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- Époques Moderne et Contemporaine - L'Occitanie, histoire & patrimoine

Occitanie moderne et contemporaine : la quête du savoir et le développement des villes

A partir de la période Moderne, on découvre de nouveaux continents, de nouvelles cultures, mais aussi des textes du passé antique qui aboutissent à un développement du commerce, un enrichissement des cités et une volonté de développer les savoirs dans les domaines des sciences et des arts. Plusieurs villes de la région ont profité de cet essor culturel pour s’émanciper comme Toulouse qui s’enrichit avec le commerce du pastel et développe son architecture à travers la construction d’hôtels particuliers, Montpellier se spécialise dans l'étude de la médecine en créant la première université de la discipline (qui fête ses 800 ans cette année), ou encore Pézenas qui reste encore aujourd'hui marquée par le passage de l'un des plus grands hommes de lettres que notre pays ait connu : Molière.

Au sommaire :

  1. Toulouse à la Renaissance : les richesses du pastel
  2. Un certain Guilhem
  3. Montpellier : les 800 ans de la Faculté de Médecine
  4. Le rôle de la communauté juive montpelliéraine
  5. Pézenas : de centre politique à capitale du théâtre
  6. Lourdes : sanctuaire religieux mondialement connu
  7. La révolte viticole de 1907
  8. La Région Occitanie, terre d'artistes. Entretien avec Claude Viallat
  9. Occitanie et Histoire : 40 Grands Sites d'Occitanie

1. Toulouse à la Renaissance : l'or bleu du pastel

Capitale des Wisigoths, épicentre de la croisade contre cathares : les premiers siècles traversés par Toulouse ont été tumultueux. C'est finalement à la Renaissance que la ville connaît son apogée grâce à au commerce d'une plante : le pastel.

C’est environ au IIe siècle avant Jésus-Christ que l’on peut situer la naissance de Tolosa, future Toulouse, en même temps que d’autres villes importantes de l’Antiquité telles que Narbonne et Nîmes. Au début du Ve siècle, la cité est choisie par les Wisigoths comme capitale de leur royaume, sud-ouest de la Gaule. Mais, l’histoire de la ville commence véritablement à partir du IXe siècle, elle se développe alors grâce aux comtes de Toulouse. Entre le XIe et le XIIe siècles, Toulouse prospère et connaît un développement important. La classe des commerçants s’impose de plus en plus et forme un groupe que l’on appelle les capitouls. Ils dirigent la ville avec les comptes et deviennent plus puissants que l’Eglise.

À la fin des croisades contre les Albigeois, en 1271, le Languedoc est rattaché à la couronne de France qui en fait un territoire unifié. Toulouse garde sa liberté municipale, la ville sera alors dirigée par les capitouls jusqu’à la Révolution. Pour reconquérir la foi des Toulousains, l’Eglise construit de nombreux lieux de culte. Les bourgeois s’enrichissent, mais la prospérité est assombrie par plusieurs épidémies de peste et la Guerre de 100 ans.

Le siècle d’or du pastel

En 1444, Toulouse devient capitale provinciale et le Parlement s’y installe. En 1463, un incendie ravage 7000 maisons, un événement brutal qui ouvre pourtant une période faste, un véritable âge d’or pour la ville. Jusqu’aux environs de 1560, Toulouse va considérablement s’enrichir grâce au commerce du pastel.

Le pastel est une plante des terres du Lauragais qui, après traitement permettait d’obtenir une belle teinture bleue. Les feuilles de pastel étaient broyées puis mises en boules, qu’on appelait des « coques ». Celles-ci, après une période de fermentation, étaient broyées et donnaient alors la couleur bleue.

Un procédé à l’origine de nombreuses richesses pour les commerçants de la ville qui se sont tour à tour lancés dans la construction de nombreux hôtels particuliers, rivalisant les uns avec les autres pour paraître le plus riche et le plus somptueux. Placés dans des rues stratégiques de Toulouse, on peut encore aujourd’hui admirer leurs façades, et parfois même entrer dans leurs cours.

Hôtel d'Assézat

Situé à deux pas de la place Esquirol, il est construit entre 1555 et 1557 sur les plans de l’architecte toulousain Nicolas Bachelier, le plus réputé de la Renaissance. Son propriétaire est Pierre d’Assézat, riche marchand qui fit fortune grâce au pastel. Si la cour est réalisée en briques rouges, le décor est façonné dans la pierre, créant ainsi un effet esthétique. Sur deux côtés, le bâtiment comporte trois niveaux, référence aux trois ordres classiques (ordre dorique, ionique et corinthien). Autre particularité du bâtiment, son imposante tour, élevée assez haute pour être visible de loin.

Dans les années 1990, de grands travaux de rénovation furent entrepris afin d’accueillir la Fondation Bemberg. Il abrite aujourd’hui le musée de la Fondation Bemberg qui y expose des peintures allant du XVe au XXe siècle. Le bâtiment est classé au Monuments historiques depuis 1914.

Le musée de la Fondation Bemberg présente de nombreux tableaux.

1, place d’Assézat

Hôtel de Bernuy

Édifié entre 1503 et 1536 à l’initiative de Jean de Bernuy, parmi les plus riches Toulousains de l’époque, l’hôtel est considéré comme l’introduction de la Renaissance dans la ville. Jean de Bernuy, d’origine espagnole s’installe à Toulouse en 1499 et ses affaires fleurissent rapidement, la construction de son hôtel symbolise alors sa réussite. Elément le plus remarquable : la galerie haute, supportée par la grande voûte surbaissée, percée de fenêtres. C’est dans cet ensemble architectural que Toulouse découvrira pour la première fois les colonnes corinthiennes.

En 1566, les Jésuites s’installent dans l’hôtel et en font un établissement d’enseignement. Fonction toujours actuelle du bâtiment qui abrite aujourd’hui, en partie, un collège.

1, rue Gambetta

Hôtel Boysson-Cheverry

Basque installé à Toulouse Jean Cheverry fait lui aussi partie des marchands qui ont fait fortune grâce au pastel. Une ascension sociale concrétisée dans cet hôtel particulier, dont il a conservé la tour-logis. Particularité remarquable du bâtiment, les fenêtres richement sculptées dans la pierre.

Détail d'une des fenêtres sculptées de la façade

Aujourd’hui l’hôtel abrite la Maison de l’Occitanie.

11, rue Malcousinat

Hôtel d’Arnaud de Brucelles

Souvent oublié, l’Hôtel de Brucelles mérite pourtant que l’on cite son nom. Édifié en 1544, au coeur du quartier marchand, par le drapier Arnaud de Brucelles, l’édifice joue avec la hauteur. Ne bénéficiant pas d’une grande superficie pour la construction Brucelles privilégia une très haute tour d’escalier polygonale et une tourelle en brique, toutes deux agrémentées de sculptures en pierre.

19, rue des changes

Hôtel d’Astorg et Saint-Germain

Construit à la fin du XVIe siècle sur l’un des axes toulousains les plus importants de la Renaissance, l’hôtel d’Astorg et Saint-Germain possède un élément remarquable. L’édifice a conservé deux escaliers extérieurs en bois, véritables chefs-d’oeuvre. Ils sont richement décorés de moulures et de volutes, un exemple rare puisque peu d’escaliers en bois, pourtant courant à cette époque, nous sont parvenus.

16, rue des changes

Hôtel de Pierre

Hôtel de Bagis, puis de Clary, ou encore l’Hôtel de Pierre, autant de noms qui laissent transparaître la longue histoire de ce bâtiment connu pour son impressionnante façade. C’est Jean de Bagis qui lance les premiers travaux entre 1538 et 1545 et les confie à Nicolas Bachelier. Cour carrée, symétrie des façades sont autant d’idéaux classiques de l’architecture courants à cette époque. Au XVIIe siècle, le nouveau propriétaire, François de Clary, décide d’incruster du marbre sur deux façades de la cour. Une façade unique à la Renaissance qui ne sera achevée qu’en 1857. Un décor exceptionnel qui explique le surnom d’Hôtel de pierre qu’on attribue au bâtiment.

25 rue de la Dalbade

Hôtel de Felzins

Membre du Parlement et puissant Toulousain, Gaspard Molinier avait lui aussi à coeur de montrer son pouvoir à travers son hôtel. Révélateur d’une évolution du goût et de l’architecture au milieu du XVIe siècle, l’édifice se remarque surtout à son imposant portail. Orné, sur sa partie supérieure, d’un monumental décor dans le style maniériste, l’entrée comporte de nombreuses sculptures d’êtres monstrueux et d’insertions de marbre. On y observe aussi de nombreuses figures sculptées, un bestiaire fantastique ainsi que des jeux de polychromies et de reliefs.

22, rue de la Dalbade

2. Un certain Guilhem

À la fin du VIIIe, un certain Guilhem, petit-fils de Charles Martel et cousin germain de Charlemagne, reconquiert les territoires musulmans du Rhône jusqu’à Barcelone. Nommé premier Comte de Toulouse, il se retire bientôt dans l’abbaye de Gellone qu’il a fondée, aujourd’hui Saint-Guilhem-le-Désert. La légende s’empare de lui sous le nom de Guillaume d’Orange.

Sous l’impulsion de Raymond IV de Saint-Gilles, le Comté de Toulouse retrouve la configuration de la Narbonnaise, entre Garonne et Rhône. La Croisade contre les Albigeois, dirigée d’abord contre l’hérésie cathare, puis contre le Comte de Toulouse qui l’a soutenue, aboutira finalement à l’annexion des terres de Toulouse au royaume de France, à la fin du XIIIe siècle.

Paradoxalement, c’est le rattachement à la couronne de l’ancien comté de Toulouse qui donne au Languedoc une vraie quoique relative autonomie. Les nouveaux États du Languedoc qui ont la responsabilité de lever l’impôt, siègent à Toulouse et à Montpellier où ils se fixent en 1736. Leur domaine s’inscrit désormais, du XVe au XVIIIe siècle, dans le ressort plus étendu du Parlement de Toulouse, le deuxième du royaume à pouvoir rendre la justice au nom du roi.

Le creusement du canal du Midi imaginé par Pierre-Paul Riquet, et mené en à peine 15 ans, confirme la complémentarité du Haut et du Bas Languedoc. À la Révolution, la volonté d’effacer tout souvenir des anciennes provinces aboutit au découpage départemental. Au milieu du XIXe siècle, la redécouverte de la lyrique des Troubadours dans toute l’Europe soulève un ample mouvement littéraire autour de Frédéric Mistral. Bientôt, à Montpellier, Toulouse et Montauban, des intellectuels et des écrivains, au contact des Catalans, font basculer la langue d’oc dans la modernité.

📌 Pour visiter l'Abbaye de Gellone : saintguilhem-valleeherault.fr

3. Montpellier : les 800 ans de la Faculté de Médecine

La Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes offre à ses étudiants un large choix d’études et de formation médicales et paramédicales allant de la médecine à l’orthoptie, en passant par l’orthophonie ou la maïeutique. Les études se poursuivent à Montpellier ou à Nîmes, sur des campus entièrement équipés et pensés pour les étudiants, alliant traditions et modernité, au sein de la plus ancienne Faculté en activité du monde.

S’apprêtant à fêter son 8e centenaire, la Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes est ainsi la plus ancienne faculté encore en exercice au monde. L’enseignement médical à Montpellier est né de la pratique, en dehors de tout cadre institutionnel, au début du XIIe siècle. Après avoir vu passer les plus grands, parmi lesquels Rabelais, Lapeyronie, Jeanbrau ou encore Loubatières ; la Faculté perpétue aujourd’hui encore sa mission de formation des professionnels de santé de demain, en restant à la pointe des dernières technologies médicales.

Montpellier semble n’avoir vu le jour qu’au Moyen-Âge, au milieu du Xe siècle. La ville s’épanouit vraiment avec les Guilhem, Seigneurs de Montpellier, qui veillent sur elle jusqu’en 1204. Son passage sous l’autorité des rois d’Aragon puis de Majorque est suivi de l’octroi d’une charte permettant aux bourgeois d’administrer leur commune. Le mariage de Marie de Montpellier avec Pierre II, roi d’Aragon, met en effet le destin de la ville dans de nouvelles mains. Le maître du moment souffre d’un constant besoin d’argent. Les bourgeois de la ville voient là l’occasion d’acheter leur franchise, et le versement d’importantes sommes est la contrepartie naturelle à l’octroi d’une charte destinée à assurer une forme d’autonomie à la cité.

Si le roi d’Aragon conserve sa suprême autorité dans le domaine judiciaire notamment, il laisse échapper de ses mains l’administration de la ville. La cession définitive de Montpellier à la France en 1350 – bien qu’émaillée de troubles qui écartent provisoirement nombre de ses privilèges – laisse intacte ses antiques concessions. Montpellier demeure une commune libre.

Ouverture au monde et commerce florissant

Les Consuls, élus des différentes corporations et représentants réels des intérêts profonds de la cité, comprennent rapidement que l’avenir de la ville se trouve à l’extérieur de ses murs, dans une ouverture sur le monde. Proche de la mer, séparée seulement par une paire de kilomètres de l’avant-port de Lattes, Montpellier se dote rapidement d’une flotte appropriée, qui bientôt sillonnera toute la Méditerranée.

La sagesse de ses Consuls la pousse à conclure des traités de paix et d’alliances réciproques avec les grandes villes portuaires d’Italie, telles Gênes ou Pise. En outre, au-delà de cette stratégie ambitieuse, la cité bénéficie d’excellentes relations avec le Saint-Siège, les papes s’étant déjà, au cours des siècles, rendus voire même réfugiés à Montpellier. L’accession au Pontificat d’un de ses anciens étudiants, Urbain V, fait de la ville une des rares cités disposant du privilège de commercer avec les infidèles pour la quasi-totalité des produits dont l’Occident se trouvait de plus en plus friand.

Au Moyen Âge, Montpellier est une cité qui s'enrichit grâce au commerce

La diplomatie montpelliéraine fait de la cité une ville au commerce florissant, bientôt moteur de son épanouissement. L’entrée de Marseille dans la couronne de France en 1481 était cependant de nature à mettre un brutal coup d’arrêt à la prospérité de Montpellier. Elle ne pouvait raisonnablement prétendre rivaliser avec la cité phocéenne, car ni Lattes désormais ensablée, ni le port d’Aigues-Mortes ne lui offraient l’ouverture nécessaire à la poursuite de son activité. La ville, malgré cette situation de concurrence, sut grandir davantage. Elle avait au cours des âges établi de manière indiscutable sa position de capitale, tant au point de vue administratif, religieux, que judiciaire et encore plus sur le plan Universitaire. Forte de ses atouts majeurs, Montpellier allait les conserver et les faire prospérer de manière presque ininterrompue jusqu’à l’époque moderne.

Au service du beau et du vrai

L’essor et le rayonnement international vinrent avec son Université, laquelle constituait un vivier dont la jeunesse et la vitalité étaient intrinsèquement liées à ses pôles de science. Fait rarissime, deux universités présentes dans cette ville en font l’héritière d’une grande tradition dans la transmission du savoir. L’enseignement médical à Montpellier est né de la pratique, en dehors de tout cadre institutionnel, au début du XIIe siècle. Ancêtre des médecins, un certain André apparaît à Montpellier en 1122. L’exercice de la médecine en fit un personnage puissant et un propriétaire foncier considérable. Mais ce n’est qu’à partir de 1170 qu’un premier noyau de médecins-praticiens-enseignants forme l’embryon de la future Université médicale.

Trente ans plus tard, Alexandre Neckam placera Montpellier et Salerne sur un même pied d’égalité. En 1181, un édit de Guilhem VIII proclame la liberté d’enseignement de la Médecine à Montpellier. Dès 1220, l’enseignement de la médecine sort de sa préhistoire, le Cardinal Légat Conrad d’Urach concédant à l’Universitas medicorum ses premiers statuts. Un cadre institutionnel se développe alors autour de l’enseignement médical en moins d’un siècle. Le 26 Octobre 1289, le pape Nicolas IV adresse, depuis Rome, la constitution apostolique « Quia Sapientia » à tous les docteurs et étudiants de la ville de Montpellier.

Ce texte comporte un préambule dans lequel la Sagesse est entendue dans son sens médiéval, proche de celui des philosophes : un savoir ordonné à des fins spirituelles, « au service du beau et du vrai ». Étape nécessaire sur le chemin des perfections humaines, elle constitue, sur le plan personnel et pour l’intérêt général, une fin vers laquelle une multitude doit tendre, « illuminant le cœur des hommes et le façonnant à la vertu ».

La proximité de la Cour pontificale

La présence de ces praticiens, au cœur d’un système international de relations, d’influence et d’échange avec la quasi-totalité du monde connu est un vecteur de diffusion de la médecine et de l’ensemble des disciplines enseignées dans la cité. Des échanges fructueux entre les enseignants montpelliérains et les autres chercheurs de la chrétienté sont, pour l’Université de Montpellier, source d’un enrichissement considérable. L’apogée de la médecine, en particulier au XIVe siècle, tant par la qualité des maîtres que par les méthodes d’enseignement, doit beaucoup à la proximité de Montpellier avec la Cour pontificale à Avignon, tout autant que l’Université de Paris est redevable à sa proximité avec la Cour de France.

Par sa qualité spécifique, son enseignement associant théorie et pratique, par le caractère « laïc et international » de son recrutement, l’Université de Montpellier s’apparente incontestablement aux principales universités médicales italiennes de Bologne et de Padoue. Le départ de la papauté avignonnaise se traduit pour Montpellier et ses universités par des année de déclin.

Perte de la tutelle cléricale

Cette période est marquée par la perte progressive de la tutelle cléricale au profit de l’État avec une faculté qui acquiert ses propres locaux, le Collège Royal de Médecine vers 1450 et de nouvelles règles, édictées par le décret royal de Louis XII le 29 août 1498. Montpellier et Paris partagent une sorte de monopole des études médicales malgré l’émergence de facultés provinciales de rayonnement largement régional comme Caen et le rattachement en 1681 de Strasbourg dont l’audience est surtout germanique. Seules facultés du royaume à dispenser un enseignement régulier de la médecine, Montpellier et Paris sont les deux seules facultés de médecine dont les enseignements sont reconnus et qui se reconnaissent d’ailleurs mutuellement.

La Bulle de fondation de l’Université Montpelliéraine du Pape Nicolas IV permet la reconnaissance de Montpellier et de ses diverses écoles comme « un lieu passant pour convenir merveilleusement à l’étude, dans lequel il y a lieu de promouvoir des foyers d’enseignements ». La conséquence de cette affirmation, née de l’observation d’un siècle d’aventure pré-universitaire, ne pouvait dès lors qu’être l’érection perpétuelle d’un « Studium generale », c’est-à-dire d’une Université dans laquelle à l’avenir « les maîtres auront le droit d’enseigner et les étudiants celui d’apprendre, en suivant les cours des Facultés régulièrement établies ».

Nicolas IV officialise et encadre ainsi des méthodes existantes, nées d’une pratique déjà centenaire, en vivifiant d’antiques et bons usages. Il pacifie, et par là même affermit, les bases de l’Université balbutiante en déterminant le régime des examens et les compétences respectives de chaque autorité en cette matière. Désormais, les candidats sont examinés par leurs maîtres après s’être présentés à l’évêque de Maguelone ou son délégué qui doit les convoquer, afin de s’enquérir de leurs avis. À lui seul appartient d’approuver et admettre les candidats qu’il juge dignes.

La première génération des universités médiévales

Apport le plus fondamental de cette constitution apostolique, les licences délivrées à Montpellier donnent, au même titre que celle de Bologne ou de Paris, la possibilité d’enseigner et diriger « ubique terrarum », c’est-à-dire en tous lieux. Les différentes écoles éparses, que le pape Nicolas IV appelle à se regrouper, ne répondent pas toutes de la même manière à cette invitation. L’École de médecine, prétextant ses anciens statuts et pouvant se flatter d’appartenir au groupe très restreint des quatre ou cinq plus anciennes universités européennes, à l’instar de Bologne, Salerne, Paris ou Oxford, attache beaucoup moins d’intérêt à un texte qui, en dehors de la reconnaissance universelle de ses formations, ne fait qu’entériner une situation acquise.

L’Université médicale poursuit simplement son existence, sans réel désir de fusion en « Studium generale » avec les juristes qui prennent le chemin d’une seconde Université. Montpellier appartient à la première génération des universités médiévales. Désormais, l’arbre universitaire est doté de racines suffisamment puissantes lui permettant d’affronter tous les avenirs. L’arrivée des Protestants à la tête de la ville en 1562 s’accompagne de la destruction complète de la tour Sainte-Eulalie, siège de l’Université des droits, qui disparaît momentanément. Le règne du Bon Roi Charles IX laisse à Montpellier le sentiment d’une renaissance universitaire. L’École de médecine est dotée d’un Jardin des plantes. Volonté d’un roi, il est l’œuvre du Professeur Pierre Richer de Belleval. Premier Jardin Royal de France, antérieur à celui de Paris, il constitue aujourd’hui encore, l’une des plus belles richesses de l’Université de Montpellier.

La guerre civile

Le siège de la ville porte un nouveau coup à l’Université qui est abandonnée alors que la guerre civile fait rage. La restauration universitaire n’eut réellement jamais lieu durant les troubles qui l’affaiblirent considérablement. Cette crise ne fait cependant pas obstacle à l’émergence de plusieurs personnages illustres, médecins et juristes de renom dont la vie marqua l’histoire de leur époque. Quelques tentatives d’unification sont à signaler, notamment celle du roi Louis XIV, dont la Cour des comptes de Montpellier enregistre des lettres patentes portant union de l’Université de Médecine aux autres Facultés. Cependant, « le Conseil et lettres patentes » du 20 janvier 1687 casse cette union afin que les différentes universités « demeurassent séparées comme elles l’avaient toujours été ».

La Révolution et l’Empire

Les conséquences de la Révolution nuisent beaucoup à la prospérité de la ville marchande qu’était Montpellier. Les remaniements administratifs changent son statut de capitale régionale en celui moins prestigieux de simple chef-lieu de département. Le corps des juristes, attaché aux traditions et dont l’école est en sommeil, est réservé face aux changements. Mais étudiants et personnels ne sont pas contre-révolutionnaires. Loin d’être réfractaire, le corps médical est enthousiaste.

En 1790, les étudiants en médecine mènent l’assaut de la garnison militaire, la citadelle de la ville étant considérée comme une Bastille à prendre.

Si l’ensemble des professeurs de l’Université des droits refuse de prêter le serment constitutionnel à une exception près, le corps médical, professeurs de l’Université et membres de l’Académie de chirurgie, le prêtent en 1791. Boisset, animateur d’une terreur acharnée en province, spécialement à l’égard des prêtres réfractaires, mène une action efficace d’inspection des hôpitaux et de coordination des services sanitaires. Durant l’An II, les hôpitaux comptent trois fois plus de lits qu’avant la Révolution.

Une phase féconde de réformation

Par décret du 15 septembre 1793, la Convention met un terme à six siècles d’enseignement, dissout les universités et ferme les écoles. Malgré leur lustre international, Université de médecine, et Académie de chirurgie, créée en 1741, sont balayées. Mais, un an seulement après ce funeste décret, le 4 décembre 1794 (14 frimaire an III), la Convention décrète la fondation de trois Écoles de Santé. La prestigieuse École de Montpellier renaît de ses cendres aux côtés de Paris et de Strasbourg. En 1795, la Faculté quitte ses locaux anciens et vétustes pour ses locaux actuels, le monastère Saint Benoît où Chaptal y fait construire un théâtre d’anatomie. Médecine et Chirurgie sont réunies.

La période 1794-1803 correspond à une phase féconde de réformation et à l’enseignement des idées scientifiques nouvelles. Cependant la non-délivrance de diplôme liée au libre exercice de la médecine met les écoles de médecine en difficulté. Le décret du 11 mars 1803 (19 ventôse an XI) soumet l’exercice de la médecine à l’obtention d’un doctorat. La Faculté de Médecine de l’ère moderne trouve alors un cadre institutionnel fixe et peut se développer sans crise majeure. La contribution réciproque entre enseignement et pratique hospitalière ne fera désormais que se poursuivre.

📌 Tous les événements autour des 800 ans de la Faculté de Médecine : 800ans.fr

4. Le rôle de la communauté juive montpelliéraine

Le mikvé médiéval de Montpellier, bain rituel juif de purification du XIIIe siècle est le témoin de l'importance de la communauté juive qui a joué un grand rôle dans le développement et le rayonnement de Montpellier.

La Ville de Montpellier possède, par-delà les âges, un vestige archéologique de tout premier plan : le Mikvé, bain rituel juif daté du XIIe siècle, restauré l’année du millénaire de la cité en 1985. L’Espace cultuel hébraïque médiéval où est basé l’Institut Maïmonide, est « Monument Historique » depuis 2004, et a fait l’objet d’investigations archéologiques afin de mettre à jour la synagogue médiévale, la maison de l’aumône (domus helemosine) et la maison d’études, composantes de la Schola Judeorum selon les sources latines chrétiennes et les documents hébraïques.

Situé au cœur de ce qui fut le quartier juif ouvert, le mikvé compte parmi les plus anciens et les mieux conservés d'Europe. Le mikvé est alimenté par une nappe d'eau souterraine constamment renouvelée ; l'eau sort d’un orifice (ou gargouille) qui symbolise son passage. L'entrée se fait par un escalier de 15 marches rituelles menant au déshabilloir, le bassin apparaît en contrebas à travers la fenêtre géminée.

L'immeuble de la rue de la Barralerie est classé monument historique ; il comporte les vestiges de la synagogue médiévale.

Essor bourgeois

La forte expansion de la ville au XIIIème siècle, que traduit l’érection d’une nouvelle enceinte, est favorisée par l'implantation aragonaise. Elle témoigne également d’une nouvelle donne, celle de la mise en place du consulat et de l'essor bourgeois qu'il induit. Cette situation concerne notamment le quartier de l'église consulaire Notre-Dame des Tables, ancienne Condamine délaissée par les seigneurs et qui devient le centre économique et politique investi par les bourgeois : c'est dans ce secteur que se concentrent les grands hôtels patriciens alors que les autres quartiers initiaux semblent moins entreprenants.

Il est évident que les phénomènes de mutation sociale et de métamorphose de l'espace urbain sont solidaires. On peut y déceler un antagonisme entre le quartier seigneurial, devenu excentré, et le dynamisme du nouveau et riche quartier marchand. Ainsi, on trace en 1253 la rue Sabaterie Neuve (qui prendra le nom de Barralerie au XVe siècle) : ce percement de voie « qui ira de la Condamine vers la draperie » peut être une tentative pour désenclaver les autres noyaux du centre ancien en ouvrant un accès direct du quartier seigneurial au secteur marchand (la rue débouche sur la place du marché aux Herbes, devant la première maison consulaire).

Cohabitation libre

C'est à la jonction de ces deux zones d'influence, entre le palais seigneurial et les marchés de la ville que se situe l'îlot où se fixe la communauté juive. Au XIIIe siècle, cette zone de contact est décrite comme très ouverte, dominée par les commerçants et où cohabitent librement chrétiens et communauté juive. On sait qu'une communauté juive était déjà puissamment installée au début du XIIe siècle puisque Guillem V, seigneur de Montpellier, jugea nécessaire de leur interdire l'accès à la fonction de Bayle. On distingue deux communautés dans la ville au début du XIIIe siècle, l'une sous domination épiscopale, l'autre sous juridiction aragonaise. Cette dernière fixe son implantation dans l’îlot de la Barralerie et organise« toute l'armature communautaire adéquate : synagogue, école, bain rituel ou Mikveh, four pour la cuisson des pains azymes, boucherie pour le débit de viande casher, lieu de sépulture. La première mention connue est tardive et liée à l’acquisition de la maison de l’Aumône en 1277 qui jouxte « la synagogue des juifs ».

📌 Pour visiter le mikvé : montpellier-tourisme.fr

5. Pézenas : de centre politique à capitale du théâtre

C’est dans les écrits de Pline L’Ancien que l’on retrouve les premières traces de l’existence de « Piscenae ». L’auteur latin vantait alors les bienfaits et la qualité des eaux de la rivière qui longe Pézenas.

Malgré cette bonne réputation, la ville ne connaît qu’un très faible développement jusqu’au XIIe siècle. Son entrée dans le domaine royal, en 1262, permettra finalement à Pézenas de s’affirmer peu à peu. Mais ce n’est véritablement qu’à partir du XVIe siècle et jusqu’au début du XVIIe siècle que la ville va se construire la réputation de centre politique, jusqu’à devenir centre gobernorale de la province de Languedoc et la ville des Etats.

La cité atteint son apogée entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle. Pézenas accueille alors un collège, mais également les Etats provinciaux qui rassemblent les trois ordres (le clergé, la noblesse et le Tiers-Etat). Une période faste qui a marqué durablement le visage de la ville puisque de nombreux hôtels particuliers richement décorés ont été construits à cette époque.

De la scène politique aux planches de théâtre

En 1632, Pézenas tombe de haut après qu’Henri II de Montmorency, gouverneur de la province, prend la tête d’une rébellion contre une décision du Cardinal Richelieu. Vite arrêté, il sera finalement décapité et Pézenas perdra son statut privilégié et sa gloire politique…

Une vingtaine d’années plus tard, en 1647, la ville aura à nouveau rendez-vous avec l’histoire et avec un comédien au nom encore inconnu : Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Arrivé au côté du prince Armand de Bourbon de Conti, il contribuera largement à l’animation des salons de la ville et connaîtra à Pézenas ses premiers grands succès.

Molière enfant chéri de Pézenas

C’est dans l’enthousiasme de la jeunesse que naît à Paris en 1643 la troupe de l’Illustre Théâtre, sous l’impulsion du jeune Jean-Baptiste Poquelin et de sa maîtresse, Madeleine Béjart, de quatre ans son aînée. L’Illustre Théâtre se défend bien durant les huit premiers mois de 1644, mais les créanciers font jeter Jean-Baptiste, dit Molière, à la prison du Chatelet. La compagnie se dissout donc et, à sa sortie, son chef rejoint avec Madeleine la troupe de Dufresne qui parcourt la province et les routes du Languedoc, jouissant de la protection du duc d’Épernon. Au cours de ces années d’apprentissage, durant lesquelles il devient directeur de la troupe, il apprend son métier d’acteur et perfectionne son jeu comique en jouant devant les publics les plus divers, qui parfois ne comprennent pas le français de la capitale.

En 1650, les Etats Généraux du Languedoc se tiennent à Pézenas et la troupe est retenue pour divertir ces messieurs des Etats. Puis, trois ans plus tard, Molière devient Comédien des Etats Généraux et de son Altesse Royale le Prince de Conti, un grand seigneur libertin et amateur de théâtre, qui est le troisième personnage du royaume.

Une ère de prospérité s’ouvre pour la troupe, jusqu’à la crise mystique du prince, qui vire à la dévotion sous l’influence de son confesseur, l’abbé Rouquette. C’est la fin de la protection du prince et les comédiens décident de quitter la région.

L’esprit de Molière

Ces années en Languedoc auront marqué Molière, et certains de ses personnages sont peut-être inspirés par ses rencontres. On a pu dire que Dom Juan, le "grand seigneur méchant homme" avait pour modèle le Prince de Conti, que Tartuffe avait pris certains des traits de l’abbé Rouquette, ou encore que la Comtesse d’Escarbagnas était issue de l’aristocratie méridionale... On raconte aussi que Molière se rendait volontiers dans la boutique du barbier Gély, juste pour le plaisir d’observer les uns et les autres...

Molière est l’enfant chéri de Pézenas : c’est là qu’au XIXe siècle se rallume la flamme du souvenir à la faveur du grand courant moliériste. C’est là qu’on érige à sa gloire un monument financé par la souscription nationale. C’est là que l’on commémore sa mort et que la Comédie-Française vient lui rendre hommage. Aujourd’hui encore, cette mémoire cultivée par les Piscénois demeure vivace et l’esprit de Molière hante toujours la ville.

📌 Tous les événements autour de Molière à Pézenas : capdagde.com

6. Lourdes : sanctuaire religieux mondialement connu

Si Lourdes est aujourd’hui connue dans le monde entier, la ville n’a pas toujours été au centre de l’attention.Gaulois, Romains, Barbares et Maures : autant de peuples qui occupèrent successivement Lourdes et la fortifièrent à l’endroit où se trouve aujourd’hui le château-fort qui surplombe la ville.

Au XIe siècle, la ville passe aux mains des Anglais avant de revenir aux Français. Plus tard, au XVIIe siècle, la citadelle est peu à peu délaissée mais une petite garnison y reste attachée et laechâteau se transforme en prison.

L’histoire de Bernadette

Ce n’est finalement qu’au XIXe siècle que l’histoire de Lourdes va connaître un véritable tournant. À cette époque, c’est une petite ville agréable recevant la visite de curistes et des premiers pyrénéistes en route vers le cirque de Gavarnie.

Parmi les habitants, la famille de François et Louise Soubirous. Parmi leurs enfants, Marie Bernarde dite Bernadette. A 14 ans, la jeune fille ne sait ni lire, ni écrire mais va vivre une expérience qui va changer le cours de sa vie et celle de toute la ville.

Le 11 février 1858, Bernadette va chercher du bois, accompagnée de sa soeur et d’une amie. Elles se rendent dans une grotte, appelée Massabielle, le long du Gave. Bernadette entend alors un bruit, comme un coup de vent. Elle lève la tête et voit dans le creux du rocher une demoiselle enveloppée de lumière qui la regarde et lui sourit.

Cette première apparition sera suivie de 17 autres jusqu’au 16 juillet 1858. Rapidement, le bruit se répand et les pèlerins affluent à Lourdes pour découvrir la désormais connue Grotte des apparitions. Pour les accueillir plusieurs édifices, formant le sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, vont alors être construits et sont devenus des lieux incontournables, que l’on s’intéresse à la religion ou à l’histoire.

Le Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes

La Crypte

Inaugurée en 1866, la Crypte est le premier lieu qui a été ouvert au public et aux pèlerins. Elle fait aujourd’hui partie de ce que l’on appelle le sanctuaire Notre-Dame de Lourdes.

La Basilique de l’Immaculée Conception

Longue de 51 mètres, large de 21 mètres et haute de 19 mètres, la Basilique de l’Immaculée Conception a été réalisée dans le style ogival du XIIe siècle. Bénie en août 1871, elle est consacrée en 1878. Quelques décennies plus tard, en 1908, on ajoute au bâtiment originel deux clochetons qui l’encadrent et la reliant au Rosaire. À l’intérieur, de magnifiques vitraux retracent l’histoire de la Vierge Marie et les apparitions de Lourdes.

La Basilique Notre-Dame du Rosaire

Elément majeur du sanctuaire, la Basilique Notre-Dame du Rosaire est conçue comme le piédestal de la Basilique de l’Immaculée Conception. De style romano-byzantin, elle forme une croix grecque de 2000 m2. Deux rampes de formes elliptiques dans l’axe de l’esplanade lui donnent un caractère monumental. L’élément le plus caractéristique et étonnant est sans doute le décor en mosaïque vénitienne, créé par Marko Ivan Rupnik, qui orne l’édifice sur une surface de 2000 m2.

Détail de la mosaïque du Rosaire

📌 Toutes les informations sur le Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes : lourdes-infotourisme.com

7. La révolte viticole de 1907

Le 19 juin 1907, la crise de la viticulture languedocienne débouche sur un affrontement tragique entre les forces de l'ordre et les manifestants. C'est la révolte d'une France rurale qui s'accroche désespérément à ses traditions et à son horizon villageois.

Au milieu du XIXe siècle, les quatre départements français qui bordent le golfe du Lion se sont spécialisés dans la viticulture. Gard, Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales ont su transformer leurs plaines arides en superbes vignobles. Mais de 1900 à 1906, la production de vin du Languedoc grimpe de 16 à 21 millions d'hectolitres. La surproduction se solde par une mévente et une chute brutale des prix. Ceux-ci sont divisés par deux ou par trois en quelques années. C'est la ruine pour de nombreux Languedociens : petits viticulteurs qui n'arrivent pas à rembourser leurs dettes mais aussi négociants dont le sort est suspendu à celui de la viticulture.

Les Languedociens réclament pour le moins l'abrogation de la loi de 1903 sur la « chaptalisation » et une surtaxe sur le sucre pour décourager les importations. Mais le Président du Conseil, l'inflexible Georges Clemenceau, ne veut rien entendre. Marcelin Albert, cafetier et vigneron d'Argeliers, dans l'Aude, prend la tête de la révolte. Le 12 mai 1907, il avertit le gouvernement que si rien n'est fait avant le 10 juin, il décrétera la grève de l'impôt et appellera les municipalités à démissionner. La veille de la date fatidique, Montpellier accueille pas moins de 600.000 manifestants. Du jamais vu !

Les manifestants de la révolte viticole.

Envoi de 27 régiments dans le Midi

Clemenceau en appelle au sentiment républicain des maires et, dans le même temps, envoie dans le Midi 27 régiments. Le drame survient à Narbonne, le 19 juin, où les soldats tirent sur la foule, faisant deux morts dont un adolescent. Le lendemain, nouveau drame face à une foule qui hurle sa haine : cinq morts. À Agde, petite ville à l'embouchure de l'Hérault, 600 soldats du 17e régiment d'infanterie prennent connaissance de la tuerie de Narbonne. Ils se mutinent et gagnent Béziers où ils sont accueillis par une population en liesse.

Le dimanche 23 juin 1907, Marcelin Albert se présente de son propre chef au ministère de l'Intérieur, place Beauvau, et demande à rencontrer le Président du Conseil. Georges Clemenceau le reçoit dans son bureau en tête à tête. Il lui fait la morale avant de lui remettre un billet de 100 francs pour le train du retour. Le rebelle accepte mais promet de le rembourser. Le Président du Conseil convoque aussitôt la presse et raconte à sa manière l'entrevue, prétendant que le cafetier a éclaté en sanglots et laissant entendre qu'il n'aurait pas toute sa tête.

Finalement, le gouvernement établit une surtaxe sur le sucre et réglemente sévèrement le négoce du vin, donnant ainsi raison aux manifestants. Le Languedoc conserve le souvenir aigu de cette révolte anachronique et ne manque pas d'invoquer les mânes de Marcelin Albert chaque fois que la concurrence ou les règlements menacent son vin.

8. La Région Occitanie, terre d'artistes. Entretien avec Claude Viallat

Par BTN

Claude Viallat est indissociable du groupe, éphémère mais décisif, qui aura, dans les années 70, acquis une notoriété nationale par ses prises de position oppositives et expositions radicales. Il fut en grande partie, constitué de membres originaires ou ayant vécu dans notre région, et plus généralement sur les bords de la Méditerranée. Nous l’avons interrogé sur l’acte de naissance de Supports-Surfaces… Rappelons que ce groupe, tout comme la Figuration Libre (Combas, Di Rosa… vivent à Sète) a marqué l’art en France de la fin du XXème siècle. Et qu’ainsi la Région aura, mine de rien, marqué l’art en France sur plusieurs décennies.

Dans quelle mesure peut-on, selon vous, affirmer que le mouvement Supports-Surfaces est né dans notre région ?

Je pense que c’est parce que les moments importants se sont tous passés dans la région, avant l’exposition du Musée d’art moderne de la ville de Paris, l'ARC, en 70, qui s’est intitulée pour la première fois Supports/Surfaces. Il y a eu douze expos en extérieur à Aubais, Maguelone, Le Boulou, Banyuls, Céret, Perpignan, les autres se déroulant du côté de Nice. La plupart des protagonistes aussi étaient de la région s’étaient rencontrés aux Beaux-Arts (Montpellier, Perpignan, Nice). A part Pincemin, ils provenaient tous du sud, des bords de la Méditerranée. Ceci dit, si le nom de Supports/Surfaces est né entre Montpellier et Nîmes, il y avait eu tout de même des expositions importantes, un peu avant, dans la région niçoise, notamment celle de Coaraze à laquelle participait Pages, qui venait de Montauban avant de s’installer sur la Côte d’azur. Valensi a tout filmé, il a participé à toutes les expos d’été. Nice a été important aussi d’autant que Saytour en était originaire, tout comme Dolla.

Quelle est exactement le lieu de naissance de l’appellation Supports/Surfaces et pourquoi l’avoir retenue ?

La réunion qui a décidée de ce nom s’est tenue à Aubais, au Notariat de mon père. Le choix en a été effectué à la suite d’une discussion à laquelle participait Dezeuze, Saytour, Bioulès et moi. Le directeur du MAM, Pierre Gaudibert nous avait demandé un titre pour la fameuse expo de l’été 1970. C’est Bioulès qui a amené le nom de Supports-Surfaces, qui nous est apparu comme le plus consensuel. Dans les faits le nom a été mis au pluriel par les méridionaux, au singulier par les parisiens, Cane et Devade. Dezeuze se situait entre les deux. Il fut d’ailleurs un cas particulier dans la mesure où il m’avait laissé des pièces, des lattes de bois et treillis, pour les expositions mais il se trouvait alors au Canada et n’a pas dû voir ces douze expos.

Pour le nom même de Supports/Surfaces, on s’était rendu compte que l’Histoire de la Peinture s’était concentrée sur la surface de la toile et non sur la mécanique qui la portait. Or c’est la constitution et la déconstruction du tableau, une toile sur un châssis, qui nous préoccupait. Dezeuze travaillait le châssis sans la toile, moi je travaillais la toile sans le châssis, Saytour l’image du châssis sur la toile, par le fait de plier la toile et de peindre les plis… Pour l’Arc il y avait, outre les quatre déjà cités, Dolla, Valensi (deux de mes anciens étudiants niçois, ce qui me gênait beaucoup), et Devade (toulonnais, adopté par Paris). La présence de Devade, qu’avait rencontré Dezeuze, renforçait la position de Bioulès qui privilégiait le traitement de la couleur sur la surface. Ils travaillaient tous deux sur une toile tendue sur châssis, volontairement. Les autres membres du groupe travaillaient plutôt sur les éléments constitutifs du tableau, du moins les peintres : la toile sans châssis, le châssis sans la toile, le pliage, le froissage, le débordement sur le sol, la répétition d’une forme, l’allongement ou le rétrécissement du support, le collage, l’envers et l’endroit de la toile etc.

Que peut apporter aux nouvelles générations l’existence d’un tel mouvement ?

Les peintres ne peuvent plus ignorer qu’il y a une mécanique sous leur peinture. Autrefois on n’en tenait pas compte puisque on œuvrait sur la surface idéale. Des artistes américains reprennent actuellement les relations entre châssis et toile, matériaux dur/souples et tous les problèmes soulevés. Peut-être notre mouvement est-il le dernier à se présenter de manière cohérente. Nous avons beaucoup écrit et théorisé à l’époque. Ceci dit le caractère politique du mouvement était plus lié aux artistes résidant à Paris, autour de Tel Quel, qu’à ceux de la région.

9. Occitanie et Histoire : 40 Grands Sites d’Occitanie

Châteaux cathares, cirques naturels grandioses, monuments antiques ou naturels… Pour les faire connaître, renforcer l’attractivité touristique de la région et entrer ainsi le top 10 des destinations européennes à l’horizon 2021, la Région a intégré 40 sites touristiques régionaux dans son dispositif « Grands Sites Occitanie ». Il est en ordre de marche depuis le mois d’avril 2018.

Reprenant la formule des « Grands Sites Midi-Pyrénées » qui avait porté ses fruits, le nouveau dispositif est donc étendu à l’ensemble de la région. Une nouvelle approche a toutefois été engagée, prenant en compte le territoire d’influence de chaque Grand Site Occitanie. Parmi eux ces sites : Toulouse, Carcassonne, Narbonne, Rocamadour, le Pic du Midi, le cirque de Gavarnie ... Au total, une collection unique en France de 40 sites exceptionnels qui donnent à vivre le meilleur du patrimoine régional, de ses paysages et de l’hospitalité de sa population. Les sites : Agde – Pézenas / Aigues Mortes - Camargue Gardoise / Albi, Vallée du Tarn / Armagnac Abbaye et Cités / Auch / Aux sources du Canal du Midi / Bastides et Gorges de l’Aveyron / Cahors - Vallée du Lot / Canal du Midi – Béziers / Carcassonne et les Citadelles du Vertige / Cévennes / Cirque de Navacelles - Lodève - Pays Viganais / Collioure en Côte Vermeille / Conques / Cordes sur Ciel et Cités Médiévales / Figeac - Vallées du Lot et du Célé / Foix Montségur Cités Médiévales / Gavarnie Cauterêts - Pont d’Espagne / Gorges de l’Hérault / Gorges du Tarn / La Grande Motte / Lourdes / Luchon / Marciac / Massif du Canigò - Pays Catalan / Mende Cœur de Lozère / Millau-Roquefort-Sylvanès / Moissac / Montauban / Narbonne Méditerranée / Niaux Masd’Azil Pyrénées Préhistoriques / Nîmes - Pont du Gard- Uzès / Perpignan Méditerranée / Pic du Midi / Pyrénées Aure Louron / Rocamadour - Vallée de la Dordogne / Rodez /Saint-Bertrand-de-Comminges Valcabrère / Sète / Toulouse. ◼️

📌 Toutes les informations sur les Grands Sites de l'Occitanie : tourisme-occitanie.com

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Dossier réalisé par :

  • Journalistes : Luis Armengol, Eva Gosselin, Thibault Loucheux
  • Sources : « Montpellier : 800 ans de la Faculté de Médecine » : facmedecine.umontpellier.fr
  • Crédits photos : Hôtel d'Assézat Toulouse - ©CRT Occitanie Patrice Thébault / Hôtel de Bernuy Toulouse -©@angeliquephotography / Hôtel de Boysson-Cheverry Toulouse - ©Didier Descouens / Détail fenêtre Hôtel de Boysson-Cheverry Toulouse - ©Frederic Neupont / Hôtel d'Astorg Saint-Germain Toulouse - ©Frederic Neupont / Hôtel de Pierre Toulouse - ©Nathalie Casado - Agence d'attractivité Toulouse / Hôtel de Felzins - ©Didier Descouens / Faculté de médecine Montpellier - ©Office de tourisme de Montpellier / Archives Bulle de création de l’Université de Montpellier - ©Archives de la Ville de Montpellier / Jardin des Plantes Montpellier - ©Merieh / Mikvé médieval de Montpellier - ©Office de tourisme de Montpellier / Château fort de Lourdes - ©P. Vincent - OT Lourdes /Grotte de Lourdes - ©P. Vincent - OT Lourdes / Vue générale du Sanctuaire de Lourdes - ©P. Vincent - OT Lourdes / Sanctuaire de Lourdes - ©P. Vincent - OT Lourdes / Détail mosaïque Rupnik du Rosaire Lourdes - ©P. Vincent - OT Lourdes / Cité épiscopale d'Albi - ©Ville d'Albi / Vue Auch - ©Office de tourisme du Gers / Vue de Carcassonne - ©Chensiyuan / Vue des Cévennes - ©A. Allies-OT Cévennes / Vue de Collioure - ©R. Michelin - OT Collioure / Vue générale du Sanctuaire de Lourdes - ©P. Vincent - OT Lourdes / Vue de Narbonne -©Ville de Narbonne / Vue des Gorges du Tarn - ©J. Tomaselli OT-Aveyron / Vallée de Gavarnie - ©P. Meyer / Vue Toulouse - ©Jour de nuit - Florian Calas