l’éternel état de métamorphose, des règnes ou des choses, de l’autre à une sorte de collage d’images inattendues, souvent inspirées de peintures anciennes. Toutefois ce sont surtout deux installations qui sollicitent l’imagination : l’une rendant hommage au thon (en l’occurrence scié en deux), poisson culte du bassin méditerranéen, auquel un Dali par ex a puissamment rendu jadis hommage, dans un environnement voulu énigmatique et rituel ; l’autre à une sorte de femme potagère et nue, aux jambes de carotte, géante, faisant office de sirène terrienne ou chtonienne puisque la référence à Perséphone semble pleinement assumée. Des objets hybrides, des écritures murales, des céramiques grotesques et rayonnantes, force signes complètent ces présentations hautes en couleur.

Deux approches donc, inspirées des ports de notre mer et de l’animation qui les caractérise : l’une tournée vers l’épaisseur de l’histoire réelle, l’autre vers les profondeurs du rêve et de la mythologie singulière, à l’instar d’une île, entre terre et mer.

BTN

Jusqu’au 5 septembre.

crac.laregion.fr

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Entretien | Le Cut-up populaire selon Pascal Comelade

par BTN

Nous avons, dans la région, un compositeur de classe internationale et certains l’ignorent encore. Depuis bientôt cinq décennies ce natif de Montpellier, redevenu catalan d’où sa famille s’origine, produit des vinyles et Cd inclassables, développant une musique instrumentale aux sons étranges, inédits, bruts, truffée de références culturelles en tous genres, avec une économie de moyens pour un maximum d’effets. Le dernier Cd, Le Cut-up populaire, contient 28 plages. La référence au cut-up, et à son utilisateur le plus connu, William Burroughs, dans les années 60 et 70 renvoie, selon Comelade au procédé du collage qui préside à la conception de l’album: « Quand tu as écouté, tu as l’impression qu’il y a des rappels, des renvois, à tous mes anciens procédés. On a affaire à un grand collage musical. Il y a dans cet album, contrairement aux précédents, une multiplicité, une projection d’informations et de styles différents». Le titre exprime aussi un plaisir d’esthète, à l’instar des précédents (Psicotic music-hall, Traffic d’abstraction etc.) : « Il s’agit toujours de tentatives pour définir ma pratique ». De fait, ce dernier album est, à l’écoute, extrêmement varié : on passe du festif au mélancolique, du tendre au burlesque, au facétieux, à l’iconoclaste joyeux ; on traverse 28 univers différents, sans que le compositeur ait voulu susciter a priori, en superposant des sons, tel ou tel sentiment chez l’auditeur.

Quant à l’élaboration du disque, l’unité de temps n’y a pas été la même que par le passé : « Contrairement aux albums antérieurs, qui ont été réalisés en quelques jours, cet album-là, montre en main, c’est quatre ans, de 2017 à janvier 2020. Il faut dire que, pour ce disque, j’ai sollicité énormément d’intervenants, surtout des batteurs et des guitaristes. Ils enregistrent leur piste chez eux et ils me l’envoient, par mail, comme pour du mail-art. En fait, c’est de la musique par correspondance. J’envoie une base. Ils enregistrent la partie souhaitée. Je complète. Je renvoie etc. Le disque est terminé quand j’ai récupéré tout le matériel et que je travaille dans un vrai studio professionnel. On a fait, pour ce disque-là un énorme travail sur le son ». Cela semble évident à l’écoute. Sur une base répétitive très simple, viennent petit à petit se superposer des lignes rythmiques et mélodiques, jusqu’à ce qu’une amorce de mélodie dominante vienne moins clôturer qu’ouvrir l’ensemble. Chaque morceau semble en expansion, dans un effet très Boléro (de Ravel). On part d’un cadre stable sur lequel vient se poser un dessin, une image, un air.

Un autre aspect essentiel chez Comelade, c’est la fidélité à la forme courte (A l’instar d’un Satie par ex). Quand il emprunte aux riffs de guitare qui ont marqué l’histoire du rock, il ne les développe pas. Il les répète et c’est bien là l’apport essentiel du compositeur à la musique tout court : son appropriation par la concision de la musique instrumentale et répétitive, découverte dans les années 70 : Philip Glass, Steve Reich mais aussi « celle de Terry Riley, de Charlemagne Palestine ou de La Monte Young , chez qui le dépouillement se voit poussé à l’extrême ». Aujourd’hui encore, et notamment dans ce disque, on peut dire que Comelade a effectué, en abrégé, « un habile mélange entre le musique répétitive et l’électricité ». Dès le début, c’est le son qui l’intéresse. Un son brut, pas. Comelade a surtout, dans sa jeunesse, écumé les magasins de vinyles 45 puis 33 tours. Il est d’une époque où l’on écoutait avant d’acheter, dans son cas dès onze ou douze ans, « chez le disquaire, le début du premier titre de l’album, supposé être le meilleur ». Ces expériences l’ont marqué à vie, en particulier dans son choix exclusif de la forme courte. Ce sont ces quelques mesures initiales qu’il répète obsessionnellement. Par ailleurs, son oreille musicale s’est affinée, toujours vers le milieu des années 70, période ouverte, riche, libre et décisive. Il adopte alors la forme minimaliste : « très peu d’informations sur une durée très brève ». Une forme brute qui échappe au Muzak, à la musique d’ambiance. Les riffs répétitifs de Comelade, ses « riffifis » sont tout le contraire de cette musique hygiénique, rassurante et pour ascenseur et supermarché.

Pour en revenir à cet album, il ne semble pas qu’un ordre défini sous-tende sa composition. Les titres se suivent sans logique particulière, sinon celle d’alterner les morceaux, lents et rapides, de sorte « que ne se retrouve pas le même son » sur deux titres qui se suivent. Pour le compositeur, à partir du moment où le premier a été choisi (En l’occurrence, Le grand néon à roulettes, assez énergique au demeurant), le second s’impose puis le troisième etc. Chacun des titres des morceaux est soigné. Il est une sorte de surcharge : « une surenchère de références : Coucher de soleil sur l’Adriatique par ex, renvoie à Borinali et à sa fameuse imposture grâce au concours de la queue d’un âne (Aliboron) vers 1910. Des rails en mou de veau fait référence à Raymond Roussel ; Les radis contiennent du radium à Gilbert-Lecomte, du Grand Jeu ; Dancing le mômo à Artaud etc. Il y a aussi Jarry et sa célèbre gidouille… J’ai toujours pratiqué ainsi. » Chaque titre est lui-même un collage : Roll over Fuzmanchu mêle Chuck Berry, la fameuse pédale à effet de saturation et l’un des personnages, inquiétants, majeurs, de l’histoire du cinéma, populaire justement. Comelade adore créer des néologismes qui désignent un climat sonore. Bref, ce disque, lui-même saturé de titres, est un bijou dont étincellent les 28 facettes, et qui permet d’aborder le continent Comelade, autant dire un nouveau monde, sonore et musical, ondoyant et divers, cultivé et populaire à la fois. Cela tombe bien Cut-up et Culture s’associent bien avec l’adjectif « populaires ». Cela forme, dans les deux cas, un très bel oxymore.

Une expo de Pascal Comelade

L’actualité est chargée en ce début d’année, pour Pascal Comelade, puisque cet artiste à la double casquette sera présent dans deux expositions : l’une en la nouvelle galerie d’Ille sur Têt, la Providence, chez Christine et Dimitri, l’autre au Musée des instruments et culture du monde, à Céret. La première, La musica invisible, est formée de tableaux figuratifs, plutôt discrets (taille moyenne) sur carton ou isorel, recourant à la technique mixte, et au collage en général. La composition met en exergue une icône de la culture populaire placée au premier plan : une vamp, un héros de BD, un personnage célèbre de la culture underground, un rocker, un freak… associée à des objets, environnement ou personnages secondaires, dont l’association produit du sens. Parfois, il s’agit d’un lieu plus intime (restaurant, discothèque) d’un village (Prats de Mollo) ou d’une parodie de l’histoire de l’art (La baigneuse de Courbet sur la plage de Collioure). Plus rarement, d’un groupe, enrichi de masques facétieux, a band, dont le musicien est si familier. La couleur est étendue par plage, de manière synthétique, un peu comme dans les techniques liées aux multiples (affiches, lithos, sérigraphies). Les personnages sont relativement identifiables pour qui du moins bénéficie d’un minimum de culture disons savante (Duchamp, Burroughs, Jarry…) ou cinématographique (Dean Martin, Eastwood, Jane Russell, Bardot) voire rock (Gene Vincent, Buddy Holly, Suicide et le groupe instrumental Les Fantômes) Bref Comelade fait flèche de tous bois en puisant dans ses références personnelles et en les associant de telle sorte que leur combinaison et insertion dans un contexte leur fasse raconter une histoire inédite, souvent liée au contexte catalan dans lequel il vit, ou tout simplement dans son univers intime, celui de ses pensées et de sa représentation du monde. Il y met beaucoup d’humour et d’esprit dadaïste, irrespectueux, en tout cas dans la dérision. Une constante est le recours au langage, aux mots dans la peinture, toujours présent pour orienter la signification, le plus souvent en relation avec des définitions de l’art ou de sa pratique. Là aussi les références abondent (Dada, Spinoza, les beatniks…). On peut même dire que la singularité de ce travail réside dans la tension que crée la dualité des images et du langage, les références iconiques et textuelles souvent sous forme d’aphorismes. Le musée reprend, à partir du 15 janvier, et jusqu’au 5 mars cette série de peintures mais y ajoute une centaine de portraits, sur une seule et même toile de tapisserie, des musiciens ayant accompagné le compositeur durant ses trente années de carrière. Le trait est davantage spontané, caricatural et il s’agit de travaux à l’encre, comme si l’orchestre était formé de héros d’un film ancien, en noir et blanc, aux personnages quelque peu en marge… Le tout relevant de la Musica inaudible. La peinture est affaire de silence et d’espacen la musique de son et de temps.

Oeuvre de Pascal Comelade

Jusqu’au 1er juin au musée de la musique à Céret. music-ceret.com

Photo : ©DR

Entretien | Marie Antunes, directrice de l’Atelline à Juvignac

« Il faut continuer à soutenir la création »

Installée à Juvignac, l’Atelline est un lieu d’activation art et espace public. Chaque année, il accueille de nombreuses compagnies qui jouent avec l’espace urbain pour leur création. Alors que la crise sanitaire a mis à l’arrêt le monde de la culture, rencontre avec Marie Antunes, directrice de l’Atelline, pour parler de ce lieu d’accueil pour les artistes et les projets de la structure.

Depuis combien de temps existe l’Atelline ?

L’Atelline existe depuis 14 ans et a été créé à l’initiative de la CIA (la Compagnie Internationale Alligators), une compagnie des arts de la rue. À cette époque, la CIA était installée à Villeneuve-lès-Maguelone. Rapidement, ils ont recruté quelqu’un à la direction pour diriger le projet d’accompagnement et de soutien à la création en espace public. Puis, poussé par la DRAC et la Région Languedoc-Roussillon, il y a eu une volonté de rendre les deux projets autonomes. L’association Atelline est donc née en 2014 et nous avons quitté Villeneuve-lès-Maguelone pour le quartier Croix d’Argent à Montpellier. De mon côté, j’ai pris la direction de l’Atelline en novembre 2017.Très vite, j’ai su qu’il fallait que l’on déménage et nous nous sommes installés à l’ancien hôtel des postes de Juvignac. Dans cet espace, on profite de 200 m2 et d’une rue privatisée, un espace formidable pour les arts de la rue. Au-dessus nous avons un autre espace qui correspond à l’ancien appartement de fonction du directeur. Juvignac est l’archétype de l’espace périurbain : c’est une commune pavillonnaire qui touche Montpellier et qui a eu un essor démographique très fort. Le paysage, le rapport entre les populations, les nouveaux quartiers : c’est un ensemble qui questionne le rapport des habitants à l’espace public. C’est aussi un joli pendant à l’activité et le coeur de projet de l’Atelline qui est de soutenir et d’accompagner la création artistique professionnelle des arts vivants dans l’espace public.

Quelles sont les différentes activités de l’Atelline ?

Il y en plusieurs ! Nos activités portent des noms différents : la Fabrique de la Création, la Fabrique des Paysages, et la Fabrique du Regard.

Qu’est-ce que la Fabrique de la Création ?

La Fabrique de la Création correspond au volet d’accueil en résidence. La création des arts vivants en espace public, c’est de la danse contemporaine, du théâtre dans sa forme plus classique, il y a aussi un attrait assez fort pour la déambulation, parfois des projets « indisciplinaires » ou circassiens. Nous avons aussi des balades chorégraphiques et sensibles.

Il y a souvent une méconnaissance de l’exigence et de la grande qualité des propositions professionnelles pour l’espace public. On a tendance à imaginer que c’est divertissant et en fait il y a une grande vitalité et une diversité. Lorsqu’on crée dans une boîte noire, on a tout l’environnement qui est là pour. À l’inverse, dans l’espace public on entre en dialogue avec ce qui est autour, et ça demande beaucoup de travail. Les créations ont la capacité de venir surprendre dans le quotidien. Il y a aussi une dimension politique et sociétale tout en étant dans une diversité des propositions. Il peut y avoir des formes très joyeuses et ludiques mais qui s’appuient sur un travail d’écriture au coeur des préoccupations actuelles, qu’elles soient politiques, environnementales ou sociologiques.

On ne peut pas parler de renouvellement des formes si on ne laisse pas aux artistes la liberté de chercher, de se tromper et de ne pas être directement dans une dynamique de production et de diffusion.

Comment accompagnez-vous les compagnies ?

Concrètement, la façon la plus attendue ce sont les accueils en résidence de production. Chaque année nous choisissons d’accompagner quelques compagnies dans leur projet pendant une semaine à quinze jours. Pour les résidences de recherches artistiques ça peut être plus long. Nous finançons les temps de résidence et nous hébergeons les artistes.

Depuis 14 ans, nous développons aussi une résidence collective d’accompagnement à l’écriture et à la dramaturgie, à La Chartreuse. Dans ce cadre, nous accompagnons trois auteurs ou autrices qui viennent avec un membre de l’équipe artistique, impliqué lui aussi dans le processus d’écriture. Pendant une semaine, ils rencontrent plusieurs professionnels (metteur en scène, dramaturge, sociologue) et le projet est questionné. Nous sommes là pour les aider à muscler les choix d’écriture et de dramaturgie. Ce dispositif a tellement de succès que nous avons créé trois jours à Juvignac construits sur le même principe. Enfin, il peut aussi nous arriver d’accueillir des laboratoires, des espaces de recherche. On ne peut pas parler de renouvellement des formes si on ne laisse pas aux artistes la liberté de chercher, de se tromper et de ne pas être directement dans une dynamique de production et de diffusion.

Pouvez-vous parler de la Fabrique du regard ?

Avec la Fabrique du Regard, nous sommes dans une démarche plus attendue. Il s’agit de la politique d’éducation artistique et culturelle, ce sont aussi les projets artistiques de territoires. Chaque année, nous participons aux projets soutenus par la politique de la ville. Nous avons été très présents dans le quartier Celleneuve. Nous allons bientôt démarrer un projet avec la compagnie Sous X qui va questionner l’adolescence. Ce sera une création participative pour laquelle nous allons implanter le travail de création dans le quartier de la Mosson. Dans ce même quartier, nous allons faire venir Camille Faucherre, l’un des directeurs artistiques de la compagnie La Générale d’Imaginaire. Il viendra travailler sur la question du genre dans l’espace public.

Peut-on en savoir plus sur la Fabrique des Paysages ?

La Fabrique des Paysages, c’est l’ensemble des projets que l’on peut initier ou auxquels nous sommes conviés. Ils viennent travailler le frottement entre création en espace public, création artistique et projet urbanistique ou participatif à l’échelle d’un quartier. Là encore nous essayons de croiser les compétences, les approches et de favoriser une démarche transversale. Nous souhaitons défendre le fait que faire entrer une démarche artistique et une approche sensible, c’est trouver une façon plus intelligente de travailler sur les espaces publics.

En septembre vous avez imaginé un temps de « Conversations » pour les professionnels en collaboration avec le Théâtre des 13 vents, de quoi s'agit-il ?

Pendant le confinement, je passais mes journées au téléphone avec les artistes à discuter, à imaginer des reports, à entendre leur solitude. Ce qui m’a frappé c’est l’isolement dans lequel on s’est tous retrouvé. Il y a eu de gros rendez-vous en vidéo où il y a eu ce besoin de parler de la situation. À partir de ça, nous avons créé des Conversations : une rencontre interprofessionnelle autour de la question de l’espace public. Nous avons réuni plusieurs professionnels : anthropologue, sociologue, architecte, dramaturge pour lancer des sujets et en discuter. Ce rendez-vous s’est déroulé sur trois jours au Théâtre des 13 vents.

Vous souhaitez lancer une diffusion plus large des spectacles que vous accueillez en résidence ?

Nous avons effectivement envie d’écrire des temps plus longs et de pouvoir programmer les spectacles que nous avons accompagné ou bien de programmer le spectacle d’une compagnie la même année où nous l’accueillons en résidence pour sa prochaine création. L’idée c’est d’ancrer une diffusion artistique à l’échelle de la métropole et de toucher un public plus large.

Comment continue votre travail pendant cette période d’arrêt ?

Jusqu’à présent, nous sommes surtout dans l’accueil et moins dans la diffusion. Nous avons réussi à reporter la majorité de nos accueils en résidence.Trois projets ont tout de même dû être reportés en 2021. Pour la partie diffusion artistique, nous avons choisi de ne rien programmer avant l’automne prochain. Nous n’avons pas assez de visibilité et c’est très dur de devoir annuler. Ce qu’il faut souligner c’est que, dans cette crise, l’espace public est l’un des premiers condamnés. On est donc empêché. Cette situation demande également d’être très présent pour les compagnies qui sont en souffrance. On devrait les laisser répéter, travailler. Le secteur culturel a toujours été inventif. On finit par tracer des voies à partir des contraintes. Il faut continuer à soutenir la création et se dire qu’il faut faire commun, trouver des solutions ensemble.

Recueilli par Eva Gosselin

latelline.org

Interview vidéo | Pascal Miralles comédien et fondateur de TRAC, école de comédiens à Montpellier

L'Art-vues a lu

par MCH

|| Livres d'artistes ||

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« Ecrits hérétiques » de Daniel Dezeuze aux Éditions Méridianes

Par BTN

Daniel Dezeuze, qui vit à Sète et enseigna aux Beaux Arts de Montpellier, demeure aux yeux du grand public et de l’histoire de l’art, l’un des piliers de la tendance Supports-Surfaces, celui qui s’est en particulier occupé du châssis sous toutes ses déclinaisons et avatars. En tant que tel, et au vu de l’idéologie dominante qui sévissait dans les années 70, il est apparu comme un matérialiste désireux de changer le monde.

Pourtant, pour reprendre la remarque de Rabelais, les seules apparences sont parfois trompeuses et « par telle légèreté il ne convient estimer les œuvres des hommes ». La publication par les Editions Méridianes de ses Ecrits hérétiques prouve que la dimension spirituelle joue un rôle essentiel dans sa production et la genèse de ses œuvres. Il s’agit de sept textes, en vers libres ou en courtes proses, puisant dans l’expérience singulière des gnostiques du début du premier millénaire ou plus tard dans les aspirations cathares. Ils sont associés à des dessins au pastel où des traits erratiques de couleurs primaires se révèlent sur un fond noir de nuit mystique. On ne peut s’empêcher, en lisant ces textes très riches en références (« L’avorton de Sophia… », « C’est une Eve céleste qui donna jour à Seth», « Les séraphins jouent de la dague. ») et qui ne lésinent pas sur les métaphores filées (« L’oiseau qui se veut pur esprit est retenu par la glue du Monde » ; « Accoucher d’une œuvre/c’est avoir oublié/les bases élémentaires/de la contraception » ; « Nous signerons à l’ordre du Sauveur des chèques en bois, en bois de croix, jusqu’à la fin de Temps ») de penser à la parole prophétique d’un Rimbaud, fournie en fulgurances, mystérieuse et incarnée.

L’incarnation : tel est le mot qui hante cette poésie habitée par les cristallisations de la marche en avant mystique et qui cherche à dégager la lumière de la gangue corporelle, symbole de la prison en laquelle chaque homme est jeté. Daniel Dezeuze, par la parole poétique qui est aussi cheminement (un texte s’intitule : « Dires d’un bonhomme sur le chemin de l’exil ») épouse les causes de ces êtres qui se voulaient parfaits et en quête de connaissance acquise plutôt que de foi révélée. C’est très sensible dans les nombreuses « mysticades » qui terminent souverainement le recueil. Face à ces écrits arrachés à la lecture des grands classiques du genre, les dessins résonnent comme les vibrations de l’infinitude. Sur le plan obscur de la feuille, des formes lumineuses se profilent, jamais tout à fait achevées, relevant de plusieurs règnes et attribuant un aspect cosmogonique à la démarche. Car c’est la question de la Création qui est en dernière instance posée : celle du monde, des forces antagoniques qui le déchirent, des êtres hiérarchisés qui le peuplent mais aussi la création artistique, équivalent et métaphore de l’autre, censée dégager « le noyau/ hors de la pulpe amère » et le briser « pour y saisir/ l’amande de l’éternel Instant. » Ainsi la poésie relève d’une mystique originelle là où certains poètes de haut-vol n’en sont que les charognards.

Daniel Dezeuze s’applique avec sérieux à jouer les Prométhée voleurs de feu, avec une grâce que ne sauraient soupçonner ceux qui en restent à la contemplation concrète de ses œuvres. Il y ajoute également un certain recul ironique, un certain humour qui ne sauraient l’assimiler à un illuminé nouvellement converti – plutôt à un explorateur fasciné par les nouvelles illuminations proposées par cette pensée gnostique qui n’en finit pas de surprendre de ses paradoxes et émerveiller de ses révélations. Dans « La disquette de Tuchan », près du château cathare d’Aguilar, Daniel Dezeuze confie ses « Poèmes sur disque dur » et jongle avec les mots dont nous sommes prisonniers : « Si l’âme contenue ne batifole pas dans l’immondain, il sera loisible pour elle, décrottée, proprette, de prendre le gai chemin du non-retour. » On est rarement allé aussi loin dans une poétique de l’absence à même de pousser le langage dans ses derniers retranchements car on a besoin du langage pour sortir du langage… Et de recul pour ne pas devenir fou. Dans les « Mysticades », aux propos poético-gnostiques du haut s’oppose un retour au réel, à la nature, à l’environnement familier du bas, rouge comme la chair. L’esprit et la matière sont ainsi mis sur le même plan de la page : « L’esprit est-il pure cristallisation de la matière ? ». Tant de questions se posent… Dezeuze a trouvé l’art de les poser.

Il faut souligner le remarquable travail de mise en page de Pierre Manuel dans sa confrontation de la page blanche, mettant en exergue les avancées du texte, et de la page noire porteuse de dessins erratiques et spectraux, accouplés sans coïncidence chronologique. Le tout dans un format qui fournit aux deux techniques une ampleur et une envergure leur assurant une plénitude postulée. Textes et dessins s’éclairent mutuellement. Ce n’est pas seulement l’œuvre de Dezeuze qui s’en trouve renouvelée. C’est la Création tout court, faite de matière et d’esprit.

On trouve cet ouvrage, de 120 pages illustrées, dans toutes les bonnes librairies ou en le commandant aux Eds Méridianes, 6, rue Salle Lévêque à Montpellier (editionsmeridianes@gmail.com 0612145961), notamment pour les ex de tête.

Le recueil « Peintre tes poèmes » de Jacques Clauzel

Par BTN

Le gardois de Gallargues Jacques Clauzel n’est pas uniquement peintre, il n’est pas seulement ce photographe que nous avons célébré dernièrement (DE L’OMBRE LA LUMIÈRE), il est également poète, du moins pratique-t-il l’écriture poétique, humblement, sans tambour ni trompette, avec la discrétion minimaliste qu’on lui reconnaît par ailleurs. Ainsi, vient-il de faire paraître aux éditions Àtravers, un recueil intitulé PEINTRE TES POÈMES.

L’originalité de cet ouvrage c’est en effet qu’il envisage ces strophes en vers libres, parfois limitée à des distiques ou à de simples aphorismes, en peintre : « Le poète entre les mots aimantés/le peintre, entre les couleurs,/se fient aux espacements/pour laisser affleurer/ce qu’ils ne connaissent pas. ». Il s’agit de sensations saisies sur le vif, assez brèves, quelques lignes, toujours moins d’une page, relatives à l’environnement familier de l’artiste, ce qu’il peut percevoir en levant les yeux, en marchant sur l’herbe ou en observant la nature, les petits animaux, parfois sur le point d’entrer en action (la pie guettant la musaraigne, le petit oiseau repérant l’épervier, la mouette traquant le poisson).

La mémoire affective est également sollicitée car l’espace intime s’intériorise. Elle sollicite la mémoire, l’enfance (« boisseaux de souvenirs,/depuis l’enfance à l’odeur de la terre liée ») et souvent même l’immémorial (« Ce chemin pendant des siècles/Des hommes y sont passés »). Jacques Clauzel aime les choses simples (nuages, volets clos, reflets sur l’asphalte, arbres bien sûr, « une goutte d’eau/relique de la nuit »…), celles que l’on ne prend plus le temps de regarder (« Tu aimes ce qui ne se voit pas. ») alors qu’elles occupaient notre temps quand nous étions enfants, pas plus heureux peut-être mais innocents : « Tu retournais les pierres/pour ramasser les gammares ». La sensation, dans sa rareté même, conduit au temps retrouvé que l’écriture grave sur la feuille comme sur le marbre d’un tombeau. L’éphémère est sauvé de l’oubli.

Clauzel est sensible aux odeurs, aux ombres et lumières bien sûr, aux petits bruits qui traversent le silence : À la nuit surtout car elle est, pour l’homme sensible, synonyme d’insomnie sans doute un peu d’angoisse ancestrale et qu’il ne faut rien moins que la nature entière, dans ses moments de grâce, pour apaiser l’esprit tourmenté. Au fur que nous pénétrons l’intimité du peintre-poète, nous découvrons ses hantises, celle du temps qui nous est compté (« De la pierre au sable, le compte du temps. »), celle des projets que nous n’avons pu réaliser, de la roue de la vie qui n’a pas tourné dans le bon sens, de la mort qui mettra un terme à l’activité et qui d’ailleurs se réserve le mot de la fin : « Etre mort n’est rien, mais mourir ! ». Le divorce de plus en plus prononcé entre l’étincelle toujours vive de l’esprit inventif ou actif et les possibilités limitées du corps qui vieillit. La crainte qu’à chaque nuit succède l’aube d’un dernier jour. Le vocabulaire est simple et précis, prenant l’allure d’une confidence, soulignant la présence des choses. Au fil des pages, un dédoublement apparaît (« Tu participais de la nature »). La poésie est miroir mais qui se limite à l’essentiel, loin de la rumeur publique. Des questions se posent (« Tes cris sont douleur./Qui les entend ? »). Une confraternité se dévoile (« Seraient-ils mes frères/ceux-là qui ne dorment pas/quand le sommeil me fuit ? »). Toutefois, l’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même (« Qui peut t’aider, sinon l’autre toi-même ? »).

De temps à autre, un dessin vient nous rappeler que la parole poétique est en l’occurrence portée par un peintre. On y retrouve la sobriété, la simplicité du poète Jacques Clauzel qui n’est jamais aussi à l’aise que quand il quitte une ligne pour en attaquer une autre, sauf qu’ici aux lignes se sont substitués des vers. Il faut rappeler que l’artiste a collaboré avec bon nombre de poètes et pas des moindres. Il ne découvre donc pas la poésie. Il montre à quel point elle était profondément ancrée dans sa volonté de créer et non pur opportunisme. Et ma foi elle gagne à être (re)connue…

Peintre, tes poèmes ; Eds Àtravers, Gallargues le Montueux : jacquesclauzel@orange.fr

« Les arbres sont aussi du silence », la collaboration du peintre Raphael Ségura et du poète James Sacré

Par BTN

Derrière ce titre assertif se révèle la collaboration d’un peintre montpelliérain, Raphael Ségura et d’un poète, James Sacré. Le premier s’est occupé des arbres, à l’encre de Chine, le second a réussi à les faire s’exprimer avec cette capacité qu’a la parole poétique de s’accommoder du silence, en ce monde plein de bruit.

Les dessins de Segura sont, à ce propos, entourés d’absence. Il ne livre pas l’intégralité de l’arbre, plutôt son ossature, le tronc principalement, l’élancement des branches porteuses, parfois la souche. Aucune feuille, ni ramure. Des torsions en revanche et des tensions. Nul environnement figural sinon les traces du papier, exotique, qui se fait jour dans les exemplaires originaux. Du papier malgache, le peintre a longtemps vécu à la Réunion. La partie dévoilée n’en découvre que mieux sa présence. D’autant que le modelé recourt aux traits gras, aux lignes cursives, à la répétition, laquelle fait si bien penser à l’écriture. Une écriture abstraite, graphique. Par ailleurs, le format est quasi carré, facilement manipulable, les pages ont supplanté les feuilles.

James Sacré, quant à lui, a développé sa pensée en cinq chants. Partant des arbres qui ont marqué sa vie, de ses voyages, de ses demeures et souvenirs, on le voit se plonger dans une méditation discontinue qui semble comme en quête de la plus la juste formule : « Le poème, un dessin sont-ils pas toujours/Le bruit du vivant dans ce qui semble mort ? » ; « Ecrire et dessiner : quelle musique/Pour rédimer le monde ? » ou encore : « Quel feu continue/De s’entretenir en brûlant des mots ? ». Segura a bien saisi le caractère aphoristique de certains vers libres, fulgurants, du poète. Aussi en a-t-il isolé quelques-uns qui ne demandaient qu’à se voir illustrés. Ainsi après chaque chant, quatre d’entre eux sont-ils repris en exergue. J’en cite deux au hasard : « Tourmentés jusqu’à montrer nus/Leur branchage et tronc torturés » en vis-à-vis d’un dessin qui donne vivement cette impression dramatique. Ou devant une souche : « Sous l’écorce du dessin. Le poème ».

On a donc un double mouvement dans ce recueil : celui qui incite le poète à arracher des mots aux dessins du peintre, dépouillés, il faut le répéter. Celui du peintre qui arrache au poème ses aphorismes les plus remarquables pour les confronter à une nouvelle illustration. Le lecteur découvrira alors certains aspects du texte deux fois : l’une dans son contexte originel, à savoir le cheminement poétique ; l’autre isolée et prenant ainsi une valeur d’autant plus générale. Cela étoffe le recueil et dédouble la lecture. Ainsi, ne se révèle que mieux, en dernière instance, la pertinence du travail de Ségura : c’est en ne conservant de l’arbre que son squelette qu’est mise en évidence sa forme essentielle, sa quintessence. Le dessin et le poème se rejoignent. Ils font fi du superflu et vont directement à l’essentiel. Dans un monde où l’on parle beaucoup, et le plus souvent pour ne rien dire, il est devenu urgent de rétablir un art du concis et de la précision, qui remette les choses à leur place (De même dans un environnement bétonné, l’arbre crie sa souffrance et revendique sa place). Au bruit s’oppose le silence, que sont aussi les arbres, si l’on sait les regarder, les entendre car le silence aussi bruit. De poésie si l’on sait l’écouter. Et James Sacré possède cet art-là.

James Sacré et Raphael Ségura, Les arbres sont aussi du silence, Eds Voix d’encre, 06 88 31 27 51 ou srajac@gmail.com

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