Cottance est une petite commune de la Loire (42) de près de 700 habitants, à mi-chemin entre Lyon, Roanne et Saint-Étienne. C'est là que Delphine Désérier s'est installée le 20 juin 2020 pour reprendre un café en déshérence, unique commerce du village. Grâce à la mobilisation de la municipalité et le programme 1 000 cafés, c'est non seulement un bar qui a pu rouvrir, mais aussi un restaurant, une épicerie et plus largement une offre multi-services. Reportage au Cottance café.
À proximité de la mairie, des halles, mais aussi de l'église, on ne peut pas manquer l’écriteau qui annonce le bar-restaurant de ce village des Monts du Lyonnais, situé en lieu et place de l'ancien prieuré : le Cottance café.
Constatant la disparition de très nombreux cafés dans les petites communes, le groupe SOS – acteur de l’économie sociale et solidaire – a lancé le plan 1 000 cafés avec le soutien du ministère de la Cohésion des territoires. Conçus comme de véritables lieux de vie, ces cafés apportent à la fois un nouveau service commercial à la population, mais également des services adaptés aux besoins des habitants, service postal, dépôt de pain, presse...
Depuis près de 2 ans, le programme 1 000 cafés permet l'ouverture de cafés multiservices ruraux via plusieurs actions :
- identifier des communes qui souhaitent porter ce projet de réouverture d’un café multiservice ;
- recruter et former les personnes qui seront derrière le comptoir ;
- investir dans le projet d’exploitation et créer un réseau de professionnels et de fournisseurs.
« L’ouverture d’un café est une démarche qui se fait en collaboration avec les habitants de la ville et les élus locaux. C’est une logique de coconstruction. », souligne Sophie Le Gal, directrice du programme 1 000 cafés.
« Le groupe SOS devient propriétaire du fond de commerce afin que le commerce reste ouvert et ne sorte pas du réseau 1 000 cafés, peu importe les choix de vie de son gérant. »
Le maire quant à lui valide le profil du nouvel exploitant tout en restant propriétaire des murs. La licence IV, nécessaire à la vente d’alcool, reste rattachée à la commune.
« Nous sommes venus à Cottance, car nous avons vu une vraie mobilisation citoyenne ! », se réjouit Sophie Le Gal. En effet, lors de la crise du Covid de 2019, la commune de Cottance a créé une association nommée Cottance un village, un commerce pour assurer l’intérim du café laissé en déshérence. « L'idée c'était de proposer le libre-service de pains et de journaux aux habitants. Chacun était autonome quant à sa consommation, via un formulaire à remplir, et on envoyait les factures à la fin de la semaine », explique Jacques de Lemps, maire de Cottance.
Les planètes étaient alignées
« Après beaucoup de galères, les planètes se sont alignées le jour où j’ai évoqué auprès du député de la circonscription le manque de commerces dans ma commune. Il m'a présenté le programme 1 000 cafés du groupe SOS et son état d'esprit. Je n'ai pas été long à comprendre qu'il allait se passer quelque chose ! », se souvient le maire.
« On n'avait pas pensé à la problématique de l’hébergement, mais il se trouve que deux mois avant l’arrivée de Delphine, un bailleur social a libéré un T2 juste à côté. Les planètes étaient alignées. »
À l'arrivée de Delphine, près de trente personnes étaient présentes pour l’accueillir sur l'esplanade du café.
Un village, un café, une nouvelle vie
Quand Delphine Désérier entend parler du programme 1 000 cafés en 2019, elle postule.
«J’ai eu connaissance du programme dans la presse, car je travaille dans la restauration depuis 25 ans. J’ai postulé en me disant pourquoi pas un jour, avec l'objectif d'un changement de vie pour mes 50 ans. »
Originaire de la région Roannaise, Delphine souhaite se rapprocher de sa famille, après des années de vie citadine à Toulouse. «Je suis née un 1er mai, et le 6 mai 2020 l'annonce d'un poste de gérante d'un café à Cottance est tombée. » Delphine fête alors son cinquantième anniversaire. Le Cottance café ouvrira officiellement ses portes le 19 septembre 2020.
« Quand je vous dis qu'il y avait un réel alignement des planètes ! D'ailleurs, parmi elles, il y avait Vénus », ajoute Jacques de Lemps. Delphine rougit : « J'ai fait une belle rencontre... J’ai trouvé un amoureux à Cottance. »
Dès l'ouverture, la gérante du Cottance café a embauché une salariée. Depuis deux mois, une apprentie en cuisine a également rejoint l'aventure. Plus qu'un lieu de vie, le commerce a permis la création d'emplois.
«Je viens d’un élevage laitier à côté et j'ai vu la pancarte sur le chemin. Je me suis dis que j’allais m’arrêter manger. C'est un hasard ! Mon travail c’est de parcourir les fermes sur les départements de la Loire. Malheureusement les restaurants ont tous disparu dans les petites communes. Pour les personnes comme moi qui ont un boulot itinérant, c’est précieux d’avoir des endroits comme ici », témoigne un client du restaurant.
« Le lien passe par le bistrot, par le petit café »
De passage dans la région, Sophie Le Gal en a profité pour rencontrer le maire de Montchal, Christian Denis, une commune voisine à Cottance.
« On a beaucoup de points communs avec Cottance ; on a une même problématique : il y a un café, restaurant, épicerie multi-services qui appartient à la commune et on a des gérants qui arrêtent à la fin de l’année. On a déjà trouvé une personne pour prendre la suite, mais on voudrait pouvoir bénéficier du dispositif 1000 cafés. Le lien dans les villages, passe par le bistrot, par le petit café », déclare le maire de Montchal.
« On est sur une année pivot où on commence à avoir des grappes. Ce n’est pas un projet sur le long terme, le réseau 1000 cafés c'est pour demain », s'enthousiasme la directrice du programme.
Credits:
Manuel Bouquet - Terra