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La Loire se met au zéro déchet

« Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ! »

Si l’adage est connu, dans les faits, ce n’est pas si simple. Car les déchets sont partout. Dans le département, de multiples acteurs ont fait le pari de tendre vers le zéro déchet.

Lydie et Jordan franchissent la porte de leur magasin pour faire le plein de vivres. Ce sont en apparence des clients comme les autres. À une différence près. Ils sont venus avec leurs propres contenants, bocaux, bouteilles ou boîtes pour y introduire les denrées en vrac, pâtes, huile, fromages et même chocolat, biscuits ou produits ménagers.

"Autour de nous, des personnes commencent à changer leur manière de consommer. Ce qui nous a motivés, c’est vraiment le zéro déchet. "

Le magasin Vrac en vert est situé dans le centre de Saint-Étienne. Une épicerie montée en 2017 et qui propose des produits bios et majoritairement issus de circuits courts. « L’avantage avec le vrac, c’est que l’on prend la quantité que l’on souhaite. Les consommateurs font de plus en plus attention à ce qu’ils mettent dans leur poubelle, ça questionne. Ils essayent de diminuer leurs emballages », décrypte Floriane Monnier, une des trois fondatrices de l’épicerie.

Floriane Monier et Mélanie Badard, deux des trois associées de Vrac en vert

Changer ses habitudes pas à pas

Le vrac est partout : longtemps l’apanage des magasins biologiques tels que le réseau Biocoop, il fait sa place aujourd’hui dans les supermarchés traditionnels. « Le sans-emballage permet de baisser de 15 à 20 % le prix d’un produit. C’est flagrant notamment sur le riz ou les fruits secs », poursuit l’épicière du XXIe siècle.

Dans les magasins de quartier ou dans la grande distribution, la part du vrac augmente d’année en année. «Fin juillet, on était à +25 % par rapport à 2017 », confie Jean-Michel Vival, commercial pour l’entreprise Lou Bio, biscuiterie familiale basée dans les Alpes-de-Haute-Provence et fournisseur de Vrac en Vert. «Notre production est majoritairement en vrac désormais.»

L'emballage n'a plus la cote

Même si le consommateur est parfois désarçonné pour trouver des alternatives au quotidien, l'emballage perd du terrai. Pour apporter des réponses, l’association Zéro Déchet tente de se structurer dans le département pour sensibiliser à la prévention et la réduction des déchets. « La région de Saint-Étienne possède beaucoup d’espaces verts. Le respect de cette nature est important, beaucoup veulent s’investir », déclare Adeline Bussard, présidente de la jeune structure.

Miser sur le réemploi

Conscients du chemin à parcourir pour tendre vers l’absence totale de déchets, les activistes misent sur les petits pas. « Il n’y a pas de mauvais comportement, il y a juste de la méconnaissance. On peut faire des choses simples comme refuser le dépôt de prospectus dans sa boîte aux lettres avec autocollant “stop pub” ou bien faire ses propres cosmétiques avec des ingrédients naturels. »

Les actions sont en effet diverses. Pratiquer le zéro déchet, c’est également miser sur le réemploi à travers les réseaux de ressourceries (la Loire en compte deux, Chrysalide à Saint-Étienne et Acora à Roanne), sur la réparation des objets en panne ou l’achat d’occasion.

Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), un Français produit encore 573 kg de déchets ménagers et assimilés par an. Pas de quoi décourager Adeline Bussard. « La montagne est immense mais il n’y a pas de fatalité. »

Jérémie et Bénédicte montrent l’exemple

Il y a quatre ans, Jérémie Pichon et Bénédicte Moret se sont lancé un défi avec leurs deux enfants : réduire au maximum les déchets dans leur quotidien. Ils racontent leur expérience dans deux bandes dessinées dont une davantage destinée aux enfants. Depuis, à travers leur blog, ils sont surtout devenus les héros de tout consommateur qui souhaite bannir les emballages et éviter de jeter.

"Il y a un ras-le-bol des gens"

« Beaucoup de personnes se rendent sur notre blog pour trouver des conseils sans forcément avoir lu le livre. Quand on a vu la communauté grossir à ce point-là, on s’est dit qu’il y avait un ras-le-bol des gens, une prise de conscience. Les industriels se foutent de nous. Il y a que nous qui pouvons être acteur. »

« En 2014, lorsque nous avons commencé la démarche zéro déchet, il n'y avait quasiment aucun magasin de vrac, on en était aux balbutiements. Ça a quadruplé depuis. C’est encourageant. »

Le Roannais, un territoire «zéro déchet, zéro gaspillage»

L’agglomération roannaise serait-elle la bonne élève du département en termes de réduction des déchets ? Elle possède désormais le label « Zéro déchet, zéro gaspillage » décerné il y a plus de deux ans par le ministère de l’Écologie comme 150 autres territoires. Création d’une plateforme solidaire permettant la collecte et le tri des encombrants, compostage, valorisation des plastiques industriels : autant d’actions qui ont permis à l’agglomération de recevoir la distinction.

Entre 2009 et 2014, le Roannais était engagé dans un programme avec l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) qui a permis la réduction des ordures ménagères de 10 %. Le label permet à l’Agglomération de bénéficier de financements sur trois ans afin d’accroître cette politique d’accompagnement des différents acteurs locaux, publics, privés et associatifs.

Le territoire roannais regroupe plus de 100 000 habitants dans 40 communes.

La règle des « 5 R »

La démarche « Zéro déchet » s’appuie sur cinq points à appliquer dans un ordre de priorité. Ils ont été édictés par Bea Johnson, considérée comme une des pionnières du mouvement.

« Refuse » : refuser au maximum ce dont on n’a pas besoin. Le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit.

« Reduce » : réduire sa consommation en bannissant ce qui est superflu. Acheter la bonne quantité, consommer au plus juste pour éviter le gaspillage.

« Reuse » : réutiliser au maximum, réparer ses objets ? Favoriser le troc et les filières de seconde main.

« Recycle » : recycler en dernier recours. Acheter des produits qui peuvent être recyclables.

« Rot » : composter ses biodéchets.

Un dossier réalisé par Jérémy Pain

Credits:

Le Progrès

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