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De la Cité De Clercq au 9-9bis Balade virtuelle au CŒUR d'un ensemble minier

Cette balade virtuelle autour de l’ensemble minier du 9-9bis est l’occasion de mieux comprendre les liens forts existants entre les différentes composantes du patrimoine minier, à savoir : les sites de production, les cités minières et les terrils. Ce triptyque fosse-terril-cité se retrouve dans le tout le Bassin minier et constitue le cœur de la vie minière.

Le 9-9bis, construit entre 1927 et 1933 par la Société des Mines de Dourges a profondément transformé le tissu urbain environnant avec notamment l’implantation dans le même temps d’une cité minière afin de loger les ouvriers travaillant au 9-9bis et l’apparition d’un terril. Ce triptyque fosse-terril-cité se retrouve un peu partout dans le Bassin minier et a modifié durablement le paysage et l’urbanisme de notre région. La fosse De Clercq-Crombez, la Cité De Clercq et le terril 110 constituent un ensemble complet et un formidable exemple de ce développement en « triptyque ». Mais avant de démarrer la balade, qui est cette Madame De Clercq dont on retrouve le nom partout ?

Mais au fait... C'est qui Madame De Clercq?

Madame De Clercq est une personnalité majeure de l’histoire du Bassin minier et ses noms, de jeune fille, d’épouse ou encore son prénom, se retrouvent un peu partout autour des villes de Oignies et d’Hénin-Beaumont.

Madame De Clercq, née Crombez, est la châtelaine de Oignies et est également considérée par beaucoup comme la bienfaitrice de la ville. Elle possédait le château que l'on peut toujours apercevoir dans le centre-ville de Oignies, juste à côté de l'église Saint-Barthélemy. Ce château possédait également un agréable parc que Madame De Clercq avait aménagé, avec l'aide de son frère paysagiste (actuel Espace Naturel Sensible du Bois des Hautois). Le parc du château est un lieu très symbolique car c’est à cet endroit que la châtelaine a découvert le charbon dans le Pas-de-Calais en 1842: très désireuse d’aménager des bassins pour embellir son parc - mais ayant également conscience de la proximité du Bassin minier déjà en exploitation dans le Nord -, elle fait appel à l’ingénieur Louis George Mulot, afin qu’il lui creuse un puits. Le 7 juin 1842 après quelques mois de prospection, ce n’est pas de l’eau que Mulot et Henriette De Clercq vont trouver, mais bel et bien du charbon ! Cette découverte mènera à la création de la Société des Mines de Dourges (1852) et marquera ainsi le début de l’exploitation charbonnière dans le Pas-de-Calais. C’est assez naturellement que le site minier du 9-9bis (site minier le plus proche du lieu de découverte du charbon en 1842) a été nommé en hommage à cette Madame De Clercq, la fosse « De Clercq-Crombez ». Il en est de même pour la cité-jardin située face au 9-9bis qui a donc pris le nom de «Cité De Clercq».

Un buste et un vitrail dans l'église Saint-Barthélemy de Oignies, un monument à sa gloire... Madame De Clercq est partout à Oignies!

L’extraction du charbon dans le Nord-Pas de Calais a profondément bouleversé le territoire et l’habitat minier constitue un héritage non négligeable de l’histoire du Bassin minier : près de 700 cités minières ont été construites tout au long de la période d’exploitation !

A l’époque, les compagnies des mines se livrent à une forte concurrence et afin de faire face à cette rivalité, elles mettent en place une politique paternaliste, qui comprend notamment la construction de cités minières afin de fixer les ouvriers à la fosse. Encore aujourd'hui, dans les esprits, l’habitat minier est synonyme de coron. Pourtant, en 150 ans, entre 1820 et 1960, il connaît une évolution importante avec le développement de 4 types de cités minières : les corons, les cités pavillonnaires, les cités-jardins et les cités modernes.

Du coron à la cité moderne, en passant par la cité pavillonnaire et la cité-jardin: la formidable évolution de l'habitat minier. ©9-9bis

A l’origine de la construction de la Cité De Clercq, il y a la Société des Mines de Dourges, qui exploitait le charbon au 9-9bis. Elle a été la première à appliquer le concept de cité-jardin dans le Bassin minier Nord-Pas de Calais.

Le concept de cité-jardin c'est...

«retrouver à la ville les conditions de vie et d’équilibre que l’homme trouve dans la nature»

Ce type de cité s’inspire des écrits socialistes développés par l’anglais Ebenezer Howard dans son ouvrage Garden-cities of tomorrow. On y prône l’usage d’une architecture plus humaine, qui vient s’inscrire dans un cadre urbain aéré et boisé. Dans le Bassin minier cela se traduit par une modification de la voirie : les longues rues droites des corons disparaissent au profit de rues sinueuses bordées d’arbres. A cela s’ajoute un soin tout particulier apporté à l’architecture donnant ainsi naissance à une profusion de motifs qui viennent égayer et enrichir les façades des maisons.

La Cité De Clercq comporte plus de 400 logements répartis sur la cité ancienne, cité-jardin typique de la Société des Mines de Dourges, datant de 1933 et la cité nouvelle construite entre 1960 et 1965 sur le modèle classique des cités modernes des Houillères. La forme de la cité ancienne, qui se développe en arc de cercle autour du carreau de fosse démontre la connexion entre l’espace de travail et l’habitat. L’implantation des maisons et leur orientation vers la fosse créent un lien visuel permanent entre l’espace privé du mineur et son lieu de travail: le mineur était encadré par la compagnie des mines jusque dans sa vie privée...

Le carreau de fosse et la cité: un lien visuel permanent. ©9-9bis

La Cité De Clercq est construite dans une architecture pittoresque qui est l’œuvre d'architectes et non plus seulement d'ingénieurs.

Ce style est né avec la volonté de rompre avec la rigidité des constructions. Il s’inspire de formes régionaliste dépassant les frontières du Bassin minier pour trouver un style plus diversifié. Les façades de la Cité de Clercq reprennent un certain nombre d’éléments caractéristiques de ce style d’architecture: nous retrouvons par exemple des toitures à longs pans qui font penser à des chalets de montagne ou encore des faux colombages au niveau de la partie haute du pignon. Les faux-colombages permettent une certaine individualisation de l’habitat car ils vont être assez différents d’une maison à l’autre. Les façades étaient quant à elle, à l'origine, recouvertes d’un enduit de ciment peint, de sorte que l’on ne voyait plus la brique de construction.

Suivons les pas des mineurs de la cité jusqu'au carreau de fosse...

Chaque jour, c'est près de 2400 mineurs qui passaient par les grilles du 9-9bis pour descendre au fond des galeries, s'occuper des machines du jour, assurer la bonne gestion du site minier etc.

En 1928, la Société des Mines de Dourges décide d’ouvrir un nouveau siège au nord de sa concession: la fosse 9-9bis, également appelée fosse De Clercq-Crombez.

La construction du site intervient après la Première Guerre mondiale, dans un contexte de redressement économique de la région. Les bâtiments, réalisés de 1928 à 1932 par Dellile et Foby, respectivement architecte et ingénieur en chef de la Société des Mines de Dourges, sont construits en béton armé revêtu de briques rouges dans un style néo-régionaliste. Le fonçage des puits commence en 1930 pour une extraction qui débute en août 1933. L'exploitation ralentira à partir des années 1960, avec la concentration de l'activité sur la fosse 10 toute proche (actuelle Plateforme multimodale Delta 3): à partir de cette période, le puits 9 ne sert plus qu’au personnel (descentes et remontées), tandis que le charbon est remonté à la fosse 10. L'exploitation s’arrêtera définitivement les 20 et 21 décembre 1990.

Le puits n°9, un lieu qui est entré dans l'histoire...

Ce lieu est hautement symbolique dans l’histoire charbonnière de la région car c’est ici que l’on a remonté la dernière berline de charbon de tout le Bassin minier Nord-Pas de Calais les 20 et 21 décembre 1990.

Après être passés par la salle des douches et la lampisterie, les mineurs accédaient aux galeries via les puits situés à l’intérieur des deux bâtiments des chevalements. La différence de hauteur des chevalements est liée à la profondeur des puits : 531m pour le puits n° 9bis et 828m pour le n°9. Le transport des ouvriers et des berlines entre la surface et le fond se fait grâce aux cages d’ascenseur dont les chevalements effectuent le guidage. La cage d’ascenseur du 9 était constituée de 3 niveaux et pouvait contenir entre 25 et 30 mineurs par étage. Les vitesses de descente et montée sont très élevées : entre 9 et 13 m/s selon qu’il s’agisse de transit de personnel ou de charbon!

Ces puits sont étroitement liés à un autre élément fort du patrimoine minier: le terril 110

Le terril 110 est issu de l’activité de la fosse 9-9 bis. Il s’agit d’un terril conique perceptible de loin et marquant résolument le paysage. Plus vaste à l’origine, il a été exploité et aménagé. Il fait aujourd'hui partie de l’Espace Naturel Sensible du Bois des Hautois ainsi que de la Chaîne des terrils du Bassin minier du nord de la France classée depuis 2016.

Le terril est un amoncellement de roches stériles et de déchets qui, remontés avec le charbon, étaient triés en surface. Les bâtiments liés au triage du charbon au 9-9bis ont aujourd’hui complètement disparu.

Dans la plupart des cas, le terril est composé d’un mélange de schistes (ancienne argile chargée d’éléments organiques qui se séparent en feuillets) et de grès carbonifères (blocs compacts très durs). S’ajoute à ces principaux éléments une proportion variable de charbon qui diminue au fur et à mesure que les techniques d’extraction et de tri se modernisent. Les terrils, au début de l’exploitation minière, renfermaient une grande quantité de charbon car les méthodes de tri n’étaient pas suffisamment efficaces pour séparer correctement les roches stériles du charbon. Après la Seconde Guerre mondiale, un procédé technique basé sur le lavage des matériaux a permis de récupérer la quasi-totalité du charbon contenu dans les anciens terrils.

Le triage et la mise à terril, des éléments aujourd'hui disparus.
L’impact paysager et environnemental de ces montagnes artificielles est considérable d’autant plus que nous nous trouvons dans un territoire de plaine. Le Bassin minier a compté jusqu’à environ 350 terrils en pleine période d’exploitation minière. Il en reste actuellement environ 200.

Fosse, terril, cité: 3 éléments ayant donné naissance à un paysage exceptionnel...

Le 30 juin 2012, le Comité du patrimoine mondial a reconnu la valeur universelle exceptionnelle du paysage culturel évolutif vivant du Bassin minier du Nord-Pas de Calais ainsi que sa place exceptionnelle dans l’histoire sociale du monde de la mine.

« La valeur universelle exceptionnelle signifie une importance culturelle tellement exceptionnelle qu’elle transcende les frontières et qu’elle présente le même caractère inestimable pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’Humanité »

Convention du patrimoine mondial de 1972

Ce n’est ni le Bassin minier dans son intégralité, ni les seuls cinq grands sites spectaculaires, qui ont été inscrits au Patrimoine mondial, mais bien 4000 hectares de paysage abritant 353 biens remarquables! Le site minier du 9-9bis ainsi que son terril et la cité-jardin située en face font notamment partie de ces éléments remarquables. Cette reconnaissance par l'UNESCO souligne l'importance du Bassin minier dans l'histoire de l'Humanité: notre territoire côtoie des sites majeurs et prestigieux tels que le château de Versailles, les grandes pyramides d'Egypte ou encore le Taj Mahal, rendant ainsi les mineurs aussi importants que les Rois ou les Pharaons!

Vous voulez en savoir plus sur le Bassin minier Patrimoine mondial? Découvrez la très belle publication "La petite histoire du Bassin minier Patrimoine mondial" proposée par la Mission Bassin Minier en partenariat avec les acteurs patrimoniaux du territoire.

Visite virtuelle proposée par le Pôle patrimoine du 9-9bis

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©Le 9-9bis