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Transformer son corps, transformer son apparence Du corps sublimé au corps éprouvé

Maquillage

Le maquillage se définit comme l'utilisation de produits cosmétiques pour l'embellissement du visage, notamment de sa peau, et la modification des traits du visage et du corps pour la création de personnages au cinéma ou au théâtre. Le maquillage va de la beauté, à la réalisation de monstres dans le cadre des effets spéciaux, en passant par le maquillage artistique, cinéma et la peinture corporelle, appelée aussi body-painting, qui lui-même fait partie du domaine plus général du body-art ou art corporel. Notons que dans les domaines audiovisuels et de la mode, le maquillage est réalisé par un professionnel, le maquilleur.

En littérature, le poète Charles Baudelaire se livre dans Le Peintre de la vie moderne, un recueil d'essais, à un Éloge du maquillage:

En voici un extrait:

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Comment Baudelaire définit-il le maquillage? Quel rapport le maquillage entretient-il avec le naturel pour le poète? Vous rédigerez un paragraphe argumenté et appuyé sur des citations pour développer votre propos.

Cette conception du maquillage fait toutefois l'impasse sur une problématique contemporaine: celle de la prescription qui est faite aux femmes d'êtres belles, et seulement belles. Cette approche, non plus esthétique mais sociologique et politique, trouve une expression directe et claire dans les propos de Mona Chollet, journaliste et essayiste (elle écrit notamment dans Le Monde diplomatique). Dans son essai Beauté fatale, dont vous trouverez un résumé de l'ouvrage ici, elle dénonce entre autres les impératifs de la beauté féminine et l'aliénation qui en découle pour la femme. Dans l'extrait qui suit, c'est le caractère prescripteur des magazines féminins qu'elle entend mettre au jour. Notons en outre que Beauté fatale est intégralement disponible en ligne:

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1. Pour quelle(s) raison(s), selon Mona Chollet, la femme n'est-elle considérée qu'à travers son physique?
2. Résumez les reproches argumentés qu'adresse Mona Chollet à la presse féminine.
3. Quelles sont les conséquences pour les femmes de ces impératifs concernant leur physique?
4. Quelle lecture historique Mona Chollet propose-t-elle du statut de la femme sur ces dernières décennies

Ces questions se trouvent abordées par certains élèves de première dans le cadre des TPE (TPE: travaux personnels encadrés). En voici deux exemples: l'un, publié sous forme de blog, retrace ainsi de manière intéressante l'évolution de l'image de la femme dans la publicité des années 1950 à nos jours; l'autre, présenté comme un mini-site, s'intitule "L'image de la femme idéale dans la société occidentale actuelle influence t-elle l'estime de soi ?" .

Vous parcourrez ces supports proposés en lien ci-dessus et relèverez les différents éléments susceptibles d'êtres exploités dans le cadre de notre thème "corps naturel, corps artificiel".

Enfin, il est intéressant d'observer que la beauté naturelle, dans la publicité, s'opposerait aux impératifs économiques de celle-ci. C'est ce que révèle l'article suivant fondé sur une perspective économique: "Beauté idéale ou naturelle dans la publicité : et si les mannequins naturels étaient répulsifs ?" de Sylvie Borau et publié sur le site de la Toulouse Business School.

Vous proposerez un résumé des idées et arguments déployés dans cet article ci-dessous.

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À partir des différentes analyses qui vous avez pu lire, proposez une analyse détaillée de l'une des photographie publicitaire ci-dessous.

Le maquillage peut également servir dans un cadre artistique à la transformation du corps afin de le rendre méconnaissable ou de lui conférer une dimension esthétique comme dans la peinture corporelle. Ainsi, dans le domaine de l'audiovisuel, comme au cinéma, le maquillage est employé de manière professionnelle, à différentes fins. C'est ce que nous détaille l'article suivant du site "passion cinéma".

Effectuez un résumé de cet article ci-dessus en détaillant les différents types de maquillage que l'on peut trouver au cinéma. Présentez en outre des exemples contextualisés des différents types de maquillages de composition ainsi que de maquillage artistique (body-painting) en rappelant la définition de celui-ci.

Tatouage et piercing à l'ère du body art

Le tatouage

Un tatouage est un dessin décoratif et/ou symbolique réalisé en injectant de l'encre dans la peau. Auparavant, il était effectué avec de l'encre de Chine ou des encres à base de charbon ou de suif. De nos jours il s'agit plus d'encres contenant des pigments industriels. Il existe différentes couleurs d'encre et même une encre transparente qui ne réagit qu'à la lumière noire : ce type de tatouage est appelé tatouage « UV » ou « Blacklight ». Le tatouage est considéré comme un type de modification corporelle permanente.

Tatouages UV, à la lumière et dans l'obscurité
Tatouages UV au révélateur

La technique du tatouage consiste à injecter l'encre sous la peau à l'aide d'aiguilles ou d'objets pointus. L'encre est déposée sous la peau entre le derme et l'épiderme. La profondeur de la piqûre varie de 1 à 4 mm en fonction des types de peau et des parties du corps, les zones les plus épaisses se situant dans le dos, les coudes et les genoux.

Quelques exemples de tatouages

Le tatouage est pratiqué depuis plusieurs milliers d'années dans le monde entier. Il peut être réalisé pour des raisons symboliques, religieuses ou esthétiques. Selon les pays, et les coutumes, il revêt donc différentes significations et peut être le fruit de techniques et pratiques prisées comme au Japon. Dans plusieurs civilisations, il est même considéré comme un rite de passage à cause de la douleur endurée lors de la réalisation du motif. C'était aussi un mode de marquage utilisé pour l'identification des esclaves, des prisonniers ou des animaux domestiques.

Tatouages traditionnels japonais.

Le tatouage devient dans les années 1980 un « body art », ou art corporel. Il voit alors ses motifs se renouveler, se multiplier. C'est en tant que phénomène de société actuel, par lequel se définit l'individu, que le sociologue David Le Breton l'abord dans cette interview au journal La Croix:

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0. Proposez un résumé de l'article de wikipedia consacré au body-art. Identifiez clairement les différentes formes qu'il revêt et soignez la reformulation dans les contenus définitionnels.
1. Existe-t-il pour David Le Breton un corps naturel? Pour quelles raisons selon lui? Pouvez-vous établir un lien avec les œuvres d'un artiste précédemment étudié?
2. À partir de là, listez et résumez les idées avancées par David Le Breton au sujet du tatouage.
3. Effectuez une recherche sur le tatouage au Japon, et en particulier dans le milieu des yakuzas (origine, processus d'élaboration, signification, symbolique...). Vous proposerez au moins deux exemples d’œuvres de fiction (films, livres, séries, bandes dessinées...) qui mettent en scène des tatouages japonais.

Le sociologue l'aborde, dans une autre interview au journal Le Figaro, du point de vue de la société de consommation:

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4. Quels liens entre tatouage et société de consommation David Le Breton établit-il dans l'interview ci-dessus? Vous proposerez une réponse rédigée à cette question.

Atomic (S)trip, par Atsushi Kaneko

Dans un très récent volume paru chez Pika, Atomic (S)trip, le mangaka Atsushi Kaneko réunit de nombreuses histoires courtes réalisées en marge de ses grandes séries qui lui ont valu une reconnaissance publique et critique (Bambi, Soil, DeathCo ou encore Wet Moon (Prix Asie de la Critique ACBD 2014, sélection polar au festival d'Angoulême 2015). On y trouve notamment une série de nouvelles en cinq pages dédiées au tatouage. Publiées l'une après l'autre dans le magazine éphémère japonais Tattoo Girls, qui ne paraît qu'une fois l'an au début de l'été, ces dix histoires proposent dix variations autour du tatouage et montre l'évolution graphique et narrative du mangaka, entre 2006 et 2015. Voici la quatrième de ces histoires, taraudée par une question cruciale dans le tatouage: comment choisit-on le motif que l'on inscrit définitivement sur la peau et dans sa chair?

Une séquence qui est l'occasion de rappeler que le tatouage constitue un motif que l'on retrouve régulièrement dans la culture populaire. Toujours en bande dessinée, avec la récente série française en trois volumes Tebori qui travaille sur l'art japonais du tatouage en lien avec les milieux Yakuzas. Côté cinéma, on pense naturellement au film The Pillow Book, de Peter Greenaway, lointainement adapté du classique de la littérature japonaise Notes de chevet, de Sei Shônagon. Mais on peut aussi songer, dans une tonalité plus légère, à la comédie Le Tatoué avec Louis de Funès et Jean Gabin. Enfin, n'oublions pas la série télé à succès Prison Break dont l'intrigue est construite autour d'un tatouage devant servir au héros, Michael Scofield, à s'échapper de prison.

Le piercing

Du tatouage, on peut passer au piercing, ainsi présenté sur wikipedia: "Le piercing ou perçage est une pratique consistant à percer une partie du corps pour y mettre un bijou. C'est un type de modification corporelle [comme le tatouage ou la scarification]. Le mot est issu de l'anglais to pierce, qui signifie « percer ». L'équivalent exact en anglais est body piercing (perçage du corps)." On y apprend également que la pratique est ancienne et s'observe dans de très nombreuses cultures à travers le monde et le temps. Sur cette question également, David Le Breton propose une analyse du phénomène et de la manière dont la jeunesse l'appréhende:

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5. Quelles significations revêt le piercing pour la jeunesse selon David Le Breton?
6. Quelles similitudes et différences observe-t-on selon lui entre tatouage et piercing? Vous proposerez une réponse rédigée, appuyée sur le texte, à ces deux questions.

Chirurgie esthétique: entre logique consumériste et Body art

Regards sur la chirurgie esthétique

Le corps peut subir des modifications via la chirurgie. Lorsque cela vise l'apparence de l'individu, la chirurgie relève de deux démarches différentes comme l'explique un site dédié. Lorsqu'il s'agit de retrouver une apparence "normale", il s'agit de chirurgie réparatrice. Lorsque l'on se situe dans une démarche d'embellissement, il s'agit de chirurgie esthétique. La chirurgie esthétique interroge directement notre thème. Et selon Yannick Le Henaff, maître de conférences en sociologie, qui publie un article sur le site Le Plus, elle met en évidence le fait qu'il n'y a pas de corps naturel:

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1. Que reproche-t-on habituellement à la chirurgie esthétique selon Yannick Le Henaff et sur quel plan se situent ces reproches? Identifiez et justifiez l'exemple qu'il emploie.
2. Que cherche alors à accomplir la chirurgie esthétique et en quoi est-ce paradoxal?
3. Que penserait alors selon vous Baudelaire de cette conception de la chirurgie esthétique? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur l'extrait travaillé de "Éloge du maquillage".
4. Au final, comment comprenez-vous le titre de l'article? Vous justifierez votre réponse.

Malgré l'idéal de pureté morale et esthétique porté par le modèle "Miss France", la chirurgie esthétique peut se lire, d'un point de vue sociologique mais aussi politique, comme une nouvelle injonction faite aux femmes d'avoir un corps parfait. C'est ce que montre Mona Chollet dans ce nouvel extrait de Beauté fatale qui pointe des dangers d'une chirurgie esthétique qui fait du corps un objet de consommation.

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5. Quel problème la logique consumériste pose-t-elle, selon Mona Chollet, dans notre rapport à notre corps?
6. Comment la presse se fait-elle l'écho et le promoteur de cela?
7. Identifiez et reformulez les reproches qu'adresse Mona Chollet à la pratique même de la chirurgie esthétique.

L'art d'Orlan

Pour autant, la dénonciation à la fois des standards et normes de beauté que véhicule la chirurgie esthétique, de la logique consumériste qui la sous-tend et de l'hypocrisie d'un artificiel qui grime le naturel peut adopter l'usage même de la chirurgie esthétique. C'est au fond le propos de l'artiste Orlan, dont on peut découvrir l’œuvre sur son site personnel, et qui a fait de son corps le support de sa création. L'artiste s'est ainsi servi de la chirurgie esthétique comme d'un moyen de réappropriation de son corps.

En 2015, le journal Télérama retrace le parcours de l'artiste en signalant cinq étapes majeures de son processus de création. Voici ce qui est dit, dans cet article, pour décrire le recours d'Orlan à la chirurgie esthétique:

"Entre 1991 et 1993, Orlan subit 9 opérations de chirurgie esthétique qui seront mises en scène et retransmises en public. Ces transformations physiques – dont la pose d'implants protubérants sur les tempes — relèvent d'une décision artistique : Orlan souhaite « se faire une nouvelle image pour faire de nouvelles images, retirer le masque de l'inné et redéfinir le principe même de l'identité ». Elle adapte donc à son visage la technique picturale du sfumato (NDLR : utilisée notamment par Léonard de Vinci, elle consiste à noyer les contours). Une vidéo retrace ses différents passages au bloc opératoire, dont le sixième pendant lequel elle lit à haute voix la préface du livre Le Tiers instruit de Michel Serres. Car toutes ses opérations-performances sont issues de lectures philosophique, psychanalytique ou littéraires, de Deleuze et Guattari à Julia Kristeva, Antonin Artaud ou Alphonse Allais. Quant à la chair extraite au cours de ces multiples opérations, elle figure désormais au cœur de stèles en verre sur lesquelles sont gravées en 15 langues différentes des extraits du texte de Michel Serres (« Le monstre courant tatoué, ambidextre, hermaphrodite et métis, que pourrait-il nous faire voir à présent sous sa peau ? Oui le sang et la chair… ») mettant ainsi en évidence un rapport entre la chair et le verbe."

Un article universitaire revient lui sur le sens de la démarche d'Orlan:

Enfin, une intéressante interview télévisée de l'artiste permet de revenir sur la dimensio politique de sa démarche artistique:

8. Présentez avec vos mots la démarche artistique d'Orlan en lien avec la chirurgie esthétique et proposez, à partir de la lecture du précédent article et de votre compréhension de l'interview en vidéo, quelques unes des significations que l'on peut lui prêter.

Orlan s'inscrit donc clairement dans une démarche d'art corporel. Voici une vidéo de vulgarisation qui offre un panorama intéressant sur ce domaine de création qui prend le corps comme support:

Dérives de la chirurgie esthétique

Si son usage est assez clairement encadré en France (qualification spécifique des praticiens, établissements agréés et surtout délai incompressible de 15 jours de réflexion), la chirurgie esthétique se trouve régie par des législations plus ou moins souples selon les pays. Elle peut donner d'ailleurs lieu à des transformations physiques "extrêmes" qui modifient radicalement l'apparence de ceux qui y recourent. La frontière entre démarche artistique "authentique" et inscription forcenée dans notre société du spectacle devient alors poreuse. Certains exemples sont ainsi passés à une (triste?) postérité:

Ci-dessus, les "Barbie" et "Ken" humains: Valeria Lukyanova et Justin Jedlica. Tous deux ont subi de nombreuses opérations de chirurgie esthétique afin de ressembler à leurs "idoles".
Ci-dessus Eric "Lizardman" Sprague, qui cumule tatouages, implants, langue coupée et dents taillées
Dennis Avner, alias "Stalking Cat", qui s'est suicidé à l'âge de 54 ans, en 2012. Il cherchait, par les multiples interventions chirurgicales dont il fit l'objet, à ressembler le plus possible à un animal.

Ces cas, tout aussi différents soient-ils, appellent nécessairement des questionnements, notamment éthiques. Eric Sprague, le "Lizardman" semble s'être fait une place en tant que "performer", dans un statut hybride entre l'art et le spectacle. Son site, dans sa "faq", précise ainsi de manière intéressante son parcours et sa démarche. D'autres ont ainsi fait de leur corps un instrument de "performance", comme Paul Lawrence alias The Enigma ou Rick Genest alias Zombie Boy.

Valeria Lukyanova, la "Barbie Girl", paraît quant à elle essentiellement mue par un désir de reconnaissance médiatique. Entre fantasme et société du spectacle, son corps perd toute dimension naturelle. L'artifice s'y affirme, qu'il s'agisse de la chirurgie esthétique, du maquillage ou vraisemblablement de retouches photoshop appliquées au clichés d'elle.

Enfin, le destin de Dennis Avner alias "Stalking Cat" se révèle des plus tragiques, comme en témoigne son suicide. Son cas a suscité divers commentaires d'autorités scientifiques quant à la pertinence des interventions pratiquées sur lui. C'est ce qu'explique un article du Seattle Times dans lequel des médecins pointent les troubles psychiques de Dennis Avner et soulignent que, dans ce cas précis, la chirurgie esthétique s'est déployée au détriment du patient au lieu de l'aider à aller mieux.

Voilà qui nous amène aux corps éprouvés, pour lesquels il faut se préparer psychologiquement. La découverte de ces pratiques corporelles risque de susciter gène, malaise, dégoût ou répulsion...

À gauche, "The Enigma"; à droite "Zombie Boy"

Le corps éprouvé

Les pratiques de modifications corporelles se révèlent donc souvent douloureuses. Cette dimension peut d'ailleurs, comme nous l'avons vu avec le tatouage, faire partie intégrante d'un processus mis en œuvre, comme lors de rites initiatiques. C'est le cas avec la scarification, qui revêt une valeur cultuelle dans de nombreuses cultures, et peux remplacer le tatouages dans certaines communautés. De nos jours, décrochée des pratiques traditionnelles, la scarification est plus souvent associée à l'automutilation et synonyme de souffrance psychique. Elle est donc loin d'être anodine, même si certains veulent y affirmer une démarche artistique extrême.

Tatouage ou scarification? Deux transformations corporelles qui n'ont pas la même signification ni la même portée. C'est ce que nous raconte cette nouvelle, la cinquième, de Tattoo Girls, d'Atsushi Kaneko. Mais au fond, pourquoi se fait-on un tatouage?

1. Quels reproches sont ici adressés, explicitement et implicitement, à la scarification?
2. Les deux jeunes filles recherchent-elle la même chose dans le tatouage?
3. Comment comprenez-vous la chute de cette histoire?

D'autres pratiques culturelles appellent des modifications du corps, mais progressives cette fois, inscrites dans le temps, pensées sur le long terme. On peut donner deux exemples de cela. D'une part, avec le labret, un ornement porté sur la lèvre, que l'on retrouve dans les culture aussi bien d'Amérique du Sud que d'Afrique, en forme de cheville ou de disque. C'est sous cette forme qu'il est le plus connu, popularisé dans les années 1980-1990 par une figure alors célèbre: Raoni Metuktire, chef d'une tribu d'Amazonie, ayant voyagé à travers le monde pour sensibiliser l'Occident aux dangers de la déforestation pour son peuple. Autre "ajout" utilisé pour déformer le corps: le "collier-spirale". On l'observe notamment dans la tribu des Padaung (ou Kayan), en Birmanie qui vaut aux femmes l'appellation de "femmes-girafes", ou encore en Afrique chez les Ndébélés.

À gauche, une femme-girafe Padaung; à droite le chef Raoni.

Ce rapport à la douleur prend un autre tournure, troublante et même un peu effrayante, à travers la "suspension", qui dérive du piercing. Il s'agit d'une "modification corporelle permettant via des crochets fixés par piercing de suspendre un corps. Ces piercings sont installés peu de temps avant de réaliser la suspension et sont retirés par la suite". On considère que cette pratique aurait une origine un rite de passage, le "Okipa", pratiqué par une tribu améridienne, les Mandans, dont on trouve une représentation picturale datant de 1832. Mais elle constitue aujourd'hui une "performance" liée au monde du piercing. Le sociologue Philippe Liotard, spécialiste du corps et du sport, revient en détail sur cette pratique dans un article publié sur son blog.

À gauche, la cérémonie de l'Okipa, peinte en 1832; à droite, performance de Rolf Buchholz, l'homme aux plus de 450 piercings.

Pour conclure sur ces corps transformés au point d'être violemment malmenés, voici une vidéo d'un jeune homme adepte des sports extrêmes, Josh Miramant, qui se fait installer des crochets dans le dos pour accrocher son parachute de base-jump. Éprouver à ce point les limites de son corps permet-il d'éprouver des sensations inédites ou témoigne-t-il d'une mise à distance problématique de son propre corps?

Josh Miramant
Dès lors, faut-il fixer des limites aux modifications du corps humains? Vous proposerez une réponse argumentée à cette question.
Created By
aurélien pigeat
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