Derrière le côté glamour et léger de la K-Pop se cache un véritable business. Dans ce monde très compétitif où rien n’est laissé au hasard, les artistes sont soumis à une compétition féroce. L’industrie de la musique pop génère beaucoup d’argent en Corée du Sud. Il s’agit aussi une arme diplomatique. C’est un moyen de faire connaître ce petit pays coincé entre la Chine et le Japon.
Un univers très compétitif
Les membres du groupe 아이시어 ou ICIA en français répètent plusieurs heures par jour dans les locaux de leur maison de production à Séoul. Les quatre jeunes femmes d’une vingtaine d’années consacrent toute leur vie à la K-Pop. Physique de mannequin, look apprêté, maquillage sophistiqué et sourire de circonstance, tout doit être parfait.
La K-Pop est un mélange de chants et de danses avec des influences hip hop, R&B, disco et electro. «C’est la musique qui permet à tous les Coréens et au monde entier de s’amuser, de danser et de chanter. Pour nous, les artistes, cela représente beaucoup de travail», souligne la chanteuse Hari. Pour les membres du girls band ICIA, tout est consacré à leur carrière artistique. Nayoon :
C’est difficile de mener une vie sociale. Je ne vois pas mes amis. Je n’ai pas le temps. Les répétitions me prennent énormément de temps.
«Il y a tellement de groupes féminins sur le marché que la concurrence est rude. Ce n’est pas simple de percer dans ce milieu en tant que nouveau groupe», ajoute Hyo Kung.
Un gros business
La promotion d’un groupe de K-Pop s’élève parfois à plusieurs millions d’euros. Pour les maisons de production, c’est un investissement pour l’avenir. Les artistes gagnent leur vie à partir du moment où leur groupe rapporte de l’argent.
Le girls band ICIA, lancé en 2015, vit de ses concerts et de la vente en ligne de ses deux albums. Aujourd’hui, le groupe n’est pas encore rentable. Comme la concurrence est rude en Corée du Sud, les producteurs visent principalement le marché asiatique. Le manager d’ICIA, Hai Won Hwang :
Pour faire connaître un groupe, il faut en moyenne trois millions de dollars. Mais une grande société peut investir jusqu’à 25 millions pour un seul groupe. Quand ça fonctionne bien, les retombées sont énormes : ventes d’albums, de tickets de concerts ou de produits dérivés.
Un secteur essentiel pour l’économie coréenne
Avec l’industrie automobile et les entreprises technologiques, le secteur culturel est stratégique pour les autorités coréennes. Parallèlement aux jeux vidéo, au cinéma et aux séries, la K-Pop est un moyen de faire connaître la Corée du Sud dans le monde. Le gouvernement coréen dépense beaucoup d’argent pour développer et promouvoir la K-Pop. La Kocca, organisme financé par l’Etat, fait la promotion de l’industrie culturelle coréenne.
Woon Hoon Kang, le ‘Monsieur K-Pop’ au sein de la Kocca, nous reçoit dans les locaux ultra-modernes situés à Gangnam, un quartier branché de Séoul.
Quand les gens écoutent la musique coréenne, ils répètent les paroles de la chanson. Ils commencent à avoir envie d’apprendre la culture coréenne… Et, ensuite la langue coréenne, la cuisine, le K-style, voire la K-beauty et ainsi de suite. Grâce à la K-Pop, on a pu créer une image positive de la Corée du Sud.
Un look formaté
La chirurgie esthétique est un phénomène de société en Corée du Sud. Dans le monde de la K-Pop, c’est souvent une étape incontournable pour dynamiser une carrière. Certains fans se font aussi opérer pour ressembler à leurs idoles. Le docteur Choo dirige une clinique privée de chirurgie esthétique.
On ne peut pas nier que les stars de la K-Pop influencent les canons de beauté. C’est le cas pour les filles et pour les garçons. C’est un phénomène qui existe en Corée du Sud. Pour moi, ce qui est important, ce n’est pas de ressembler à ses idoles. L’idéal est d’être bien dans sa peau.
Un univers impitoyable
Conséquence de cette féroce concurrence dans la K-Pop, les artistes sont de plus en plus sous pression. En décembre dernier, le suicide de Kim Jong-hyun, 27 ans, chanteur du boys band SHINee, a ému les fans en Corée du Sud et dans le monde.
Malgré cela, la K-Pop continue à faire rêver la jeunesse coréenne. De nombreux adolescents consacrent plusieurs heures par semaine à des cours de danse. Dong Yeon Lee est âgée de 18 ans:
Pendant l’année scolaire, je viens répéter tous les jours après l’école. C’est-à-dire de 17h à 22h. Pendant les week-ends et les vacances, je m’entraîne de 14h à 22h.
Un phénomène en expansion
Julian Quintart connaît bien le phénomène de la K-Pop. Acteur, DJ et organisateur d’événements, ce Belge originaire d’Aywaille est arrivé à Séoul il y a 14 ans. Aujourd’hui, c’est une star en Corée du Sud.
La K-Pop inspire la jeunesse en Corée du Sud et dans le monde. Ce style musical influence la mode et génère de nombreux produits dérivés. C’est un business en pleine croissance qui est soutenu par les autorités coréennes. C’est aussi un outil de ‘soft power’ pour faire exister la Corée du Sud dans le monde. Rien n’arrête la K-Pop.
Nicolas Willems - Christophe Bernard - Caroline Hick - Joséphine Turli
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- cet article est une déclinaison du reportage radio sur la K-Pop en Corée du Sud, diffusé dans l'émission Transversales
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