Présidentielle "Moi électrice, Monique aide à domicile."

Monique Clémenceau est aide ménagère à domicile pour l’ADMR dans une banlieue d’Angers. Une vie au plus près des petites et grandes misères de ceux qui ne sortent presque plus de chez eux.

Dans la rue, Monique évoque la richesse de son métier, mais aussi l’inéluctable dégradation liée au vieillissement, la crainte de découvrir la personne tombée par terre, les portes que l’on ferme à clé le soir en partant, laissant derrière un homme ou une femme alité.

« On nous attend chaque jour pour rendre un service technique, mais aussi pour un contact, pour bavarder un peu. Et avec moi c’est facile ! Pour beaucoup de personnes, nous sommes la seule visite de la journée. »

Monique vient de biper son téléphone pro sur le code barre du livret qui reste sur place. La course contre la montre commence. Elle a trente minutes pour faire chauffer un peu de lait pour le petit-déjeuner et disposer une viennoiserie industrielle sur une assiette, un peu de ménage, la vaisselle, retaper le lit…

Elle file vers la prochaine maison beaucoup plus cossue. Toile de Jouy sur les murs de l’entrée et vaste séjour en L. La septuagénaire maîtresse des lieux est complètement autonome. Mais un mal de dos têtu l’empêche de faire le ménage. Et « L’aspirateur me casse les oreilles ! » assène-t-elle. Tant pis pour Monique qui s’empare du balai.

« Une question au futur président de la République ? Je lui demanderais des budgets pour des prises en charge adaptées. De plus en plus de gens vont rester chez eux. Il faut pouvoir continuer à les accompagner. Il y a des personnes qui ont des tout petits revenus chez qui on fait des interventions a minima. Il y aurait besoin de beaucoup plus. Comme nos salaires à nous sont déjà tout petits… »

L’heure du déjeuner approche. Là voilà dans une maison type castor, un brin désuète. La dame est immobile et muette dans son fauteuil du matin au soir, devant la télé. Un couple de mandarins pépie dans la cage posée près de l’évier. Monique réchauffe le plat préparé, acheté par les enfants. Cuillère après cuillère, elle veille à ce qu’aucune fausse route ne vienne perturber ce déjeuner qui ressemble à tant d’autres. Elle refait le lit médicalisé qui encombre le petit séjour.

« Je n’aime pas qu’on nous prenne pour des femmes de ménage. Le ménage c’est un élément du puzzle. Mais on fait tellement d’autres choses. Il faut s’investir tout en gardant ses distances. Les personnes aidées ne doivent pas nous prendre pour leurs enfants ou leurs petits-enfants. »

Un appel sur son portable. Le coordinateur du service, Arnaud, lui demande un dépannage. Une autre aide ménagère a un empêchement. Monique accepte de rajouter encore une intervention à sa journée. Elle ne finira pas avant 19 h 45. Toujours à l’écoute des personnes qui attendent sa visite.

Created By
Thomas BREGARDIS
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Credits:

Thomas Brégardis

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