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2017, les vendanges du muscadet chez Luneau-Papin SUR LES 8500 hectares du Vignoble nantais, les vendanges a la main se raréfient. reportage dans un beau domaine du landreau, en septembre 2017.

Photos Presse Océan-Olivier Lanrivain - Texte et vidéos Presse Océan - Frédéric Testu

Sévères, en 2017, les pertes auront été sévères dans la plupart des vignobles de France. En avril 2017, alors que la plante est en pleine croissance, le gel frappe durement. En quelques jours, le vignoble nantais subira des pertes importantes estimées à près de 40 %. Lorsque le 3O août les vendanges débutent, le raisin restant a profité d'une belle météo estivale, d'un temps souvent sec. Le raisin est excellent, d'une bonne qualité sanitaire.

Temps idéal. Zéro vent et pale soleil sur le Clos des Allées, qu'une tour antigel a sauvé en avril. Le 6 septembre, le domaine Luneau-Papin, au Landreau, qui a lancé ses vendanges quelques jours plus tôt, continue sa vendange manuelle. Parmi les vendangeurs, on commente le raisin du jour, récolté avec soin. « A la main, c'est un tri au tip top, c'est visuel, on n'hésite pas. On écarte les moisis par une coupe franche dans les grappes », explique le cueilleur Anthony Cosset, 45 ans, Nantais de l'île Feydeau qui vendange pour la troisième fois dans ce domaine qui produit des crus parcellaires d'exception. Anthony, autrement, est écrivain.

Anthony Cosset, 45 ans, écrit des livres :

Deux rangs plus loin, Alice, 22 ans, sourit. Récente titulaire d'un brevet professionnel de responsable d'entreprise agricole, elle parfait sa connaissance du terroir chez ce viticulteur bio, le temps d'une vendange. « Je veux m'installer comme maraîchère bio sur une petite surface », dit-elle. Les vendanges, c'est une expérience, en attendant. « Je me forme aux légumes sur le terrain. Je cherche une exploitation maraîchère pour un CDD ».

Alice veut s'installer comme maraîchère bio :

« Il y a un vrai brassage sociologique cette année parmi les vendangeurs », observe la vigneronne Marie Chartier, en servant le café à la pause de 10 heures. « Ils se conseillent, ils sont solidaires », se réjouit-elle. Trente-cinq vendangeurs, coupeurs et porteurs, moitié Roumains, moitié Nantais, Normands ou Nordistes. Il y a Fred Bourgeois, 39 ans, régisseur de spectacle nantais. Pierre-Yves Landry, informaticien, et deux autres Chtis, en mobile-home au camping du Chêne, à Saint-Julien-de-Concelles, quelques kilomètres plus loin, vers la Loire. Ils essaient de rentabiliser leurs vacances en enchaînant un contrat chez un maraîcher.

Marie Chartier, vigneronne, sert le café à la pause de 10 heures :

C'est l'heure de la pause pour les 35 vendangeurs français et roumains :

Pierre-Yves, informaticien, est venu du nord :

Nicole travaillait auparavant pour les centrales électriques :

« Parisienne, mutée à Nantes, je suis retraitée de RTE, filiale d'EDF, j'essaie diverses expériences », témoigne Nicole, qui gérait le transport d'électricité depuis les centrales. « On a du contact et j'aime me retrouver seule sur un rang de vigne. C'est plus physique que le muguet. Le soir, quand je rentre à La Varenne, je dis vous pouvez apprécier ce vin, on voit le travail qu'il a demandé. »

Le cueilleur Pascal Dabin, retraité de Saint-Hilaire-de-Clisson, s'inquiète, demande où est la femme un peu malade. Des porteurs évaluent la charge de leur hotte pleine de raisin à 35, voire 40 kg. « Je préfère être porteur : c'est plus mon dos et mon bassin qui travaillent. Si on cueille, c'est les jambes », remarque Pierre-Yves Landry. Christophe Vanesse, porteur, renchérit : « Hier soir, j'ai pas eu mal. » Pierre-Yves complète : « Après une bonne journée, je me sens cool, détendu. »

Depuis le printemps, selon le vigneron Pierre-Marie Luneau, on annonce une vingtaine d'acquisitions de tour antigels pour l'année 2018. Des tours fabriquées en Nouvelle-Zélande, où elles servaient à rafraîchir les troupeaux de bovins frappés par la chaleur. Adaptées à la viticulture, elles sont importées en France par un fournisseur tourangeau.

Pierre-Marie Luneau observe : « Le coût de ces tours est estimé à 10 000 € par hectare. Il faudrait investir 400 000 € pour couvrir le domaine d'ici dix ans. C'est l'assurance de pouvoir continuer à être vigneron.» En 2018, les 40 hectares de son domaine seront certifiés bio en totalité, après une conversion au long cours, par étape. Devenir bio implique de maîtriser coûts et méthodes. Mais les Nantais sont perfectionnistes. Chaque mois, une trentaine de vignerons bio échangent. Que faut-il savoir faire ? « L'important, c'est la rigueur, la curiosité et la sensibilité du vigneron. Sur une même parcelle, pas un vigneron ne fera le même vin, et je sais que, dans dix ans, sur une parcelle, je ne ferai pas le même vin », analyse Pierre-Marie Luneau.

Pierre-Marie Luneau, vigneron : "Sur une même parcelle, pas un vigneron ne fera le même vin"

Frédéric Testu

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