Ces députés aveyronnais qui ont marqué l'histoire Paul ramadier, roland boscary-monsservin, jacques godfrain, robert fabre, marie-lou marcel, etc. Parmi les 146 députés qui ont représenté l'aveyron depuis la Révolution (dont une seule femme !), certains ont marqué l'histoire... Plus que d'autres.

Les 11 et 18 juin 2017, les électeurs aveyronnais vont désigner leurs trois représentants de cette quinzième législature de la Ve République. Depuis la Révolution et l’Assemblée nationale législative, la première représentation nationale française de type moderne, le département de l’Aveyron a connu 146 députés. De Jean-Baptiste Bô et Etienne Bosc, les premiers, à Marie-Lou Marcel, Arnaud Viala et Yves Censi, les trois derniers. Certains, beaucoup plus que d’autres, ont marqué l’histoire aveyronnaise et plusieurs de ces députés ont eu un destin national. À commencer par le plus illustre d’entre eux, Paul Ramadier, l’un des personnages politiques influents des IIIe et IVe République.

Plusieurs autres députés aveyronnais ont occupé des fonctions ministérielles : Alfred Deseilligny, Emile Maruéjouls, Eugène Raynaldy, Emile Borel, Joseph Boscary-Monsservin et, plus récemment, Jacques Godfrain,

Un autre député aveyronnais, le pharmacien villefranchois, Robert Fabre, patron du Mouvement des Radicaux de gauche (MRG) de 1972 à 1978, a lui connu un rayonnement national à l’époque de l’Union de la gauche et du Programme commun, aux côtés du communiste Georges Marchais et du socialiste, futur Président de la République, François Mitterrand. Avant de terminer sa carrière politique comme Médiateur de la République, puis membre du Conseil constitutionnel.

François Cabrol

député de 1846 à 1848

Fils d’un marchand drapier de Rodez, qui avait été accusateur public sous la Révolution, ce qui lui avait valu le surnom de « coupo-cuol », François Gracchus Cabrol fut d’abord militaire, avant d’étudier la sidérurgie en Angleterre et de créer, à Decazeville, l’un des plus puissants groupes industriels de l’époque. Il est l’inventeur d’un système de préchauffage de l’air de combustion soufflé dans le haut-fourneau. Alors directeur des Forges, il fut député de l’Aveyron de 1846 à 1848.

Alfred Deseilligny

député de 1869 à 1870 et de 1871 à 1875

Neveu d’Adolphe et d’Eugène Schneider, il est directeur des forges du Creusot et administrateur des mines de Decazeville. Son frère Gustave sera sous-directeur du Creusot et président de la Lyonnaise des eaux.

Maire du Creusot de 1855 à 1866, il est député de l’Aveyron, de 1869 à 1870 et de 1871 à 1875. Il fut ministre des Travaux publics sous le premier gouvernement Albert de Broglie du 25 mai 1873 au 25 novembre 1873. Il fut aussi ministre de l’Agriculture et du Commerce sous le deuxième gouvernement Albert de Broglie du 26 novembre 1873 au 21 mai 1874. Il mourut de la fièvre typhoïde, durant sa deuxième législature.

Jules Cayrade

député de 1881 à 1885

La notoriété du député Jules Cayrade lui vint moins de son rôle parlementaire que des événements qui se passèrent à Decazeville durant la grande grève de 1886, et auxquels il se trouva, comme maire, directement mêlé. Lorsque le conseil municipal de Paris eut décidé l’envoi aux ouvriers de Decazeville d’une somme de 10000 francs, ce fut Jules Cayrade qui reçut du préfet de la Seine la notification officielle de cet envoi, et qui surveilla la distribution des secours, en qualité de président du bureau de bienfaisance. Attaqué par la presse conservatrice, qui lui reprocha de n’avoir pas empêché, autant qu’il l’aurait pu, l’assassinat du directeur de l’exploitation, Jules Watrin, Jules Cayrade se montra très préoccupé du souci d’expliquer et de justifier sa conduite. Lors du procès qui amena plusieurs grévistes devant la cour de Rodez, il se défendit avec insistance. La presse intransigeante fit bon accueil à ses explications et Jules Cayrade fut invité au banquet, offert le 18 juillet 1886, aux députés et aux journalistes socialistes. C’est au cours de ce banquet qu’il se trouva frappé d’une attaque d’apoplexie. Il mourut deux jours après.

Emile Maruéjouls

député de 1889 à 1908

De tendance républicaine et laïque, le Villefranchois Emile Maruéjouls fut député de l’Aveyron, de 1889 à 1908. Après des études juridiques à l’issue desquelles il obtient la licence en droit, Emile Maruéjouls, publiciste, est lauréat de l’Académie française. Il se fait connaître également par un livre sur la Sicile. Ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et télégraphes, de juin à novembre 1898, il est ministre des Travaux Publics de 1902 à 1905.

Edouard De Curières de Castelnau

député de 1919 à 1924

Natif de Saint-Affrique, député de l’Aveyron, de 1919 à 1924, le général de Castelnau est principalement connu pour ses faits militaires. Nommé premier sous-chef d’État-major de l’armée, en 1911, il prit une part importante à l’élaboration du plan 17, qui devait être appliqué au début de la guerre de 1914, et à la préparation de la mobilisation.

« Officier général d’une haute vertu militaire », il a brisé sur le grand Couronné de Nancy, en septembre 1914, les attaques des armées allemandes. En 1915 et 1916, comme commandant d’armée, chef d’état-major général et commandant d’un groupe d’armées en Artois, en Champagne et dans l’Est, « il a rendu les services les plus éminents ».

Eugène Raynaldy

député de 1919 à 1928

D’origine modeste, le Ruthénois Eugène Raynaldy embrassa la carrière d’avocat « grâce à son travail et à son intelligence ». Avant de devenir sénateur, de 1930 à 1938, celui qui fut maire de Rodez de 1925 à 1935, fut député de l’Aveyron, de 1919 à 1928. « Républicain modéré, il faisait campagne pour ses idées dans les journaux régionaux auxquels il apportait une importante collaboration, principalement au Courrier de l’Aveyron dont il assurera même quelque temps la direction politique », peut-on lire dans sa biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français.

Les deux législatures pendant lesquelles il siégera à la Chambre des députés, où il était inscrit au groupe de la gauche républicaine démocratique, furent pour lui une période de très grande activité. En 1924, il était élu vice-président de la Chambre et devenait presque aussitôt ministre du Commerce et de l’Industrie dans le premier cabinet Edouard Herriot. En 1933, il avait été appelé à siéger, comme ministre de la Justice, dans le 2e cabinet Camille Chautemps, mais pour une courte durée, car un scandale financier venait d’accroître l’agitation politique et Eugène Raynaldy allait en subir le contrecoup.

Emile Borel

député de 1924 à 1936

Agrégé de mathématiques, docteur es sciences, le Saint-Affricain Emile Borel était un homme brillant. Professeur à l’École normale supérieure, il enseigna à la Faculté des sciences de Paris avant d’être nommé professeur à la Sorbonne. Lauréat à cinq reprises de l’Académie des sciences. Chargé du cours Peccot au Collège de France, il fut également examinateur d’admission à l’École navale et membre du conseil supérieur de la statistique. Pendant la guerre de 1914-1918, il occupe les fonctions de sous-directeur des inventions au Ministère de la Guerre et contribue ainsi à l’organisation du repérage par le son sur le front. À la fin de la guerre, il reprend ses activités scientifiques et publie de nouveaux ouvrages. Lié d’amitié depuis les années d’école normale avec Léon Blum et Edouard Herriot, adhérant sans réserve au programme politique de ce dernier, il entre en 1924 dans la vie parlementaire, en se faisant élire, député de l’Aveyron, troisième de la liste de défense républicaine conduite par Eugène Reynaldy et soutenant le programme du Cartel des gauches. Il sera réélu deux fois et restera député jusqu’en 1936.

Paul Ramadier

député de 1928 à 1940 et de 1945 à 1948

Maire de Decazeville, pendant 40 ans, député de l’Aveyron de 1928 à 1940 et de 1945 à 1948, dernier président socialiste du conseil général, ce fils de psychiatre, qui avait refusé les pleins pouvoirs à Pétain et s’engagea en faveur des Juifs pendant l’Occupation, remplit plusieurs fonctions gouvernementales. Ministre du Ravitaillement, puis de la Justice, il devient le premier Président du Conseil des ministres de la IVe République, sous la présidence de Vincent Auriol. On le retrouve ensuite comme ministre de la Défense (1948-1949) puis comme ministre des Affaires économiques et financières (1956-1957), sous le gouvernement Guy Mollet.

Lorsqu’il fut ministre du Ravitaillement, à la Libération, de novembre 1944 à mai 1945, dans le gouvernement de Gaulle, Paul Ramadier s’est vu surnommé « Ramadan » ou « Ramadiète ». Et ce bien qu’il donna l’exemple en travaillant dans un bureau non chauffé... Certains associent son nom à la création de la vignette automobile, en 1956.

Edmond Ginestet

député de 1948 à 1951

L’Aubinois Edmond Ginestet fut le seul député communiste aveyronnais, de 1948 à 1951. Fraiseur sur métaux, il devint un militant ouvrier très influent. Condamné en décembre 1925, pour action antimilitariste, il est élu maire d’Aubin, en 1935. Candidat malheureux aux législatives de 1928 et 1932, il obtient 19 % des voix au premier tour des législatives de 1936 et se désiste finalement en faveur de Paul Ramadier. Interné en 1940, puis déporté en Algérie, après un nouvel échec en 1946, il accède finalement à la députation en 1948. Durant ses trois ans de mandat, jusqu’en 1951, il se montra particulièrement actif sur l’organisation des pouvoirs publics.

Roland Boscary-Monsservin

député de 1951 à 1971

Député de l’Aveyron, de 1951 à 1971, Roland Boscary-Monsservin a été maire de Vailhourles, puis d’Onet-le-Château (et oui !) avant de conquérir la mairie de Rodez, en 1969. Il devient ministre de l’Agriculture dans le cabinet de Félix Gaillard le 6 novembre 1957. Il prend part, à ce titre, à la discussion du projet de loi de finances de 1958. Démissionnaire comme l’ensemble du Gouvernement Gaillard le 15 avril 1958, il est à nouveau ministre de l’Agriculture dans le cabinet de Pierre Pflimlin constitué le 14 mai 1958. Il démissionne le 31 mai 1958 et vote le 1er juin 1958 pour la confiance au Gouvernement du Général de Gaulle.

En 1955, il a invité le Gouvernement à créer l’allocation de la mère au foyer en faveur des femmes d’exploitants agricoles.

Robert Fabre

député de 1962 à 1980

Le pharmacien et député villefranchois Robert Fabre symbolise le temps de l’Union de la gauche et du Programme commun. Surnommmé le troisième homme, le fondateur du Mouvement des Radicaux de gauche, qu’il présida de 1972 à 1978, participa à l’élaboration du programme commun de l’Union de la gauche, avec François Mitterrand et Georges Marchais.

Maire de Villefranche-de-Rouergue pendant 30 ans, conseiller général, pendant 24 ans, Robert fabre fut député de l’Aveyron, de 1962 à 1980. Personnage tout en rondeur, qui savait particulièrement bien manier le verbe, le médecin Jean Rigal lui a succédé, jusqu’en 1997. Après avoir quitté l’Assemblée nationale, Robert Fabre fut Médiateur de la République, de 1980 à 1986, puis membre du Conseil constitutionnel, de 1986 à 1995.

Jean Briane

député de 1971 à 2002

C’est ce qui s‘appelle une longévité à toute épreuve. Le natif de Quins a été député de l’Aveyron, sans discontinuer, pendant plus de trente ans, de 1971 à 2002. Le député centriste de la première circonscription a ainsi traversé huit législatures. Record à battre !

Jacques Godfrain

député de 1978 à 1995

Le Millavois Jacques Godfrain est le dernier député aveyronnais à avoir accédé à une fonction ministérielle. Ministre de la Coopération de mai 1995 à juin 1997, sous la présidence de Jacques Chirac, dans les gouvernements Juppé I et II, cet ancien responsable du Service d’action civique (organisation au service du général de Gaulle, rapidement devenue une sorte de police parallèle, le Sac a été dissous par François Mitterrand en 1982) a longtemps régné sur le Sud-Aveyron.

Membre de l’UDR, du RPR et de l’UMP, après avoir été chargé de mission auprès de Georges Pompidou, Jacques Godfrain fut conseiller municipal et adjoint au maire de Saint-Affrique, conseil général, conseiller régional et maire de Millau, de 1995 à 2008. Il fut député de la troisième circonscription de 1978 à 1995.

Marie-Lou Marcel

députée de 2007 à 2017

Terre longtemps conservatrice, le département de l’Aveyron a, tout de même, attendu juin 2007 pour envoyer une femme sur les bancs de l’Assemblée nationale. Pour mémoire, les 33 premières femmes élues députées en France ont fait leur entrée à l’Assemblée constituante, le 21 octobre 1945. Soixante-deux ans plus tard, donc, la socialiste decazevilloise, Marie-Lou Marcel, a fait son entrée au Palais Bourbon. Après deux mandats successifs, la députée de l’Ouest-Aveyron a décidé de ne pas se représenter. Et d’apporter son soutien à la candidate de La République en marche Anne Blanc. La maire de Naucelle sera-t-elle la deuxième députée aveyronnaise de l’histoire ?

On pense aussi à...

Amant Joseph Fabre. Député de l’Aveyron de 1881 à 1885, cet enseignant ruthénois, licencié es lettres, agrégé de philosophie, a publié une biographie de Washington, libérateur de l’Amérique, et une série d’études apologétiques consacrées à Jeanne d’Arc.

Jean-Baptiste Bô et Etienne Bosc. Le premier était de Mur-de-Barrez, le second de Saint-Côme-d’Olt furent les premiers députés aveyronnais, du 4 septembre 1791 au 20 septembre 1792, au sein de l’Assemblée nationale législative.

Joseph Monsservin. Député de l’Aveyron, de 1898 à 1902 et de 1906 à 1912, issu d’une vieille famille de parlementaires rouergats, Joseph Monsservin contrôla l’administration du Sénat de 1927 à 1934. Pendant son questorat, sont entrepris les travaux d’aménagement et d’embellissement du Palais du Luxembourg.

Claude Clausel de Coussergues. Député de la IIIe République, de 1889 à 1896, durant les Ve et VIe législatures, cet avocat d‘affaires mourut, à l’âge de 65 ans, dans l’enceinte du Palais Bourbon, frappé d’apoplexie.

Gabriel Vidal de Saint-Urbain. Ce Ruthénois, député de l’Aveyron de 1896 à 1902, fut, en grande partie, à l’origine de la création du camp militaire du Larzac.

Roger Julien. Originaire de Nant, âgé de 30 ans, lors de son élection, il fut le plus jeune député de la IIe législature de la Ve République.

René Icher. Originaire de Vabre-de-Rieupeyroux, député de 1956 à 1958, président fondateur du Syndicat artisanal des filateurs bonnetiers de l’Aveyron, il symbolise les députés poujadistes dont la carrière politique n’excéda pas la dernière législature de la Quatrième République. Il mena campagne sur le thème «Avec Poujade, sortez les sortants ».

Charles Dutheil. Député de 1958 à 1962, ce Bittérois qui fut maire de Millau de 1949 à 1965, fut particulièrement actif lors de la législature. Ses nombreuses interventions montrent l’attention qu’il porte aux problèmes économiques aveyronnais, qu’il s’agisse de la crise des charbonnages qui touche dramatiquement le Bassin de Decazeville, de la crise de la mégisserie et de la ganterie qui frappe Millau et ses environs, de l’exode rural, de la loi d’orientation agricole ou, enfin, des enseignements agricole et technique. Ses préoccupations sociales transparaissent dans ses interventions relatives aux aides aux chômeurs, aux handicapés, et aux personnes âgées.

Jean Molinié. Député de 1919 à 1936, il a écrit l’histoire de sa commune natale, Sévérac-le-Château, préfacée par Maurice Barrès. Avec le général de Castelnau, il fit augmenter le taux d’indemnité accordé aux mutilés du travail et déposa de nombreuses propositions de loi sur les sujets les plus divers allant du balayage des écoles aux femmes en couche et à l’aptitude physique des conducteurs de tramways en passant par les fraudes électorales, la mévente du blé et le téléphone rural...

Etienne Fournol. Député de 1909 à 1914, après avoir été chef de cabinet d’Emile Maruéjouls, ministre des Travaux publics, ce Saint-Affricain, était journaliste et historien politique, passionné par le monde slave.

Joseph Coucoureux. Ce député villefranchois de la IIIe République était issu d’une vieille famille de la ville. L’un de ses ancêtres, Cancérés, était Consul de Villefranche, en 1489.

Joseph-Pierre Massabuau. Originaire de Saint-Geniez-d’Olt, député de 1898 à 1914, cet avocat du barreau d’Espalion fut le directeur-fondateur de la revue La Famille française. Il publia un drame en vers, Witikind (1896) et un roman politique, Nos maîtres (1905).

Jean-Claude Clausel de Coussergues. Député au Corps législatif de 1807 à 1815, député de 1815 à 1827, se montra des plus exaltés parmi les ultras de la Chambre. Il se prononça contre la liberté de la presse et s’opposa au Duc Decazes, alors ministre de l’Intérieur, l’accusant d’être complice de l’assassinat du Duc de Berry.

Simon Camboulas d’Esparou. Membre de la Convention nationale et député au Conseil des Cinq-cents, ce négociant de Saint-Geniez, partisan de la Révolution, vota la port dans le procès de Louis XVI.

Henri Roquette. Député de l’Aveyron de 1919 à 1924 et de 1928 à 1930, cet avocat de Saint-Amans-des-Côts, était père de 9 enfants.

André Balitrand. Député de l’Aveyron de 1902 à 1919 et de 1924 à 1928, cet avocat millavois fut l’auteur de plusieurs propositions intéressant l’industrie des gants et celle du fromage de Roquefort.

AFP

Un long-format réalisé par Centre Presse Aveyron

Textes : Joël Born

Crédit : reproduction et archives Centre Presse Aveyron

Edition web : Lola Cros

Tous droits réservés.

Credits:

reproduction Centre Presse Aveyron / archives

Report Abuse

If you feel that this video content violates the Adobe Terms of Use, you may report this content by filling out this quick form.

To report a Copyright Violation, please follow Section 17 in the Terms of Use.