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Le Marais-Plaine-Achille, l'ancien quartier industriel devenu le poumon moderne de la ville Le Marais est à l'origine une zone... humide. Située hors de la ville au Moyen-Age, elle subit néanmoins des aménagements de la part du seigneur de Saint-Priest, propriétaire du bourg de Saint-Etienne. La plaine est drainée et l'étang du Cros (disparu depuis) apparaît ainsi dans le paysage au cours du XIVe siècle. Le territoire reste rural (culture des céréales et pâturages) et à l'extérieur de la ville jusqu'à la révolution industrielle des années 1830-1840.

En photo, ci-dessus : Vue aérienne du quartier du Marais en 1975.

Le Marais industriel

A la Révolution française, la paroisse de Saint-Etienne est divisée en plusieurs communes et le Marais se situe jusqu'en 1855 sur le territoire d'Outre-Furan dont la mairie est localisée au Soleil, le principal bourg.

Ce vaste territoire plat attire bientôt les grandes industries, grandes consommatrices d'espaces. Outre sa platitude, la zone comporte deux avantages décisifs : la présence de l'eau avec le Furan qui coule en direction de la Loire au Nord ainsi que de ses affluents, le Bessard et l'Isérable, et la connexion au chemin de fer. Le train traverse en effet le Marais en direction de Paris et de la plaine du Forez. La première ligne continentale du Pont de l'Ane à Andrézieux, imaginée et mise au point par Louis-Antoine Beaunier, passe d'ailleurs par là en 1827.

Plusieurs industries s'installent. Les mines d'abord, de fer et de charbon. En 1814, Louis de Gallois découvre un gisement de fer au Soleil et au Cros et créé son entreprise. Hélas pour lui, le gisement est peu abondant et de Gallois fait faillite. L'extraction du charbon, au contraire, s'installe durablement. Plusieurs concessions érigent leurs chevalements : celles du Treuil, de la Roche, de Méons, de Bérard, du Cros.

A côté, les usines métallurgiques essaiment dans cette partie nord de de la ville (Outre-Furan est absorbé par Saint-Etienne en 1856) au cours des décennies 1850 et 1860 : Révollier, Bedel, Barrouin (actuel Urban soccer) et la Manufacture d'armes notamment. A cette époque, usines et pâturages cohabitent et composent un paysage étonnant. C'est dans dans ces années-là que le Marais commence à mieux s'intégrer à la ville-centre par le percement de deux grandes voies : les boulevards Thiers et Jules Janin.

En photo ci-contre, le puits du Treuil en 1906

La sociologie du quartier change avec ces industries consommatrices de main d'oeuvre. Celles-ci ont besoin d'hommes et l'immigration d'abord régionale puis étrangère peuple le quartier du Soleil et les cités ouvrières. Ces dernières sont construites principalement par deux entreprises : la Compagnie des fonderies, forges et aciéries (Barrouin) et Bedel qui installent les logements à proximité des usines. La Première Guerre mondiale, avec ses besoins incessants en armes et métal, constituent l'apogée de l'activité économique.

En 1931, un bâtiment, peut-être le plus connu, amorce le futur destin du Marais-Plaine Achille : la construction du stade Geoffroy-Guichard. Celui-ci est bâti sur des terrains, vastes (41 000m²), acquis par une filiale de l'entreprise Casino : Adosia. Celle-ci, sous la direction de Geoffroy Guichard, le patron et de son fils Pierre, fait construire un grand stade de 800 places assises. L'Association sportive stéphanoise y joue au football et à d'autres sports puisque les infrastructures sont omnisportives avant de laisser la place aux maillots verts de l'Association sportive de Saint-Etienne à partir de 1933. Le bâtiment, régulièrement agrandi et modernisé au gré des exploits de l'équipe de football est devenu un des symbole de la ville.

Le déclin industriel du Marais-Plaine Achille survient au lendemain de scond conflit mondial, assez brutalement sur une trentaine d'années avec la perte de plusieurs dizaines de milliers d'emplois. Les entreprises déclinent, licencient puis ferment les unes après les autres. Le Marais doit se réinventer.

En photo ci-contre, les usines de la Chaléassière

En photo : en haut, intérieur d'une usine métallurgique ; en bas à gauche, l'usine Barrouin ; en bas à droite, le quartier du Marais dans les années 1950.

Les établissements métallurgiques Confinals

Le stade Geoffroy-Guichard à la fin des années 1940

La première réhabilitation : la Plaine Achille

Longeant le boulevard Jules Janin et théâtre de certains événements de la grève des mineurs de 1948, la Plaine Achille est principalement une zone minière. En 1952, les Houillères du bassin de la Loire cède ses installations à la Ville. Celle-ci, avec le maire Alexandre de Fraissinette, aménage ainsi le parc municipal des expositions : halles A et C, palais des spectacles (avec son architecture pensée par Pierre Dufau et labellisée architecture contemporaine remarquable), palais des sports puis piscine à la fin des années 1970. Les grandes manifestations commerciales et salons se passent ici avec notamment la Foire de Saint-Etienne à chaque mois de septembre.

Dans les années 1980, la municipalité de François Dubanchet réhabilite lourdement une partie du quartier pour en faire un Technopole afin de faciliter l'installation des PME-PME évoluant dans l'industrie mais aussi le tertiaire. L'époque de l'industrie lourde et des grandes entreprises est révolue, place aux petites entreprises innovantes. Le pari, très lourd pour les finances municipales, est en partie réussi puisque, 30 ans plus tard, le Technopole est toujours un des poumons économiques de Saint-Etienne.

En photo, ci-contre, le maire Michel Durafour présente la maquette des installations de la Plaine Achille

En photos : à gauche, la construction du bâtiment du Flore en 1969 ; en haut à droite, le nouveau palais des expositions à la Plaine Achille en 1965 ; en bas à droite, le palais de la foire.

La dernière réhabilitation : une zone de loisirs et d'activités du XXIe siècle

Depuis 20 ans, le quartier du Marais et de la Plaine-Achille, du point de vue des investissements et des aménagements, est devenu le poumon de Saint-Etienne. Cette politique a commencé à l'occasion de la Coupe du monde de football 1998 avec la lourde rénovation du stade Geoffroy-Guichard. La fermeture, en 2001, de l'ancienne Manufacture d'armes, le GIAT, amène la municipalité à réfléchir à l'avenir du site. Ce sera un nouvel établissement cuturel : la Cité du design, inaugurée en 2009, qui s'installe en partie sur les anciens bâtiments et dans la Platine nouvellement construite. Le reste du site est progressivement réhabilité et occupé : Ecole des Beaux-Arts (devenue Ecole d'art et design), entreprises innovantes via la pépinière d'entreprises du Mixeur, l'université Jean Monnet qui aménage aujourd'hui de nouveaux locaux. D'autres équipements, en majorité culturels et prestigieux apparaissent : le Fil, une salle de musique actuelle en 2007, le Zénith pour accueillir les grandes organisations événementielles en 2008.

L'urbaniste-architecte Alexandre Chemetoff travaille ensuite à mieux intégrer le secteur au centre-ville avec son projet « Manufacture-Plaine-Achille » et la création d'un nouvel espace vert : le parc François Mitterrand à la place de l'ancien parking. Enfin, la nouvelle Comédie est inaugurée en 2017 dans les locaux de l'ancienne Société stéphanoise de constructions mécaniques. Comme le symbole de la reconversion du quart nord-est de la ville. L'ancienne plaine métallurgique est devenue le centre de gravité culturel stéphanois du XXIe siècle.

En photo, ci-contre, vue aérienne de la Place Achille en 1987

Vue aérienne du quartier du Marais en 1988

Textes : Le Progrès ; photos : archives municipales de Saint-Etienne

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