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Il y a 75 ans, la Loire était libérée Après les débarquements en Normandie et en Provence, la libération de la France s'accélère à la fin de l'été 1944. Après un été proche de la guerre civile et grâce à l'action des maquisards à Estivareilles, les grandes villes du département se retrouvent libres sans combats ni effusion de sang.

Photo d'archives municipales de Saint-Etienne, 5 FI 10543

Le débarquement en Normandie donne le signal à une intensification des actions de la part des groupes de résistants. Ceux-ci sont principalement regroupés en trois obédiences : les Francs-tireurs et partisans (FTP) combattent sous l'égide du parti communiste, l'Armée secrète (AS) est ralliée au général de Gaulle tandis que le groupe Ange travaille avec les services britanniques. La volonté d'unifier la Résistance, chère à Jean Moulin voit progressivement le jour à partir de 1943 et du début de l'année 1944. A la libération, ces groupes aux idées différentes combattront ensemble sous l'égide des Forces françaises libres (FFI) contrôlées par le général de Gaulle et localement par le commandant Marey.

Photo d'archives municipales de Saint-Étienne, 5 FI 10558

L'insécurité règne durant l'été 1944

Les accrochages entre résistants et troupes allemandes se succèdent donc à partir de juin 1944, à l'avantage encore de l'occupant. Tandis que la résistance intensifie les sabotages, le harcèlement des troupes et les exécutions de personnel ou de collaborateurs, la Wehrmacht réplique avec beaucoup de violence, à la mesure de sa force, considérable encore. Le 1er juillet, 40 personnes sont prises en otage à Andrézieux en représailles d'un attentat du groupe « Ange ». Le 5 juillet, les soldats allemands et la milice attaquent des résistants à Gland, dans les environs de Saint-Maurice-en-Gourgois, et s'acharnent sur le village où ils assassinent neuf personnes trouvent la mort. Le maquis de la Versanne, composé d'une majorité de jeunes Polonais, est exterminé le 20 juillet. Le 10 août, une partie du bourg de Renaison est incendiée, des habitants sont fusillés, d'autres arrêtés et déportés.

Les Allemands sur la défensive

Le rapport des forces s'inverse à Lérigneux le 7 août. 500 GMR, gardes mobiles et soldats de la Wehrmacht reculent devant les membres de l'AS, des FTP et du groupe Ange, unis dans ce combat. A partir de cette date, l'occupant ne contrôle plus la région. Depuis début août 1944 la situation des Allemands autour du Puy-en-Velay est menacée. Le 15 août, un rapport de la Wehrmacht la signale comme préoccupante : sabotages de lignes de chemin de fer, lignes téléphoniques coupées, actions des maquis. Le même jour, les Alliés débarquent en Provence et remontent rapidement la vallée du Rhône. Les troupes d'occupation stationnées dans le grand quart sud-ouest reçoivent l'ordre de se replier.

Le 18 août, deux colonnes allemandes quittent le Puy-en-Velay en direction de Lyon par les monts du Forez. Le maquis Wodli les harcèle à Saint-Paulien et à Bellevue-la-Montagne, heurts qui provoquent des victimes. Ils font appel à l'AS. Les colonnes allemandes progressent lentement.

Au matin du 21 août, elles sont accrochées à Estivareilles. 200 maquisards stoppent la progression des Allemands pourtant lourdement armés. Les combats sont violents, des habitations sont détruites, des civils tués. Le colonel Metger se rend le 22 août à 6 heures du matin, 796 soldats dont 400 Tatars de la Volga Legion et 35 miliciens sont capturés. Entre-temps, les troupes allemandes ont évacué Saint-Etienne le 19 août. Des combats ont encore lieu à Saint-Anthème où 300 Allemands sont encerclés par les FFI. Au nord du département, l'occupant évacue Roanne le 21 août. A la fin du mois, le département est libéré.

Les maquisards défilent après la libération d'Estivareilles. Photo d'archives municipales de Saint-Étienne, 5 H 82 ICONO 6

La ville de Saint-Étienne libérée le 25 août

Saint-Etienne fête sa libération le 25 août. Les FFI entrent officiellement dans la ville avec leurs prisonniers et la traversent, acclamés par la foule. Les soldats font une prise d'armes à 16h place de l'Hôtel-de-ville. Gabriel Calamand chef du Comité départemental de libération (CDL), le commandant Jean Marey chef des FFI, Théo Vial-Massat chef des FTP et Henri Muller le nouveau maire prononcent chacun un discours. La foule entonne la Marseillaise. A Roanne, à Chazelles-sur-Lyon, à Saint-Bonnet-le-Château et partout ailleurs dans le département, la population fête la Libération. Un détachement de parachutistes alliés arrive à Saint-Etienne le 31 août, ils sont reçus par les FFI et les FTP. Le lendemain, la Première Division Blindée de l'armée française entre dans la ville où elle stationne trois jours avant de partir pour Lyon et continuer les combats. Le 7 septembre, le 2e régiment de Spahis traverse Le Coteau et Roanne qui découvrent à leur tour la nouvelle armée française ou « Armée d'Afrique ».

De nombreux politiciens avaient réagis sur les marches de l'hôtel de ville de Saint-Étienne, après sa libération dont e commandant Marey, chef des FFI , Théo Vial-Massat, chef des FTP, et le nouveau maire de la ville Henri Muller. Photos d'archives municipales de Saint-Étienne, 5 FI 10579; 5 FI 10578; 5 FI 1057.
Un nouveau quotidien paraît le 21 août, La République. Photo d'archives municipales de Saint-Étienne

Le Comité Départemental de Libération de la Loire (CDL), né dans la clandestinité, prépare la transition pour un fonctionnement républicain et apparaît au grand jour. Les courants de la Résistance négocient depuis février 1944. Pour éviter toute interruption dans le fonctionnement des institutions, et donc tout désordre, le CDL, dès la libération, désigne les sous-préfets Elie Vieux à Roanne et Lucien Gidon à Montbrison et les maires Victor Patay à Montbrison, Dourdein à Roanne et Henri Muller à Saint-Etienne.

Le 26 août, le nouveau préfet, Lucien Monjauvis, prend ses fonctions. Les autorités mises en place par Vichy sont écartées comme le secrétaire de la préfecture, Eugène Faller arrêté par le commandant Gentgen, adjoint du commandant Marey. A Saint-Étienne, le conseil municipal est installé le 24 août. Une des premières décisions est un changement de dénomination de rue : l'avenue Maréchal-Pétain devient l'avenue de la Libération.

La première armée française est arrivée à Saint-Étienne le 1er septembre. Photo d'archives municipales de Saint-Etienne, 5 FI 10553

L'épuration sauvage

Pendant l'occupation, la résistance a parfois organisé des expéditions punitives pour éliminer des collaborateurs. Dès la Libération, des manifestations populaires vengeresses rendent elle-même. Un groupe d’officiers FFI, installés dans le bar de l’Étoile place du Peuple à Saint-Étienne, se transforme de lui-même en tribunal populaire. Buehl, responsable du SD (police allemande) de Saint-Étienne et le capitaine SS Schneider, sont exécutés sans procès.

L'épuration légale

Le gouvernement provisoire dirigé par le général de Gaulle veut que la France libérée respecte le droit et met en place très rapidement des instances judiciaires spécifiques. A Saint-Etienne, le tribunal militaire siège du 9 septembre au 4 octobre 1944. Les accusés sont incarcérés à Mably et à Saint-Etienne, à la caserne Grouchy. Même si les collaborateurs et les nazis les plus compromis ont fui, le tribunal militaire traite d'affaires graves et prononce 32 condamnations à mort dont neuf sont exécutées.

La Cour de justice et une Chambre civique sont créées le 26 septembre 1944 et fonctionnent jusqu'au 31 août 1945 : l’épuration est menée dans la Loire pendant près d'une année. Sur 643 personnes déférées devant elle, la Cour de justice prononce 124 condamnations à mort, la plupart (97) par contumace et 118 acquittements. La Chambre civique qui juge de simples faits de collaboration instruit 1791 affaires dont 237 débouchent sur un acquittement. Des peines d’emprisonnement et des condamnations à l’indignité nationale (perte des droits civiques) sont prononcées à l'encontre des autres accusés.

Colonne de prisonniers allemands après la bataille d'Estivareilles. Photo d'archives municipales de Saint-Etienne, 5 H 82 ICONO 5

A la sortie de la guerre, la France a en partie réglé ses compte. Il lui reste désormais à se reconstruire.

Les maquisards ont défilé dans les rues de Saint-Étienne, le 25 août. Photo d'archives municipales de Saint-Etienne, 5 FI 10559.

Des scènes de liesse lors de la libération du département de la Loire, à la fin du mois d'août

Photo d'archives municipales de Saint-Étienne,5 FI 10547; 1 FI ICONO 214; 2 FI ICONO 1913.

Texte : Le Progrès et photos : archives municipales de Saint-Etienne

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