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L'espérance du jour Matthieu 25, 1-13

Lecture biblique : Matthieu 25, 1-13

01 « Alors, le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.

02 Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes :

03 les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,

04 tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile.

05 Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.

06 Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.”

07 Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe.

08 Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.”

09 Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.”

10 Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.

11 Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !”

12 Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.”

13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.

Prédication du Pasteur Rudi Popp - Dimanche 24 novembre 2019

Reconnaissons-le sans détour : cette parabole peut provoquer un malaise. Spontanément, je me dis : pourquoi cette dureté contre les cinq filles qui arrivent trop tard ? Ça peut arriver à tout le monde ! Où est la miséricorde ? Pourquoi tout cela doit-il finir en désastre pour les « imprévoyantes » ? Cet adjectif est d’ailleurs la traduction toute neuve de la Bible “Nouvelle Français Courant” pour celles que l’on nommait jadis les « vierges folles » …

Et comment les gens peuvent-ils festoyer joyeusement à l’intérieur pendant que d’autres sont exclus ? Pourquoi les dix femmes ne se serrent-elles pas les coudes pour aller voir le marié ensemble ? Et pourquoi est-il si hostile et dur : « Je ne vous connais pas » — lui qui est lui-même arrivé en retard ! N’a-t-il pas lui-même mis les femmes dans cette situation ?

Et cette situation conflictuelle est alors décrite comme le royaume de Dieu ! Le royaume de Dieu serait-il semblable à ce cauchemar ? Est-ce que cette parabole veut nous annoncer brutalement la mauvaise nouvelle du royaume de Dieu, à savoir que toute une partie de l’humanité n’aura aucune chance d’y entrer ?

Des questions qui engendrent toujours davantage de questions.

Or, c’est bien Jésus lui-même qui raconte cette parabole. À travers l’image de l’époux, il parle de lui-même. Et nous le savons par de nombreux textes bibliques : à cette fête à laquelle Jésus invite, il veut que tout le monde soit présent. Le royaume de Dieu est pour tous les peuples. Personne ne doit rester dehors. Le sens de cette parabole n’est donc certainement pas à chercher du côté d’un Christ qui chasse les gens et les exclut.

Si nous pouvons être sûrs que Jésus ne veut pas semer la peur par cette parabole, nous comprenons qu’il cherche à attirer l’attention de ceux qui l’écoutent sur quelque chose de précis ; la parabole vise bien à les encourager, non pas à nous accabler. Les auditeurs de Jésus peuvent encore acheter de l’huile ! Il est très important pour la compréhension de la parabole que nous nous en rendions compte. Tous ceux qui entendent cette histoire reçoivent un indice décisif de la part de Jésus et peuvent le suivre — ce n’est pas difficile du tout.

Jésus ne s’intéresse donc pas à la division entre sages et fous, filles avisées et filles imprévoyantes. Au contraire, tous ceux qui l’écoutent devraient s’en rendre compte : je préfère être avisé…

Entendons donc cette parabole avec des oreilles différentes : elle parle de choses qui nous sont familières, de choses que nous connaissons bien par notre propre expérience.... les décisions avisées et malheureusement aussi des comportements « imprévoyantes ». Pourquoi n’avons-nous pas pris assez d’huile avec nous ? Cela aurait été si facile ! se sont demandé les femmes. De quelles omissions plus ou moins importantes nous accusons-nous parfois ? Et combien de fois étions-nous plus sages « après », quand il est trop tard, quand nous avons fait ou omis des choses qui ne peuvent être annulées ? Les omissions tragiques et les occasions manquées sont une réalité de notre vie. Les mauvaises décisions dont on portera le fardeau pour le reste de sa vie ne sont pas si rares.

Qui d’entre nous n’a pas fait la désagréable et douloureuse expérience de trouver porte close ? Les portes claquées sont une triste réalité dans notre monde. Derrière une porte close, quelqu’un perd son travail. Derrière une porte close, quelqu’un qui compte beaucoup pour nous rompt la relation. Aussi, nous faisons l’expérience douloureuse que les autres nous excluent. L’expérience de rester dehors, de ne pas « en faire partie » — que nous soyons fautifs ou non — est choquante et blessante.

Beaucoup d’entre nous ont vu une porte se refermer lorsqu’un être cher meurt. Quand les choses qui étaient prévues ne sont plus possibles. Quand on est privé d’une partie de sa vie. Qui peut mesurer cette douleur quand on ne peut plus vivre ou exprimer l’amour pour une personne ? Quand on n’arrive plus à croire, quand on se trouve abruptement projeté dans une mer d’émotions contradictoires — cette douleur ressemble à l’instant où l’on se tient devant la porte, tandis que les autres font la fête à l’intérieur ; c’est comme si vous étiez coupé de la vie.

Jésus connaît nos soucis et nos besoins, il connaît les omissions et les mauvaises décisions, il connaît aussi le deuil. Jésus sait combien nous attendons avec impatience l’accomplissement de la justice, le royaume de Dieu. Et il nous dit : le royaume de Dieu arrive ! Au milieu de la nuit commence le jour nouveau, au milieu de la nuit commence la grande fête ! Mais il sait aussi qu’on peut se lasser d’attendre. Que nous, les humains, nous sommes préparés à un certain temps d’attente - et que nous atteignons souvent la limite de nos possibilités, quand l’attente prend du temps, quand cela ne se réalise pas. Et que nous partons parfois au moment décisif pour faire quelque chose d’urgent, pour nous rapprocher de ce que nous espérons obtenir — en ratant alors « l’arrivée de l’époux » ! Je me demande si l’omission tragique de ces femmes imprévoyantes est de ne pas avoir été vigilantes intérieurement. Que se serait-il passé si elles étaient allées à la rencontre de l’époux sans lumière et l’avaient salué - et avaient avoué leur imperfection ?

Jésus veut nous réconforter et nous encourager à persévérer. Cela vaut la peine d’attendre. Ça vaut la peine d’attendre longtemps et de ne pas abandonner. Ça vaut la peine d’accepter l’attente prolongée avant que nous fassions l’expérience entière du royaume de Dieu — en sachant qu’il est déjà au milieu de nous ! Ce serait dommage d’abandonner trop tôt. Ceux qui abandonnent, ceux qui se livrent au désespoir, ceux qui cessent d’attendre voient des portes se refermer — c’est une triste réalité ! Jésus veut nous encourager à garder l’espérance, même si elle semble désespérée.

Je crois que Jésus-Christ lui-même veut être notre lumière, la lumière pour nos lampes de vie, la lumière de l’espérance quand nous risquons de désespérer. Il nous rappelle la vie et la présence de Dieu dans notre vie. Il veut que nous ne perdions pas confiance - et que nous contribuions à la grande fête. Car au milieu de la nuit un jour nouveau commence. Au milieu de la nuit commence la fête à laquelle tout le monde est invité.

Les filles avisées ne perdent pas confiance en la bonne fin. Elles font tout ce qu’elles peuvent pour que la lumière d’espoir ne s’éteigne pas. Elles continuent à croire que l’époux viendra — même si rien n’est encore visible. Elles ne sont pas naïves : elles se fatiguent aussi et s’endorment. Ce n’est pas grave.

Devant la porte de cette parabole, nous sommes encouragés par Jésus-Christ à nous faire confiance. La fin de notre vie ne sera pas un trou noir qui dévorera tout. Le but de notre vie est une plénitude proprement inimaginable. Le royaume arrive ; la grande fête où tout le monde se retrouve, où toutes les larmes sont essuyées, où il n’y aura plus de souffrance, plus de pleurs, plus de mort. Amen !

Created By
Rüdiger Popp
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Credits:

Inclut des images créées par Milos Tonchevski - "When a landscape photography trip turns into a macro journey." • Guilherme Stecanella - "Shine" • Nick Abrams - "Bringing my brother-in-law to Jalama to camp for the first time, this seemingly innocent group of guys brought the ruckus to the campgrounds. But I snapped this photo as they stood on a hill above the campgrounds, watching the sun melt away and just enjoying themselves." • Natalya Letunova - "Sunset"