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Il y a 60 ans, Charles De Gaulle était en visite dans la Loire Le général de Gaulle est venu dans le département. Il l'a visité, l'a parcouru et traversé du nord au sud. C'était le 7 juin 1959 et lui-même comme la France entière étaient embourbés dans l'affaire d'Algérie pour ne pas dire la guerre. Et cela s'est entendue tout au long de la journée...

Plus d'un siècle sans visite d'un président dans la Loire

C'est évident, ce voyage présidentiel fait les gros titres de la presse locale. Un président de la République, Saint-Etienne et sa région n'en avaient pas vu depuis... plus d'un siècle : Pétain en 1941 ne représentait pas la République et Albert Lebrun en 1933 comme Félix Faure en 1898 en avaient le titre mais pas le même pouvoir que de Gaulle sous la Ve République. Non, pour comparer, il faut remonter à la venue de Louis-Napoléon Bonaparte en septembre 1852. Le président de la République d'alors avait même été salué par des « Vive l'Empereur ! », trois mois avant de le devenir avec son coup d'Etat...

Extrait de La Tribune du 8 juin 1959

Bref, la venue du Général est un sacré événement. Il visite d'ailleurs la veille, le 6 juin, le Cantal (Aurillac et Saint-Flour le samedi matin) et la Haute-Loire (le samedi soir). Au Puy-en-Velay, il parle déjà de l'Algérie : « L’œuvre humaine seule, la France peut la réaliser en Algérie ; que le reste du monde la laisse faire ». Le message est clair : l'affaire algérienne, la France s'en débrouille et le fera bien, le monde entier n'a pas à s'en occuper. Il en profite également pour rejeter l'effet diviseur d'une guerre civile et rappelle l'importance pour les Français de demeurer unis, quelque que soit le bord de la Méditerranée. « Il suffit que nous soyons ensemble pour que nous nous apercevions à quel point nous constituons un seul peuple, un seul grand peuple, le peuple français ».

Ci-contre, en photo Le général de Gaulle serre la main à un mineur à Saint-Etienne. / Credit archives municipales Saint-Etienne

La visite du général De Gaulle avait fait les gros titres des journaux locaux.

La Tribune du 8 juin 1959

A Roanne

Le lendemain, dimanche 7 juin, est donc consacré à la visite du département de la Loire du nord vers le sud. Il pleut durant ce début de matinée et malgré cela, à travers les villages du Mont de la Madeleine, la foule l'attend. De Gaulle aime cela et les arrêts sont ponctués de poignées de main et de conversations avec les maires des communes rurales. Roanne l'accueille en fin de matinée et la place de l'Hôtel-de-Ville est trop petite pour accueillir les 10 000 personnes. En ce dimanche, les discours changent un peu : tout en parlant toujours du problème de l'Algérie, de Gaulle n'a de cesse d'aborder la question économique et sociale. Le département souffre d'une industrie vieillissante qui voit sa fin approcher et la population est inquiète face à l'avenir. C'est pourquoi il parle des industries locales et part avec des paroles rassurantes : « Je suis sûr que nous allons connaître d'ici peu une grande période de prospérité ». La Marseillaise entonnée par tout le monde, et ils sont nombreux, conclut la visite présidentielle.

En photo, la foule le long du parcours. / Credit Archives municipales de Saint-Etienne

La foule s'était réunie sur la place de l'Hôtel-de-Ville à Saint-Etienne, en attendant l'arrivée du président. Pour marquer le coup, les équipes de télévision étaient également présentes.

En photo, la foule place de l'Hôtel-de-Ville à Saint-Etienne. / Credit archives municipales

L'arrivée à Saint-Etienne

De Gaulle repart avec son cortège et file à 130 km/h direction le Forez. Là, il s'arrête brièvement à Feurs et Montbrison, serre des mains, dit quelques mots et c'est reparti. Cette fois, direction Saint-Etienne. Deux arrêts imprévus à Veauche et La Fouillouse provoquent un quart d'heure de retard mais à 12h30, il arrive enfin à la préfecture où il est accueilli par Antoine Pinay. Pinay n'est pas préfet mais c'est quelqu'un. Un homme incontournable. Maire de Saint-Chamond depuis des décennies, ancien président du Conseil général, il est surtout en 1959 le ministre des Finances, celui qui va laisser en héritage le nouveau franc, le « franc Pinay ». Le déjeuner se déroule dans la salle des fêtes de la Préfecture en présence de deux autres ministres : Pierre Chatenet à l'Intérieur et Max Fléchet à l'Economie. Au menu : foie gras du Périgord, truite, feuilleté de langouste, tournedos du chef, fromage et gâteau.

A cette occasion le même sujet revient : l'Algérie. Donner à la population algérienne l'égalité des droits est une solution pour sortir du conflit. « Alors, nous verrons apparaître les Algériens qui raisonneront avec bon sens et intelligence. Ils s'apercevront de la nécessité de demeurer liés avec la France (…) Peu à peu la guerre cessera et l'apaisement, une fois revenu, le bon sens reprendra le dessus ».

Ci-contre en photo, De Gaulle monte les marches de l'hôtel de ville de Saint-Etienne. / Credit Archives muncipales

En photo, le général de Gaulle descend les marches de l'hôtel-de-ville avec le maire Alexandre de Fraissinette. / Credit Archives municipales

Les questions économiques dans l'Ondaine

La début de l'après-midi est consacré à parcourir l'Ondaine : Roche-la-Molière, le Chambon-Feugerolles et Firminy. Là, plus question d'Algérie mais d'économie face aux inquiétudes exprimées par les maires. Celui de Roche-la-Molière insiste : les mines n'ont pas d'avenir et « il faudrait créer des industries nouvelles ». Au Chambon-Feugerolles, Pétrus Faure le rappelle : « ici tout le monde travaille, la population composée de mineurs et de métallurgistes, effectue un travail dur et souvent dangereux ». Même topo avec Eugène Claudius-Petit à Firminy : « Ici, le travail est à l'honneur, la sympathie est chaude, la cordialité est grande, l'amitié ne fait jamais défaut ». A tout cela, le chef de l'Etat essaie de rassurer. Mieux, il insiste sur la modernité architecturale en train d'apparaitre avec le projet de l'architecte Le Corbusier à Firminy-Vert : « Si je suis venu ici, c'est parce que je sais quelle rénovation on est en train d'accomplir. (…) Cette réputation de ville nouvelle compte pour beaucoup dans l'ensemble de l'essor national ».

En photo, l'arrivée du général de Gaulle à Feurs. / Credit archives municipales

Pinay, la politique monétaire et... l'Algérie

Le cortège présidentiel revient ensuite à Saint-Etienne pour un discours sur le perron de l'hôtel-de-ville. La fin de journée sera consacrée à la vallée du Gier. Saint-Chamond d'abord, où 6 000 habitants l'acclament et où le chef de l'Etat rend hommage au premier magistrat, Pinay, comme un coup de pouce politique, dans son discours : « Je sais quelle part il prend au redressement du pays (…). C'est bien la stabilité qu'il faut établir ; la stabilité de notre travail, de notre monnaie car sans une monnaie solide, nouvelle, des échanges ne seraient pas possibles ».

En photo, ci-contre, le discours du général de Gaulle à Feurs. / Credit Archives municipales

Son périple se termine à Rive-de-Gier

Rive-de-Gier ponctue la journée ligérienne de de Gaulle. Et ses propos résument là toute la teneur du message qu'il a martelé comme pour mieux le faire passer : l'espoir dans le progrès qui rendra la vie meilleure et la solution à la question algérienne. « Il faut que notre pays soit puissant et uni pour accomplir son œuvre humaine en Algérie et à l'intérieur de la France, il faut que le progrès profite à tous ».

Le 7 juin 1959 s'achève ainsi, une journée vécue à toute vitesse, peut-être même un peu trop vite pour être certain que les paroles se transformeront en actes... Une journée également où les propos du président montrent que pour lui la solution algérienne est encore française et que l'indépendance du pays n'est pas encore une possibilité. L'histoire le montrera : la politique du jour n'est pas celle des années suivantes.

Ci-contre en photo, le cortège présidentiel dans les rues de Feurs. / Credit Archives municipales

En 1948, le général de Gaulle était déjà venu à Saint-Etienne. Il avait prononcé un discours place de l'Hôtel-de-Ville. / Credit Archives Municipales

Textes : Le Progrès ; Photos : Archives municipales de Saint-Etienne

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