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Anastasia Kobekina Revue de presse

Renaud Capuçon dévoile ses festivals de musique classique préférés pour l'été 2021

Coups de cœur pour L'Offrande Musicale en pays de Bigorre, et le festival d'Auvers-sur-Oise.

par Renaud Capuçon, le 14 juin 2021

Voilà que revivent finalement ces festivals qui ont été condamnés l’an dernier, et l’on s’en réjouit pour le public et les artistes ! Et puis c’est aussi l’occasion de parler de la naissance d’un nouveau festival en pays de Bigorre - qui était si cher à mon ami Jacques Chancel - imaginé par le pianiste David Fray et qui est centré autour du handicap.

Il y aura des concerts et des répétitions destinés à ces publics et c’est une bien belle initiative que ce festival appelé en référence à Jean-Sébastien Bach, l’Offrande Musicale. Il débute le 26 juin par les concertos pour 2,3 et 4 pianos de Bach avec David Fray et ses amis. Durant une dizaine de jours, de Tarbes à Lourdes en passant par l’abbaye de l’Escaladieu, on pourra entendre des artistes majeurs comme la chanteuse Barbara Frittoli ou l’altiste Gérard Causse qui jouera Bach en compagnie de Fanny Ardant qui lira elle des textes de Rainer Maria Rilke.

Le célébrissime Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns sera donné pour des jeunes avec une retransmission en direct dans des établissements accueillant des personnes handicapées et des personnes âgées : c’est une merveilleuse façon de partager la musique. On peut donc réserver ses places sur le site de L'Offrande Musicale.

Le festival d'Auvers-sur-Oise

Un autre festival dont je voulais vous parler est celui d’Auvers-sur-Oise qui fête cette année ses 40 ans ! Il a été créé par un musicien passionné, Pascal Escande, qui a toujours donné la part belle aux jeunes musiciens, découvrant ainsi de nombreux talents ! J’en sais quelque chose pour y avoir été invité très jeune, à mes débuts, avec la pianiste Hélène Grimaud.

Le festival a débuté le 27 mai et se poursuit jusqu’au 18 juillet. Écouter un concert dans la sublime église d'Auvers-sur-Oise est une expérience unique. Le 3 juillet, la violoncelliste russe Anastasia Kobekina y donnera un récital ! Et c’est un talent majeur ! On l’écoute dans le début de l’Arpeggione de Schubert enregistré justement au festival d’Auvers-sur-Oise avec Anna Fedorova.

C’est un festival a la campagne comme on les aime. On y va décontracté, la nature est belle, l’église splendide et l’esprit de Van Gogh est très présent. Pascale Escande a réussi en 40 ans à installer un festival attachant qui a vu défiler les plus grands musiciens. Souhaitons-lui le meilleur pour les 40 prochaines années. Et le 9 septembre, il y aura même la pianiste Khatia Buniatishvili pour un concert exceptionnel.

8 Festivals de musique classique à ne pas manquer en mai et juin

par Victoria Okada, le 24 mai 2021

Depuis le milieu du mois, c’est la valse des annonces de programmations de festivals. Pendant la période de fermeture des lieux de culture, les organisateurs ont travaillé dur pour prévenir toutes les éventualités du maintien ou non de leurs manifestations. S’il est encore difficile d’inviter de grands orchestres et chœurs sous les conditions sanitaires imposées, ils peuvent enfin mettre en place l’édition 2021, même en format réduit.

Voici notre première sélection de festivals de la musique classique, essentiellement de la musique de chambre.

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Festival d’Auvers sur Oise

Auvers-sur-Oise, Val d’Oise, du 3 juin au 24 juillet (puis postlude en septembre et octobre)

Sur la terre de Vincent Van Gogh, le Festival d’Auvers fête ses 40 ans cette année ! L’organisation méticuleuse (avec deux possibilités de dates programmées, version déconfinée et non-déconfinée), ce souci de bien accueillir les spectateurs va de pair avec la qualité artistique. La violoncelliste russe Anastasia Kobekina, une de nombreuses révélations et qui ne cesse de monter depuis son prix à des prestigieux concours internationaux, dont le Concours Tchaïkovsky, est un « jeune talent en résidence ». Le 3 juin, le concert d’ouverture aura lieu à l’Église Notre-Dame avec la grande mézzo Elina Garanca et Malcolm Martineau au piano. Des artistes à l’aube de leurs carrières aux talents confirmés, du piano au chœur, de la musique baroque aux tambours de la Garde républicaine, il y en a pour tous les goûts !

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Jeune Talent

par B.F. en juin 2021

Le Festival d’Auvers-sur-Oise, où elle doit donner trois concerts les 11, 18 juin et 3 juillet, la présente comme « la nouvelle princesse du violoncelle ». Nouvelle ? Cela fait des années qu' Anastasia Kobekina impressionne ses auditoires par l’intensité de sa sonorité et la sûreté de ses moyens. Pascal Escande, son « ange gardien » français, l'a programmée dès 2015 à Auvers, après l’avoir découverte l’année précédente à Annecy dans les bagages de Vladimir Spivakov. Et si elle a joué les princesses, cela remonte à quelques années : il faut voir cette narratrice enjouée raconter sur la chaîne YouTube de l’Académie Kronberg les prestations quelle donnait avec son mini-violoncelle, couronne de papier sur les cheveux, devant la caméra familiale, à Iekaterinbourg(Sibérie occidentale).

Née d'un père compositeur - Vladimir Kobekin, dont elle se voit encore aujourd'hui comme « l’ambassadrice » - et d’une mère pianiste, la jeune musicienne s’est saisie de son instrument dès l’âge de quatre ans pour ne plus le quitter, enchaînant les perfectionnements à l’Ecole centrale de musique de Moscou, au sein de la pépinière de cordes de Kronberg, donc, à l’Université des arts de Berlin, et jusqu’au CNSM de Paris, auprès de Jérôme Pernoo, « formidable musicien ET professeur », souligne-t-elle dans un français fluide, quand « beaucoup de gens jouent magnifiquement mais n’ont pas le talent de transmettre ». Nouvelle corde à son art : le violoncelle baroque, quelle approfondit à la Hochschule für Musik de Francfort.

Prime au public

Parallèlement, la musicienne russe a écumé les compétitions, glanant un 1er prix au TONALi de Hambourg (2015) et un 2e au Concours Enesco de Bucarest l’année suivante, tout en gravissant les marches du Tchaikovski entre 2015 (demifinale) et 2019 (3e prix). « C'était mon dernier concours », tranche la violoncelliste, qui n’aspire désormais qu’au contact direct avec le public, en concert ou par le disque. Après deux premiers CD chez DiscAuverS et Claves, elle vient d’enregistrer pour Mirare un programme mettant en regard baroque et contemporain. Quel que soit le répertoire, la « princesse » de l’Oural poursuit une quête constante, celle de convoquer les mânes de la voix humaine grâce au violoncelle. « Je cherche toujours ce naturel pour raconter les choses : pas toujours chanter mais aussi parler, déclamer », dit-elle avec un enthousiasme qu’une année sous Covid n’a pas entamé.

COMPTE-RENDU, live streaming concert. LILLE, le 12 mai 2021.

Chostakovitch, Beethoven. Orchestre National de Lille. Anastasia Kobekina, violoncelle. Jean-Claude CASADESUS.

par Ernst Van Bek, le 22 mai 2021

COMPTE-RENDU, live streaming concert. LILLE, le 12 mai 2021. Chostakovitch, Beethoven. Orchestre National de Lille. Anastasia Kobekina, violoncelle. Jean-Claude CASADESUS. Les climats ambivalents de Chostakovitch (Concerto pour violoncelle n°1, créé en 1959 par son dédicataire Rostropovitch) ne laissent pas de fasciner dans une lecture particulièrement vivante. Funambule à pas de velours, à la fois grotesque, plein de panache et aussi d’un délire versant dans l’autodérision aigre, l’ironie cinglante, … le violoncelle de « La » Kobekina ne négocie rien sur l’autel de l’expression musicale : dès l’Allegretto, elle chante, elle murmure, fait parler son instrument avec une acuité sans artifice, une franchise sonore, une immédiateté poétique qui saisissent l’écoute. L’interprète russe fait du premier mouvement une errance hallucinée, une danse ivre, fusionnant avec l’orchestre capricieux, fanfaron, lunaire sous la baguette fluide et passionnément chorégraphique de maestro Casadesus : les pointes de la clarinette, du cor, … accordées à la prière gémissante du violoncelle composent le paysage le plus hystérique et hypnotique entre marche funèbre et enivrement salvateur. A la fois cynique et tendre, Chosta se dévoile ici, en pas feutrés, en cris déchirants. Le Moderato plonge dans des eaux plus énigmatiques et suspendues, un éther d’où sont effacées (provisoirement) les tensions déchirantes du mouvement précédent : le violoncelle solo peut y dérouler à l’infini, son fil langoureux, d’une ineffable peine, cependant que JC Casadesus veille à la direction générale, à cette gravitas qui tord les cœurs et essore l’âme en une interrogation infinie proche de l’insupportable comme un aiguillon brûlant.

Du chant funambule de Chosta… au jaillissement beethovénien

La Cadenza a voce sola élargit encore le spectre de cette solitude sans fard qui se désespère à force d’être impuissante : Anastasia Kobekina en sculpte chaque accent éperdu ; chaque nuance ténue comme une déflagration intime, un effondrement psychique qu’il faut mettre en relation avec l’expérience personnelle du compositeur. Elle est enchaînée avec le Finale qui précipite l’allure collective en une transe de plus en plus aigre et sarcastique dont les vagues mordantes surgissent et s’affirment plus nettement dans le chant d’un orchestre scintillant et hagard (clarinette / flûte).

A 29’45, seconde partie du concert : jaillit la Symphonie n°5 d’un Beethoven combattant dont le chef, nerveux, définitif, souligne l’enracinement âpre, l’assise chtonienne ; la partition célébrissime s’affirme dès ses notes répétées du début par sa tension; l’énergie, surtout la rage déferlent comme une poussée de lave incandescente ; le tempo est allant, sans retenue, ciblant nette sa résolution ; du chaos se précise peu à peu l’éclosion de l’esprit ; de la matière rugissante primitive surgit la forme d’une pensée conquérante. L’Andante rétablit l’ordre et l’équilibre, mais avec une autorité triomphatrice qui se pare d’éclats guerriers comme de couleurs subtilement voluptueuses (caresse des bois dont l’articulation enivrante du hautbois et du basson… grâce à la connivence des remarquables solistes), d’une souveraine assise (chant des violoncelles). La baguette large, précise semble faire surgir la marche d’une armée qui défile avec la noblesse et l’aplomb recouvrés ; cette sensualité maîtrisée aussi qui convoque déjà la 6è « Pastorale ».

Le Scherzo, plus souterrain, s’impose également par sa tension ultime, son urgence rayonnante ; il prélude et prépare le surgissement final de la lumière qui fait du tourbillon orchestral, une formidable machine ascensionnelle dont la grandeur nourrit le souffle collectif jusqu’à l’exclamation jubilatoire finale, chant de victoire, défilé martial, apothéose instrumentale d’une irrésistible extase en ut majeur. Le chef souligne l’impétuosité caressante, ardente, ivre de la conclusion, très proche dans l’esprit du finale de l’opéra unique de Beethoven, Fidelio.

L’interview perchée #33 d’Anastasia Kobekina

par Séverine Garnier, le 5 mai 2021

INTERVIEW PERCHÉE – La nouvelle princesse du violoncelle, Anastasia Kobekina, s’est prêtée au jeu de l’interview perchée® de Séverine Garnier dans la magnifique église d’Auvers-sur-Oise.

À l’occasion de ses 40 ans, le festival d’Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise) invite une jeune artiste en résidence : Anastasia Kobekina. Découverte en 2014 par Pascal Escande, directeur du festival, cette nouvelle étoile du violoncelle sera le fil rouge du festival puisqu’elle jouera lors de trois concerts. Anastasia Kobekina a commencé à jouer à l’âge de 4 ans, filmée par ses parents et habillée… en princesse !

Aujourd’hui âgée de 26 ans, la violoncelliste russe Anastasia Kobekina a été adoubée par de grandes personnalités musicales comme Vladimir Spivakov, Valery Gergiev, Heinrich Schiff et Gidon Kremer, et affiche déjà une grande carrière dans son pays natal. Soucieuse de continuer à se former auprès de personnalités inspirantes, elle a choisi la France, dont elle aime la culture, la langue et l’esprit.

Extrêmement talentueuse, dotée d’un timbre puissant et d’une tenue d’archet qui fait penser aux violoncellistes de jadis, Mstislav Rostropovitch ou Jacqueline du Pré, Anastasia Kobekina est un vent de fraîcheur dans le monde classique et apparaît comme une musicienne qui défend une vraie vision artistique.

Anastasia Kobekina sera en concert le 11 juin aux côtés du guitariste Thibaut Garcia pour un concert à dix cordes ! Elle sera également en concert le 18 juin avec l’Orchestre de chambre Nouvelle Europe dirigé par Nicolas Krauze, et le 3 juillet, accompagnée de Luka Okros au piano.

par Michel Le Naour en mai 2021

Premier album avec orchestre de la violoncelliste Anastasia Kobekina

par Jean Lacroix, 9 novembre 2020

Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 op. 107. Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) : Fantaisie pour violoncelle et orchestre op. 52. Vladimir Kobekin (°1947) : Bacchants, pour violoncelle et orchestre. Anastasia Kobekina, violoncelle. Orchestre symphonique de Berne, direction Kevin John Edusei. 2018. Livret en allemand et en anglais. 52.41. Clavès 50-1901.

Née à Ekaterinenbourg, dans l’Oural, en 1994, Anastasia Kobekina, fille du pianiste et compositeur Vladimir Kobekin, joue du violoncelle dès l’âge de quatre ans ; sa première expérience avec orchestre a lieu deux ans plus tard. Elle effectue ses études à l’Ecole centrale de musique de Moscou, en Allemagne, à la Kronberg Academy avec Frans Helmerson, puis à Berlin. Elle se perfectionne au Conservatoire de Paris avec Jérôme Pernoo et à Francfor pour le violoncelle baroque, avec Kristin von der Goltz. Lauréate de plusieurs concours internationaux, elle a remporté la médaille de bronze au XVIe Concours International Tchaïkowski de 2019. Si elle se produit avec maints orchestres, elle est aussi très attirée par la musique de chambre. Sa prestation en France lors d’un festival à Auvers-sur-Oise a entraîné la publication d’un premier CD où elle joue Miaskowski, Franck et Strawinski avec la pianiste Paloma Kouider. Son père compose pour elle depuis longtemps ; elle a enregistré avec lui une série de courtes pièces pour violoncelle seul ou avec piano. Ce CD dévolu à un répertoire russe est le premier disque avec orchestre d’Anastasia Kobekina.

Cette jeune artiste, qui fait partie de la nouvelle génération montante au tempérament généreux, n’a pas choisi la facilité pour cette première production. Ecrit à l’intention du jeune Rostropovitch qui en a laissé une dizaine de versions, le Concerto n° 1 de Chostakovitch est devenu l’un des chevaux de bataille du répertoire du violoncelle. Il demande une technique d’archet très sûre et diversifiée, une qualité d’intonation et un engagement permanent. Des qualités que possède à coup sûr cette artiste au jeu subtil et ample. Dans l’Allegretto initial, elle apporte la part de légèreté et d’animation nécessaires, et le dialogue avec le cor offre de beaux moments. Mais le Moderato pèche par un manque de chant et une expressivité qui semble contenue ; Kobekina ne donne aux accents dramatiques qu’une coloration fragile, comme si l’effort qu’elle impose à son Guadagnini lui en coûtait physiquement. L’impression est évanescente, heureusement vite rachetée par une Cadence que la soliste investit et par un Allegro con moto final enlevé avec exubérance. Kobekina ne s’inscrit pas dans la discographie du concerto de façon marquante, d’autant plus que l’Orchestre Symphonique de Berne, dirigé par le chef Kevin John Edusei, d’ascendance ghanéenne par son père et allemande par sa mère, ne lui apporte qu’un soutien insuffisamment saillant. Il est certain que la jeune soliste reviendra à la superbe partition de Chostakovitch, dont elle ne modifie pas les références.

Cet enregistrement, effectué en septembre 2018 dans la Diaconis-Kirche de Berne, propose aussi la Fantaisie de Weinberg, partition de 1953 à l’incomparable beauté mélodique, primitivement conçue pour violoncelle et piano. Ici, Anastasia Kobekina nous laisse vraiment sur notre faim. Le tempo global est étiré à l’infini et la soliste semble confondre langueur et lenteur. Elle confère à cette partition nostalgique et raffinée un contexte édulcoré et décharné qui donne une sensation de sécheresse. Dans un album paru en 2017, Melodiya nous avait rendu la version de 1970 signée par Alla Vasilieva avec l’Orchestre de Chambre de Moscou dirigé par Rudolf Barshai, indiscutable référence historique poignante, sinon angoissante, mais aussi sarcastique et ironique, avec une verdeur instrumentale accentuée par une prise de son âpre. Si Rafael Wallfisch allait dans le même sens que Vasilieva avec l’Orchestre Symphonique de Kristiansand confié à Lukas Borowicz, sans retrouver le même mordant, Claes Gunnarsson, pour Chandos, avec le Symphonique de Göteborg, mené par Thor Svedlund, un habitué de Weinberg, apportait à cette Fantaisie une densité à laquelle Kobekina ne peut prétendre. Son violoncelle chante pourtant en dessinant des arabesques délicates, et l’échange qu’il entame avec d’autres instruments est marqué par un cheminement empreint de rêverie, mais celle-ci est bridée. Kobekina s’égare, jusqu’à la perte de sens. Elle gomme ainsi un côté ludique que Vasilieva traduisait avec plus d’acuité, et Gunnarsson avec plus d’intensité. Le jugement peut paraître sévère, mais la déception est à la mesure de l’attente. L’Orchestre Symphonique de Berne laisse toutefois respirer Kobekina comme elle le souhaite, se convertissant en une phalange qui lui laisse la priorité sonore (un effet de la prise de son ?), mais ne lui apporte pas la verdeur irremplaçable insufflée par Barshai.

Pour compléter ce programme, Anastasia Kobekina propose, en première mondiale, une courte page de son père, Vladimir Kobekin, pour violoncelle et orchestre, écrite en 2018. Bacchants est un morceau à la consistance un peu creuse, un divertissement bruyant dans lequel les bois et la percussion font preuve de beaucoup d’entrain. La jeune femme se jette dans cette partition avec toute sa fougue et son enthousiasme, et aussi avec dévotion filiale. Même si l’on comprend l’hommage qu’elle veut rendre à son père, les œuvres de Chostakovitch et de Weinberg auraient mérité une compagnie plus consistante, d’autant plus que le minutage global du CD dépasse à peine les cinquante minutes. Cette première expérience avec orchestre nous laisse donc assez insatisfait. L’indéniable talent d’Anastasia Kobekina et les promesses qu’il suscite n’entraînent pas ici notre totale conviction ; nous attendons un futur et indiscutable témoignage de cette artiste à l’attrayant potentiel.

Son : 8 Livret : 7 Répertoire : 10 (Kobekin : 5) Interprétation : 7

Anastasia Kobekina, musicienne sans commune mesure

par Thierry Hillériteau, le 21 juin 2018

Un « choc très particulier». C'est en ces termes que Pascal Escande, directeur du Festival d'Auvers-sur-Oise, résume sa rencontre avec Anastasia Kobekina. C'était il y a quelques années, sur les rives du lac d'Annecy, où il avait invité les Virtuoses de Moscou et Vladimir Spivakov. Ce dernier était venu présenter plusieurs de ses protégés… Dont cette toute jeune violoncelliste russe. «Dès les premières notes, j'ai été saisi par l'intense musicalité de son jeu, le timbre de son instrument, son expression, et tout simplement son charisme», confie-t-il. Après l'avoir entendue au printemps dernier dans la Sonate en sol mineur de Rachmaninov, au Festival de Pâques d'Aix-en-Provence, on ajouterait volontiers la force de ses contrastes, lui permettant d'alterner en quelques mesures des lignes musicales qui sonnent comme de véritables courses à l'abîme, et des moments de grâce suspendue élégiaque.

Lara SIDOROV

Management Concert Talent

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© Credit photo couverture : Julia Altukhova / Jane Petrova

Credits:

Julia Altukhova